JULIEN44 a écrit : ↑31 janvier 2018, 11:24
Bonjour à tous,
Tout le monde à beaucoup de chose à dire, ou à dire de ne pas dire au sujet de la vacuité.
Après l'étape initiale consistant à comprendre intellectuellement les tenants et aboutissants du sujet, la mise en pratique est le véritable enjeux. Cette mise en pratique peut être effectuée en activité ou en méditation.
Est-ce qu'il y aurait parmi vous des personnes qui pourraient, par altruisme, nous "dévoiler" des techniques personnelles pour avancer (même modestement) sur le chemin qui mène à la réalisation de la vacuité des deux "sois".
Merci d'avance youpi_333
color_3 Bonjour les copains !
Joli travail de relooking, bravo à vous.
Quelques éléments de réponse pour toi Julien:
1) ne pas se satisfaire de la compréhension intellectuelle qu'on a de la vacuité, dans le sens où il est important de tout remettre à plat à chaque examen analytique: qu'est-ce qui est vide ? (la personne, les autres phénomènes dont les agrégats etc.) et surtout vide de quoi ? (s'assurer d'avoir à l'esprit l'objet de négation, en commençant par le plus grossier pour aller jusqu'au plus subtil, tel que l'enseignent Arya Nagarjuna et ses héritiers comme Aryadeva, Chandrakirti, Shatideva etc.).
2) pour ce qui est du soi personnel, il est important d'avoir un vrai feeling sur sa présence fantomatique: comment apparaît l'ego quand des gens me critiquent, relèvent une erreur que j'ai faite, me regardent de travers ou me complimentent ?
3) quand on a cette sensation bien présente, on examine si ce "soi" existe dans les agrégats (en gros le corps et l'esprit) ou en dehors, parce que si quelque chose existe, c'est soit à l'intérieur, soit à l'extérieur: si ce n'est ni l'un ni l'autre, alors ça n'existe tout simplement pas.
4) on reste ainsi absorbé dans ce constat d'une simple absence: le référent de la conception qu'on a de soi-même de manière innée n'existe tout simplement pas. On reste sur cette absence.
5) une fois qu'on a terminé de méditer, on peut à nouveau entrer dans la danse des interactions conventionnelles en gardant à l'esprit qu'elles ne sont que conventionnelles.
-> Puis, comme Nagarjuna l'indique dans le
Ratnavali, tant qu'on a la conception des agrégats comme existant de manière inhérente, on aura toujours celle de la personne comme existant de manière inhérente, il est nécessaire de méditer régulièrement sur la vacuité des agrégats eux-mêmes; on peut choisir l'un ou l'autre, sachant que, comme l'indique Sa Sainteté le Dalaï Lama dans
L'Art de la sagesse, méditer sur la vacuité de l'esprit est plus spectaculaire pour le pratiquant (car on peut avoir tendance à associer le soi personnel à la conscience ou à sa continuité sans début ni fin).
On dissèque alors les agrégats pour voir qu'ils n'existent pas non plus sans devoir dépendre d'une simple désignation effectuée sur la base de ce qu'ils ne sont pas (leurs parties, directionnelles ou temporelles etc.)
De la même façon, on reste sur une simple absence, une méditation semblable à l'espace (qui, lui, n'est qu'absence d'obstruction matérielle).
Si la méditation sur l'aspect concave de la cuillère est corroborée par la relativité de l'aspect convexe, alors on a peu de chance de sombrer dans un extrême ou dans l'autre, parce que la vacuité implique les conventions, en particulier la causalité et surtout la causalité karmique, tout comme les conventions, causales etc. impliquent la vacuité (ne pourraient fonctionner si elles n'étaient pas vides de soi inhérent).
Si on est sur la voie mahayaniste, on est sur la Perfection de sagesse quand on médite la vacuité, avec pour motivation première l'esprit d'Eveil, et quand on est en post-méditation, on poursuit l'application des autres Perfections avec la notion que celui qui les pratique, les actes eux-mêmes et les êtres qui en sont les destinataires, sont relatifs et donc n'existent pas de manière absolue ou inhérente.
C'est une façon d'associer les deux niveaux de réalité.
Si on pratique en plus le yoga de la déité (Vajrayana), on a là une manière unique et magistrale de comprendre l'indivision des deux niveaux de réalité.
En espérant que cette réponse fleuve aura été utile.
Bibiz à tou-te-s.