Peu après son éveil le Bouddha Shakyamuni a pris conscience du choc ontologique que produirait ses révélations si bien qu'il a hésité un instant à enseigner ce qu'il avait (re)découvert...
Dans un esprit pragmatique le Bouddha a volontairement
évité certaines questions parce qu’elles n’étaient pas nécessaires à la libération, mais également parce que certaines réponses étaient au-delà de notre compréhension.
Ainsi, à défaut de pouvoir réaliser directement le dhamma, à l'image d'une personne aveugle s'orientant à l'aide d'une canne, nous devons faire confiance au triple joyaux afin d'éviter les obstacles se dressant sur notre parcours.
A mesure de notre progression, l’œil de la sagesse s'ouvrira lentement, nous permettant de discerner de plus en plus de détails...
A un moment, il deviendra possible de voir clairement par nous même, si bien que la canne aussi pourra être sagement 'abandonnée' au profit d'une plus grande compréhension.
Concernant ce cheminement, il est important de rappeler que les mérites ne s'accumulent pas à la manière d'un écureuil qui amasserait des noisettes dans l'espoir de passer un hiver confortable.
C'est un long processus d’évolution spirituelle façonné par nos volitions et le kamma qui en résulte.
Comme nous l'a enseigné le Bouddha , les êtres se ruent et se pressent dans la ronde des renaissances depuis de temps sans commencement, la notion de millions d'années étant elle même illusoire.
L'accession à la vie humaine est rare et précieuse au regard de éons au travers desquels nous avons erré et dans lesquels nous risquons à tout moment de replonger.
Réjouissons nous cependant car si nous (re)trouvons le Dhamma 'maintenant' c’est aussi parce que nous avons réuni les conditions favorables, et que certains coups pouces nous ont guidés dans la bonne direction...
Saisissons donc l'occasion qui s'offre à nous et profitons en pour renvoyer l’ascenseur à notre tour.
Par ailleurs les actions positives ne sont pas seulement l''apanage des bouddhistes.
Je ne vois pas pourquoi la pratique authentique d'une autre religion ne ferait pas partie intégrante d'un cheminement spirituel vertueux.
Le
Dalai Lama reconnaît sans équivoque la lueur subtile qui illumine les yeux d'un moine catholique ayant passé cinq années à méditer sur l'amour...
Ainsi à mesure de nos innombrables existences, nos actions façonnent notre courant de conscience.
Au terme de périodes inconcevables et en proportions infinitésimales, certains êtres parviennent seuls à la réalisation (pratyekabuddha) d'autres encore plus rares décident d'enseigner (samyaksambuddha).
Dans une de ses vies antérieures, le futur Bouddha Shakyamuni aurait lui même rencontré un Bouddha mais aurait décidé de ne pas écouter ses enseignements afin de tout redécouvrir par lui même et devenir un maître parfait (anuttarasamyaksambodhi).
Le Théravada reconnaît bien la voie du bodhisatta mais considère que c'est un parcours difficile et solitaire qui ne peut être enseigné.
(Je vous conseille vivement les deux émissions Sagesse Bouddhiste avec Dominique Trotignon :
Bhikkhu et Bodhisattva dans le Théravada
part 1 &
part 2)
Cela ne veut pas dire pour autant qu'il s'agisse d'une pratique égoïste qui exclue le bonheur autres ...
Nous avons tous des parcours différents et avons besoins d'approches différentes.
Faisons confiance aux enseignements, écoutons notre cœur, notre intuition et pratiquons maintenant sans nous soucier de demain...
EDIT pour remplacer
volontairement occulté certaines questions par évité, car si rien n'est caché dans le poing du maître ce n'est pas pour autant qu'on puisse le voir...