ted a écrit : ↑27 décembre 2017, 23:13
Donc, tu ne me répondras pas ça pour l'instant. C'est l'essentiel.
Je te verrais plus nous reparler de l'horloger de Voltaire.
J'ai rien contre remarque.
Qui sait ?
Bon, puisque tu tiens absolument à ce que je te parle de l'horloger de Voltaire, allons y.
Je n'en n'avais d'ailleurs pas parler initialement.
L'argument de l'horloge, qui est traditionnel, doit être pris au sérieux. Ce n'est bien sûr qu'une analogie, mais suggestive. Imaginons qu'un de nos astronautes (Thomas P. par exemple...) découvre sur une planète apparemment inhabitée, une montre...Nul ne pourrait imaginer qu'un tel mécanisme aussi complexe soit le résultat du hasard : nous serions tous certains, en vérité, que cette montre a été fabriquée par un être doué d'intelligence et de volonté. Or l'univers, ou l'une quelconque de ses parties (la moindre fleur, le moindre insecte, le moindre de nos organes...), est d'une complexité bien plus grande que cette montre : il faut donc leur supposer, comme dans le cas de la montre et a fortiori, un auteur intelligent et volontaire, qui ne peut être - puisqu'il s'agit d'expliquer l'univers entier - que Dieu.
Pour suggestive qu'elle soit, l'analogie n'est pourtant pas sans faiblesses. C'est d'abord qu'elle n'est qu'une analogie ( l'univers, d'évidence, n'est pas fait de ressorts et d'engrenages). C'est ensuite qu'elle fait peu cas des désordres, des horreurs, des dysfonctionnements, qui sont innombrables...Une tumeur cancéreuse est aussi une espèce de minuterie (comme une bombe à retardement) ; un tremblement de terre, si l'on veut filer la métaphore horlogère, fait comme une sonnerie ou un vibreur planétaires. En quoi cela prouve-t-il que tumeurs ou cataclysmes relèvent d'un dessein intelligent et bienveillant ?
Enfin et surtout, l'analogie de Voltaire ou Rousseau a vieilli : parce qu'elle se donne un modèle mécanique (telle la physique du XVIIIe siècle), alors que la nature telle que nos scientifiques l'a décrivent, relève plutôt de la dynamique (l'être est énergie), de l'in- déterminisme (la Nature joue aux dés : c'est en quoi elle n'est pas Dieu) et de l'entropie générale (que dirait-on d'une horloge qui tendrait vers un désordre maximal ?). La vie crée de l'ordre, de la complexité, du sens ? Certes. Mais cette néguentropie du vivant , outre qu'elle reste locale et provisoire (elle ne survivra pas, sur Terre, à l'extinction du Soleil), s'explique depuis Darwin, de mieux en mieux : l'évolution des espèces et la sélection naturelle remplacent
avantageusement - par hypothèse plus simple - le plan providentiel d'un mystérieux Créateur.
Méfions nous des analogies. La vie est plus complexe qu'une horloge, mais aussi plus féconde ( avez-vous déjà vu une montre faire des petits ... ?), plus évolutive, plus sélective, plus créatrice. Si nous trouvions une montre sur une planète jusqu'ici inexplorée, nul ne douterait qu'elle résulte d'une action volontaire et intelligente. Mais si nous trouvions une bactérie, une fleur, un embryon de Ted, ou un animal, aucun scientifique, même croyant, ne douterait que cet être vivant, aussi complexe fut-il, résulte des seules lois de la nature.
Ainsi, l'argument de l'horloger a beaucoup souffert des progrès des sciences : ce qu'il y a d'ordre et d'apparente finalité ( le mouvement des planètes, la téléonomie des êtres vivants ) s'explique de mieux en mieux ; ce qu'il y a de désordre et de hasard se constate de plus en plus. Le jour où le soleil va s'éteindre, dans cinq milliards d'années, la preuve physico-theologique aura perdu, selon toute vraisemblance, la plupart de ses partisans.