ted a écrit : ↑11 janvier 2018, 13:38
Florent, tu es le premier à affirmer qu'il y a eu dégénérescence progressive du Dharma, mais si c'est le cas, elle a dû aussi concerner ton école ? Alors comment s'est t'elle manifestée ?
Le sutra de Vie-Infinie, au second volume, dit:
"Dans les temps futurs, la voie des sutras s'éteindra; mais moi ( Shakyamuni), mû par la bienveillance et la compassion, je conserverai spécialement ce sutra, qui restera cent ans de plus. Si des êtres rencontrent alors ce sutra, ils pourront tous obtenir la délivrance, conformément au voeu de leur coeur"
Ce qu'il faut comprendre et savoir c'est que le contenu de ce sutra se trouve tout entier dans le Nembutsu. Par conséquent lorsque le sutra dit qu"'il restera" c'est le Nembutsu qui restera.
Au final et pour faire simple une fois que la voie des saints aura complètement disparu le Nembutsu restera encore cent ans de plus. Ce sera le dernier des enseignements du Bouddha à se maintenir au delà de la période des 10 000 ans de la période du déclin du dharma.
Ajoutons que la doctrine du Mappo n'est pas spécifique à la Terre Pure et que même le Théravada en fait état, notamment dans le sutta du rugissement du roi qui fait tourner la roue (pali Cakkavatti Sihanada Sutta), qui présente cette décadence graduelle du Dharma de Shakyamuni dans notre monde de Jambudvipa gagné par la violence, la haine, la folie destructrice, la perte de toute sagesse humaine et même le raccourcissement de l’espérance de vie. Cette concomitance entre le déclin du bouddhisme et la dégradation des comportements sociaux et des conditions de vie est la conséquence logique de la relation étroite qui existe entre la morale (ou les valeurs) qui guide la société et le karma des personnes qui composent celle-ci. Ce sutta explique, en outre, qu’après la disparition de toute trace du bouddhisme, le bodhisattva Maitreya reviendra d’un autre univers pour remettre en route la roue du Dharma en exposant un nouvel enseignement.
Le mahayana se montrera encore plus précis notamment dans le Le Sûtra de la grande assemblée (skt Mahasamnipata sûtra) qui décrit 3 périodes subdivisées et qui forment 5 âges.
les 3 périodes sont:
Le Dharma correct (jap. Shōhō) « période du Dharma correct » d'une durée de 500 ans
Le semblant du Dharma(jap. Zōhō) « période du Dharma formel » d'une durée de 1000 ans
La fin du Dharma (jap. Mappō) ou « Période de la fin du Dharma » d'une durée de 10 000 ans
En Chine, la mort du Bouddha Shakyamuni a été placée dans la cinquante-deuxième année du règne du roi Mu (949 avant notre ère) et les trois périodes ont été calculées ainsi : 500 + 1000 + 10 000. Ce qui fait commencer les derniers jours du Dharma au milieu du sixième siècle de notre ère. Le Japon médiéval a repris la date chinoise de 949, cependant, il a choisi ce comput : (500 x 2) + (500 x 2) + 500. Ainsi, dans ce pays, la fin du Dharma commence-t-elle vers 1050 de notre ère.
Dans la Lampe pour la fin du Dharma (jap. Mappo Tomyo ki) un ouvrage daté de 801, mais à l’origine incertaine, Saicho, le fondateur de l’école Tendai, reprend ce dernier compte. En conséquence, selon lui, les jours moyens du Dharma sont sur le point de s’achever. Si le bouddhisme de Shakyamuni est appelé à survivre, il n’y aura plus aucun effet ni preuve (l’Éveil) provenant de son enseignement. Les préceptes ne seront plus observés, et donc, même un prêtre qui ne respectera pas les préceptes sera vénéré comme un maître par le peuple (voir le cas typique et caricatural de Sogyal Rinpoché). La pensée religieuse sera en pleine confusion.
Le texte de Saicho a grandement influencé les courants du bouddhisme japonais de la période Kamakura (1185-1333), ce qui a eu pour conséquence indirecte la fondation de nouvelles écoles : Rinzai et Soto (zen), Jodo-Shu et Jodo-Shin-Shu (amidisme), Nichiren, etc. Ces courants cherchaient de nouvelles voies, des voies qui s’écartaient des enseignements « classiques » du Bouddha, considérés comme caducs. Le zen refusait la transmission par les sûtras, l’amidisme faisait appel au Bouddha Amida, régnant sur un univers exempt d’impuretés la « Terre Pure », enfin, Nichiren s’est basé sur le Sûtra du Lotus, qui contenait en lui-même tous les éléments pour concilier tradition et adaptation à une nouvelle ère, et qui selon lui était la pratique ultime avec son Namo Myoho renge kyo et son Gohonzon.