Re: Christophe André à Sagesse Bouddhiste
Publié : 18 août 2015, 08:46
Je ne comprends pas ce que tu veux dire, Jules. J'ai d'ailleurs souvent du mal à te comprendre. En tout cas, par rapport au Bouddhisme, je n'ai rien à rajouter de plus que ce que j'ai affirmé plus haut, certes un peu vivement et succinctement, mais sans équivoque à mon sens. Je le reproduis ici, pour rappel :Jules a écrit :Du moment qu'on sait ce qu'on veut Dumè
"Le problème est que l'expérience de la vacuité présentée par le zeniste (et donc par Christophe André qui se rallie à la cause) n'a strictement rien à voir avec l'expérience de Çakyamuni, dont je rappelle qu'elle est la seule et véritable fin de la souffrance (3ème Noble Vérité) du point de vue bouddhique, mais repose essentiellement sur une analyse conceptuelle – qui n'a strictement aucune chance d'aboutir à Nibbana ou Dharmakaya, ou encore à Rigpa ou au kensho –, bien qu'il s'en défende dans la première partie de l'émission (quand Yuno Rech dit que la Vacuité n'est pas un concept). De fait, l'origine de l'amalgame est moins le fait de Christophe André – qui n'est pas bouddhiste et qui s'intéresse à vrai dire à tout autre chose que le Bouddhisme – que le fait du zeniste (et de tous les bouddhistes qui se représentent l'expérience de la vacuité comme l'expérience que tout est impermanent et indépendant). Mais c'est là le fond du problème, car le Bouddhisme repose sur une expérience qui n'a rien à voir avec le boulgi boulga zeniste qui est exprimé dans cette émission et donc avec les prétendues vertus thérapeutiques de la méditation de la pleine conscience qui est une forme dévoyée de vipassana."
Un bouddhiste connaît la 1ère noble vérité, qui est la vérité sur la souffrance. Il connaît aussi le karma, sa signification profonde. En fait, il n'y a pas de place pour la paix dans le monde (le "triple monde" disent les bouddhistes) ni pour la sérénité. La paix (et qui ne concerne pas que la paix de l'esprit), c'est Nibbana (3ème noble vérité) ; il n'y en a pas d'autre, pour un bouddhiste. Il est donc vain, du point de vue bouddhique, de rechercher le bonheur, car chaque bouddhiste sait, profondément, qu'il n'est pas qu'un être limité par un corps et un esprit, mais qu'il est tous les êtres sensibles, sans exception. Et quoi que l'on fasse, quelles que soient nos actions, on ne mettra pas fin à la souffrance des êtres sensibles pressés de renaître en samsara. Mais bon, un peu de paix – et surtout une bonne santé – ne fait de mal à personne, bien sûr, et il est hors de question de se priver des petits bonheurs quotidiens. Un bouddhiste n'est donc pas un désespéré, un pleurnichard, qui ne fait rien pour améliorer son quotidien et celui d'un maximum de personnes, mais il ne peut pas faire comme s'il ne souffrait pas dans les autres êtres sensibles, ceux qui n'ont pas la chance de connaître la paix.le vent a écrit : mine de rien un bouddhiste aspire à une sérénité, à une paix de l'esprit, comme on ne retrouve pas dans les autres religions !
Qu'on ne s'y méprenne pas : le malheur des êtres sensibles n'est pas étranger à nous-mêmes, car si nous avons la chance d'un peu de bonheur et de naître dans le monde humain, nous sommes aussi (car seule une vue dualiste et erronée nous sépare) ceux qui souffrent. C'est la sagesse qui naît de l'expérience de Çakyamuni qui nous fait réaliser que nous ne sommes pas des chanceux définitifs, mais que nous vivons, temporairement, un karma favorable pour certaines de nos bonnes actions passées, mais qu'il nous faudra renaître aussi pour nos mauvaises, dans d'autres êtres qui n'ont pas la chance de connaître ce que nous connaissons, d'avoir la bonne vie que nous avons. Donc, je corrige un peu ce que tu voulais dire : "un bouddhiste aspire à la paix de l'esprit de tous les êtres sensibles, sans exception. Mais il le fait à peine perdue, car le karma n'a ni commencement, ni fin, et le samsara, c'est pareil". C'est pourquoi les bodhisattva sont utiles, car ils sont les seuls à nous éclairer sur notre condition et à nous aider à nous mettre en chemin vers Nibbana.
Je rappelle que je n'ai rien contre le fait que Christophe André agisse pour le bien dans les hôpitaux, bien que je ne sois ni convaincu des vertus de la méditation de la pleine conscience, laquelle relève pour moi davantage de la pratique de la "bobologie", c'est à dire les petits bobos du quotidien, que d'une véritable révolution psychiatrique (sans compter l'absence de recul en terme scientifique pour juger des bienfaits réels de cette pratique), ni des qualités humaines de Christophe André, dont j'aimerais bien connaître le coût des scéances en cabinet public ou privé, pour enseigner ce type de méthode. Ce que je déplore, encore une fois, c'est l'amalgame entre la pratique de Christophe André et la pratique bouddhique (puisque le personnage est invité plusieurs fois à "sagesse bouddhiste"). Je constate aussi que si cet amalgame n'est pas clairement perçu, alors que nous sommes sur un forum censé représenter une forme de sangha bouddhiste, c'est vraiment inquiétant, non pas pour les gens qui se font soigner ou qui se soignent avec la méditation de la pleine conscience, mais pour le Dharma lui-même.axiste a écrit :Bah pour ma part je trouve que c'est plutôt ok que des personnes comme Christophe André essaient d'apporter un peu de sérénité et de mieux être à l'hôpital.
Ce n'est pas seulement un problème de vocabulaire, mais manifestement, tu n'es pas bouddhiste quand bien même tu fais partie des admins de ce forum, car il n'y a rien "d'énorme" dans ce que fait Christophe André. J'y vois au contraire un opportuniste, voire un voleur qui s'est empressé d'utiliser une technique bouddhiste millénaire comme s'il venait de l'inventer, tout en se défendant d'être bouddhiste, mais qui n'hésite pas à participer à des émissions sur le Bouddhisme quand ça l'arrange, et aussi parce que ça flatte l'ego de certains maîtres bouddhistes de collaborer avec des médecins, comme si ce qu'enseigne Christophe André n'était que la reconnaissance, enfin, par le corps médical, des vertus de la méditation. C'est pour moi d'une tristesse à pleurer. Vraiment. Après, si des gens se sentent mieux après 20 minutes de méditation, je ne vais évidemment pas le déplorer, mais que ce soit perçu comme "énorme", alors, là, je suis sur le cul. Ce n'est rien, strictement rien. Et franchement, passer du temps assis en méditation pour ça, autant prendre des cachets ou fumer de l'herbe qui fait rire.Après, peut-être qu'il vaut mieux utiliser un autre terme que le mot méditation quand on pratique le Dhamma, c'est possible....je ne sais pas. Les confusions et amalgames existent sans doute, je n'ai pas ces discernements là, mais en tous les cas, les tentatives de ces personnes ne me semblent pas absurdes du tout: elles font bouger les choses et les mentalités. C'est énorme .