Christophe André à Sagesse Bouddhiste

Dumè Antoni

J'ai appris, via facebook, que Christophe André – avec un certain Jean-MArc Falcombello que je ne connais pas – était invité à l'émission "Sagesse bouddhiste", animée par Aurélie Gaudefroy, laquelle qualifiait le psychiatre susnommé et invité "d'excellent". J'ai commenté son message FB de la façon suivante :

"Je suis toujours étonné que Christophe André soit invité à une émission sur le Bouddhisme. Outre qu'il n'est pas bouddhiste et qu'il ne l'a donc jamais – ou si peu – pratiqué, il a créé un DU de méditation de pleine conscience, réservé à des praticiens médicaux – niveau bac + 5 à minima –, dont l'objet, à terme, sera de disqualifier les maîtres bouddhistes qui enseigneront la méditation simplement parce qu'ils ne sont pas médecins ou de formation médicale. Voire même, pourquoi pas, de poursuivre pénalement lesdits maîtres pour "exercice illégal de la médecine". On sait bien ce qui s'est passé avec les ostéopathes, pourquoi pas avec les maîtres zen ou théravadin ? J'ai le souvenir d'une participation de Christophe André à l'émission "La tête au carré" – émission sur France Inter qui se veut scientifique –, expliquant au présentateur que la méditation de la pleine conscience n'avait aucun rapport avec l'éveil du Bouddha. Donc, je considère ce personnage comme un opportuniste, qui jouera le bouddhiste à l'émission de sagesse bouddhiste parce qu'il n'aura pas le choix, et qui se défendra de l'être quand le simple fait de se dire bouddhiste sera considéré comme suspect."
Le vent

Je ne connais pas ce monsieur et je ne comprends pas bien ce qui motive une réaction aussi virulente à son égard.
La vulgarisation de la méditation est une excellente chose. L'essentiel n'est il pas qu'elle permette de prendre de la distance avec les souffrances humaines ???? Est si nécessaire de vouloir rendre à César... alors qu'on s'approche du but ? love_3
Dumè Antoni

Je ne connais pas ce monsieur et je ne comprends pas bien ce qui motive une réaction aussi virulente à son égard.
La vulgarisation de la méditation est une excellente chose. L'essentiel n'est il pas qu'elle permette de prendre de la distance avec les souffrances humaines ???? Est si nécessaire de vouloir rendre à César... alors qu'on s'approche du but ? love_3
Quel but ? La méditation de la pleine conscience est l'équivalent de la psychanalyse des années 50/60'. C'était une révolution pour les bobos de l'époque. Maintenant, nous savons que la psychanalyse ne marche pas, que ça coûte une blinde pour les patients et que les psychanalystes sont des charlatans.

Ce personnage est assimilable à un charlatan et à un voleur. Un charlatan parce que la méditation de la pleine conscience ne résout aucun problème. Elle ne résout aucun problème car elle est privée de sa substance, laquelle est la pratique du Dharma. Un voleur car il a emprunté'une technique nommée vipassana pour l'introduire dans un cursus universitaire et se l'approprier pour en faire une discipline médicale. De fait, l'enseignement de vipassana sans DU pourrait être assimilé à terme ) à un exercice illégal de la médecine.

Voici le lien du DU : http://www.pleineconscience-mindfulness ... RM-UdS.pdf

Je ne nie pas que faire vipassana puisse calmer quelques angoisses et ait une possible utilité en ce sens qu'on pourrait diminuer ainsi la prise d'antidépresseur et autre benzos, mais que ce mec passe sur "sagesse bouddhiste" alors qu'il a souri avec condescendance en se défendant d'avoir le moindre rapport avec le Bouddhisme dans une émission scientifique, ça me donne envie de gerber et je le dis.
Loro

Je partage complètement ton avis, Christophe André est l'exemple du détournement du Dharma vers la quête d'un bien-être personnel.

Un passage de Philippe Cornu, dans Le bouddhisme, une philosophie du bonheur?

Avec le développement des psychothérapies dites brèves, de la mouvance new age et du coaching, bon nombre de techniques spirituelles orientales se sont vues adaptées et détournées de leur usage traditionnel pour êtres utilisées en vue d'un "développement personnel". Dans le contexte individualiste et consumériste qui est le nôtre depuis quelques décennies, le bricolage spirituel conjugué à la quête hédoniste du bien-être individuel n'est pas sans poser quelques problèmes de fond aux grandes traditions spirituelles comme le bouddhisme. Notre monde actuel connaît un développement technologique jamais atteint qui induit le sentiment fallacieux qu'il existe une solution technique à chaque problème et qu'elle suffit à nous faire atteindre le bonheur. Pourquoi se priverait-on de piocher dans la boite à outils bouddhique les méthodes qui conviennent pour traiter telle ou telle difficulté?
[...] Une voie spirituelle comme le bouddhisme absorbe l'être entier dans un dépassement de soi et occasionne de profondes transformations qui vont bien au delà d'une quête du bonheur dans cette vie présente.
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jules
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C’est effectivement dommage qu’il y’ait cette ambiguité entre ce type de méditation proposé par ce monsieur et le bouddhisme. Quoi qu’il en soit dans toutes choses il y’a souvent du bon et du mauvais, en effet comme dit plus haut et connaissant les bienfaits de la méditation, je trouve pas mal également que cette pratique soit entrée dans le milieu médical. De toutes façons, dans cette culture qui est la notre, pour diffuser largement la pratique de la méditation, on voit mal comment il serait possible de procéder autrement que par l’application d’un dépouillement de l’aspect doctrinal qui est proposé dans le bouddhisme et de faire autrement en somme que de procéder à une adaptation à notre référentiel occidental. Espérons tout de même qu’il y’ait toujours de la place pour la pratique globale qu’est le bouddhisme et que celui-ci puisse continuer de s’enraciner, pour cela, il s’agirait peut-être en effet de bien distinguer les approches pour justement lever l’ambiguité et permettre une expression épanouie de deux pratiques qui en préservant leur identité, continueraient à être également bénéfiques pour ce que chacune se propose de traiter comme problème.
Dumè Antoni

Effectivement, je pense qu'il faut accepter le principe que la médiation – pleine conscience ou comme on voudra – n'a strictement rien à voir avec le Bouddhisme et qu'il faut s'interdire d'utiliser ce verbe : "méditer" quand on fait du Dhyana.

Dans l'antenne zen dont j'ai la charge, je précise et reprends régulièrement les élèves quand ils affirment venir "méditer". Je dis qu'on ne médite pas au Zendo de la Fontaine mais qu'on fait zazen. Pour certains, ça semble vouloir jouer sur les mots, mais regardez cette vidéo de Dominique Trotignon (qui n'est pas zeniste mais théravadin), et vous aussi peut-être mettrez un terme à la méditation pour vraiment pratiquer le Bouddhisme de votre voie :

Le vent

jules a écrit :C’est effectivement dommage qu’il y’ait cette ambiguité entre ce type de méditation proposé par ce monsieur et le bouddhisme.
Est ce vraiment une ambiguité ? Je pense que ni le thérapeute ni le bouddhiste ne font d'amalgame ; je ne suis même pas sure qu'un patient lambda le fait... Et le respect de la liberté ?
Ce monsieur ne s'est pas invité à une émission bouddhiste mais a été invité ; du coup qui est le plus démago de l'affaire color_3 ?
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jules
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Je m'en tenais à ce que disait Dumè que je crois assez sincère pour ne pas se faire le porte parole d'informations qu'il n'a pas vérifiées. Mais c'est vrais qu'il y'a toujours danger à réagir sur la base d'un rapport fait par quelqu'un sur un événement, c'est un peu l'histoire de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours. :)
ted

Dumè Antoni a écrit : Un voleur car il a emprunté'une technique nommée vipassana pour l'introduire dans un cursus universitaire et se l'approprier pour en faire une discipline médicale. De fait, l'enseignement de vipassana sans DU pourrait être assimilé à terme ) à un exercice illégal de la médecine.
Considérer vipassana comme une technique, ou comme un type de méditation, est un abus de langage. Vipassana est une qualité qui apparaît spontanément dans l'esprit quand on pratique les quatre établissements de l'attention appelés satipatthana.

Sans autre pratique préliminaire comme samatha (chiné en tibétain), ou sila (respect des préceptes), et sans une "Vue" bouddhiste, c'est à dire, une compréhension d'ensemble de la réalité et de ce qu'on souhaite réaliser à partir de notre niveau personnel, la question est de savoir si la pratique de satipatthana est autosuffisante pour mener à l'éveil, disons "à l'insu" de celui qui la pratique.

Il semble qu'il y ait des précédents avec S.N. Goenka qui a diffusé massivement ce type de méditation sans approfondir l'aspect doctrinal sauf sur demande spécifique des pratiquants.

J'avais tendance à penser par le passé que satipatthana était autosuffisant, mais je crois maintenant qu'il y a un risque d'interprétations erronées quand les sagesses s'élèvent. Que des expériences peuvent apparaître qu'aucun maître, faute d'être au courant, ne pourra éclairer auprès du pratiquant, et encore moins un psy, sauf s'il est bouddhiste, bien sur. :)

Alors, si le pratiquant a de très bonnes empreintes karmiques, il pourra retomber sur ses pieds et continuer son chemin, en rejoignant un sangha éventuellement. Sinon, il pourra rester piégé pendant de nombreux kalpas. Mais ça, il ne le saura même pas.
Dumè Antoni

Le vent a écrit :Est ce vraiment une ambiguité ? Je pense que ni le thérapeute ni le bouddhiste ne font d'amalgame ; je ne suis même pas sure qu'un patient lambda le fait...
Ben si, il y a amalgame ; la preuve, tu l'as fait (en considérant que l'on puisse approcher du but en pratiquant selon cette méthode) et l'animatrice de "Sagesse bouddhiste" l'a fait aussi. On nage donc en pleine confusion, mais ce qui est incroyable, c'est qu'il suffise de le dénoncer pour paraître suspect. C'est vraiment inquiétant.
Et le respect de la liberté ?
J'use justement de ma liberté de dénoncer les charlatans, les amalgames et les confusions. Ça me paraît tout à fait respectable. C'est le contraire qui ne l'est pas.
Ce monsieur ne s'est pas invité à une émission bouddhiste mais a été invité ; du coup qui est le plus démago de l'affaire color_3 ?
Ce n'est pas un problème de démagogie mais d'ignorance entretenue qui affecte le Bouddhisme en France, avec des personnages (Christophe André) qui exploitent le filon.

Je pense que regarder la vidéo serait salutaire car le problème que je dénonce est exactement celui que dénonce Dominique Trotignon.
Jules a écrit :Je m'en tenais à ce que disait Dumè que je crois assez sincère pour ne pas se faire le porte parole d'informations qu'il n'a pas vérifiées.
Hein ??? :shock: Je rêve, là ? Outre que je suis loin d'être le seul à dénoncer le personnage (Dominique Trotignon le fait aussi dans la vidéo que j'ai mise en lien), il suffit d'avoir un minimum de connaissances bouddhiques pour s'apercevoir que ce type n'a strictement rien à faire dans une émission consacrée au Bouddhisme.

Je le répète : Christophe André et ses collègues de la faculté se sont approprié la méditation de la pleine conscience (tout en reconnaissant que c'est une technique bouddhique ; il suffit de lire le programme dans le lien que j'ai donné pour le DU), l'a vidé de tout rapport avec le Dharma et en fait une pratique médicale qui sera contrôlée à terme comme l'est l'hypnose médicale, l'osthéopathie... en ce sens que son usage hors cadre médical pourra être considéré comme exercice illégale de la médecine. C'est aussi simple que cela, et pour moi, ça s'appelle du vol (sauf que c'est légal puisque le terme "méditation pleine conscience" n'était pas protégé).
Ted a écrit :Considérer vipassana comme une technique, ou comme un type de méditation, est un abus de langage. Vipassana est une qualité qui apparaît spontanément dans l'esprit quand on pratique les quatre établissements de l'attention appelés satipatthana.
C'est ce que je dénonçais : la méditation de pleine conscience n'est qu'une technique qui est privée de son rattachement au Dharma. Il n'empêche que des bouddhistes, dont notre moine national, quelques "maîtres zen" de l'AZI, et Tich Nhat Hanh ont joué le jeu. Quand on sait que ça rapporte surtout du blé, il ne faut pas s'imaginer que ce soit un élan de compassion.
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