Le penseur et le soldat, de la responsabilité du penseur.

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jules
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Les degrés de risque pourraient sembler moindres en ce qui concerne ceux que prend l’écrivain en comparaison du soldat ayant perdu son groupe et qui se trouvera acculé à devoir traverser un champs de mine pour échapper à ses ennemis qui sont à sa poursuite avec comme seul moyen, sa tête et ses jambes. Quel enjeu pour l’écrivain assis bien tranquillement sur sa chaise ? Presque rien ou si peu, lorsque pour le soldat, il s’agit de vivre ou de mourir. Mais qui a donné de la valeur à la vie, qui la lui a ôtée, qui est celui qui s’évertuant à renchérir sur ce thème en est arrivé à faire trembler les individus d’une société face à leur destin ou au contraire à l’affronter avec confiance et résolution si ce n’est le penseur ? Le risque pour ce dernier consiste donc à être l’instigateur ou le prolongateur de la volonté de vivre ou de celle de se laisser choir dans un destin décrit comme subit et inéluctable, à être le porte drapeau d’une volonté assumée ou d’une volonté considérée comme impuissante, à donner la force de se battre ou au contraire à désarmer cette force et à valoriser la résignation, et au final par sa contribution, à souligner peut être les valeurs de décadence ou de pleine santé dont il se fait l’ambassadeur de la société de son époque dont il transmet avec un certain degré d'inconscience l’état.
L’écrivain, le philosophe, le penseur, ne sont-il pas d’une certaine manière en première ligne?
Le penseur n’est-il pas tel l’une de ces nombreuses voix, dont on pourra considérer l’influence sur l’initiative du soldat ? Que choisira ce dernier devant cette épreuve, décidera-il apeuré de traverser ce champs en usant de précautions dont pourtant il sait qu’elles son inutiles et paralysantes. Ou décidera t’il toujours porté par ces voix, de s’asseoir et d’essayer de trouver la sérénité avant que ses ennemis le cueillent, à moins que, poussé par des pensées autres, une grande sérénité le traverse et l’enjoigne à affronter ce champs de mine en courant comme un enfant retrouvant son inconscience dans la pleine acceptation d’un dernier défit, empli d’une foi profonde en ce pouvoir personnel que lui a donné la vie, joyeux d’accomplir son destin.

Juqu'à 2m 10



Le vieil indien a rêvé la nuit qu’il était invisible, il sait que ses ennemis ne le voient pas.

« C’est un beau jour pour mourir. » <<metta>>
Dernière modification par jules le 11 avril 2014, 19:10, modifié 1 fois.
ted

jules a écrit :Le penseur n’est-il pas tel l’une de ces nombreuses voix, dont on pourra considérer l’influence sur l’initiative du soldat ?
Le soldat est doté de son libre arbitre. Les penseurs sont nombreux et se contredisent. L'individu fait un choix parmi ces voix discordantes. Pourquoi rendre le penseur responsable du choix du soldat ? :)
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jules
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Le penseur, je le vois au sens large, dans son influence sur l'éducation par exemple, dans l'influence qu'il a eu sur d'autres penseurs, qui eux mêmes ont de l'influence sur d'autres et ce depuis que l'homme est homme, car en réalité nous sommes tous des penseurs, nous sommes tous "le penseur".
Toutes nos pensées sont il me semble, un réarrangement de pensées postérieures telles l'expression de limites et d'ouvertures formalisées constituant le canal du pensé qui est possibité, pouvoir d'agir dans ce canal, sur ce canal.
Nous répondons toujours même si ce n'est pas nécessairement explicite et même de manière souvent implicite à quelqu'un, quand ce n'est pas à ce quelqu'un que nous croyons avoir été dans une sorte de dialogue avec notre passé supposé.
A partir du moment où nous jouons sur le terrain de l'opinion, nous participons à cette ronde qui détermine la culture de pensée de l'Humain, ce qui déterminera aussi ses actes; nous agissons chacun à notre niveau sur la pensée universelle et donc chacun devient responsable au travers de sa propre parole. Et effectivement, le libre arbitre que je conçois personnellement au travers du fait qu'expliciter une pensée et vouloir ce quelle affirme sont indissociables, lorsque je m'exprime ainsi, je veux quelque chose, je veux ce que je dis et j'exerce au travers de ma parole et de mes actes ce que je veux en même temps nommer et définir tel mon libre arbitre.
La vérité serait en ce sens un vouloir qui s'impose, et j'ajoute, qui s'impose par nécessité vitale pour le clan, la famille, le village, le pays, les pays, la terre, peut-être même le cosmos en fonction de forces jouant entre elles de manière complémentaires pour l'équilibre de l'ensemble, pour le possible...Mais cet ensemble est-il véritablement le fait d'un équilibre ?
ted

Sauf que la première chose qu'on fait quand on commence Zazen, c'est de se débarrasser de ses pensées. De se débarrasser de toutes ces voix, de toutes ces suggestions, de toutes ces influences qui nous trottent par la tête, pour plonger dans la non-pensée d'où surgit la conscience Hishiryo. Une conscience transcendante.

Celui qui se débarrasse de ses pensées, personne ne peut l'embarrasser.

Voila pourquoi, à mon avis, le bouddhisme n'est pas une philosophie. Le "Je pense, donc je suis" de Descartes est le témoin de notre enchaînement dans l'erreur du samsara.

Il existe un autre mode d'être, sans pensées, sans ratiocinations mentales. On peut stopper les pensées. C'est une pratique bienfaisante, régénératrice, protectrice. En effet, on ne sait jamais si nos pensées sont bien les nôtres... :mrgreen: Dans le doute, autant jeter le bébé avec l'eau du bain... Lausm me conseillait dans un autre fil de considérer que même ma perception ne m'appartenait pas. Il avait tout à fait raison. <<metta>>

Si tu vois le Bouddha, tue le ! :)
Si tu vois une pensée que tu crois être tienne, fuis là ! <<metta>>

La liberté serait au-delà de la pensée.
Au-delà aussi de l'absence de pensée qui n'est qu'un concept, donc une pensée de plus.
jap_8

lausm

Par contre je ne conseille absolument pas de se débarrasser de ses pensées : elles reviendront pas la porte de derrière.
Il y a juste à les laisser à ce qu'elles sont.
Si on voit qu'elles ne nous appartiennent pas non plus, elle cesseront d'etre dérangeantes.
On verra qu'il existe de l'espace autour, dedans, avec.
et l'embarrassement ne nous embarrassera plus.
ted

Dans un premier temps, oui, on les laisse où elles sont. Mais arrive un moment où, sans faire d'efforts particuliers, elles cessent d'apparaître...
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jules
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Je suis totalement d'accord avec ce rappel sur l'au delà de la pensée et de la non pensée, ou devrais-je dire plutôt que je veux avec vous ce rappel. Il n'est toutefois pour l'instant que la désignation avec des mots d'une pratique que tous à peu près sur le forum nous voulons transmettre, dans la ligne de ce qu'a voulu transmettre le Bouddha lorsqu'il a prôné pour sauver l'humanité, la pratique de la méditation. Toutefois, nier la place du "penseur", ce serait nier le rôle indispensable de la transmission par les mots. :)
ted

jules a écrit :Toutefois, nier la place du "penseur", ce serait nier le rôle indispensable de la transmission par les mots. :)
Rôle : oui.
Indispensable : pas sur... :oops:
Les mots sont des créations artificielles; il y a des terres de Bouddha où il n'y a pas de mots. Dans certaines terres de Bouddha, les idées sont indiquées par un regard constant, dans d'autres par des gestes, et dans d'autres encore par un froncement de sourcils, par un mouvement des yeux, par un rire, par un bâillement, par un éclaircissement de la gorge ou par un tremblement. Par exemple, dans la terre de Bouddha du Tathagata Samantabhadra, les Bodhisattvas, grâce à un dhyâna transcendant les mots et les idées, arrivent à reconnaître toutes choses comme étant non-nées, et ils font également l'expérience de divers très excellents Samadhis qui transcendent les mots. Même en ce monde, des êtres aussi spécialisés que les fourmis ou les abeilles poursuivent très bien leurs activités sans avoir recours à des mots. Non, Mahâmati, la validité des choses est indépendante de la validité des mots.
Lankavantara sutra

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jules
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miaaouuuuu
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