De toutes façons, je crois que toute diabolisation ou exaltation du maître provient d'un malentendu sur ce mot.
Le problème ne vient pas du sens ou de l'interprétation (fausse ou pas) qu'on donne au mot "maitre", mais tout simplement est dû au comportement humain (pas systèmatique, mais courant) qui fait qu'il cherche toujours à créer des systèmes, des hiérarchies, et donc des "pouvoirs" et les inégalités et injustices qui vont avec; (et donc les systèmes dualistes de "profs-eleves", maitres et disciples, "sages -ignorants", presidents/roi et peuples, patron - salarié etc, etc)
Ce que je dis là, n'est pas un jugement "subjectif" ou personnel qui serait "peu neutre",
c'est en fait une réalité éthologique (comportement animal de l'humain, imparfait) qui fait qu'il détruit souvent lui-même la sagesse, la paix, la liberté, en surimposant toujours et a chaque fois des normes et des rapports de forces ou de hierarchies;
Les éthologistes, naturalistes, te diront que l'humain en tant qu'animal, mammifère, primate, obeit très souvent à trois choses principales; mais ces trois choses ne sont pas exterieures à lui, ni de la société, ni des autres; ce sont trois pulsions qui dirigent souvent ses actes (donc qui sont en lui-même) :
- la quete de pouvoir (dominer les autres, par la force, les armes, l'argent, la réussite sociale, quitte a devoir un temps suivre un système ou un dirigeant pour obtenir ce qu'il désire, etc etc)
- le sexe ( la pulsion d'accouplement, instinct de reproduction, commun aux autres animaux aussi)
- la quête de territoire (territorialité) , donc l'acquisition de terres, de possessions, d'envahir, quitte à s'imposer, détruire , faire la guerre (et l"histoire en est une preuve limpide)
Donc, "la sagesse" , la liberté", la paix, la connaissance, bien sur que ces valeurs "absolues" si on considère qu'elles existent, sont "au delà" de la dualité et de l'imperfection du monde, des humains, de leurs instincts etc;
Mais le fait est qu'avant de réaliser ces choses,qu'on les réalise seul, ou pas, on vit sur terre; et sur terre, il y a ces réalités éthologiques; et même les religions et ses representants (toujours imparfaits eux même),même oréolées de "valeurs" de sagesses, etc, n'échappent pas à ces tendances, qui sous couvert de "transmettre soit disant" la sagesse (ou la vérité, peu importe comment on la nomme), ont toujours cherché à assoir leur pouvoir sur les gens (premiere pulsion dont j'ai parlé), et iront même pour ca, jusqu'à faire croire que la sagesse, ou "l'esprit", ou la connaissance de soi, ne peut se realiser que par l'intermediaire d'un "maitre", d'un "gourou", d'un sage, d'un dieu,d'une religion, d'un dogme à respecter, d'une croyance à accepter, d'un prophète ou autres;
Ca a toujours été comme ça;
Et ça ne signifie pas pour autant que cette affirmation soit vraie, au contraire;
Ca prouve qu'il faut toujours etre vigilant, et savoir sortir les trésors des ronces, sans s'enliser dedans;
De même que les conseils de sagesse, ou la connaissance de soi, peut s'acquerir par soi-même (c'est même la seule façon au final), sans se retrouver "enfermé" dans un système, où les "gurus, les profs, les "moi je sais tout", attendent toujours leurs prochaines proies, en leur vantant (et vendant) leur système, par le moyen connu de tous les "commerçants" ou vendeurs (parfois charlatan) : "sans moi, vous n'y arriverez pas" "essayez et vous serez heureux" etc etc; bref pour les rendre dependant d'eux (et non independant);
Bref, des vendeurs de tapis (mais d'illusions dans ce cas
)
Donc la phrase de Yudo est exacte : La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
Et donc leur responsabilité est de ce fait aussi de cesser d'être éleves, et de tracer leur route pour être leur propre maitre