J'ai pensé à la chose suivante tout à l'heure, c'est que si on était incapable soi-même d'être blessé, irrité, si on était pas en mesure de ressentir ce pincement désagréable au contact de certaines paroles ou actes, on aurrait aucun repère pour parler ou agir de sorte à ne blesser personne, de sorte à essayer de vivre en harmonie avec autrui. Par là, sans cette aptitude, il ne saurait être question il me semble des deux premiers préceptes de l'octuple noble sentier, à savoir : la parole et l'acte juste. De même, nous ne serions capables d'aucune parole aidante, chaleureuse, d'aucune empathie, et enfin, jamais personne je pense, n'aurait un jour prononcé les mots de haine ou d'amour.
Alors, ces blessures, ces pincements que nous ressentons parfois dans nos échanges avec les autres, et dans le meilleur des cas peut-être, ces ombres légères qui s'étalent sur le tableau de notre existence, sont, par notre aptitude à parvenir à éviter qu'ils ne se produisent, des guides, la raison d'un effort constant, d'une vigilance pour maintenir cette paix dont tout le monde peut profiter. Bouddha ne dit-il pas : « La vigilance est le chemin du royaume immortel. La négligence celui qui conduit à la mort. »
Si je cherche vraiment bien ce qu'est l'égo, c'est une chose qui m'échappe bien sûr, mais de manière pratique, le fait d'accepter de faire usage de ce concept peut aider à exprimer des choses. On en parle souvent en effet comme de ce qui peut endosser les souffrances, l'orgueil, la vanité etc. Ainsi, je me dis que peut-être, encore une fois, c'est bien parce que je peux ressentir des douleurs égotiques, que je peux apprendre à me les éviter ainsi qu'aux autres, ce qui en d'autres termes reviendrait à dire, que parce que j'ai un égo, je suis capable de protéger l'égo, non pas le mien séparé de celui de l'autre, mais un seul et même égo qui au travers de l'acte juste, peut être préservé de la souffrance. Je dis que c'est un seul et même égo, parce que c'est au travers de la souffrance générée par un acte maladroit, ou ayant comme origine un défaut de chaleur au niveau du cœur, qu'on va pouvoir constater que l'étendue des répercussions d'un tel acte, ne s'arrête pas qu'à soi-même ou à l'autre. <<metta>>
Le coeur de l'égo
Alors comment expliquer qu'un éveillé, qu'un Bouddha, dépourvu d'égo, fasse preuve de bien plus de compassion qu'un non éveillé ?jules a écrit :Ainsi, je me dis que peut-être, encore une fois, c'est bien parce que je peux ressentir des douleurs égotiques, que je peux apprendre à me les éviter ainsi qu'aux autres, ce qui en d'autres termes reviendrait à dire, que parce que j'ai un égo, je suis capable de protéger l'égo, non pas le mien séparé de celui de l'autre, mais un seul et même égo qui au travers de l'acte juste, peut être préservé de la souffrance. Je dis que c'est un seul et même égo, parce que c'est au travers de la souffrance générée par un acte maladroit, ou ayant comme origine un défaut de chaleur au niveau du cœur, qu'on va pouvoir constater que l'étendue des répercussions d'un tel acte, ne s'arrête pas qu'à soi-même ou à l'autre. <<metta>>
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Mais il est indéniable que l'empathie joue un rôle dans notre prise de conscience de la souffrance d'autrui.

Et que comme dit le proverbe : "ne fait pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse".
L'idée d'un seul égo est tentante. Une sorte de conscience universelle dont nous serions tous une parcelle. Mais comment concilier ce point de vue quand la souffrance est liée au karma ? La souffrance ressentie étant, d'après les textes, le fruit d'un mauvais karma. Certaines personnes se sentiront blessées par certaines paroles, certains actes. D'autres non. Mais c'est vrai qu'il y a sans doute un important tronc commun.
On peut supposer que toute personne qui verrait sa famille massacrée sous ses yeux, en éprouverait de la peine. Je ne crois pas me tromper en disant cela. Mais est-ce bien vrai ? Est-ce qu'un Bouddha, dans ces circonstances, n'éprouverait pas peut être une immense compassion pour l'assassin qui accumule du karma négatif ? Tandis que sa vision d'éveillé lui permettrait de discerner les renaissances favorables des membres de sa famille, ce qui le pousserait à se réjouir pour eux ?
Tu veux dire que l'égo serai indispensable au développement de la parole juste ou de l'acte juste ?jules a écrit :J'ai pensé à la chose suivante tout à l'heure, c'est que si on était incapable soi-même d'être blessé, irrité, si on était pas en mesure de ressentir ce pincement désagréable au contact de certaines paroles ou actes, on aurrait aucun repère pour parler ou agir de sorte à ne blesser personne, de sorte à essayer de vivre en harmonie avec autrui.
Mais je ne crois pas que la parole ou l'acte seraient "justes" grâce à une nomenclature préétablie de bonnes ou mauvaises actions. La justesse me semble plutôt issue d'une source profonde, harmonieuse, qui court-circuite les conditionnements.
Le Bouddha était sans égo, mais pas sans émotions et insensible. Empathie et compassion vont ensemble.
Je situerai plutôt le coeur dans l'être profond plutôt que dans l'égo qui est une sorte d'enveloppe superficielle et fluctuante, impermanente, avec le moi centré sur lui-même, fixé et fermé.
"Les ordures et la rose inter-sont"... impermanence et interdépendance...
La façon non-violente de travailler avec l'égo est la méditation.
L'être centrée et stable, le traitement de l'égo peut se faire à chaque instant, afin qu'il pose l'acte juste, la parole juste.
C'est un constant travail intérieur qui se renouvelle. Et un mouvement continuel d'intérieur vers l'extérieur, ouvert à l'émotion de l'autre. Aussi un réflexe de canaliser l'énergie de l'émotion, avec l'intention, la pensée pour le bien de l'autre, comme le sien.
Enfin, bref, chacun s'occupe de son égo.
Et comme dit C.G Jung, aussi à ce propos :
"Sans l’émotion, l’obscurité ne peut être transformée en lumière, ni l’apathie en mouvement."

Je situerai plutôt le coeur dans l'être profond plutôt que dans l'égo qui est une sorte d'enveloppe superficielle et fluctuante, impermanente, avec le moi centré sur lui-même, fixé et fermé.
"Les ordures et la rose inter-sont"... impermanence et interdépendance...
La façon non-violente de travailler avec l'égo est la méditation.
L'être centrée et stable, le traitement de l'égo peut se faire à chaque instant, afin qu'il pose l'acte juste, la parole juste.
C'est un constant travail intérieur qui se renouvelle. Et un mouvement continuel d'intérieur vers l'extérieur, ouvert à l'émotion de l'autre. Aussi un réflexe de canaliser l'énergie de l'émotion, avec l'intention, la pensée pour le bien de l'autre, comme le sien.
Enfin, bref, chacun s'occupe de son égo.
Et comme dit C.G Jung, aussi à ce propos :
"Sans l’émotion, l’obscurité ne peut être transformée en lumière, ni l’apathie en mouvement."

L'empathie je sais pas. On ne peut jamais se mettre à la place de l'autre. On peut respecter ce qui est, comprendre que la situation que l'autre nous présente est pas celle que l'on voit, que l'autre ne nous montre que sa surface, qu'il est constitué de tous les instants qui l'ont façonné, que ce n'est pas temporel…et donc, l'autre a toujours sa raison de faire ou de dire les choses comme il le fait, raison que nous ne connaissons pas véritablement. Et c'est sûrement très bien structuré pour qu'il se donne là devant moi, dans l'équilibre de son existence. Alors c'est peut-être une forme d'empathie que de prendre du recul, mais peut-être juste aussi une forme de respect qui doit elle même négocier avec l'équilibre d'une situation à un instant T…Mais il est indéniable que l'empathie joue un rôle dans notre prise de conscience de la souffrance d'autrui.
Comment on réagit devant une souffrance qui se dit ? Sûrement on ne comprend pas son histoire, on peut tenter d'entendre et écouter. Et l'écoute c'est juste accueillir sans vouloir la changer…c'est difficile de faire ça, je dis pas que je sais toujours,loin de là, mais j'essaie le mouvement...
Ca me parle bien <<metta>>La façon non-violente de travailler avec l'égo est la méditation.
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Sans vouloir m'écarter du sujet, l'émotion n'est pas qu'une question de travail avec l'égo. On a tendance à attribuer l'émotion, la sensibilité, une grande empathie au féminin et la force, la dureté, "la maîtrise" au masculin. Alors que la sagesse résulte d'une acceptation des deux en l'être, en soi, profondément. Les éveillés , ou les grands sages comme Bouddha ou Jésus avaient cet équilibre complet en eux.
Tel que je comprends les choses, le Bouddha, serait avant tout un acte, un acte ou une attitude justes, produits ici et maintenant. En ce sens effectivement, le Bouddha est impersonnel, et on pourrait dire ; sans égo. Il serait également plus que par nature, mais par volonté (ainsi nous voulons qu'il soit) un acte non souillé, un acte impeccable. Cet acte exigeant une profonde vigilance instant après instant, lorsqu'un individu l'incarne avec perfection, on le nomme un Bouddha.ted a écrit : Alors comment expliquer qu'un éveillé, qu'un Bouddha, dépourvu d'égo, fasse preuve de bien plus de compassion qu'un non éveillé ?
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Dans la continuité de cette idée, je dirais que l'Octuple Noble Sentier, et le Bouddha sont UN : ce sentier qui est la désignation de la justesse du comportement, une justesse qui s'incarne par des actes, est celui de la vigilance. Cette dernière implique nécessairement la présence d'un péril, celui je dirais, de céder à des conditionnements néfastes. Le fait qu'il soit possible de déjouer les forces de ces conditionnements me semble être l'une des bases de la foi en la sagesse.
Toujours dans le fil de l'idée qu'il serait un acte, et uniquement dans le but d'étayer cette assertion, je dirais qu'un Bouddha selon moi, ne fait pas preuve comme tu le dis, "de plus de compassion qu'un non éveillé " mais que le Bouddha est la compassion elle même, il est l'acte compassionnel, l'acte juste, que chacun tente du mieux qu'il peut de mettre en oeuvre et que seul encore une fois, celui que l'on nomme un Bouddha est capable d'incarner parfaitement.
D'une certaine manière, s'il me fallait désigner une personne parfaitement accomplie, je dirais, non pas qu'elle EST un Bouddha, mais qu'elle FAIT Bouddha.
Effectivement, c'est une question que je me pose. Cette question est partie de cette idée de péril dont j'ai parlé, péril justifiant l'idée même de pratique, de vigilance, de choix et de sagesse.Ted :Tu veux dire que l'égo serai indispensable au développement de la parole juste ou de l'acte juste ?
Je ne le crois pas non plus.Mais je ne crois pas que la parole ou l'acte seraient "justes" grâce à une nomenclature préétablie de bonnes ou mauvaises actions.
Oui, il est fort probable qu'elle relève en effet de quelque chose de très profond, d'aussi profond sans doute que peut l'être l'instinct.La justesse me semble plutôt issue d'une source profonde, harmonieuse, qui court-circuite les conditionnements.
<<metta>>
Est-on dépourvu d'ego, ou n'est-ce pas plutôt qu'on cesse d'en être dépendant.
Je trouve qu'on parle trop facilement de ce soit disant "ego", alors qu'en fait ce dont on parle c'est nous-même.
C'est devenu un tic de langage occidental concernant le bouddhisme.
Je ne crois absolument pas qu'on puisse être sans ego : si on est sans ego, on est dissolu dans la psychose, dans l'indifférenciation psychique la plus totale.
Pas contre on peut assumer son ego pour le vivre au mieux, c'est à dire sans en dépendre, que ce soit en terme de reconnaissance, d'adhésion à un système pour se sentir exister, ou de rejet du système pour se sentir aussi pouvoir exister.
La justesse réside dans le fait de mettre en harmonie cette partie de nous qui est ce noyau égocentrique, conscient de lui-même dans la différenciation d'avec les autres et le grand tout, avec ce qui nous dépasse et tous ces autres êtres qui sont cette totalité du monde.
Je trouve qu'on parle trop facilement de ce soit disant "ego", alors qu'en fait ce dont on parle c'est nous-même.
C'est devenu un tic de langage occidental concernant le bouddhisme.
Je ne crois absolument pas qu'on puisse être sans ego : si on est sans ego, on est dissolu dans la psychose, dans l'indifférenciation psychique la plus totale.
Pas contre on peut assumer son ego pour le vivre au mieux, c'est à dire sans en dépendre, que ce soit en terme de reconnaissance, d'adhésion à un système pour se sentir exister, ou de rejet du système pour se sentir aussi pouvoir exister.
La justesse réside dans le fait de mettre en harmonie cette partie de nous qui est ce noyau égocentrique, conscient de lui-même dans la différenciation d'avec les autres et le grand tout, avec ce qui nous dépasse et tous ces autres êtres qui sont cette totalité du monde.
Un tic de langage et même une obsession de "chasse à l'égo".
Cela me paraît bien comme ça aussi. "Sans égo", non pas son absence totale, mais pas son envahissement, en fait cela voudrait dire ce que tu décris, "une harmonie avec cette partie de nous". Tout être humain à un égo, une absence d'égo n'est pas possible, mais il ne domine pas tout l'être et sans dépendance à lui. Bouddha était parfait mais c'était aussi un être humain et il a trouvé l'équilibre avec ces parties de lui-même.
Cela me paraît bien comme ça aussi. "Sans égo", non pas son absence totale, mais pas son envahissement, en fait cela voudrait dire ce que tu décris, "une harmonie avec cette partie de nous". Tout être humain à un égo, une absence d'égo n'est pas possible, mais il ne domine pas tout l'être et sans dépendance à lui. Bouddha était parfait mais c'était aussi un être humain et il a trouvé l'équilibre avec ces parties de lui-même.
C'est exactement là dessus que porte le sujet que j'ai voulu creuser.
Et pour exprimer le titre du sujet, "Le coeur de l'égo", je dirais métaphoriquement que
l'égo est comme un magasin de porcelaine, seul le coeur peut y entrer sans faire de dommages.
<<metta>>
Et pour exprimer le titre du sujet, "Le coeur de l'égo", je dirais métaphoriquement que
l'égo est comme un magasin de porcelaine, seul le coeur peut y entrer sans faire de dommages.
<<metta>>