La nuit arrivait...

longchen2

FleurDeLotus
C’était en apparence un vendredi comme tous les autres pour le sangha. Le Bouddha était dans sa 37ème année et avait déjà de nombreux disciples.
Pourtant on pouvait sentir dans l’air une énergie inhabituelle, comme un frémissement difficile à définir, peut être lié au relâchement des activités alors que le crépuscule arrivait, ou bien à la pleine lune...
Un chien se mit à hurler, deux moines échangèrent un regard un peu inquiet ; c’est vrai que d’étranges histoires étaient parvenues aux oreilles de la communauté ces derniers temps...
Butterfly_tenryu
longchen2

Fleur de bananier était une femme d'un certain âge qui avait mis sa vie au service du Bouddha ; elle le servait de son mieux depuis plusieurs années maintenant.
C’est elle que les deux moines reconnurent dans la lumière déclinante du petit sentier de forêt qui menait au campement des moines ; essoufflée, elle leur lança : avez-vous vu le Bienheureux ?...
C’est seulement à ce moment là que les deux moines prirent conscience que la jungle était devenue parfaitement silencieuse, pas même un oiseau ne chantait... :shock:
Butterfly_tenryu
ted

"Pourquoi es-tu si essoufflée ?" demanda l'un des moines.
longchen2

"Je suis essoufflée car je cherche partout notre Maître et mon cœur est serré d'inquiétudes ; disparaître ainsi n'est pas dans les habitudes du Bienheureux." dit Fleur de bananier.
Elle continua : "Et avez-vous entendu le chien hurler il y a quelques minutes ? Il se passe quelque chose, et ce silence inhabituel maintenant..."

"Humm, la nuit arrive, rentrons vite au campement." dit le moine...
Butterfly_tenryu
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axiste
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Il faisait de plus en plus sombre et on distinguait furtivement les ombres qui glissaient dans la nuit . D'étranges formes insaisissables semblaient danser dans la chaleur de l'air, puis elles s'évaporaient sous leurs yeux...Ils hâtèrent leurs pas vers le campement.
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Katly

Au campement, les dernières tâches de la journée accomplies, les moines commencèrent à méditer à la lueur des lampes...
"Fleur de bananier" occupée dans sa maison, près du feu, regardait sans cesse par la fenêtre, son regard semblait vouloir traverser la nuit d'encre que la forêt épaississait.
Bien qu'elle était calme et silencieuse, c'était une attente inquiète, un pressentiment... La forêt demeurait secrète sur la disparition du Bienheureux. Aucune nouvelle.
Mais les rêves étaient peuplés de la présence du Bouddha jusqu'à l'aube...
ted

Le Bouddha était conscient du malaise provoqué par son absence inhabituelle. Depuis plusieurs mois, il avait réuni autour de lui un petit groupe de meditants extrêmement motivés. Cependant, malgré ses mises en garde, il voyait se développer une forme de vénération de sa personne. Il avait donc décidé de s'éloigner quelques temps.

Mais, une vision du futur venait de lui apparaître : ces enseignements qu'il s'atttachait à transmettre si généreusement, allaient disparaître du pays dans quelques siècles. Il percevait déjà les causes de cette disparition, telles des ombres silencieuses et insaisissables dans la nuit naissante.
Katly

Le Bouddha souhaitait du plus profond de son coeur que les êtres soient libérés par le remède de son enseignement, qu'ils pratiquent, au lieu de le vénérer, et prennent soin des uns et des autres, de la vie, sur le chemin de l'éveil.
Dans la forêt, assis, seul et silencieux, dans cette nuit noire, il se confondait avec un très vieil arbre.
Pendant ce temps le petit groupe des cinq moines, et "fleur de bananier", commençaient à sentir qu'ils portaient cet enseignement en eux, en le vivant dans leur quotidien... C'était peut-être bien cela, le Bouddha vivant, à travers les temps...
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axiste
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Alors Fleur de Bananier cessa de fixer la fenêtre.
Les derniers mots du Bouddha avant sa disparition lui revinrent en mémoire :

Si nous parlons ou agissons avec un coeur et un esprit paisibles et lumineux
Alors le bonheur s'ensuivra
aussi inévitablement que l'ombre
qui jamais ne nous quitte


Soudain ces mots prirent toute la place, tout l'espace, et le temps s'étira étrangement…Fleur de Bananier s'inclina devant cette présence des mots et fut rassérénée. Dans la salle de méditation, on pouvait entendre la tranquillité qui peu à peu rythmait les respirations…l'inquiétude avait fait place à l'évidence: l'absence du Bouddha venait de révéler son sens et sans savoir comment, Fleur de Bananier se sentit soudainement aussi solide qu'une montagne.

Le Bouddha quant à lui était toujours sous son arbre et méditait aussi.
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
longchen2

Les cœurs s’étaient ouverts dans la petite communauté et une vibration joyeuse s’était élevée jusque dans les sphères cristallines du samsara où vivait Mahadéva, un deva très puissant qui avait une connexion karmique avec le petit sangha. Il souhaita les rejoindre, et, par un acte de volonté, contracta son corps jusque là, dilué dans l’espace, corps qui se condensa jusqu’à devenir matériel. Pour ne pas éveiller les soupçons sur son identité, Mahadéva se présenta au sangha sous l’apparence d’un mendiant fatigué demandant asile et protection jusqu’au prochain village.
Le mendiant Mahadéva avait des pouvoirs surnaturels et vit immédiatement que les esprits qui entouraient le campement n’étaient pas tous bons, probablement dû à la présence toute proche de Mara...
Butterfly_tenryu
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