l'Eveil: un produit de consommation?
Publié : 12 juillet 2012, 12:23
Un regard critique qui n'engage que l'auteur, et une invitation à se questionner, le but n'étant pas la polémique..
Nous assistons depuis une quinzaine d'années à une prolifération exponentielle de publications sur l'éveil. Aucun courant spirituel n'échappe à cette débauche éditoriale. Le phénomène touche aussi bien la tradition tels l'advaita-védanta indien, le bouddhisme zen et tibétain, que les courants contemporains néo non-dualistes. Après l'effondrement des idéologies et des philosophies, du mythe de la science et du progrès infini, la fin de l'histoire, etc...voici l'éveil, le Nouvel Eldorado à conquérir, la nouvelle ruée vers l'or. Encore un mythe en somme.
Que faut-il penser du succès planétaire d'un Eckhart Tolle et de son livre «Le pouvoir du moment présent», du non moins fameux « Vivre sans tête » de Douglas Harding, ou bien encore « L'éveil est un secret » du tout aussi célèbre Andrew Cohen, en comparaison d'un Swami Prajnanpad qui n'a écrit aucun livre, n'a donné aucune conférence et n'aura eu qu'une dizaine de disciples occidentaux, ou encore de nombreux maîtres de la tradition de la forêt siddificile à trouver pour cause de totale discrétion ?
La même question est posée aux grandes figures du bouddhisme zen et tibétain, les Sogyal Rinpoché, Pierre Crépon, Roland Rech et cie.
Le propos ici n'est pas de juger de leur expérience spirituelle réelle ou supposée et de conclure que ces stars du boom de l'éveil sont des faux maîtres, des gourous de supermarché ; Mais de s'interroger sur la signification et la portée de ce tintamarre. Un corolaire de ce phénomène est que la machine à fabriquer des maître éveillés ou réalisés tourne à plein régime. Les maîtres enseignent des disciples qui s'éveillent et deviennent des maîtres qui enseignent des disciples. Il y a comme un phénomène de surproduction.. La réalisation a lieu en un temps record, sans aucun effort, sans les contraintes rigoureuses d'une quelconque forme d'ascèse et de discipline, généralement fort longue. Sans en faire une norme rigide, et sauf dispositions exceptionnelles, il faut en moyenne entre 10 et 15 ans de pratique assidue et de discipline rigoureuse pour parvenir à un épanouissement spirituel stable, un état de compréhension authentique, profond et efficient . L'éveil n'est pas subordonné à la sadhana. Il peut surgir à tout moment, ce qui reste tout à exceptionnel. Mais il ne saurait être réalisé sans...Or il est évident que l'exception soit devenue la règle : l'éveil minute, ici et maintenant, sans rien faire. Vous êtes déjà éveillé... suffit de le savoir et de demeurer dans ce savoir efficace, tranquille. Allez quoi, pour les moins doués, deux, trois ans maximum de disciculpat et hop! : à moi la maîtrise, à moi l'enseignement, les satsangs. Chacun s'empresse d'organiser des rencontres, des stages, des conférences. A cet égard, le web regorge de blogs et de sites internet ou chaque néo-éveillé-minute peut tout à loisir, publier l'autobiographie spirituelle unique qui révèlera à l'humanité ignorante sa lumière. Les bouddhas on-line, les corps sans tête, les avatars de l'amour divin connected, pullulent sur la toile. Tout cela est fort douteux.
Avant il fallait soit parcourir l'Inde de long en large, soit se perdre au fin fond de la Birmanie, de la Chine ou encore s'exposer à l'étrange Japon, sans aucune garantie absolue d'en revenir avec le Saint Graal de l'éveil. Mais au moins étions nous sûr d'aller puiser à la source et de revenir avec un certificat d'authenticité. C'était le fait de quelques pionniers privilégiés que tout le monde s'arrachait, tel un Arnaud Desjardins. Aujourd'hui la production d'éveillés est décentralisée. Plus besoin d'aller en Orient ou en Asie. Nous avons nos sites de production qui tournent à plein régime. Le secteur de l'éveil est en pleine expansion. Et il semble que la loi de marcher de l'offre et de la demande ne se soit jamais aussi bien portée. Qui encaisse le pognion? Lorsqu'un Sogyal Rinpoché organise une retraite pour 2000 participants à 500€ la semaine: C'est au minimum 1 million d'euros dans la poche du maître... Voilà qui fait réfléchir... L'éveil un marché commercial ? Oui, sans conteste. C'est une évidence, le phénomène de surproduction d'éveillés et de maîtres est l'exact pendant spiritualiste du phénomène matérialiste de surproduction mondiale qui fait tourner la machine consumériste. Nous sommes bel et bien en plein matérialisme spirituel . L'éveil est le nouveau grand mythe de la société de consommation : un produit de consommation, ni plus ni moins. Comme dirait l'ancien: "on patauge dans la boue du Kali Yuga".
Nous assistons depuis une quinzaine d'années à une prolifération exponentielle de publications sur l'éveil. Aucun courant spirituel n'échappe à cette débauche éditoriale. Le phénomène touche aussi bien la tradition tels l'advaita-védanta indien, le bouddhisme zen et tibétain, que les courants contemporains néo non-dualistes. Après l'effondrement des idéologies et des philosophies, du mythe de la science et du progrès infini, la fin de l'histoire, etc...voici l'éveil, le Nouvel Eldorado à conquérir, la nouvelle ruée vers l'or. Encore un mythe en somme.
Que faut-il penser du succès planétaire d'un Eckhart Tolle et de son livre «Le pouvoir du moment présent», du non moins fameux « Vivre sans tête » de Douglas Harding, ou bien encore « L'éveil est un secret » du tout aussi célèbre Andrew Cohen, en comparaison d'un Swami Prajnanpad qui n'a écrit aucun livre, n'a donné aucune conférence et n'aura eu qu'une dizaine de disciples occidentaux, ou encore de nombreux maîtres de la tradition de la forêt siddificile à trouver pour cause de totale discrétion ?
La même question est posée aux grandes figures du bouddhisme zen et tibétain, les Sogyal Rinpoché, Pierre Crépon, Roland Rech et cie.
Le propos ici n'est pas de juger de leur expérience spirituelle réelle ou supposée et de conclure que ces stars du boom de l'éveil sont des faux maîtres, des gourous de supermarché ; Mais de s'interroger sur la signification et la portée de ce tintamarre. Un corolaire de ce phénomène est que la machine à fabriquer des maître éveillés ou réalisés tourne à plein régime. Les maîtres enseignent des disciples qui s'éveillent et deviennent des maîtres qui enseignent des disciples. Il y a comme un phénomène de surproduction.. La réalisation a lieu en un temps record, sans aucun effort, sans les contraintes rigoureuses d'une quelconque forme d'ascèse et de discipline, généralement fort longue. Sans en faire une norme rigide, et sauf dispositions exceptionnelles, il faut en moyenne entre 10 et 15 ans de pratique assidue et de discipline rigoureuse pour parvenir à un épanouissement spirituel stable, un état de compréhension authentique, profond et efficient . L'éveil n'est pas subordonné à la sadhana. Il peut surgir à tout moment, ce qui reste tout à exceptionnel. Mais il ne saurait être réalisé sans...Or il est évident que l'exception soit devenue la règle : l'éveil minute, ici et maintenant, sans rien faire. Vous êtes déjà éveillé... suffit de le savoir et de demeurer dans ce savoir efficace, tranquille. Allez quoi, pour les moins doués, deux, trois ans maximum de disciculpat et hop! : à moi la maîtrise, à moi l'enseignement, les satsangs. Chacun s'empresse d'organiser des rencontres, des stages, des conférences. A cet égard, le web regorge de blogs et de sites internet ou chaque néo-éveillé-minute peut tout à loisir, publier l'autobiographie spirituelle unique qui révèlera à l'humanité ignorante sa lumière. Les bouddhas on-line, les corps sans tête, les avatars de l'amour divin connected, pullulent sur la toile. Tout cela est fort douteux.
Avant il fallait soit parcourir l'Inde de long en large, soit se perdre au fin fond de la Birmanie, de la Chine ou encore s'exposer à l'étrange Japon, sans aucune garantie absolue d'en revenir avec le Saint Graal de l'éveil. Mais au moins étions nous sûr d'aller puiser à la source et de revenir avec un certificat d'authenticité. C'était le fait de quelques pionniers privilégiés que tout le monde s'arrachait, tel un Arnaud Desjardins. Aujourd'hui la production d'éveillés est décentralisée. Plus besoin d'aller en Orient ou en Asie. Nous avons nos sites de production qui tournent à plein régime. Le secteur de l'éveil est en pleine expansion. Et il semble que la loi de marcher de l'offre et de la demande ne se soit jamais aussi bien portée. Qui encaisse le pognion? Lorsqu'un Sogyal Rinpoché organise une retraite pour 2000 participants à 500€ la semaine: C'est au minimum 1 million d'euros dans la poche du maître... Voilà qui fait réfléchir... L'éveil un marché commercial ? Oui, sans conteste. C'est une évidence, le phénomène de surproduction d'éveillés et de maîtres est l'exact pendant spiritualiste du phénomène matérialiste de surproduction mondiale qui fait tourner la machine consumériste. Nous sommes bel et bien en plein matérialisme spirituel . L'éveil est le nouveau grand mythe de la société de consommation : un produit de consommation, ni plus ni moins. Comme dirait l'ancien: "on patauge dans la boue du Kali Yuga".