Un regard critique qui n'engage que l'auteur, et une invitation à se questionner, le but n'étant pas la polémique..
Nous assistons depuis une quinzaine d'années à une prolifération exponentielle de publications sur l'éveil. Aucun courant spirituel n'échappe à cette débauche éditoriale. Le phénomène touche aussi bien la tradition tels l'advaita-védanta indien, le bouddhisme zen et tibétain, que les courants contemporains néo non-dualistes. Après l'effondrement des idéologies et des philosophies, du mythe de la science et du progrès infini, la fin de l'histoire, etc...voici l'éveil, le Nouvel Eldorado à conquérir, la nouvelle ruée vers l'or. Encore un mythe en somme.
Que faut-il penser du succès planétaire d'un Eckhart Tolle et de son livre «Le pouvoir du moment présent», du non moins fameux « Vivre sans tête » de Douglas Harding, ou bien encore « L'éveil est un secret » du tout aussi célèbre Andrew Cohen, en comparaison d'un Swami Prajnanpad qui n'a écrit aucun livre, n'a donné aucune conférence et n'aura eu qu'une dizaine de disciples occidentaux, ou encore de nombreux maîtres de la tradition de la forêt siddificile à trouver pour cause de totale discrétion ?
La même question est posée aux grandes figures du bouddhisme zen et tibétain, les Sogyal Rinpoché, Pierre Crépon, Roland Rech et cie.
Le propos ici n'est pas de juger de leur expérience spirituelle réelle ou supposée et de conclure que ces stars du boom de l'éveil sont des faux maîtres, des gourous de supermarché ; Mais de s'interroger sur la signification et la portée de ce tintamarre. Un corolaire de ce phénomène est que la machine à fabriquer des maître éveillés ou réalisés tourne à plein régime. Les maîtres enseignent des disciples qui s'éveillent et deviennent des maîtres qui enseignent des disciples. Il y a comme un phénomène de surproduction.. La réalisation a lieu en un temps record, sans aucun effort, sans les contraintes rigoureuses d'une quelconque forme d'ascèse et de discipline, généralement fort longue. Sans en faire une norme rigide, et sauf dispositions exceptionnelles, il faut en moyenne entre 10 et 15 ans de pratique assidue et de discipline rigoureuse pour parvenir à un épanouissement spirituel stable, un état de compréhension authentique, profond et efficient . L'éveil n'est pas subordonné à la sadhana. Il peut surgir à tout moment, ce qui reste tout à exceptionnel. Mais il ne saurait être réalisé sans...Or il est évident que l'exception soit devenue la règle : l'éveil minute, ici et maintenant, sans rien faire. Vous êtes déjà éveillé... suffit de le savoir et de demeurer dans ce savoir efficace, tranquille. Allez quoi, pour les moins doués, deux, trois ans maximum de disciculpat et hop! : à moi la maîtrise, à moi l'enseignement, les satsangs. Chacun s'empresse d'organiser des rencontres, des stages, des conférences. A cet égard, le web regorge de blogs et de sites internet ou chaque néo-éveillé-minute peut tout à loisir, publier l'autobiographie spirituelle unique qui révèlera à l'humanité ignorante sa lumière. Les bouddhas on-line, les corps sans tête, les avatars de l'amour divin connected, pullulent sur la toile. Tout cela est fort douteux.
Avant il fallait soit parcourir l'Inde de long en large, soit se perdre au fin fond de la Birmanie, de la Chine ou encore s'exposer à l'étrange Japon, sans aucune garantie absolue d'en revenir avec le Saint Graal de l'éveil. Mais au moins étions nous sûr d'aller puiser à la source et de revenir avec un certificat d'authenticité. C'était le fait de quelques pionniers privilégiés que tout le monde s'arrachait, tel un Arnaud Desjardins. Aujourd'hui la production d'éveillés est décentralisée. Plus besoin d'aller en Orient ou en Asie. Nous avons nos sites de production qui tournent à plein régime. Le secteur de l'éveil est en pleine expansion. Et il semble que la loi de marcher de l'offre et de la demande ne se soit jamais aussi bien portée. Qui encaisse le pognion? Lorsqu'un Sogyal Rinpoché organise une retraite pour 2000 participants à 500€ la semaine: C'est au minimum 1 million d'euros dans la poche du maître... Voilà qui fait réfléchir... L'éveil un marché commercial ? Oui, sans conteste. C'est une évidence, le phénomène de surproduction d'éveillés et de maîtres est l'exact pendant spiritualiste du phénomène matérialiste de surproduction mondiale qui fait tourner la machine consumériste. Nous sommes bel et bien en plein matérialisme spirituel . L'éveil est le nouveau grand mythe de la société de consommation : un produit de consommation, ni plus ni moins. Comme dirait l'ancien: "on patauge dans la boue du Kali Yuga".
l'Eveil: un produit de consommation?
Dans l'ensemble pas grand chose à rajouter, tu prêches un converti. Je pense pourtant qu'on fait tout un pataquès de tous ce new-age et cette mode du bouddhisme, les vrais pratiquants ou ceux qui ont une motivation réelle et sincère d'apenter le (noble) sentier le feront ... qjap_8 alors oui il est nécessaire de préserver une cohérence et une certaine "orthodoxie" et ne pas laisser dire tout et n'importe quoi (mes amis de vues bouddhiques vont en tomber de leur chaise
) mais tachons de dépenser notre énergie autrement qu'en se prenant le bourrichon avec ça ...
Mais tu as raison de souligner ce point. Toutes les religions y passent ... regardez le judaïsme et la kabbale ? la nouvelle mode (enfin si elle est pas déjà has been) des people
Bon quelques points me tarabiscottent mais ce sont des points de détails:

Mais tu as raison de souligner ce point. Toutes les religions y passent ... regardez le judaïsme et la kabbale ? la nouvelle mode (enfin si elle est pas déjà has been) des people

Bon quelques points me tarabiscottent mais ce sont des points de détails:
Même si je comprends ce que tu veux dire (il est nécessaire d'avoir une pratique assidue, régulière, faites d'éfforts et dans la continuité) on ne peut pas juger du temps nécessaire pour avoir comme tu le dis une pratique stable. Ca reste bien évidemment un lègère remarque et dans le fond je m'accorde à ton proposnamgyal a écrit :Sans en faire une norme rigide, et sauf dispositions exceptionnelles, il faut en moyenne entre 10 et 15 ans de pratique assidue et de discipline rigoureuse pour parvenir à un épanouissement spirituel stable, un état de compréhension authentique, profond et efficient .

La par contre je ne suis pas d'accord: même si aujourd'hui les grands maitres sont toujours à la source il est facile de trouver une flopée de temples au Japon, Corée ou Thailande etc ou c'est rempli de moines qui pour paraphraser Subarys " pratiquent pas parce qu'il fait trop chaud " ! Regardez le dernier scandale en Corée ou les moines d'un temple entretenaient un réseau de jeu d'argent ... Certes je t'accorde que beaucoup de maitres occidentaux (je parle de ceux que je connais donc Ajahn Bramavaso, Ajahn Sumedho par exemple) sont allés puiser à la source mais méfiance ! pour reprendre la célèbre formule: " avoir les yeux bridés n'est en rien un gage de qualité " ! Donc 2 poids de mesure même si encore une fois nous sommes d'accord sur le fond (en partie)namgyal a écrit :Avant il fallait soit parcourir l'Inde de long en large, soit se perdre au fin fond de la Birmanie, de la Chine ou encore s'exposer à l'étrange Japon, sans aucune garantie absolue d'en revenir avec le Saint Graal de l'éveil. Mais au moins étions nous sûr d'aller puiser à la source et de revenir avec un certificat d'authenticité. C'était le fait de quelques pionniers privilégiés que tout le monde s'arrachait, tel un Arnaud Desjardins.
Dernière modification par Lupka le 12 juillet 2012, 13:19, modifié 1 fois.
Bon esprit critique;
Le matérialisme spirituel est une conséquence logique du matérialisme-consumériste" tout court;
Le mode de vie "à l'occidentale" étant bien souvent basé sur l'égoisme, l'avidité, ils leur manquaient
à "sauver leur âme" pour retrouver bonne conscience; Mais ça ne marche pas toujours comme ça
Les "religieux d'asie" ont bien compris le phénomène en "vendant" la spiritualité venue de là-bas aux occidentaux déboussolés, enfants gatés qui ont renié la religion chrétienne de leur tradition;
Alors ils vont "adhérer" aux nouveaux mouvements à la mode, parfois jusqu'à devenir religieux officiels,
ou en lisant des livres
Et ils pensent donc, dans le même type de comportement de consommateur pouvoir "acheter" et consommer
l'éveil, comme ils achètent leur dernier smartphone, comme ils vont chopper la fille dans une boite de nuit,
se payer la dernière bagnole polluante ! ou leur maison à crédit.
Mais on ne devient pas un bouddha, en un clic
Bravo à toi en tous cas Namgyal pour ton "détachement" et ton autre chemin,
le gout de la liberté est souvent moins facile à trouver, mais il a souvent beaucoup moins d'effets secondaires,
et il peut donner la satisfaction naturelle et pure d'avoir franchi un obstacle, qu'aucune drogue ou société
ne pourra donner
Le matérialisme spirituel est une conséquence logique du matérialisme-consumériste" tout court;
Le mode de vie "à l'occidentale" étant bien souvent basé sur l'égoisme, l'avidité, ils leur manquaient
à "sauver leur âme" pour retrouver bonne conscience; Mais ça ne marche pas toujours comme ça

Les "religieux d'asie" ont bien compris le phénomène en "vendant" la spiritualité venue de là-bas aux occidentaux déboussolés, enfants gatés qui ont renié la religion chrétienne de leur tradition;
Alors ils vont "adhérer" aux nouveaux mouvements à la mode, parfois jusqu'à devenir religieux officiels,
ou en lisant des livres
Et ils pensent donc, dans le même type de comportement de consommateur pouvoir "acheter" et consommer
l'éveil, comme ils achètent leur dernier smartphone, comme ils vont chopper la fille dans une boite de nuit,
se payer la dernière bagnole polluante ! ou leur maison à crédit.
Mais on ne devient pas un bouddha, en un clic

Bravo à toi en tous cas Namgyal pour ton "détachement" et ton autre chemin,
le gout de la liberté est souvent moins facile à trouver, mais il a souvent beaucoup moins d'effets secondaires,
et il peut donner la satisfaction naturelle et pure d'avoir franchi un obstacle, qu'aucune drogue ou société
ne pourra donner

Dernière modification par ardjopa le 12 juillet 2012, 13:17, modifié 1 fois.
Complètement d'accord avec le message de Lupka, y compris sur les deux points qu'il soulève.
Et pour ce qui est du judaïsme et de la kabbale, je connais bien le problème, particulièrement navrant.
Heureusement, un peu comme dans le bouddhisme, on voit se dessiner une réaction contre ce phénomène au sein du judaïsme, réaction qui me paraît assez saine. Mais bon, c'est HS, si ce n'est pour confirmer que le bouddhisme n'est pas la seule religion touchée par ce type de dérive.
Et pour ce qui est du judaïsme et de la kabbale, je connais bien le problème, particulièrement navrant.

Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.
Kong Tseu
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.
Kong Tseu
J'aime pas ce clivage " à l'occidentale " et à l'orientale " ... y'a autant si ce n'est plus de consuméristes-matérialistes avides chez les orientaux que les occidentaux, il suffit de regarder les pays comme le Japon, la Chine ou la Corée ! ils sont 100 fois plus consommateurs de hi tech, de denrée rares (ex: espèces en voie de disparition) que nous ::mr yellow::
C'est pas une question d'hémisphère mais de nature humaine et/ou d'époque selon moi
C'est pas une question d'hémisphère mais de nature humaine et/ou d'époque selon moi

Oui Lupka. Certains aspects sont exposés de façon bien trop synthétique pour ne pas être réducteurs. Une critique de fond nécessiterait de rédiger un essai complet . Impossible de tenir compte de tous les critères d'analyse. Euh... non pas une question de nature humaine, la nature humaine ne se trouve nulle part : c'est une idée. Ni d'hémisphère orient /occident. La pointe du texte, de la réflexion critique est explicite... le phénomène "matérialisme spirituel" est le pendant exact du matérialisme consumériste. Ce qui est vu c'est un phénomène globale, mondiale. C'est ce que je voulais dire... in fine . Mon analyse est économico-sociale, elle ne relève pas de l'anthropologie spirituelle, ni même de la culture. Et, enfin, je me contente de regarder le phénomène, tel qu'il est. Je ne l'explique pas. et je ne fais pas de comparaison entre orient occident. Je ne dis nulle part que les occidentaux sont plus matérialistes que les orientaux..Lupka a écrit :J'aime pas ce clivage " à l'occidentale " et à l'orientale " ... y'a autant si ce n'est plus de consuméristes-matérialistes avides chez les orientaux que les occidentaux, il suffit de regarder les pays comme le Japon, la Chine ou la Corée ! ils sont 100 fois plus consommateurs de hi tech, de denrée rares (ex: espèces en voie de disparition) que nous ::mr yellow::
C'est pas une question d'hémisphère mais de nature humaine et/ou d'époque selon moi
L'orient dont je parle, concerne le début de la vague, dans les années 50-60 juste au début mondialisation, il y a aussi une perspective historique. love2
ted a écrit :"Le 21 ème siècle sera spirituel ou ne sera pas."
André Malraux
Tous les siècles ont étés (marqués par le) spirituel(s)



Je te rejoins sur la fameuse vague année 60' ... y'a surement aussi une question de génération etc ... la génération Y (>1980) dont je peine à croire faire partie est comme ca: tout ! tout de suite ! maintenant et sans efforts !namgyal a écrit :
Oui Lupka. Certains aspects sont exposés de façon bien trop synthétique pour ne pas être réducteurs. Une critique de fond nécessiterait de rédiger un essai complet . Impossible de tenir compte de tous les critères d'analyse. Euh... non pas une question de nature humaine, la nature humaine ne se trouve nulle part : c'est une idée. Ni d'hémisphère orient /occident. La pointe du texte, de la réflexion critique est explicite... le phénomène "matérialisme spirituel" est le pendant exact du matérialisme consumériste. Ce qui est vu c'est un phénomène globale, mondiale. C'est ce que je voulais dire... in fine . Mon analyse est économico-sociale, elle ne relève pas de l'anthropologie spirituelle, ni même de la culture. Et, enfin, je me contente de regarder le phénomène, tel qu'il est. Je ne l'explique pas. et je ne fais pas de comparaison entre orient occident. Je ne dis nulle part que les occidentaux sont plus matérialistes que les orientaux..
L'orient dont je parle, concerne le début de la vague, dans les années 50-60 juste au début mondialisation, il y a aussi une perspective historique. love2
Mais la consumérisation (ca se dit?) ou plutôt matérialisation du spirituel existe depuis toujours sous d'autres formes: la dime par exemple. Ou la vente de Bible/Coran ... ca devrait pas être gratuit ? le bouddhisme n'y échappe pas avec des retraites parfois à des prix exorbitants de quelques maitres (enfin surtout 1 ... vous savez le gros ::mr yellow:: ) alors que le don de l'enseignement (Dhammadanam / merci subarys) devrait être gratuit ...
Aie aie aie on est mal barrés j'vous le dis ! flower_333
C'est seulement çà que je voulais faire ressortir... observer ce phénomène là... sans jugement de valeur culturelle orient/occident.ardjopa a écrit :Bon esprit critique;
Le matérialisme spirituel est une conséquence logique du matérialisme-consumériste" tout court;
Parce que je n'ai pas du tout e complexe d'infériorité spirituelle du fait d'être un occidental. Je n'adhère pas du tout à cette idée stupide qui voudrait que l'orient soit le mat de cocagne de la spiritualité.
Bravo?, je sais pas... c'est amical, merci. Mais oui autre chemin... je suis chrétien, catholique. Bien que je pratique dans un dojo zen, mon "ami spirituel" est un moine bénédictin et en même temps roshi zen, très discret, pas de bouquin,pas de conférences.... il refuse le statut de maître. Ce qui m'a été bénéfique, c'est de briser le cadre de la pratique qui informe toujours un peu l'esprit, donne une forme qui se fixe et devient quelque chose de surimposé, un carcan. L'un est bouddhiste non-dualiste, l'autre est chrétien dualiste...voilà, on compare, on créé de la dualité dans la non-dualité... je pratique chaque jour dans une chapelle chrétienne, et de temps en temps au dojo..le cadre change, la forme de l'esprit pendant la pratique aussi...Pourquoi?Bravo à toi en tous cas Namgyal pour ton "détachement" et ton autre chemin,
le gout de la liberté est souvent moins facile à trouver, mais il a souvent beaucoup moins d'effets secondaires,
et il peut donner la satisfaction naturelle et pure d'avoir franchi un obstacle, qu'aucune drogue ou société
ne pourra donner
qu'est-ce que signifie....? je laisse deviner.
Je suis passé par l'advaita, le bouddhisme tibétain, le zen pour finalement redécouvrir les richesses de ma culture bi millénaire, de sa mystique qui est aussi ultime et profonde que celle de l'orient... Contre toute attente, je suis resté catho... c'est l'expression conventionnelle et culturelle de ma nature de Bouddha.
enfin, je suis juste un chrétien non-dualiste qui s'appuie sur la vérité conventionnelle de sa religion pour cheminer. Et en effet ca demande un élan très vif de liberté...
bien à toi. youpi_333
J'ai une amie qui a de gros problèmes d'alcool, récurrents... C'est bon de lire un témoignage comme le tien... Mais j'avoue avoir peu d'espoir de la voir s'en sortir de cette façon. La spiritualité, chez elle, c'est le goût de l'astrologie, et elle connaît moins la saveur du présent que l'impatience du futur et l'amertume du passé... Quand à la solitude, ça la terrorise.
En ce moment, elle est en "pente descendante"...
Prends soin de toi, Namgyal
En ce moment, elle est en "pente descendante"...
Prends soin de toi, Namgyal
