Sylvain et Jules, vos réponses sont pleines de douceur. Elles invitent à la méditation, au lâcher prise, à l'équanimité, et à l'apaisement.
Elles sont porteuses d'une vérité profonde.
J'ai aussi expérimenté la joie simple et la tranquillité du cœur que procure le simple fait de s'asseoir et d'observer son souffle. Et je fus surpris de ressentir cette joie simple, qui survient sans raison apparente, si ce n'est de regarder l'instant dans les yeux et de l'accueillir comme il vient.
Pendant ces instants, j'ai quelque fois pensé à ce passage de Goethe :
" Heure après heure,
Comme une grâce, la vie nous est offerte.
Du passé nous avons peu appris,
De demain tout savoir est interdit...
Fais donc comme moi. Avec une sagesse joyeuse,
L'instant, regarde-le dans les yeux !
N'attends pas !
Vite ! Fais-lui accueil avec une vivante bienveillance
Que ce soit pour l'action, pour la joie ou l'amour
Où que tu sois, sois tout cela, toujours dans cette disposition d'enfant..."
Mais en dehors de cette voie de l'attention au présent et du calme intérieur,s'ouvre aussi celle de la réflexion.
Elle est aussi exigeante que l'autre.
Elle comporte aussi ses pièges (comme le risque d'une conceptualisation sans fin), mais elle produit aussi ses lumières, permet des prises de consciences, fournit des clés, apportent des réalisations...
Comme les deux ailes d'un oiseau, ces deux formes de méditation peuvent être associées.
Un battement d'ailes ! Et un être s'envole !
Le rôle du désir dans la quête spirituelle ?
J'ai cité ce passage de Goethe parce qu'il m'a touché et parce qu'il exprime l'amour de la vie.
Pour lui,
Même si la vie est pleine de souffrance, elle est aussi une grâce.
Il parle également d'une bienveillance bien vivante, d'une sagesse joyeuse,
De l'action, de la joie encore et de l'amour
qui seraient les opposés d'une bienveillance abstraite, d' une sagesse triste, de l'inaction...
Si je peux avoir une crainte au sujet de la méditation, c' est qu'en y laissant passer nos désirs, sans les suivre,
ne risque -t-on pas aussi de passer à côté de sa vie, comme l'a rappelé - fort justement à mon sens- Lausm ?
A vouloir cultiver l'équanimité envers nos désirs,
Ne risque -t- on pas d'en oublier de vivre ?
Pour lui,
Même si la vie est pleine de souffrance, elle est aussi une grâce.
Il parle également d'une bienveillance bien vivante, d'une sagesse joyeuse,
De l'action, de la joie encore et de l'amour
qui seraient les opposés d'une bienveillance abstraite, d' une sagesse triste, de l'inaction...
Si je peux avoir une crainte au sujet de la méditation, c' est qu'en y laissant passer nos désirs, sans les suivre,
ne risque -t-on pas aussi de passer à côté de sa vie, comme l'a rappelé - fort justement à mon sens- Lausm ?
A vouloir cultiver l'équanimité envers nos désirs,
Ne risque -t- on pas d'en oublier de vivre ?
Il y a un risque d'être accroc à la médit, c'est vrai...Zopa a écrit :Si je peux avoir une crainte au sujet de la méditation, c' est qu'en y laissant passer nos désirs, sans les suivre, ne risque -t-on pas aussi d'en oublier de vivre et de passer à côté de sa vie, comme l'a rappelé fort justement Lausm ?
Mais il y a un risque encore plus grand d'être accroc aux poisons, kilesas, attitudes égoïstes et attachements, qui prolifèrent en absence de méditations. <<metta>>
Zopa, d'après les enseignements bouddhistes, cet amour de la vie que tu ressens et que la vie te rend bien, n'est que la conséquence de bons karmas accumulés dans des vies antérieures.
Le jour où cette rétribution karmique s'achèvera, tu vivras un enfer ! Tu comprends ?
On ne peut pas comprendre la Voie Bouddhique et l'urgence à vouloir se libérer d'un monde que tu estimes si plaisant, si on ne replace pas cet objectif dans un cadre plus général où notre vie actuelle est une opportunité unique !
Bien sur, si on n'adhère pas aux prérequis bouddhistes, il n'y a aucune raison de vouloir se priver de quoi que ce soit. Les désirs sont tous bienvenus et seuls les interdits sociaux, moraux et religieux viendront les endiguer. Smiley_dance
Mais si on comprend que, malgré les apparences, les nuages d'orage s'amoncellent à l'horizon et qu'il n'est plus temps de pique-niquer gentiment en cueillant des roses alors que notre chevelure est en feu ! tu comprends ? ... si on comprends ça, on referme Goethe et on va méditer.
Le jour où cette rétribution karmique s'achèvera, tu vivras un enfer ! Tu comprends ?
On ne peut pas comprendre la Voie Bouddhique et l'urgence à vouloir se libérer d'un monde que tu estimes si plaisant, si on ne replace pas cet objectif dans un cadre plus général où notre vie actuelle est une opportunité unique !
Bien sur, si on n'adhère pas aux prérequis bouddhistes, il n'y a aucune raison de vouloir se priver de quoi que ce soit. Les désirs sont tous bienvenus et seuls les interdits sociaux, moraux et religieux viendront les endiguer. Smiley_dance
Mais si on comprend que, malgré les apparences, les nuages d'orage s'amoncellent à l'horizon et qu'il n'est plus temps de pique-niquer gentiment en cueillant des roses alors que notre chevelure est en feu ! tu comprends ? ... si on comprends ça, on referme Goethe et on va méditer.
C'est juste et d'ailleurs nous sommes en train d'échanger...faut-il désirer échanger lorsque l'échange est là ?Zopa : Mais en dehors de cette voie de l'attention au présent et du calme intérieur,s'ouvre aussi celle de la réflexion.
Elle est aussi exigeante que l'autre.
Elle comporte aussi ses pièges (comme le risque d'une conceptualisation sans fin), mais elle produit aussi ses lumières, permet des prises de consciences, fournit des clés, apportent des réalisations...
Comme les deux ailes d'un oiseau, ces deux formes de méditation peuvent être associées.
Un battement d'ailes ! Et un être s'envole !
Faut-il désirer manger lorsque nous sommes devant notre assiette ?
Faut-il désirer que nos paupières battent pour humidifier notre oeil ?
Faut-il désirer le désir lorsque le désir est là ?
Donc désirer, pour essayer d'être plus clair, je dirais que c'est viser une chose qui n'est pas là. Mais si cette chose est atteinte parce qu'on s'est donné les moyens de l'avoir, mais que néanmoins le désir persiste, alors on peut constater que l'objet dont on croyait qu'il nous satisferait devient un nouveau point de départ pour viser encore un nouvel objet, une compréhension, une voiture, un rang social...C'est l'escalade du désir, du désir insatiable, d'objets en objets. C'est désirer pour désirer, sans objet véritable, car ceux-ci ne sont que les fantômes dont use le désir pour s'exprimer lorsqu'aucun d'eux ne peut être véritablement satisfaisant puisque la nature du désir, c'est de désirer justement et non d'obtenir satisfaction. Trancher à la racine, ce serait donc trancher le désir et voir que tout est déjà là si nous savons nous satisfaire.
C'est le désir vu dans le sens de cette escalade insatiable je pense contre lequel le bouddhisme nous met en garde.
ted a écrit :Zopa, d'après les enseignements bouddhistes, cet amour de la vie que tu ressens et que la vie te rend bien, n'est que la conséquence de bons karmas accumulés dans des vies antérieures.
Le jour où cette rétribution karmique s'achèvera, tu vivras un enfer ! Tu comprends ?
On ne peut pas comprendre la Voie Bouddhique et l'urgence à vouloir se libérer d'un monde que tu estimes si plaisant, si on ne replace pas cet objectif dans un cadre plus général où notre vie actuelle est une opportunité unique !
Bien sur, si on n'adhère pas aux prérequis bouddhistes, il n'y a aucune raison de vouloir se priver de quoi que ce soit. Les désirs sont tous bienvenus et seuls les interdits sociaux, moraux et religieux viendront les endiguer. Smiley_dance
Mais si on comprend que, malgré les apparences, les nuages d'orage s'amoncellent à l'horizon et qu'il n'est plus temps de pique-niquer gentiment en cueillant des roses alors que notre chevelure est en feu ! tu comprends ? ... si on comprends ça, on referme Goethe et on va méditer.
Ted, je ne sais pas si la vie me rend si bien l'amour que je lui porte. Je porte aussi ma part de souffrance et cela a commencé dès la naissance. Les nuages d'orage - pour reprendre ton image - s'amoncelèrent déjà autour de mon berceau.
Et Goethe n'était pas non plus un naïf béat devant la vie.
Lorsqu'il parlait du moment présent et donc de la présence, au sens d'apparition, de manifestation, d' "être là" devant nous, il voulait dire qu'il n'y a de présence, de réalité que dans l'instant présent, fugitif certes, mais qui peut impliquer passé et futur, dans la mesure où nous rencontrons en lui la durée, le devenir du monde.
Mais il disait aussi que cette présence, cette réalité n'est pas toujours heureuse. Regarder l'instant dans les yeux, c'est parfois regarder le malheur comme par exemple lorsqu'il écrit : " la présence immédiate de ces pierres tombales m'émut fortement".
La philosophie de Goethe, ce n'est pas de s'abandonner naïvement à une supposée douceur de vivre en faisant semblant de ne pas voir le malheur. La philosophie de Goethe, c'est de ne jamais renoncer à voir la beauté du monde et de la vie malgré la présence du mal et de la souffrance.
Alors pour l'instant, permets moi de ne pas refermer Goethe mais d'ouvrir encore et malgré tout mon cœur à la vie.
Dernière modification par Zopa le 08 avril 2014, 13:55, modifié 1 fois.
L'instant présent, qu'on soit Goethe ou Shakyamuni, c'est l'instant présent!
et puis, on peut très bien avoir conscience du présent, et en jouir, tout en sachant que la souffrance existe et peut frapper n'importe quand.
Donc les deux approches peuvent très bien se faire simultanément.
De toutes façons, pour moi, pas d'au-delà du désir sans conscience du désir.
Perso, j'essaie déjà d'etre conscient du désir...après, on verra.
Mais je pense que le caractère solide, agrégé, rigide, dictatorial, autoritaire, et impérieux du désir, est soluble dans la grande conscience éveillée, quand on le remet dans un contexte où le désir se relie à un ensemble dans lequel il n'est plus le monde entier, mais une partie comme une autre de ce monde. Donc perçu de façon plus relative, donc moins envahissante.
et puis, on peut très bien avoir conscience du présent, et en jouir, tout en sachant que la souffrance existe et peut frapper n'importe quand.
Donc les deux approches peuvent très bien se faire simultanément.
De toutes façons, pour moi, pas d'au-delà du désir sans conscience du désir.
Perso, j'essaie déjà d'etre conscient du désir...après, on verra.
Mais je pense que le caractère solide, agrégé, rigide, dictatorial, autoritaire, et impérieux du désir, est soluble dans la grande conscience éveillée, quand on le remet dans un contexte où le désir se relie à un ensemble dans lequel il n'est plus le monde entier, mais une partie comme une autre de ce monde. Donc perçu de façon plus relative, donc moins envahissante.
Et lorsque je parlais de ne jamais renoncer à voir la beauté du monde et de la vie, on peut ajouter : ne jamais renoncer à voir la beauté des êtres malgré la présence de ... l'égoïsme universel.
L'égoïsme n' est -il pas une énigme ?
Il consiste à se préférer à toutes choses et à se mettre au centre du monde.
Son étrangeté provient du décalage entre l'insignifiance de l'individu au sein de l'univers, et la centralisé qu'il ne cesse pourtant de s'accorder. Le contraste se redouble alors d'ailleurs, si l'on pense que l'égoïsme n'est pas moins mon fait que celui d'autrui.
L'égoïsme universel nous offre alors un spectacle tragique et comique à la fois : d'une part cette attention profonde, exclusive, avec laquelle chacun contemple son moi, et de l'autre l'air d'indifférence dont le reste des hommes considèrent ce moi.
Malgré cette universalité de l'égoïsme, ne pas renoncer à voir la beauté de l'être humain, la beauté de son aspiration légitime au bonheur (de son désir de bonheur en somme), c'est je crois permettre à la compassion de naître.
Une compassion qui ne va pas juger les hommes, une compassion qui va les comprendre, une compassion qui va les aider à trouver le chemin menant à la joie profonde à laquelle ils aspirent en dépit de leur ignorance.
L'égoïsme n' est -il pas une énigme ?
Il consiste à se préférer à toutes choses et à se mettre au centre du monde.
Son étrangeté provient du décalage entre l'insignifiance de l'individu au sein de l'univers, et la centralisé qu'il ne cesse pourtant de s'accorder. Le contraste se redouble alors d'ailleurs, si l'on pense que l'égoïsme n'est pas moins mon fait que celui d'autrui.
L'égoïsme universel nous offre alors un spectacle tragique et comique à la fois : d'une part cette attention profonde, exclusive, avec laquelle chacun contemple son moi, et de l'autre l'air d'indifférence dont le reste des hommes considèrent ce moi.
Malgré cette universalité de l'égoïsme, ne pas renoncer à voir la beauté de l'être humain, la beauté de son aspiration légitime au bonheur (de son désir de bonheur en somme), c'est je crois permettre à la compassion de naître.
Une compassion qui ne va pas juger les hommes, une compassion qui va les comprendre, une compassion qui va les aider à trouver le chemin menant à la joie profonde à laquelle ils aspirent en dépit de leur ignorance.
Dernière modification par Zopa le 08 avril 2014, 18:21, modifié 3 fois.
Et tu vas incarner cette compassion et nous aider ?Zopa a écrit :Une compassion qui ne va pas juger les hommes, une compassion qui va les comprendre, une compassion qui va les aider à trouver le chemin menant à la joie profonde à laquelle ils aspirent en dépit de leur ignorance.
