freestyle a écrit :Quoi de neuf docteur ?
"Adieu tout ça", pourquoi pas... mais du coup "Bonjour" quoi ?
Hé, c'est pas le tout de rejeter ce qui ne nous plaît pas, même si ça peut se comprendre. On fait quoi, après ?
Et puis, il fait pas du pognon, de la notoriété, ce chanteur ?
C'est quand même beau, sinon énorme, d'obtenir une position, un statut, dans un système, par le rejet verbal de ce même système.
Rejet qui manifestement cultive un peu ce qu'il dénonce, au passage... Si on n'est pas en pleine
shenpa, pour le coup, j'y connais rien.
Tu as raison Freestyle. On est pas forcé de rejeter pas plus que forcé d'accepter. On est ouvert à ce qu'il y a de bon ou de beauté dans chaque chose ou chaque être, sans être fermé à ce qu'il y a de mauvais pour le comprendre, sans pour autant l'autoriser, le cautionner. On dit la vérité n'est jamais belle à entendre, alors plus personne ne parle gentiment, fermement, ou modérément. Et laquelle vérité ?
Dans d'autres cas, c'est très dur et courageux de dire à quelqu'un, "tu m'as blessé, tu m'as fait mal", il faut déposer sa fierté mal-placée pour comprendre, accepter l'autre et sa blessure, son impermanence, également, sans inventer des causes qui nous arrange, juste regarder plus profondément. L'humain a mille moyens merveilleux d'expression, que choisis t-il ?
Sans compréhension, il n'y a pas de paix. Même pas de communication, du "terrorisme verbal", l'intervention brutale, ou sournoise ou enrobée, c'est toujours la même motivation dans ce cas, pas une maladresse, il y a une volonté d'action. Mais même pas une rencontre des mots. Pas de vraie liberté de parole, non plus. Pas d'écoute, pas de rencontre humaine du tout, d'ailleurs. Pas d'échange. Même plus de silence ou un début de once d'amour. Alors comment comprendre la souffrance ? Si on ne la voit pas, on ne peut pas guérir, ni soigner ce qu'on dénonce. Et si on entend même pas son propre cri.
Pour la compréhension, il faut regarder intérieurement et aussi communiquer, mais comment ? et communiquer quoi ? à qui ? pour qui ? pourquoi ?
S'il n'y a que noirceur sans lumière, ça aide qui ? ça sert quoi ?... On profite de l'art de la parole, des mots, mais faut faire attention... ils deviennent des armes ou des fleurs...
Tu as donné déjà des bouts de réponse...
La suite je la laisse un peu à quelqu'un que tu aimes bien lire, comme moi :
Hameçon
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Le mot tibétain shenpa désigne la cause profonde de l'agression et la cause profonde du vouloir-saisir. Il fait référence à une expérience bien connue qui est à l'origine de tout conflit, de toute cruauté, de toute oppression et de toute avidité.
En général, on le traduit par "attachement", mais ce terme n'en rend pas tout le sens. Pour moi, shenpa signifie "être accroché".
Dzigar Kongtrul Rinpoché en donne une autre définition: la "charge"; la charge derrière nos pensées, nos paroles et nos actions, la charge derrière les "j'aime" et les "j'aime pas". Ce malaise, c'est la shenpa. (...)
C'est dans ces moments là qu'on entre en contact avec l'insécurité profonde de l'être humain, cette insécurité inhérente à un monde en transition, un monde qui change. Tant qu'on aura l'habitude d'avoir besoin de s'accrocher à quelque chose, on entendra toujours le murmure intérieur que provoque ce léger malaise ou cette agitation. On veut sortir un tant soit peu de cette inquiétude, c'est pourquoi quand on sent arriver la shenpa, on met le pilote automatique; sans pause, on cède à la démangeaison et on se laisse emporter. On mord à l'hameçon.
Pema Chödrön, Pour faire la paix en temps de guerre. 3. Ne pas mordre à l'hameçon. p. 41
Résumé du livre de Pema Chödrön :
« Pour faire la paix en temps de guerre »
paru aux éditions de La Table Ronde.
L'origine de la colère, la violence, ou la guerre, se trouve toujours au niveau d'une sorte de crispation intérieure. Un fait, une parole, un événement, vont susciter une fermeture de notre coeur et un emballement de nos pensées dans une réaction en chaîne. Cette inflexibilité nous entraine vers les dogmes et jusqu'à l'intégrisme.
Nous sommes, à la base, incapables de nous observer dans ces situations. Pourtant, en général, nous fonctionnons en image miroir à ceux contre qui sont dirigés tous nos griefs.
Or c'est bien de là qu'il faut partir : l'observation de notre attitude nous permet de choisir de ne pas en prendre le chemin, de ne pas retomber dans cet automatisme qui jalonne notre parcours. Ce choix exige le courage de faire face à la peur. Car arrêter le moulin de ces réactions en chaine crée un profond malaise, qui, si nous sommes capables de le traverser, mène à l'apaisement, et à l'ouverture du coeur.