Nous associons l'absence de sensations au nihilisme, au néant.
Sans doute pas tout compris, mais j'aurais tendance à croire que l'absence de sensations serait une connaissance totale de ces sensations...
j'essaie ça: prendre soin de mes émotions et de mes sensations, comme si c'étaient mes enfants…parce que mes sensations ne sont pas des ennemies à vaincre mais des indications très précieuses sur ce que la vie me dit, sur ce que je suis…
Quand je suis en mode off, je passe totalement à côté de la vie et ça m'arrive aussi. Dans ces cas là c'est très perturbant: où est passée la vie en moi ? C'est un drôle d'état où je deviens mort-vivante. Heureusement, je prends conscience que cette insensibilité apparente est aussi une émotion et alors peu à peu cela disparaît: mais seulement parce que j'accepte cet état de fait, parce que je lui ouvre grand mes bras.
C'est l'enfant en moi qui s'était totalement insensibilisé, tétanisé, arrêté. Mais maintenant, je le reconnais et je le prend doucement par la main.
Je sais qu'il a eu très très peur parfois, peur de mourir aussi et parce qu'il s'est senti en insécurité totale il n'avait pas le choix de sa stratégie…
Quelquefois, je suis obligée de lui raconter des histoires, de lui lire des poèmes, de dessiner pour lui…c'est tout un cheminement en patience…pour lui, je ne peux plus me couper de mes sensations, je les laisse s'épanouir…
Je lui apprends peu à peu à marcher sereinement…et peu à peu nous devenons un, nous nous accordons à nouveau…il a fallu aller le chercher au fond de son mutisme et de son refus de la vie. Au début, il n'entendait rien, strictement rien…
Peu à peu l'écoute est venue, très lentement…quand il a commencé à écouter, j'ai cessé d'être divisée…une grande paix tout au fond de moi parce que je ne pouvais plus vivre dans l'isolement d'une partie de moi même : c'est une situation trop "autistique".
Je ressens encore parfois son mutisme qui laisse encore ses empreintes dans mes mots actuels, et j'ai besoin d'exploser ce truc là…alors parfois ça part en vrille mais c'est très bien comme ça…en fait, tout est très bien comme c'est, même les émotions qui débordent, même les non retenues, ou les opacités passagères que je repère de mieux en mieux : je ne m'en voudrai plus jamais pour cela…c'est juste impossible !
Devenir acteur et spectateur à la fois, c'est une grande liberté …
C'est sans doute pas l'éveil dont vous parlez si souvent, mais en tous cas, c'est certainement une grosse tranche de sérénité dans mon corps esprit à nouveau réunis.
Avec un recul possible, qui n'est plus dans l'absence, mais dans la présence qui se fait de plus en plus vive….(et d'ailleurs, merci aussi le Dhamma pour cela !)
Alors, se sentir blessée, non, ça ne m'arrive plus si souvent en fait…
J'aurais plus peur de blesser que d'être blessée actuellement.
Alors, je fais attention aussi à ça en ce moment…
Etre présente. C'est tout. Alors je me concentre là dessus.
Quant à savoir si je dois tuer ou pas mon moi, ce serait presque un luxe de penser comme cela…l'ouverture entraîne nécessairement et naturellement un allègement de cette entité moi. Le reste suivra…je me suis déjà suffisamment tuée pour l'instant…

et la prochaine fois, je laisserai la vie me tuer quand elle le décidera, ce sera beaucoup plus simple et beaucoup plus serein.
