regard d'un médecin sur la mort

lausm

Le pouvoir de l'argent permet de mettre à distance les affects, de financiariser une prise en charge qui évite l'intime : mettre son parent dans une maison de retraite, c'est parfois pour éviter de supporter l'attente de la mort, la vue de la déchéance, la culpabilité à ne pas pouvoir aider, ou la rancune qui fait qu'on ne veut plus aider.
Je vois ça, je l'ai aussi vécu, et je pense que quoi que l'on pense, aucun jugement n'aidera aucune situation.
Vous avouez très honnètement vos propres difficultés dans vos propres familles, moi aussi j'ai le même genre de choses. C'est difficile d'être un enfant, et difficle aussi d'assumer sa propre voie.
Comme disait Dolto : les ados demandent des conseils pour ne pas les suivre. Mais ils demandent la relation, à travers cela.

Mais pour revenir à notre sujet, la diminution des moyens financiers, car nombre de gens ont pu payer par les aides diverses, reposera à plat tous les enjeux, et obligera toutes les parties à apprendre à composer un peu plus avec l'autre, et à laisser de côté les vieilles rancunes.
ted

Une chose est sure : s'occuper d'une personne âgée impotente, c'est un métier. On ne peut pas l'improviser, sous peine de faire du tort à cette personne, de commettre des erreurs. Il faut des médecins, des infirmiers, des kinés, des psys, etc... Un faux pas, et c'est fracture de la hanche, avec immobilisation ou au mieux déambulateur. Ou bien, la personne part dans la nature. Ne se souvient plus où elle habite etc... C'est impossible de s'occuper d'une telle personne sur un coin de table, en rentrant du boulot. Et même ceux qui ont le temps (retraités, chômeurs, ou femmes au foyer) n'ont pas forcément la compétence.

J'ai un cousin infirmier qui travaille en maison de retraite. Matin et soir, il passe voir sa mère et la lave. Il fait aussi le ménage. Ca lui fait deux heures en plus de son boulot. Il est crevé le dimanche. Ne s'occupe plus de sa femme. A l'air d'un somnambule. Sa mère le supplie d'arrêter. Mais il ne veut pas. C'est le petit dernier. Il a toujours été choyé. Il se sent redevable de quelque chose. Sa grande soeur, secrétaire, 4 enfants, 10 ans de plus que lui, met à peine les pieds. Prend des nouvelles de loin. Faut dire qu'elle a de son coté un enfant souvent malade.

Bref. En général, il y a un membre de la famille qui se dévoue, se sacrifie. Et les autres regardent de loin. Mais quand on n'a qu'un frère ou qu'une soeur, ou qu'on est enfant unique, ça vire au casse-tête. S'il n'y a pas de solidarité (du voisinage, des amis), ça peut tourner au drame. Comme ces personnes âgées qu'on retrouve mortes depuis plusieurs jours, étendues sur le carrelage de leur cuisine.
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Flocon
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ted a écrit :Bref. En général, il y a un membre de la famille qui se dévoue, se sacrifie.
C'est vrai, j'ai moi-même été dans ce cas : j'ai pris soin de mes grands-parents, puis de mes parents jusqu'à la fin de leur vie, dans des conditions très difficiles qui m'ont beaucoup coûté, alors que mon frère et ma sœur se tenaient à distance (pour d'excellentes raisons). Je suis encore incapable, aujourd'hui, de savoir si j'ai eu tort ou raison d'agir de la sorte. :shock: :?:
C'est vraiment un problème difficile, pour lequel n'existe aucune réponse toute faite.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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axiste
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Une chose est sure : s'occuper d'une personne âgée impotente, c'est un métier.
C'est évident. Ce sont des métiers.
Seulement, il y a un risque en voyant les choses sous cet angle seul: lorsque la personne est réduit à une personne "malade" ou "dépendante", elle perd du même coup son statut de "personne", et ça peut-être douloureux...
il y a un passage que j'aime bien dans le texte que j'avais mis en lien:
Les pertes progressives des facultés mnésiques, puis sensorielles, des repères spatio-temporels, de la mobilité, sont bien plus que des déficits à corriger ou à compenser : ils sont les facteurs actifs d’un processus psychique d’apprentissage de la séparation de soi et viennent en quelque sorte le finaliser, lui donner sa pleine efficience. La vieillesse est le temps que nous donne la vie pour apprendre à se séparer d’elle ».8
Je crois que c'est quelque chose qu'on oublie trop souvent.
Comme toujours, élargir le regard....
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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