Le pardon

ted

yudo a écrit : J'ai, durant ma prime adolescence, entretenu suffisamment d'amertume et de haine vis à vis de ceux et celles qui m'avaient fait du mal. J'ai mis plus de quinze ans à m'en dépouiller, entre mes 12 ans et mes 27 ans! Je sais de quoi je parle.
Excuse-moi, mais n'est ce pas un peu normal d'entretenir de l'amertume pour des épisodes de l'adolescence et de l'entrée dans l'âge adulte ?
- les premières déceptions sentimentales ?
- les premiers échecs scolaires ?
- les premiers échecs professionnels ?
- les amis qui construisent leur vie et nous laissent sur le bord du chemin ?
- les rêves qui s'envolent à l'approche de la trentaine :oops:

Ce que je trouve formidable, c'est que tu aies réussi à te débarrasser de ce ressentiment en seulement 15 ans. ba11
Je connais des personnes qui ressassent encore des vieux trucs qui se sont passés avec leurs frères et soeurs il y a plus de 40 ans !
D'autres qui détestent toujours leur prof de maths du lycée ! 20 ans après ! :D
Et d'autres qui n'ont jamais pardonné à leur premier amour de les avoir largué !

15 ans, c'est remarquable pour faire table rase... La pratique du Zen a du y être pour beaucoup... jap_8
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yudo
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ted a écrit :
15 ans, c'est remarquable pour faire table rase... La pratique du Zen a du y être pour beaucoup... jap_8
En aucun cas. je n'ai appris l'existence du Zen que quelques années avant, et j'ai mis encore 20 ans avant de me mettre à le pratiquer.
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
Jingshen

Le terme "pardon" est à mon sens trop connoté de "moralisme judéo chrétin" (euh chrétien Pardon :mrgreen: ) comme le dit des fois Yudo; et je suis assez d'accord avec lui quand il critique ce moralisme - autoritaire, qui parfois fait plus de dégâts en culpabilisant ("il faut pardonner, il faut aimer son prochain, il faut bien étudier à l'école, il faut trouver un travail, il faut écouter sa leçon, il faut voter,il faut , faut il faut .... !... et de quoi je me mèle ?) bref, je pense que toutes ces moralismes forcés et liberticides sont surtout nuisibles, et peuvent à l'effet inverse augmenter la haine et la révolte;
Le pardon doit venir naturellement, ou pas, c'est tout
Bien sur, pardonner pour soi même, pour faire la paix avec soi et les autres, c'est compréhensible que c'est bénéfique, mais il ne faut pas que ca devienne un pardon de lache ou de faible, de "mouton" qui le fait "parceque ca fait bien, que c'est bien vu de le faire", ou parceque "dieu me jugera si je ne le fais pas etc";
De plus, pardonner ou ne pas pardonner, ne sont que deux manières binaires et simplistes de voir les choses, deux "utilisations de l'énergie", parmi d'autres;
Et sans aller forcément le transformer en haine ou vengeance, Il y a aussi de "saines ou saintes révoltes", des injustices qui peuvent nous booster pour nous liberer er avancer vers nos reves, et motivations; Des souffrances dont on peut puiser la force et l'énergie pour les canaliser vers des buts plus hauts;
Dans l'absolu, pardonner ou ne pas pardonner, peu importe; et si quelqu'un pardonne, c'est encore qu'il accordait "de l'importance" à une injustice, alors que celui qui se détache du monde, qui va vers "l"unité" absolue, transcende le pardon et le non-pardon, et il est aussi détaché envers la louange que la critique, le gain et la perte, les "amours" ou les haines des autres, la vie et la mort;
Quand le yin de la malveillance est remplacé par le yang du pardon, ca facilite le cycle des contraires, le yin et le yang tournent sans fin,
mais celui qui veut réaliser le "tao", le nirvana, doit transcender le yin et yang, , être détaché du désir et des haines, de toutes choses
Pour ma part, pour citer des exemples : les profs de collège - lycée qui m'ont bien gaché quelques années entre les murs, m'ont aussi donné par cette souffrance, le boost pour m'en barrer assez tot :mrgreen: et la motivation de tracer ma route vers mes rêves, pour en réaliser quelques uns depuis, et on peut toujours en avoir de nouveaux !
Pour les gars trompés par exemple (pas mon cas) ,la meilleure façon de "se venger" d'une femme qui vous a quitté pour un autre, c'est de la lui laisser :mrgreen: Butterfly_tenryu
Robi

Jingshen a écrit :Le terme "pardon" est à mon sens trop connoté de "moralisme...autoritaire, qui parfois fait plus de dégâts en culpabilisant
Le pardon c'est le dépassement même de la morale vis-à-vis de quelqu'un ou de soi, et à fortiori du moralisme, puisque c'est considérer comme non-avenue toute faute, c'est la dépasser, l'effacer. Il n'est pas question de culpabiliser l'autre (ou soi-même), c'est tout le contraire puisque c'est lui rendre son innocence première.
Katly

Je vois cela comme ça aussi.
Jean

Robi a écrit
c'est lui rendre son innocence première.
Je suis bien d'accord avec cela, dans ce cas le pardon a vraiment eu lieu, cependant chacun a son propre pouvoir, sa propre profondeur de pardon, j'ai pardonné à certaines personnes mais il y a quand même des liens affectifs profonds qui ont été brisés et qui n'ont jamais été rétablis. Une bienveillance sincère vis a vis de ces personnes existe mais derrière cette bienveillance, il y a une indifférence. Un peu "Tant que c'est loin des yeux, c'est près du coeur." Je le regrette, mais je préfère cette situation à un comportement artificiel : bisous, bisous pour s'illusionner soi-même ou l'autre.

C'est un peu l'exemple du vase brisé. On peut recoller les morceaux, mais il y aura toujours les marques des parties recollées et le vase n'est plus aussi beau qu'avant. C'est rangé dans l'armoire profits et pertes, rayon imperfections du samsara, et tiroir happening lors des 3 petits tours entre la naissance et la mort, compartiment "C'est la vie". Finalement ce n'est pas si important et vouloir traiter absolument la situation, cela fait rater l'instant présent. Et puis il y a le "On fait ce qu'on peut" :-(
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jules
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Le "On fait ce qu'on peut" quelle force de pouvoir parfois se dire cela. :)
Robi

Jean a écrit :Finalement ce n'est pas si important et vouloir traiter absolument la situation, cela fait rater l'instant présent. Et puis il y a le "On fait ce qu'on peut" :-(
A mon avis vivre l'instant pésent, c'est précisément traiter absolument cette situation. C'est-à-dire ne pas re-vivre cette situation (ressentiment), la classer définitivement dans le passé, ce qui est précisément pardonner.
Dernière modification par Robi le 16 février 2014, 11:22, modifié 1 fois.
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axiste
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On ne peut perdre que le fil de soi même
Quelquefois je perds le fil de moi même avec l'autre
Mais l'autre continue sa vie et c'est très bien ainsi
Pourquoi ce serait de l'indifférence ?
Après tout, on peut souhaiter à l'autre cette ouverture aussi à ce qui n'est pas soi ?
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Katly

Il peut y avoir une confiance brisée en l'être qu'on connaissait, et qui nous a fait du mal, trahit, un lien cassé, avec "celui qui n'est plus" et de là une distance, une coupure. Mais il y a un dépassement de tout ça, au-delà du passé, la confiance en l'être humain demeure ou se retrouve. La confiance en la nature profonde et vraie, de l'être humain qui est la nôtre aussi.
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