Le pardon

Katly

@ Jean
Oui, Lou Reed, au moment de la forme 21, du taï chi, précisément. <<metta>>
Laurie Anderson, sa femme, avait fait un concert pour le Tibet il me semble. Elle a une photo de Sa Sainteté le Dalaï-Lama dans son appart, chez elle, que j'avais vu dans une vidéo interwiew. love_3 <<metta>>



Cela m'a rappelé un conte zen, l'histoire du stoïcien de Jules, au sujet des émotions aussi :

Un long cri d'épouvante

Un maître, comme tout le monde, éprouve joie, frayeur, pitié, bref, tous les sentiments courants; Mais il n'est pas ( et tout est là ! ) l'esclave de ce qu'il ressent. Il peut s'il faut dire à sa peur : "Attends-donc, je suis occupé, tu t'exprimeras tout à l'heure. "
Exemple : le conte qui suit.
Un monastère japonais, fin du Moyen-Âge, un vieux moine.Toujours impassible, serein, inaltérable. Un vrai bouddha. Les moinillons du lieu, agacés de le voir sans défaut apparent, décidèrent de lui jouer un tour farceur à leur façon. Un matin d'hiver avant l'aube, ils se rassemblèrent en silence dans un obscur recoin de mur. Ils attendirent le vieil homme qui devait porter, ce jour-là, la tasse de thé rituelle dans le temple, au pied de l'autel. Ils l'entendirent qui venait. Ils gloussèrent sous cape, se poussèrent du coude et, quand ils le vient passer à quelques pas de leur cachette, ils bondirent soudain de l'ombre autour de lui braillants et grimaçants comme des diables fous.
Le moine poursuivit paisiblement sa marche, sans le moindre faux pas, pénétra dans le temple, déposa la tasse de thé exactement où il devait, épousseta les alentours, puis s'appuya contre le mur et là, tout à coup affolé, poussa un long cri d'épouvante.

Petits contes de sagesse pour temps turbulents - Henri Gougaud


FleurDeLotus


Et pour le pardon :

"Notre joie ne peut survivre sans nourriture, notre tristesse non plus, notre désespoir non plus, rien ne peut survivre sans nourriture. "
TNH

FleurDeLotus



<<metta>> jap_8
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Dharmadhatu
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jap_8 J'aime bien ce que dit Shantideva:

Ceux qui se battent contre l'ennemi - la haine,
En dépit de la douleur,
Ceux-là sont des vainqueurs héroïques;
Les autres ne sont que des tueurs de cadavres.


FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
longchen2

Il existe un proverbe qui dit que si l’on assoit au bord de la rivière suffisamment longtemps on y verra passer le cadavre de son ennemi.
J’ignore si c’est bien bouddhiste par contre :mrgreen:
ted

Si, c'est bouddhiste je crois... Ca veut dire que tout ce qui apparait, disparait un jour...
Jingshen

à Longchen, ton proverbe est "taoiste" je crois, attribué à Lao tseu, ou autres
longchen2

Si le pardon est utile pour pouvoir passer à autre chose, alors sans doute faut-il pouvoir pardonner.

Parfois aussi, ce n’est pas tout le temps, on se sent ouvert, large, et la plupart des choses qui occupent notre esprit habituellement disparaissent, ne paraissent plus importantes, on les oublie. Je suppose que si l’ouverture est là, le pardon lui-même n’est plus réellement utile, et il n’y a pas non plus à attendre que "l’ennemi" demande pardon ou regrette sincèrement (ce qui n’est d’ailleurs qu’une éventualité), et ce qui est -quand on y pense- une souffrance en plus !

Tout cela est un peu théorique ou pas suffisamment vécu pour ma part -mais je ne souhaite pas tenter Mara non plus en disant cela :mrgreen: - malgré tout on trouve dans les Enseignements que l’Amour, l’Ouverture du Cœur, associé à l’Espace, est l’antidote de la colère.

Pour le pardon lui-même et l’importance qu’on y attache, je me demande si ce n’est pas aussi beaucoup lié à notre culture judéo-chrétienne…
FleurDeLotus
Robi

longchen2 a écrit :Pour le pardon lui-même et l’importance qu’on y attache, je me demande si ce n’est pas aussi beaucoup lié à notre culture judéo-chrétienne…
A mon avis le pardon est universel. On le voit bien dans les propos du Bouddha, il s'agit bien d'éteindre son ressentiment vis à vis de l'autre, cela passe par l'aimer ou l'ouverture du cœur comme tu dis. Or si tu continues d'aimer l'autre malgré son erreur (et là aussi on voit bien que le Bouddha reconnaît l'erreur de l'autre, son engagement dans un mauvais chemin: quand nous voyons quelqu’un qui n’agit ni ne parle avec bonté etc...) ce n'est rien d'autre que lui pardonner, c'est-à-dire distinguer l'acte (l'erreur) qu'on ne peut aimer, de la personne qui elle continue de pouvoir avoir notre amour et qu'on lui reconnaît la possibilité de prendre une autre direction que son erreur.

La différence me semble-t-il entre le pardon disons bouddhiste et le pardon (judéo-)chrétien, c'est le moteur de ce pardon. Dans le bouddhisme c'est reconnaître le samsara, donc le karma de l'autre et savoir que c'est notre lot à tous. Dans le christianisme c'est reconnaître l'homme pécheur (c'est-à-dire éloigné de Dieu qui est Amour) et que c'est notre lot à tous aussi.

Il y a dans les deux cas la distinction de la personne et de son acte mauvais, ce n'est pas la personne que l'on juge mais son acte (son karma dans le bouddhisme, son éloignement de Dieu dans le christianisme).
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yudo
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longchen2 a écrit :Si le pardon est utile pour pouvoir passer à autre chose, alors sans doute faut-il pouvoir pardonner.

Parfois aussi, ce n’est pas tout le temps, on se sent ouvert, large, et la plupart des choses qui occupent notre esprit habituellement disparaissent, ne paraissent plus importantes, on les oublie. Je suppose que si l’ouverture est là, le pardon lui-même n’est plus réellement utile, et il n’y a pas non plus à attendre que "l’ennemi" demande pardon ou regrette sincèrement (ce qui n’est d’ailleurs qu’une éventualité), et ce qui est -quand on y pense- une souffrance en plus !

Tout cela est un peu théorique ou pas suffisamment vécu pour ma part -mais je ne souhaite pas tenter Mara non plus en disant cela :mrgreen: - malgré tout on trouve dans les Enseignements que l’Amour, l’Ouverture du Cœur, associé à l’Espace, est l’antidote de la colère.

Pour le pardon lui-même et l’importance qu’on y attache, je me demande si ce n’est pas aussi beaucoup lié à notre culture judéo-chrétienne…
FleurDeLotus
C'est ce que je voulais dire. Il faut avoir l'esprit large et "pardonner" en son fors intérieur, c'est-à-dire, laisser tomber l'aigreur, l'amertume, le ressentiment, qui ne feraient que nous dévorer. Ensuite, le pardon formel, signifié à l'offenseur, est en quelque sorte un peu inutile tant que ce dernier n'a pas manifesté le moindre regret. Quand bien même on le lui signifierait, cela n'aurait guère d'influence sur son comportement. Mais s'il en fait la demande, recevoir cette dernière positivement devient à ce moment quelque chose de grande valeur.

J'ai, durant ma prime adolescence, entretenu suffisamment d'amertume et de haine vis à vis de ceux et celles qui m'avaient fait du mal. J'ai mis plus de quinze ans à m'en dépouiller, entre mes 12 ans et mes 27 ans! Je sais de quoi je parle. J'ai même commis la faute, dans cette période, de refuser de pardonner à quelqu'un qui me le demandait (entre autre parce que je considérais qu'il le faisait pour de mauvaises raisons, mais même là, j'avais tort).

J'ai quand même beaucoup tendance à m'exprimer au travers de ma propre expérience.
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
Jingshen

J'ai, durant ma prime adolescence, entretenu suffisamment d'amertume et de haine vis à vis de ceux et celles qui m'avaient fait du mal. J'ai mis plus de quinze ans à m'en dépouiller, entre mes 12 ans et mes 27 ans! Je sais de quoi je parle.
"Si jeunesse savait, vieillesse aurait du soucis à se faire !

:mrgreen:
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