Tous ces enseignants qui ont une bonne conscience professionnelle ont une tache très délicate et difficile : Transmettre l'enseignement de leurs lignées pour qu'il ne disparaisse pas et transmettre l'essence de ces enseignements.
Pour un Lama Tibétain, c'est beaucoup plus difficile d'enseigner le Dharma à un Occidental qu'à un Tibétain, c'est le pourquoi le Dalai lama, le Karmapa, etc ont envoyé et continuent d'envoyer de Lamas très réalisés en Occident. D'une certaine manière des Lamas comme Trungpa,Tartang Tulku, Lama Yéshé, TWR ont été envoyés en occident que pour préparer le terrain pour les enseignements des grands Lamas. TWR bien que "révolutionnaire" dans son enseignement n'arrette pas de conseiller à ses élèves de suivre les enseignements traditionnels des grands lamas de sa lignée.
Il me semble qu'ils mettent maintenant plus l'accent sur transmettre l'essence. C'est de cela dont ont besoin la majorité de leurs élèves. Et il semble qu'ils aient accepté l'idée que ce sera une minorité qui sera intéressée par et l'essence et par les pratiques traditionnelles.(Apprendre le Tibétain, les mudras, les pujas, les pratiques préliminaires, etc).
Dans tous les cas, s'habiller à la mode Tibétaine et manger de la tsampa ne veux absolument rien dire. Peut être s'habiller en Schtroumf et manger de la salsepareille a une signification plus profonde
Ils ont constaté qu'enseigner en premier la voie traditionnelle sans la compréhension de l'essence provoquait de nombreuses erreurs d'interprétation. Cela se traduisait aussi bien chez l'enseignant que chez l'élève par souffrance, perte de temps et d'énergie et cela pouvait même dégouter du Dharma des personnes qui étaient intéressées par cette voie et qui auraient pu la pratiquer si on leur avait bien expliqué de quoi il s'agissait.
Il existe des séminaires d'enseignants du Dharma où ils discutent de leurs expériences pédagogiques, de ce qui marche et qui ne marche pas.
Il semble que jusqu'à présent, c'était chacun qui faisait sa petite cuisine de son côté, mais ils se sont aperçus qu'avec "A little Help of My Friends", ils pouvaient améliorer leur pédagogie. Ils cherchent à être plus efficaces.
Grâce à certains de leurs élèves ou par leur recherche. ils se tiennent au courant de ce qui marche dans les psychologies, psychothérapies, les pratiques de développement personnel. Ils ont rencontré des pratiquants ou des enseignants de ces disciplines et se sont aperçus que ce n'étaient pas tous des idiots et même que certains avaient des expériences ou des réalisations très profondes.
Ils s’aperçoivent que les occidentaux réagissent plus à certains concepts qu'à d'autres par exemple le terme de vacuité qu'ils remplacent par les termes ouverture, espace ou par exemple le terme de compassion qu'ils remplacent par ouverture du coeur, bienveillance, tendresse, empathie, etc
Il y a un bon exemple : Au début ils enseignaient la compassion pour tous les êtres, ils se sont aperçu que peu comprenaient du fait qu'ils ne s'aimaient pas eux-mêmes!!! Ils ont commencer à souligner l'importance de s'aimer soi-même, de rentrer en amitié avec soi-même. ils ont fixé des buts intermédiaires, s'aimer soi-même, apaiser les relations avec les parents, l'époux/épouse, les enfants etc. Cela est enseigné dans les textes traditionnels mais ce n'est pas aussi souligné.
Les occidentaux ayant compris cela peuvent aborder les concepts de vacuité et de compassion en ayant plus de chance de comprendre de quoi il s'agit et de le réaliser et d'une manière générale ils ont plus de chance de comprendre le pourquoi ou l'essence des pratiques traditionnelles.
Tous les occidentaux ne souffrent pas de manque d'amour, d'estime pour eux-mêmes mais il semblerait qu'il y en a, quand même, un nombre important que les enseignants du Dharma ont rencontré.
L'un des messages qu'il me semble se dégager de tout cela est qu'un pratiquant de la voie "adaptée" n'est pas forcément moins réalisé qu'un pratiquant de la voie "traditionnelle". Il n'y a pas de pratiquant de premier ordre ou de pratiquant de second ordre. Il y a la hierarchie samsarique et la hiérarchie spirituelle.
PS "Rebel without a cause " était le second film de James Dean. A peu près 60 ans plus tard, c'est "Rebel Buddha". C'est vrai que la nature de Bouddha fait péter toutes les opinions, les attitudes mentales, les comportements stéréotypés, les murs de l'esprit étroit. De son coté, Trungpa parlait de matérialisme spirituel, de folle sagesse et de compassion impitoyable.