ted a écrit :Le problème, c'est qu'il y a des personnes qui ont besoin de mentaliser, de "comprendre" tout ce qu'elles ressentent. De le rationnaliser. De l'expliquer.
C'est vrai : je connais bien ce problème.
Je crois qu'il existe un terme dans le vocabulaire pali pour le décrire : c'est
papañca, la prolifération des formations mentales.
On peut en lire une définition
ici.
Le canon pali contient des suttas qui mettent en garde contre
papañca, en le décrivant comme un poison, et en le rattachant à trois tendances malsaines : l'avidité, l'orgueil et les vues spéculatives. Mais le contre-poison est facile à trouver ; c'est
sati, l'attention sereine. (Ne me demandez pas les références : j'écris de mémoire donc tout est donc à vérifier).
Le Chan chinois n'est pas toujours tendre dans ce domaine non plus : Lin Tsi par exemple a eu des phrases très rudes contre les coupeurs de cheveux en quatre et les discoureurs impénitents dans mon genre.
Mais heureusement, Dôgen, qui semble avoir bien connu le problème, a écrit des textes rassurants à ce sujet (il en a profité au passage pour étriller Lin Tsi en l'accusant de ne rien comprendre à l'éveil
, mais c'était des querelles d'écoles propres au Japon médiéval, qui sont l'aspect périmé de son œuvre). Il décrit la prolifération des formations mentales par une belle image : l’entrelacs des lianes, en japonais
kattô, et il y voit simplement l'expression naturelle de la complexité de l'esprit humain. C'est le bon côté du Zen Sôtô : on ne rejette rien, on reste simple et tranquille avec tout ce qui se produit.
Mais c'est vrai que quand il y a trop de lianes, c'est beau, c'est complexe, mais on risque aussi de se prendre les pieds dedans ou de se laisser fasciner : à chacun de voir comment il cultive son esprit.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.
Kong Tseu