De l'importance de se détendre en début de méditation

ted

Adrien a écrit :
Dhammadanam a écrit :Le syndrome d'enfermement (également connu sous le nom de syndrome de verrouillage ou de son appellation anglophone : locked-in syndrom), est un état neurologique rare dans lequel le patient est éveillé et totalement conscient — il voit tout, il entend tout — mais ne peut ni bouger ni parler, en raison d'une paralysie complète excepté le mouvement des paupières et parfois des yeux. Les facultés cognitives du sujet sont en revanche intactes, d'où le nom de syndrome d'enfermement.

Tu es conscient de ton corps mais tu en es presque extérieur, incapable de bouger parler etc ... est ce plus clair ?
Je pense savoir ce qu'est cet état. Sur xooit, il y avait un utilisateur (Tanguy) qui vivait ça presque tous les matins, ça le terrorisait d'ailleurs. Je m'étais renseigné, et de souvenir, il me semble que c'était dû à une partie du cerveau qui créé volontairement ce blocage, pour nous éviter de bouger pendant qu'on rêve. Ça fonctionne moins bien sur les chiens, c'est pour ça qu'on peut les voir courir quand ils rêvent. Pour certaines personnes, il y a dysfonctionnement de cette fonction, et elle se met en marche même en dehors du rêve.
Adrien dit juste. Il s'agit d'abord d'un état que nous traversons tous à l'endormissement : le blocage des efférences motrices.
S'il apparait à la suite de pratique méditative, (le soir au coucher, ou le matin au réveil) cela veut dire peut-être qu'on a affiné notre vigilance et non qu'on a une maladie neurologique. :) Cet état de conscience et de paralysie, se manifeste dans l'état intermédiaire qui suit l'endormissement. On s'endort éveillé. Et on se retrouve dans une sorte de réalité augmentée : on voit la même pièce où on s'est "endormi consciemment", mais avec des détails qui "clochent". Des personnages qui peuvent apparaître. Et bien sur, une impossibilité totale de bouger ! Ca terrorise généralement. :D Au début.

Ensuite, il semblerait qu'il y ait un bref clignotement des 3 luminosités (blanche, rouge, noire) et donc, une possibilité d'éveil. Si on la loupe, si on n'en est pas conscient, on rentre alors dans le bardo du rêve avec notre conscience de veille (après une micro perte de conscience imperceptible où on rate une conscience très subtile). Et on arrive dans un rêve dit "lucide". Vu dans la continuité, cela s'apparente à une sortie du corps (analogue à une sortie astrale), à partir du corps paralysé. Et le passage du stade de "réalité augmentée", vers le bardo du rêve, ressemble à une téléportation progressive ou instantanée (le décor change). Tout ça est fait totalement éveillé si, bien sur, on a réussi à surmonter la peur initiale. Dans le bardo du rêve, on peut pratiquer. Il y a des maîtres ou des bouquins qui expliquent très bien comment faire.

Le retour est analogue. On rate la conscience très subtile, au retour aussi, bien entendu :mrgreen: Puis on réintègre son corps qui est paralysé et qui tremble. La réalité augmentée disparait progressivement pour laisser place à la réalité de veille. On récupère la motricité car le cerveau repasse en mode de veille. Et ensuite on se lève et on vaque à ses occupations habituelles. Un voyageur astral dirait qu'il réintègre son corps.
ted

Adrien a écrit :
Dhammadanam a écrit :A titre d'exemple j'ai parfois cette sensation d'être à l'intérieur de moi même, conscient mais dans un état qu'on pourrait assimiler au "locked syndrom" sans pouvoir controler mes pensées, simple observateur intérieur/extérieur.
Donc si je comprends bien, c'est l'inverse du syndrome d'enfermement : tu peux maîtriser ton corps (tu peux te lever si tu le désir), mais tu n'as aucune influence sur tes pensées. C'est ça ?
C'est excellent ! C'est l'occasion de constater que nos pensées ne nous appartiennent pas vraiment. Qu'elles sont produites. Et de chercher leur source. Elles sont le rayonnement de quelque chose dont on doit prendre conscience.
Normalement, à ce stade, on a toutes sortes de visions, presqu'hallucinatoires. Une seule règle : rester Zen, même pour un theravadin.... :) Ca va finir par se résorber.
Avatar de l’utilisateur
tirru...
Messages : 2031
Inscription : 07 juin 2004, 19:30

Saddhu 3 x pour la clarté des réponses et les questions qui ouvrent les portes. jap_8
------------------------------------------------------------------------------ Image Sabba danam dhammadanam jinati - Le don du Dhamma surpasse tout autre don ImageDhammapada
Avatar de l’utilisateur
axiste
Messages : 3249
Inscription : 09 mai 2008, 05:39

Le syndrôme d'enfermement, c'est un état de conscience altéré entre sommeil et réveil ?
Je me rappelle un épisode, c'était il y a dix ans environ: c'était curieux parce que dans mon rêve je me suis mise debout comme un somnambule un peu, je dormais encore: en bas dans la maison on m'appelait et j'avais réagi à ce son un peu comme on entend un réveil dans son rêve
Mais une fois debout, impossible de bouger, de faire le moindre mouvement, mon corps ne répondait plus: pourtant, il tenait debout, et j'entendais tout…j'avais d'ailleurs une conscience bien éveillée parce que ce que je percevais était très clair, très net,(sons, représentation de la situation dans laquelle j'étais, de ce qui se passait, de ce qui se déroulait, de l'instant où j'étais très présente - oui, une sensation de présence accrue - mais une inaccessibilité à correspondre avec mon corps: impossible de lever le pied pour marcher ou de commander mes bras, ma tête, mon tronc…c'est très impressionnant après coup lorsqu'on sort de cet état…pas sur le coup, parce que au moment où on le vit, on le vit juste, et on ne fait que constater …et on est totalement dans l'instant et pas dans le jugement…on essaie en vain de bouger mais les commandes ne donnent rien. C'est un peu comme si des connexions étaient absentes, et curieusement il y a un état de grand calme qui est là, les choses sont comme ralenties et accélérées à la fois… l'esprit est vif à comprendre tout ce qui se passe, c'est ça qui est étrange quand on sort de cet état, on réalise que l'on a tout capté avec acuité mais avec des fonctions corporelles restreintes…quelque chose dans le cerveau devait continuer à fonctionner au niveau corporel puisque je tenais encore debout, j'avais le sens de l'équilibre pas affecté, sinon je serai tombée je présume…
Ce dont je me rappelle est assez curieux: une impression de revenir de très très loin, comme si ma conscience avait du rassembler ses morceaux pour percevoir mon corps à nouveau (oui, c'est une suite d'instants de rassemblage de morceaux)…ça s'est fait en focalisant mon attention sur les différents endroits de mon corps, mais pas tout de suite, ça a pris un moment à se débloquer. C'est comme si- c'est une image bien sur- j'avais du retrancher des circuits…en les scannant avec mon attention…

Mais bon, c'était pas une méditation, juste un épisode sommeil-veille inhabituel...
Je ne vois pas quelles conclusion en tirer, si ce n'est que…il y a une présence qui arrive et on peut la percevoir, un peu comme une réintégration corporelle et je me rappelle m'être demandée d'où je venais parce qu'il me semblait que j'étais juste "apparue" d'un point de no man's land…il y avait quelque chose mais pas de lieu ni de temps et pas de moi là dedans, juste un point d'accès on aurait dit qui donnait la présence: c'est pour ça que je parle de reconnexion ou de branchement parce que c'est ce qui s'en rapproche le plus
ça m'a fait penser aussi à la flamme d'une bougie: là, pas là... allumée, éteinte
et pourtant éteinte elle pouvait revenir, donc quelque chose n'avait pas disparu mais ce n'était pas moi, j'étais pas là dedans, c'était là juste…en fait, c'est assez perturbant parce que ça nous sort de notre logique habituelle.

C'est sans doute un des épisodes de la vie qui m'a donnée envie de regarder mieux les choses, d'être plus présente, de faire plus attention…j'ai pris mieux conscience de cette précieuse vie humaine…
Mais aussi resté comme un point d'interrogation...alors ensuite je l'ai accepté comme une ouverture: surtout, ne pas tirer de conclusions, ne pas tenter de définir, rester dans l'ouverture...
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
lausm

En fait on peut exister sans point de référence pour la conscience, meme pas ce corps....intéressant.
ted

axiste a écrit :Le syndrôme d'enfermement, c'est un état de conscience altéré entre sommeil et réveil ?
Non. Techniquement, c'est du sommeil.
axiste a écrit :Je me rappelle un épisode, c'était il y a dix ans environ: c'était curieux parce que dans mon rêve je me suis mise debout comme un somnambule un peu, je dormais encore: en bas dans la maison on m'appelait et j'avais réagi à ce son un peu comme on entend un réveil dans son rêve
Mais une fois debout, impossible de bouger, de faire le moindre mouvement, mon corps ne répondait plus: pourtant, il tenait debout, et j'entendais tout…j'avais d'ailleurs une conscience bien éveillée parce que ce que je percevais était très clair, très net,(sons, représentation de la situation dans laquelle j'étais, de ce qui se passait, de ce qui se déroulait, de l'instant où j'étais très présente - oui, une sensation de présence accrue - mais une inaccessibilité à correspondre avec mon corps: impossible de lever le pied pour marcher ou de commander mes bras, ma tête, mon tronc…c'est très impressionnant après coup lorsqu'on sort de cet état…pas sur le coup, parce que au moment où on le vit, on le vit juste, et on ne fait que constater …et on est totalement dans l'instant et pas dans le jugement…on essaie en vain de bouger mais les commandes ne donnent rien.
En fait, tu ne t'es jamais mise debout. Tu as fait une sortie du corps. C'est l'état intermédiaire dans lequel on se trouve juste avant un départ de rêve lucide ou quand on est à moitié arraché du sommeil (la conscience d veille s'active, mais pas le corps). Parfois, l'esprit est convaincu d'être paralysé parce qu'il a conscience du blocage des efférences motrices et il s'y identifie. Si tu avais réussi à faire quelques pas vers le mur par exemple, tu aurais été stoppé par le mur. Parce que tu aurais été convaincu qu'un mur est infranchissable. En fermant les yeux et en faisant quelques pas en avant, tu aurais traversé le mur et tu te serais retrouvé... ailleurs, n'importe où.

Pour en revenir au sujet d'Adrien et ne pas trop faire d'HS, je crois qu'en cas de grosse fatigue (manque de sommeil) et de tentative de détente avant la méditation, on peut basculer dans cette expérience d'endormissement éveillé, avec tremblements et paralysie. Bon à savoir.
ted

Se détendre avant de méditer.
Se détendre avant de s'endormir.
ted

Adrien a écrit :Avec ma pratique d'anapanasati, j'avais pris l'habitude de commencer assez rapidement avec l'observation de la respiration. J'avais un petit rituel de début de pratique qui incluait un moment pour détendre corps et esprit, mais je me suis récemment rendu compte que je n'y passais pas assez de temps.

Bref, en début d'assise, j'ai trouvé très utile de prendre bien son temps pour détendre le corps et l'esprit. D'abord, j'essaie de détecter la moindre tension dans le corps et de toutes les relâcher. Je peux passer plusieurs respirations par tension. J'observe chaque partie du corps indépendamment pour vérifier l'état de tension. Je prends bien mon temps en particulier pour les épaules, et pour tous les muscles du visage. Pour les épaules, je les laisse tomber un peu plus à chaque expiration, ça fonctionne bien. Une fois que je me sens complètement détendu, je repasse encore une fois ou deux tout le corps en revue pour détecter les tensions subtiles résiduelles, ou pour simplement augmenter encore la sensation de relaxation.

Ensuite, je détends l'esprit (juste après voire en même temps que les muscles du visage). Concrètement, cela se traduit pour moi par un relâchement qui se traduit par une sensation d'ouverture. Ça peut être très subtil. Pour forcer le trait et comprendre de quoi je parle, faites ceci :
- pensez à quelqu'un ou quelque chose qui vous a contrarié récemment, et froncez les sourcils -> votre esprit se "contractera", et deviendra "tout dur".
- puis, arrêtez de froncer les sourcils, et mettez votre esprit dans le même état que lorsque vous enchaînez les gorgées d'eau lorsque vous avez très soif. Essayez d'avoir l'esprit similaire à ce qu'il est quand vous souriez, mais sans sourire (ou alors de façon imperceptible avec le coin des lèvres).
On a comme l'impression que la périphérie de notre esprit s'est étendue. Comme si notre cerveau était moins serré qu'avant dans la membrane qui le contient.

Ensuite, pendant la méditation, en parallèle de ma pratique, j'essaie de garder une petite partie de mon attention pour détecter les tensions physiques et mentales, et les relâcher dès qu'elles apparaissent. Je faisais déjà ça avant, mais c'est vraiment beaucoup plus efficace quand on prend le temps de bien le faire en début d'assise. Les muscles du visage sont de très bons indicateurs, car ils ont souvent tendance à se contracter légèrement (en particulier les lèvres et les muscles autour des yeux). Il faut bien les détendre, mais il ne semble pas non plus nécessaire d'arriver à une relaxation complète et totale de ces muscles, car cela peut finir par poser problème (ouverture des yeux, de la bouche, etc.)

Depuis que je fais cela, ma pratique me suit après l'assise beaucoup plus souvent qu'avant : je me sens comme rafraîchis.

Et vous, prenez-vous bien le temps de vous détendre en début de pratique ? Sinon, après avoir essayé, cela vous semble-t-il utile ?
J'aime bien :
Adrien a écrit :- pensez à quelqu'un ou quelque chose qui vous a contrarié récemment, et froncez les sourcils
:D
Et si plus rien ne nous contrarie ? On a plus besoin de méditer ??? :?:
Jean

Ted a écrit
Se détendre avant de méditer.
Se détendre avant de s'endormir
On pourrait rajouter : Se détendre le plus souvent possible

D'abord parce que " C'est si bon de ne rien faire quand tout s'agite autour de soi" (et en soi)

C'est point important à ne pas négliger!

Et il y cette citation de Péma Chödron que j'ai mise en ligna car elle éclaircit le rappel à soi, la pleine conscience, la présence, la méditation non formelle (hors coussin de méditation :
Ce n'est pas une épreuve d'endurance

Vous pouvons aussi nous demander, en fonction de notre situation présente, "Combien de temps devrai-je rester avec des sensations désagréables?" C'est une bonne question, bien qu'il n'y ait pas de réponse correcte. Nous prenons simplement l'habitude de revenir au présent tel qu'il est pour une seconde, une minute, une heure - d'une manière habituelle, naturelle - sans que ce soit une épreuve d'endurance. Juste une pause de deux ou trois respirations est parfaite pour rester présent. C'est un bonne manière d'utiliser notre vie. Pour sûr, c'est une manière excellente et joyeuse d'utiliser notre vie!
C'est un peu "Prière de ne pas se pourrir sa vie avec la pratique du Dharma".

Etre pleinement conscient de la respiration dans la détente. Etre aussi conscient de la respiration que de la détente. Conscient, respiration, détente, trois mots clefs pour décrire ce rappel à la présence, à l'instant présent.

Zazen, c'est se laisser faire par la posture (qui doit être aussi impeccable que possible), si il y a la moindre crispation, le processus de Zazen est perturbé.

Tant qu'il y a une crispation, il y a pensées.

Un cultivant la détente, il est possible de prendre conscience de la crispation fondamentale qui maintient la conscience en état de conscience duelle.

La progression Faire, Ne rien faire, Etre

la relaxation, le lâcher prise sont le chemin du Ne rien faire.

"Relax, Max" peut être le mantra ultime.

C'est vrai aussi que "Tu l'as dit, Bouffi" peut être aussi considérer comme un mantra ;-)

je :arrow:
Katly

Avec la pleine conscience on est préparé à chaque instant. Finalement on médite sans préparation... en cas d'imprévu...

Les petites pauses et au quotidien, sans effort, à l'écoute naturelle, l'attention...

Le corps et l'esprit ont besoin d'une préparation pour aller méditer, s'assoir, c'est tout ce qu'on fait avant et une fois sur le coussin...

Pour écouter des enseignement, on se prépare avant aussi.
Répondre