Ted a écrit
- Pas besoin d'être intello pour s'éveiller. Pas besoin de jongler avec des notions très complexes. L'intellectualisation est une voie comme une autre. Elle est empruntée par ceux qui s'y sentent à l'aise je suppose. On est bien d'accord ?
- Pas besoin non plus d'être prof de Yoga. De réussir à mettre le pied derrière la tête. Ou de faire le lotus ou le demi lotus parfaitement.
On peut s'asseoir sur une chaise pour méditer.
- Pas besoin d'être érudit, ni de connaître l'histoire du bouddhisme sur le bout des doigts.
- Pas besoin d'avoir eu une vie exemplaire. On peut être un ancien drogué, ou bien sortir de prison, ou bien être alcoolique. On peut être con. Dans les limites du raisonnable quand même...
Mais tout ça, c'est au départ !!! Parce que, une fois sur la Voie, on change, imperceptiblement peut être, mais inéluctablement.
On ne rentre pas dans les jhanas avec des émotions négatives. Avec des doutes, de l'arrogance, de l'inquiétude, de la colère, des peurs, ou des attentes. On y entre sans affaires, qu'on soit jeune ou vieux.
Je ne crois pas à l'éveil subit qui frapperait sans prévenir, en pleine crise de délire egotique.
En revanche, on peut sans doute se réveiller un matin, dans un club echangiste, au milieu d'une mare de corps nus et repus, et avoir une fenêtre qui s'entrouve sur un doute existentiel profond. Une vision implacable de dukkha.
C'est ce qui est arrivé à Siddharta Gautama. Après une nuit de plaisir. Il a brusquement pris conscience du vide abyssal de la vie qu'il menait.
Celui qui s'éveille, apparemment brutalement, comme ces histoires Zen, sans parcours particulier, doit tout simplement avoir de bonnes empreintes karmiques et plusieurs vies de pratique intensive derrière lui. Je ne vois pas d'autres explications.
ba11
J'applaudis non seulement avec les mains mais aussi avec les oreilles (des années de pratique du jambo asana du Hatha Yoga)
Juste à propos de la dernière phrase.
Pas la peine de faire intervenir forcément le karma. Il y a des gens qui sont doués dans des domaines différents et il y a des gens qui sont doués dans la vie spirituelle.
Chez les musiciens, il y a deux types que j'adore : Yudi Menuhin et Jimi Hendrix. L'un est grand musicien classique, l'autre est grand musicien novateur.
Dans la spiritualité, c'est la même chose. Il y a les grands enseignants classiques et il y a les grands enseignants novateurs. Novateurs comme le premier maître du Chan, ou du Zen ou du Bouddhisme Tibétain. Dans le Bouddhisme Tibétain, quel est celui qui fait un tout cohérent des soutras, tantras et Dzogchen/mahamoudra? A notre époque les doués novateurs du BT seraient Tartang Tulku, Trungpa, Sogyal, Namkhay Norbu, Tenzin Wangyal qui sont cependant complétement ancrés dans leurs traditions d'origine.
je suis étonné à propos de Tartang Tulku qui a écrit plein de bouquins intéressants dont des livres sur le yoga Tibétain qu'il appelle "Kum Nye", qui est cependant peu connu en France et pas tant que cela aux USA où il réside depuis les années 70.
PS Yudi Menuhin m'a aussi impressionné par son affabilité. J'aime ce mot. Je me demande même si le concept d'affabilité ne devrait pas être intégré aux paramitas et constituer le septieme paramita. Le sourire de l'affabilité...
Re PS : Je ne parle pas des grands maîtres du Théravada car je connais très peu le Théravada et c'est dommage. Par contre Thich Naht hanh pourrait être considéré comme un grand maître novateur du Boudhime Mahayana (Chan ou Zen). Son enseignement est très facilement abordable par les Occidentaux. Qu'il ait un grand nombre de disciples n'est pas étonnant.
Les maître novateurs sont bien évidemment critiqués au nom de la sacro-sainte tradition, mais ils sont critiqués par des gens qui, à mon humble avis (séquence cul béni hypocrite), n'ont pas compris la moelle des enseignements traditionnels.