Le Bouddhisme, le Bien-être et la Bienveillance

ted

klesha a écrit : Puisque tu parles de vocation, encore une fois, le dharma n'a pas pour vocation d'améliorer le quotidien, ce n'est pas une pratique de bien-être, ce n'est pas de la sophrologie. Dans la pratique, il se peut que l'on connaisse des expériences agréables mais on passe parfois par d'autres expériences bien moins agréables. Et qu'est-ce qu'on fait à ce moment là quant on souffre malheureusement de troubles ? Ce bien-être dont tu parles est lié à l'agrégat des sensations et ce n'est pas le but du bouddhisme de l'entretenir. Il y a aussi des périodes où la rétribution du karma s'accélère, tous les pratiquants ont connu ça. Comment faire là encore ?
Je crois que Klesha, de façon un peu rude peut être, aborde un problème plus large qui est celui du Bouddhisme "light", ou de la pratique du Bouddhisme utilisé comme recherche de bien être.

Mon point de vue à ce sujet est très clair : celui qui veut partager une pratique du bouddhisme irréprochable n'a qu'une seule chose à faire : renoncer et prendre la robe de moine. Il aura à sa disposition toutes les règles du vinaya pour satisfaire son désir de rigueur.

Les autres, les bouddhistes laïcs, ou sympathisants, qui se cherchent, hésitent, tatonnent, vont et viennent, ou privilégient dans un premier temps la recherche de bien-être, il faut leur "fiche la paix". :D

Les accompagner, les aider à découvrir la tradition. Avec compassion et bienveillance. Sans jugement élitiste. Sans étaler trop d'érudition.

Ceux qui souhaitent approfondir approfondiront. <<metta>>
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Longchen
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Tulku Thondup entre autres avait puisé dans sa Tradition pour proposer aux occidentaux (dans ses livres) dont il voyait les difficultés des outils pour aller mieux, mais cela ne voulait pas dire pour autant tourner le dos à l’Eveil ou de ce fait s’en éloigner, je pense même que c‘est le contraire.

Peut être c’est la vieille idée que le corps s’oppose à l’esprit ? Ou alors qu’il faudrait souffrir pour expier quelque chose ? (ce n’est qu’une interrogation, mais avec tout notre bagage chrétien...)

Je crois que dans la tradition tibétaine par exemple (puisque je fais référence à Tulku Thondup) la santé du corps, du psychisme et de l’esprit sont en interrelation, il n’y a pas d’opposition.

Alors bien sûr le Samrara est souffrance, mais je crois aussi que le Bouddha est souvent comparé à un médecin ; ce que je veux dire c’est que le Bouddhisme propose des solutions, pas nécessairement d’en rajouter une couche.
L’image que je me fais d’un maître bouddhiste (toutes traditions confondues) est celle d’un pratiquant avancé apaisé intérieurement, et vu qu’ils montrent l’exemple...
FleurDeLotus
L’instant présent 🙏
ted

Longchen a écrit :Peut être c’est la vieille idée que le corps s’oppose à l’esprit ? Ou alors qu’il faudrait souffrir pour expier quelque chose ? (ce n’est qu’une interrogation, mais avec tout notre bagage chrétien...)
klesha a écrit : Il y a aussi des périodes où la rétribution du karma s'accélère, tous les pratiquants ont connu ça. Comment faire là encore ?
Tu as raison Longchen d'évoquer l'aspect doloriste. Et Klesha a aussi raison de soulever la question des difficultés et des obstacles.
Je crois que c'est là que tout se joue.
Quand on vient au bouddhisme que pour le "bien-être", et bien, quand celui ci n'est pas au rendez-vous, on concluera sans doute que "ça ne marche pas". Et on ira voir ailleurs ? Pourtant, c'est là qu'il faudrait approfondir. :roll:
Reste à comprendre "pourquoi" ce Karma et éviter que ça ne se reproduise encore et encore.
Objectif que n'aura pas forcément celui qui n'est à la recherche que du bien-être. :cool:

La méditation va draguer tout au fond. On peut en ressortir en pleurs. Il vaut mieux avoir quelqu'un de compétent à coté de nous dans ce cas.

Un bouddhiste doit accepter l'idée que dukkha, l'insatisfaction, est normale, structurelle, inhérente à notre condition. Il va essayer de comprendre son mécanisme d'apparition. S'il a du bien-être en pratiquant, c'est bien. Mais il ne doit pas s'y attacher. L'objectif est d'aller au delà de l'agréable et du désagréable.

Mais l'agréable semble être un point de passage obligé, si l'on en croit les récits de tous ces maïtres qui traversent des états extatiques indescriptibles. On parle de plaisirs supérieurs à plus de 1000 orgasmes ! Ce n'est pas pour rien que Nirvana est synonyme de contentement absolu. Et qu'on évoque la Joie ou la Grande Félicité qui est un des fruits de la pratique. etc... :D
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Flocon
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Je suis d'accord avec Klesha.
Sur le point du rapport entre pratique bouddhiste et bonne santé, en relisant des notes prises sur le Grand livre de la progression vers l'éveil de Tsongkhapa, je trouve que c'est la culture de de l'éthique qui produit comme fruit un corps et un esprit en bon état, capables d'action. Je ne sais pas si c'est juste, ou si j'ai mal noté. :?: Mais il me semble me souvenir l'avoir entendu également ailleurs.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
ted

klesha a écrit :Et surtout, ne crois pas Ted que je cherche à te blesser. Mon langage est direct, c'est tout. Mais si je te respecte, si je suis vraiment bouddhiste, je te dois cela.
Il y a certainement beaucoup de talents sur ce forum et d'ailleurs peu importe le talent. Chacun a des approches, des expériences à partager probablement très pertinentes. Abordons tout cela sans préjugé.
Non, tu ne me blesses pas du tout. Et je suis content de tes interventions qui ont le mérite de nous faire réfléchir. Je souhaite simplement que d'autres personnes ne soient pas blessées lors d'une envolée rectificatrice. C'est tout. Sinon, je suis heureux même si j'ai plein d'emmerdes. :)

En effet, dans les enseignements, le Bouddha indique clairement que le fruit est accessible aux laïcs. Il y a un commentaire explicite de Môhan Wijayaratna à ce sujet. :) Mais on avait déjà abordé et confirmé le sujet sur Nangpa. Simplement, les préceptes pour les laïcs (5 à 8) ne sont pas aussi restrictifs que pour les moines. Et je me demande dans quel mesure on peut présenter des choses "sans concession" comme tu dis, dans un cadre aussi large.
klesha a écrit :Deuxième point, le meilleur moyen d'aider ceux qui tâtonnent, c'est de leur présenter des choses justes, sans concession.
Pourquoi ne pourrait-on pas faire de concessions sur la forme ? Cela rejoint le sujet du fil sur l'adaptation de l'enseignement. Déjà, le simple fait de "traduire" les enseignements est, à mon avis, une forme de concession culturelle.

PS : Je n'ai aucun problème à ce qu'on me dise que j'ai quelques vues erronées. Si je n'en avais pas, ce serait étonnant. :D Tant que c'est argumenté et bon enfant, tout baigne. jap_8
ardjopa

Le bien-être et la bienveillance sont-ils bouddhistes ?

Quand tu dis "je suis bouddhiste", tu es mort trois fois
Quand tu dis "je suis", tu es mort deux fois
Quand tu dis "je", il te reste encore à supprimer un mot, pour revivre
ted

L'extrait de Mohan Wijayaratna dont je parlais :
La présence massive des renonçants parmi les proches auditeurs du Bouddha, ou bien le fait que le Bouddha lui-même était un renonçant, n'était pas une raison pour que ces enseignements soient limités aux renonçants. De toute évidence, le Bouddha a présenté une doctrine ouverte à toutes les nations, à tous les peuples, à toutes les couches sociales. C'était une doctrine adressée à toute personne mentalement adulte. Il est vrai qu'elle insiste sur le renoncement. Mais doctrinalement parlant, au plus haut niveau spirituel le renoncement est un état mental instantané qui arrive par la compréhension correcte.

Ainsi les textes "monastiques" eux-mêmes affirment, qu'à l'époque de bouddha, des milliers de laïcs ont atteint les hautes étapes de la libération comme Sotapatti, Sakadagami, Anagami, tout en étant dans l'état laïc. Il y avait aussi des laïcs qui étaient arrivés à l'état d'Arahant. Autrement dit, pour atteindre ces étapes, on n'était pas obligé d'embrasser la vie monastique. Il n'y avait pas non plus deux nibbâna(s): un pour laïcs et l'autre pour renonçants. En effet, un sermon important du Samyutta-nikâya se termine par ces paroles du Bouddha :"(...) O Mahânâma, entre ce disciple laïc qui est délivré ainsi des souillures mentales et un bhikkhu qui est délivré des souillures mentales, il n'y a aucune différence. Entre la délivrance d'un disciple laïc et celle d'un bhikkhu, il n'y a aucune différence. (...)" A ceux qui ne pouvaient pas maitriser leur pensée ou à ceux qui avaient des contraintes familiales, le Bouddha proposait une vie séparée du monde. Ils pouvaient ainsi mener une vie ascétique en tant que mendiants religieux (bhikkhus), tandis que ceux qui avaient une compréhension profonde pouvaient arriver aux diverses étapes de la délivrance tout en vivant à leur domicile, sans porter de vêtement ascétique.

Extrait "Le dernier voyage de Bouddha" de Mohan Wijayaratna
Je crois que c'est clair.
Il est même dit que ceux qui réussissent en tant que laïcs sont ceux qui ont une compréhension plus profonde de la Voie et qui peuvent donc se passer du cadre plus rigoureux et plus rigide du renoncement.

Voilà qui devrait faciliter la mise en place de "concessions" pour des gens ayant un tel profil... :mrgreen: :D
loveeeee
ted

klesha a écrit :Je ne saurais que conseiller cet excellent site à tous ceux qui veulent étudier les principes fondamentaux du bouddhisme :
http://vivekarama.fr/
Michel-Henri DUFOUR, le fondateur je crois de l'association Vivekarama, a longtemps été membre de Nangpa sous le pseudo Aditthano si mes souvenirs sont bons. A l'époque, il y avait beaucoup plus de theravadins qui intervenaient. J'ai eu la chance d'échanger avec lui. Principalement pour poser des questions. :oops: :D
ardjopa

Il y a les moines et les laics, les deux situations de vie ont leurs avantages et inconvénients
Mais j'ai toujours considéré Siddharta (et d'autres "sages") comme n'étant ni moines, ni laics
Classer les êtres, c'est nier leur nature libre
Mettre des murs autour d'eux, c'est souvent les empêcher de voir leur réalité
On peut bien sûr progresser dans un certain cadre ou contexte, on peut "former" des taureaux,
et on peut former des moutons
Les ânes sont souvent peu considérés, trop fainéants souvent pour beaucoup, on les juge ou on les délaisse,
faute d'avoir pu les classer, ou les étiquetter
L'âne Archie est âne, peu utile aux hommes, il s'en va sur les chemins et les près non balisés,
mais il est souvent un des seuls, à pouvoir gouter une herbe et une vue que les autres ne gouterons jamais,
celles de la liberté ;-)
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