[ Tanha] Le désir - la soif
Publié : 17 juillet 2012, 22:56
Je me permets de quoter cette réponse d'une discution lue sur le forum METTA qui me parait intéressante:
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http://forumetta.free.fr/viewtopic.php?t=1086thanatos a écrit :Le désir (tanha) est bel et bien présenté par le Bouddha comme la cause de la souffrance et l'annihilation de ce désir est présenté comme la fin de la souffrance. Tu cites la première Noble Vérité qui dit que la naissance est souffrance, mais la deuxième Noble Vérité précise que l'origine de cette souffrance est la soif, le désir de ré-existence, qui conditionne la naissance.
Et la troisième Noble Vérité indique clairement que la fin de la souffrance passe par la fin de son origine, le désir.1ère noble vérité a écrit :« C'est cette « soif » (tanhā) qui produit la re-existence et le re-devenir (ponobhavikā), qui est liée à une avidité passionnée (nandirāgasahagatā) et qui trouve sans cesse une nouvelle jouissance tantôt ici, tantôt là (tatratatrābhinandini), à savoir la soif des plaisirs des sens (kāma-tanhā), la soif de l'existence et du devenir (bhava-tanhā) et la soif de la non-existence (vibhava-tanhā)»
Il est donc bien question d'annihiler le désir passionnel. Par contre, je crois qu'il est possible de distinguer des "désirs" plus nobles que je qualifierait plutôt de "volontés": volonté d'atteindre l'éveil, volonté de se libérer de la souffrance, etc. Mais au final, même ces désirs nobles, volontaires, disparaissent eux aussi lorsque nibbana est réalisé.3ème noble vérité a écrit :C'est la cessation complète de cette « soif » (tanhā), la délaisser, y renoncer, s'en libérer, s'en détacher.
Chaque désir n'est donc pas parfait, et il n'est pas question, pour le bouddhisme, de juste modérer ses désirs comme tu le penses, mais bien de les faire disparaître complètement. Cependant, la première étape du processus peut effectivement être de les modérer dans un premier temps afin de "prendre du recul et voir le désir pour ce qu'il est" comme tu l'écris.
Et qu'est-ce exactement que le désir? Contrairement à ce que tu indiques, je ne crois pas que l'analyse du bouddhisme se limite au désir obsessionnel. Pour reprendre ton exemple du parfum, le simple fait de l'acheter trahit déjà plusieurs désirs (désir de plaire, désir de sentir une odeur agréable) même si ils ne sont pas obsessionnels. De plus, dire que "le parfum t'offre son bonheur" est également une perception erronée car le bonheur (ou plus exactement la satisfaction) ne vient pas du parfum, il vient de ton esprit. C'est ton esprit qui attribue un caractère agréable à cette odeur. Mais une autre personne pourrait très bien trouver l'odeur de ce même parfum désagréable, ce qui prouve bien que le caractère agréable ou désagréable n'est pas propre au parfum mais est subjectif.
Le désir est donc un phénomène qui trouve son origine dans l'esprit illusionné. Nos esprits conceptualisent les phénomènes sensoriels que nous percevons et leurs attribuent une réalité individuelle ainsi que des caractéristiques propres (agréable, désagréable, neutre) et essaient ensuite de fuir les phénomènes perçus comme désagréables tout en poursuivant les phénomènes perçus comme agréables... en oubliant que ce caractère agréable et désagréable ne provient pas du phénomène en lui-même mais de l'esprit. Ainsi, le parfum que tu sens et qui te rempli de bonheur n'est ni agréable ni désagréable, ni source de bonheur ni source de souffrance, il est, c'est tout. C'est toi qui ajoute ce caractère agréable qui te réjouit tant... et te pousse à répéter l'expérience, te liant ainsi par le désir au samsara. Lorsque l'esprit prend pleinement conscience de cela, le voile des illusions qui l'obscurcissait disparait enfin et les désirs s'éteignent d'eux-mêmes car l'esprit clair ne les produit plus.
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