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Le travail, la vocation et la durée

Publié : 12 juin 2012, 13:42
par Lupka
Le travail. a écrit :

Les métiers, ou moyens d’existence, peuvent être divisés en quatre catégories. Tout d’abord il y a ceux qui, comme le travail dans un abattoir, ne peuvent en aucune circonstance être bons. Deuxièmement, il y a ceux qui ne sont pas mauvais d’une façon aussi évidente que la première, mais qui, sans aucun doute, augmentent l’avidité des gens. De tels métiers incluent le travail dans la publicité, et dans la production d’articles de luxe dont les gens n’ont pas réellement besoin et dont ils doivent être persuadés qu’ils les veulent. Troisièmement, il y a les métiers qui peuvent constituer des Moyens d’Existence Parfaits si l’on fait un effort. Vous pouvez par exemple être un employé de bureau dans une société qui produit un article plutôt bon et nécessaire, tel que le pain. Si vous faites votre travail honnêtement et consciencieusement vous pouvez en faire une forme de Moyens d’Existence Justes, voire de Moyens d’Existence Parfaits. Quatrièmement, il y a les métiers qui n’impliquent pas de tension mentale excessive. C’est assez important de nos jours, en particulier pour les bouddhistes qui veulent méditer. Même si vos moyens d’existence n’impliquent la rupture d’aucun des préceptes, s’ils impliquent tant de tension mentale que vous devenez tendu et ne pouvez méditer, alors en tant que bouddhiste vous devez considérer votre position et essayer de trouver un travail d’une nature moins stressante.
La vocation. a écrit :
La vocation est la meilleure forme de moyens d’existence, mais elle est très rare. Nous pouvons définir la vocation comme un moyen d’existence qui est directement en relation avec ce que l’on considère comme étant d’importance ultime dans la vie . Cela sera différent pour différentes personnes. On pense par exemple aux professions médicales et d’enseignement. Quelqu’un peut vouloir être infirmier ou infirmière par désir de vouloir diminuer la souffrance humaine — ce qui, bien sûr, est directement lié au bouddhisme. Le travail artistique ou dans les diverses activités créatives peut aussi entrer dans cette catégorie. Si on le fait dans un esprit créatif, sans le commercialiser, ce peut être une vraie vocation, et un Moyen d’Existence Parfait dans le meilleur des sens.

Quand on pratique les Moyens d’Existence Parfaits en suivant une véritable vocation, il n’y a pas de différence entre le travail et le jeu. Vous appréciez tant votre travail, et vous y êtes tant plongé, que cela ne vous fait rien d’y passer toute votre vie éveillée. C’est un état idéal, et un état que les gens — souvent sans aucune faute de leur part — sont rarement capables d’atteindre.
La durée. a écrit :
Nous avons déjà mentionné que les gens passent en général la plus grande partie de leur vie éveillée à gagner leur vie, tout comme cela était le cas au temps du Bouddha. Mais en ont-ils vraiment besoin ? A mon avis, non. Aussi choquant que cela puisse paraître, en réponse à la question : « Combien de temps devriez-vous passer à gagner votre vie ? », je répondrais : « Aussi peu que possible. » Quand, il y a environ deux ans, j’ai dit cela dans une réunion à Londres, un de mes vieux amis qui était présent fut profondément choqué. Il me fit plus tard des remontrances, disant : « Comment peux-tu dire une telle chose publiquement, devant tous ces jeunes gens ? Tu ne fais que les encourager à être plus paresseux et inutiles que jamais ! » Mais en disant que l’on devrait passer aussi peu de temps que possible à gagner sa vie, je parle en particulier, bien sûr, aux bouddhistes et — sans repentir aucun — aux jeunes gens, puisque les gens plus âgés ont beaucoup moins de choix en la matière. Je suggère que les jeunes gens qui ne se sont pas encore lancés dans une carrière, et dont la vie est toujours à une étape de formation, devraient considérer ne gagner que ce qu’il faut pour vivre très simplement, et dévouer le reste de leur temps au bouddhisme — à l’étude du Dharma, à la méditation, et à aider au bon fonctionnement du mouvement bouddhiste.

Ils peuvent faire cela de deux manières différentes. Ils peuvent avoir un travail régulier à temps partiel, qui leur apporte suffisamment pour vivre, et ainsi ils sont libres de vouer le reste de leur temps au bouddhisme. Ou bien, comme le font certains — quoique cela ne soit pas facile — ils peuvent travailler pendant six mois et s’arrêter ensuite pendant six mois, vivant des économies accumulées lorsqu’ils gagnaient leur vie, et vouant alors tout leur temps au bouddhisme. Bien sûr, cela signifie réduire ses besoins — ou plutôt ses désirs — mais il est surprenant de voir combien l’on peut réduire si l’on se décide réellement à le faire.
Un tel changement ne serait pas seulement bon pour soi, il serait bon pour le bouddhisme, puisque le mouvement bouddhiste grandit et que nous avons besoin de plus de gens. Nous avons besoin — et j’espère n’être pas en train de m’égarer trop loin de la tradition — de gens qui soient des moines à temps partiel. Dans l’Ordre Bouddhiste Occidental, aujourd’hui en voie de formation, nous espérons avoir une catégorie de cette sorte — une catégorie de gens intermédiaires entre d’une part le laïc ordinaire, complètement immergé dans le bourbier du Samsara et faisant tout son possible pour y fleurir comme un lotus, et d’autre part ceux qui comme les moines sont engagés à plein temps. Entre ces deux extrêmes nous avons besoin de gens qui ont un pied dans le monde et un pied dans la dimension spirituelle, pour former un pont entre les deux. Une catégorie de gens de cette sorte a très certainement sa place dans le monde moderne.

Nous avons insisté sur le fait que les Moyens d’Existence Parfaits représentent la transformation, à la lumière de la Vision Parfaite, de la société dans laquelle nous vivons. Quoique les Moyens d’Existence Justes ou Parfaits concernent principalement l’aspect économique de notre existence collective, nous ne devons pas oublier que les aspects sociaux et politiques doivent aussi être transformés. La cinquième étape du Noble Chemin Octuple du Bouddha, les Moyens d’Existence Parfaits, représente le besoin de créer une société idéale. Après tout, nous vivons dans la société, et nous ne pouvons pas nous en éloigner beaucoup ou pour très longtemps. Nous pouvons aller dans un centre de retraite à la campagne pendant quelques semaines ou quelques mois si nous en avons la chance, mais ensuite nous devons revenir et de nouveau vivre dans le monde, au moins dans une certaine mesure, y compris les plus chanceux d’entre-nous. Nous devons donc aussi changer ce monde ; c’est une partie de la tâche de notre propre transformation.

Nous avons mentionné l’Ordre Bouddhiste Occidental, et cela nous amène à parler de ce que, dans le bouddhisme, on appelle le Sangha, ou la communauté spirituelle. Il y a plusieurs façons de considérer le Sangha, mais je ne vais pas toutes les examiner maintenant. En rapport avec lui je veux seulement faire résonner une note particulière, qui me semble particulièrement appropriée ici. Le Sangha, ou communauté spirituelle, représente la société idéale à une très petite échelle. C’est une anticipation, en miniature, de ce que la société entière pourrait être, plus loin dans l’évolution humaine. Notre propre petit Sangha ou communauté spirituelle, notre propre petit Ordre, représente une société ou une communauté entièrement fondée sur des principes éthiques et spirituels. En d’autres termes ce n’est pas une société dans le sens d’une organisation, mais une vraie communauté fondée sur ces principes. C’est en cela qu’elle diffère d’une organisation. Elle diffère aussi d’une organisation par le degré de participation et d’engagement de ses membres individuels.

Il faut aussi insister sur le fait que les bonnes relations entre les divers membres du Sangha, ou communauté spirituelle, sont de première importance. On ne peut insister assez sur ce point. S’il doit y avoir un vrai, un véritable mouvement bouddhiste dans ce pays, comme nous espérons que cela deviendra le cas, ce mouvement ne peut grandir qu’à partir d’une communauté de gens qui sont éthiquement, psychologiquement et spirituellement en véritable contact et communication l’un avec l’autre — qui ne sont pas seulement des membres de la même organisation mais qui sont des amis, ayant une relation peut-être plus profonde que cela sur le plan spirituel. C’est encore un autre aspect de la société idéale. Nous devrions ressentir que notre propre petit Sangha, ou communauté spirituelle, notre propre petit Ordre, est un exemple, à petite échelle, de la société idéale du futur — une société dans laquelle les Moyens d’Existence Parfaits sont pratiqués dans leur totalité, alors que malheureusement ils ne sont guère pratiqués dans le monde d’aujourd’hui.
Par Urgyen Sangharakshita



http://www.buddhachannel.tv/portail/spi ... 32&lang=fr

Source : http://www.centrebouddhisteparis.org

Re: Le travail, la vocation et la durée

Publié : 12 juin 2012, 13:46
par Lupka
Je ne sais pas vous mais j'ai la chance ( enfin c'est une volonté profonde ) de me retrouver dans les Moyens d'existence juste de part mon travail (RSE) et mes projets de diffusion du Dhamma. Je ne partage cependant pas l'avis selon lequel il serait prépondérant de tout lâcher du jour au lendemain et devenir moine ou tout du moins avec une vie laïc comme cela se pratique dans le Zen.

Ouf j'suis sauvé ::mr yellow::

:arrow:

Re: Le travail, la vocation et la durée

Publié : 12 juin 2012, 20:00
par Cathrine
Très intéressant.
Particulièrement ce qui est dit sur la durée, sur la vocation et notre propre transformation qui est aussi celle de la société.
Comme vous le savez je suis prof( Professeur Tsharbé, Ardjopa!) et même si ça n'a pas été un long fleuve tranquille, je me suis sentie utile, j'ai fait de mon mieux et je pense avoir à l'occasion avoir aidé des jeunes à se sentir mieux . J'ai considéré que mon rôle n'était pas strictement pédagogique_ certains collègues préparaient des cours bien supérieurs aux miens_ je voulais que mes élèves soient contents d'eux et de moi après des cours où on avait bien travaillé mais dans la bonne humeur et sans stress, je voulais que l'école soit vécue comme un endroit agréable où personne ne vous rabaisse et vous humilie mais au contraire vous aide à révéler vos talents. Parfois j'ai réussi, parfois je me suis plantée mais je crois au final que mon moyen d'existence était juste.
Lupka, c'est quoi RSE?

Re: Le travail, la vocation et la durée

Publié : 12 juin 2012, 20:22
par Lupka
Ma soeur etant professeur des écoles dans une zone dite difficile je ne peux qu etre admiratif du metier que tu excerce et qui sait si vous le faites en general dans des conditions precaires bref ...

RSE = Responsabilite Sociale Environnementale

Je travaille dans une societe de transport qui ne pollue pas! Pas 1 gramme de CO2 rejeté dans l air :mrgreen: sisi ca existe et je suis fier de ce que je consider dans sa globalite comme un moyen d existence juste !

Re: Le travail, la vocation et la durée

Publié : 12 juin 2012, 20:58
par Cathrine
C'est légitime d'en être fier. Bravo!

Re: Le travail, la vocation et la durée

Publié : 13 juin 2012, 14:19
par Cathrine
J'ai réfléchi à quel type de transport ne pollue pas du tout et je ne vois pas lequel...................
Le voilier( si tu rentres au port à la voile), le vélo ( mais ce n'est pas vraiment un transport) , reste la marche, mais on rejette du CO2 en respirant; un attelage de chevaux de trait; des panneaux solaires......................
Sérieusement, comment faites vous?

Re: Le travail, la vocation et la durée

Publié : 13 juin 2012, 15:03
par ardjopa
Butterfly_tenryu

Re: Le travail, la vocation et la durée

Publié : 13 juin 2012, 15:11
par Lupka
ardjopa a écrit : Pour les enseignants, si l'enseignement est "choisi" totalement par l'étudiant-élève, que c'est lui qui va vers le prof, je pense que c'est un moyen d'existence qui peut être juste, si chacun est respecté à égalité; par contre dès qu'un ennseignement (religieux, éducatif, ou autres) est imposé sans le libre choix de l'accepter ou de le refuser par l'étudiant, qu'il est considéré "obligatoire", c'est alors un comportement non-juste (action sous le contrainte) est ce n'est plus un moyen d'existence juste (et bien sûr, rentre dans cette catégorie tous les enseignements scolaire, de groupe, imposés à des enfants, souvent subis par certains ou beaucoup, et souvent source de souffrance pour eux, vécu comme une privation de liberté etc);
A partir du moment ou un élève bien qu'obligé d'aller a l'école (jusqu'à 16 ans) fait le choix de ne pas écouter/intégrer ce qui est dit par le professeur et ca été mon cas pendant toute ma scolarité il reste libre dans ses choix :D

ardjopa a écrit :Pour les transports 'écolo" autres que ceux cités, je pense qu'à l'heure actuelle c'est encore une utopie
La flemme de devoir répondre, expliquer et contre argumenter (je le fais tous les jours au boulot avec mes futurs clients ! tiens Ardjopa tu ferais un bon excercice commercial ! ), mais pour te répondre Cathrine je travaille dans le transport de marchandises par des véhicules électrique ( ce qu'on apelle précisement dans mon cas la livraison du dernier kilomètre propre) et collabore avec de grands groupes français. J'étais avant dans les RH car je pensais avoir un impact social important et bénéfique et donc un moyen d'existence juste mais j'ai atteint un plafond de verre dirons nous dans cette démarche donc je suis parti dans le green :mrgreen:

Mais comme dirait l'autre y'en a qui font avancer les choses même un minima et ceux qui ne font rien à part dénoncer Ad vitam æternam tout et n'importe quoi pour exister ... ::mr yellow::

A ciao bon dimanche

Re: Le travail, la vocation et la durée

Publié : 13 juin 2012, 16:54
par Cathrine
"comme dirait l'autre y'en a qui font avancer les choses même un minima et ceux qui ne font rien à part dénoncer Ad vitam æternam tout et n'importe quoi pour exister ."C'est ce qu'écrit Lupka, et je suis de son avis.

La devise de la petite ville où je vis est " Advienne que puisse, fais ce que doit".J'y adhère en changeant un peu les termes " fais de ton mieux". Nous vivons dans une société, imparfaite, pleine de souffrances, et nous avons un seul rôle à y tenir: essayer de faire que les choses soient le moins pénibles possible.Les actes injustes, cruels , choquants, liberticides, il faut agir contre; agir, pas déblatérer à longueur de temps sur les forums.Paroles, paroles, paroles....................................
Je répète Ardjopa: oui, tu es un énorme privilégié, tu as le luxe inouï de faire ce que tu veux, de choisir ta vie, ta voie spirituelle. Il ressort de tes propos un égoïsme et un égocentrismes gigantesques.Que fais tu, au quotidien, pour les autres? En quoi as tu amélioré le monde autour de toi, ou au moins essayé?Lupka nous parle de son travail, dont il est fier à juste titre, moi je dis à quel point l'enseignement compte dans ma vie et j'explique mon éthique, et toi tu ne renvoies que des critiques, des coups bas, des remarques blessantes.
En conclusion, je te trouve négatif , à la limite de la correction en plus.
Désolée pour les autres intervenants de ce forum, je me suis lâchée , il fallait que ça sorte!


Ah oui! encore une remarque, Rentrer au port au moteur, ce n'est pas être un " marin d'eau douce", il y a des endroits où tu ne peux pas rentrer à la voile.

Re: Le travail, la vocation et la durée

Publié : 13 juin 2012, 17:14
par ardjopa
Ils sont un millier à couper les branches du mal contre un seul qui s'attaque à ses racines.

Mieux que l'amour, l'argent, la gloire, donnez moi la vérité. je me suis assis à une table où nourriture et vins riches étaient en abondance, et le service obséquieux, mais où n'étaient ni sincérité, ni vérité; et c'est affamé que j'ai quitté l'inhospitalière maison

Si un homme marche à un autre pas que ses camarades, c'est peut-être qu'il entend le son d'un autre tambour. Laissons-le suivre la musique qu'il entend, quelle qu'en soit la cadence.

Thoreau

Butterfly_tenryu