Forum Bouddhiste Dhamma

Faut-il vraiment pardonner à ceux qui ont eu envers nous des actions et des paroles désagréables ?
N'est ce pas un luxe réservé aux moines qui, ayant renoncé à tout, n'ont aucune ambition mondaine ?
Rien ne nous appartient, tout est impermanent, mais en sommes nous vraiment convaincus ?

Le pardon est-il inséparable du renoncement, le vrai ?
Pas le renoncement aux possessions matérielles, mais le renoncement au désir d'être "quelqu'un" aux yeux des "autres" ?

Finalement, pardonner, ça sert juste à être bien dans sa peau...

Pas le renoncement aux possessions matérielles, mais le renoncement au désir d'être "quelqu'un" aux yeux des "autres" ?

Bonjour Ted,
J’aurais envie de dire, oui nous avons ce désir d’être quelqu’un, quelqu’un de spécial aux yeux des autres, nous exprimons notre individualité pour être reconnus, pour exister, ce qui fait au final de nous des êtres tout à fait ordinaires et pas spéciaux pour un sous. Pourquoi sortirions-nous de cet ordinaire, pour être extraordinaires ? Certains se parent de plumes, d’autres ont un gros compte en banque, d’autres encore choisissent de jolis mots, certains s’isolent dans une grotte, chacun sa manière. De toutes façons, lorsque celui qui veut être quelqu’un aux yeux des autres, désir ne plus désirer être quelqu’un aux yeux des autres, c’est encore pour être quelqu’un aux yeux des autres non ? De son côté, peut-être que celui qui ne désire effectivement pas être « quelqu’un » aux yeux des autres, se sent comme les autres et fait comme eux, il se pare de plumes, enrichit son compte en banque, écrit de jolis mots ou s’isole dans une grotte... Et quelque fois, peut-être même qu'il peut lui arriver de désirer renoncer à vouloir être "quelqu'un" aux yeux des autres.

Dans ta réponse Jules, on comprend qu'on n'est pas sorti de l'auberge. En fait, c'est le dualisme, tant qu'on perçoit qu'il y a SOI et LES AUTRES.
Pour en revenir au pardon, c'est encore l'idée de dualisme.C'est si on sépare SOI et LES AUTRES qu'on peut se sentir lésé et offensé; sans ego, pas d'offense donc pas besoin de pardon.
Au niveau le plus matériel, on pardonne parce que c'est comme ça qu'on retrouve un peu de paix intérieure et qu'on cesse de se pourrir la tête et le coeur avec des vieilles rancunes qui pourrissent.

ted a écrit :Finalement, pardonner, ça sert juste à être bien dans sa peau...

Exactement !

ted a écrit :Faut-il vraiment pardonner à (...)

Je comprends cela comme doit-on pardonner ; mais plus simplement peut-on pardonner ?
Ce que je veux dire c’est qu’au delà de l’aspect moral et des bénéfices du pardon que
l’on comprend très bien intellectuellement, peut-on tout simplement pardonner par rapport
à une situation x ou y. Si on ne le peut pas, faudrait-il se forcer ?

Cathrine :

Dans ta réponse Jules, on comprend qu'on n'est pas sorti de l'auberge.

Bonjour Cathrine,

Oui, c'est vrai, mais en tant que bouddhiste c'est pas trop un problème : Les bouddhistes c'est un peu comme des aubergistes, sauf que leur auberge à eux, c'est le samsara

Si on pardonne cela peut être pour les autres, mais aussi et surtout parfois pour soi, comme déjà dit, éviter d'entretenir de la vengeance ou rancoeur envers ceux qui n'ont font ou nous ont fait du mal, ce qui nuit plus à soi-même qu'aux autres;
Cela dit, mon avis est que tant que nous ne sommes pas totalement libres et libérés de ce monde et de ses souffrances, ou "éveillés" comme diraient certains, je ne crois pas que l'on puisse pardonner totalement, surtout si cela a été des injustices;
Pardonner peut paraitre une attitude faible ou au contraire celle de celui qui a plus de force spirituelle pour ne pas se laisser contaminer par la méchanceté des autres sans pour autant cautionner les offenses;
Cela reste difficile pour beaucoup à mon sens, tant que l'on en a pas encore fini avec notre "bail" sur terre
Pardonner totalement, c'est souvent soit être un idiot, soit être un sage;
Les derniers mots de Jesus ont parait-il été "Pardonnes leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font", et ils s'adressaient à "Dieu";
Il n'a donc pas dit "je vous pardonne", mais plutot "que dieu leur pardonne";
C'est sur que cloué sur une croix, difficile peut-être de tout pardonner soi-même sur le moment, même si on est en instance de décollage imminent, et qu' on sait que juste après on est tranquille pour l'éternité

ted a écrit :Faut-il vraiment pardonner à ceux qui ont eu envers nous des actions et des paroles désagréables ?

Je crois que oui, en tout cas au point de vue bouddhiste. Le pardon amène à cultiver les états mentaux favorables et à atténuer ou détruire les états défavorables, donc il n'y a pas d'hésitation à avoir.

Pourquoi (pardonner) ou alors...pourquoi pas ?
http://www.vipassana.fr/Textes/JackKorn ... Pardon.htm