
Si la personne n'est pas bouddhiste, elle a malgré tout une chance incroyable de mettre à plat ses besoins et ses priorités dans la vie: qu'est-ce qui compte le plus ? A-t-elle une famille, des enfants, des amis ? Ceux-là souhaitent sincèrement son bonheur, qu'elle sourie à la vie, qu'elle se sente bien et se change les idées, car ils l'aiment du plus profond de leur coeur.
Elle a de plus, une opportunité rare de voir que cette souffrance, et des souffrances pires encore, existent dans le corps ou dans le coeur de nombreuses autres personnes. Elle peut ainsi relativiser sa souffrance et développer une compassion sincère pour les autres personnes éprouvant cette même souffrance, et des souffrances pires encore.
Elle peut voir que, comparé à l'état animal, l'être humain a la possibilité d'aller consulter un médecin du corps ou un médecin de l'esprit, ou les deux; qu'elle peut embrasser un chemin spirituel, faire du sport, partir en week-end avec une bande de potes.
Elle a l'occasion de se sortir de cette difficulté la tête haute, comme le lotus immaculé peut naître de la vase (le caca de poissons !). Sans caca de poissons, pas de lotus.
Si elle est bouddhiste, en plus de tout ça, c'est une opportunité rare d'examiner la causalité karmique et de voir qu'un fruit karmique éprouvé fait disparaître ses causes: bref, par cette difficulté, cette personne épuise une partie de ses karmas néfastes passés.
Elle peut pratiquer
tonglèn et donner un sens à sa souffrance (quoi de pire que de souffrir inutilement ?).
Elle peut méditer sur l'impermanence et se dire que tôt ou tard cette souffrance disparaîtra; c'est le côté positif de l'impermanence.
Elle peut se souvenir que sa nature de bouddha renferme des trésors de force et de stabilité intérieures. Qu'elle est comme la pierre philosophale qui transforme le plomb des épreuves en l'or des qualités humaines.
Elle peut ensuite méditer sur la vacuité de cette situation qui n'est qu'une désignation attribuée à un ensemble de facteurs temporairement réunis. Quelle peut bien être la cause de cette souffrance ? En cherchant bien, impossible de la trouver.
Bref, peut-être même qu'elle finira un jour par remercier cette situation qui aura été pour elle une occasion magnifique de progrès intérieur, car devant un mur, il n'y a pas beaucoup de possibilités: soit on reste effondré au pied du mur, soit on l'enjambe et on se félicite d'avoir trouvé en soi d'infinies ressources dont on ne soupçonnait même pas l'existence. Et les autres difficultés de la vie, elle pourra les gérer plus facilement qu'avant, elle les verra comme des flocons de neige tombant sur une pierre chaude.
Si elle est théiste, elle peut alors renforcer son amour pour Dieu qui lui envoie des défis afin d'éprouver la force de son âme.
Enfin, je dis tout ça, mais je ne suis pas le dernier à être déstabilisé quand une situation désagréable advient !
