Les souillures du coeur (Citta-klesehi)

Florent

Les états sombres sont les souillures du coeur:

- avidité, désir, convoitise
- haine, colère, mauvaise intention, agressivité
- illusion, pesanteur, égarement, trouble
- vanité, orgueil, arrogance, infatuation
- opinions, vues (fausses), croyances, dogmes
- doute (stérile), perplexité, incertitude, hésitation
- torpeur mentale, raideur, lourdeur, indifférence
- agitation, surexcitation, émoi
- absence de honte devant les conséquences des actions, paroles, pensées qui génèrent dukkha
- absence de crainte devant les conséquences des actions, paroles, pensées qui génèrent dukkha

Réflexions:

Quand les souillures sont éteintes ou ne sont pas présentes c'est le Nibbana/Nirvana

Qu'en pensez-vous?
ted

OUI ! Nous devons essayer de nous améliorer... jap_8
OUI ! Des pratiques élaborées de type méditatif ne nous dispensent pas d'essayer d'être quelqu'un de bien : en pensée, en paroles et en action.

Mais si le combat contre les états akusalas (nuisibles) se résume à une morale ou à une apparence vertueuse, est-ce qu'on aura tranché l'ignorance à la racine ?
Je crois qu'il faut aller rechercher profondément dans l'esprit la cause de l'apparition de ces souillures.
Florent a écrit :Quand les souillures sont éteintes ou ne sont pas présentes c'est le Nibbana/Nirvana
Dis comme ça, ça à l'air plutôt simple à faire... :D
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Flocon
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Je ne sais pas trop...
Est-ce qu'il ne faut pas, pour atteindre le Nirvana, développer les qualités positives d'un éveillé? Et je ne suis pas certaine que l'extinction des "souillures" soit suffisante pour cela. Par exemple, la disparition de l'illusion n'est pas exactement la même chose que l'apparition de la sagesse. La disparition des vues fausses n'entraîne pas automatiquement le développement des vues justes... Etc.
Ou peut-être que si? Si l'on suppose que ces qualités sont naturellement présentes en chacun, et que seules les souillures les empêchent de se manifester. Mais alors comme le dit Ted, il faut vraiment détruire la racine même de ces états nuisibles.

Il y a peut-être une différence de formulation entre Theravada et Mahayana, le premier insistant plus sur une formulation négative et le second sur une formulation positive des choses. :?:
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Florent

Justement ted, flocon, voir en soi les souillures qui nous agitent, faire une sorte d'examen de conscience n'est-ce pas déjà commencer à déraciner celle-ci.
exemples: si je suis orgueilleux, le reconnaître et ne pas se mentir a soi même, n'est-ce pas déjà commencer a déraciner les causes des souillures.

Autres réflexion:
reconnaître les souillures qui nous agitent c'est très bien, mais comment y mettre fin pour les éteindrent, la réponse qui me viens à l'esprit est quand une souillure apparaît on peut s'en dé-saisir et l' abandonner pour ne pas l' alimenter de ce feu qu'on appelle dukkha, et quand ce feu s'éteint n'est-ce pas là le nibbana?
Florent

Florent a écrit :Quand les souillures sont éteintes ou ne sont pas présentes c'est le Nibbana/Nirvana
Dis comme ça, ça à l'air plutôt simple à faire... :D[/quote]

Si l'on veut bien considérer que nibbana est une chose naturel, un élément qui existe dans la nature alors oui d'une certaine manière c'est assez simple de réaliser nibbana, d'autant plus que nous ne somme pas toujours brûlé par les souillures, nous avons des moments de repos et nous pouvons reconnaître là un forme de libération qui est naturelle, inhérente a chaque être.
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Flocon
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Je ne crois pas trop à cette façon de voir les choses (ou disons, elle ne me convient pas trop, ce qui ne signifie pas qu'elle soit fausse :oops: ) : Nibbana/Nirvana, c'est la "félicité suprême" selon, je crois, toutes les écoles du bouddhisme. La seule disparition du "feu" de la souffrance ne me paraît pas pouvoir y suffire. Et l'"acte" d'abandon, de désaisissement des souillures, reste un acte, donc un générateur de karma -positif, certes, mais un acte quand même... Or Nibbana est au-delà des actes.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
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Kong Tseu
Florent

erreur de manip dsl
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Dharmadhatu
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jap_8 En effet, le nirvana d'un Arhat ou d'un Pratyekabuddha est la cessation de la souffrance et de ses cause, la cessation du voile afflictif (kleshâvarana); bien sûr, on peut ne pas s'en satisfaire et vouloir éteindre aussi le voile cognitif (jñeyâvarana) afin d'atteindre l'état de Bouddha pleinement éveillé; ce qui fait que le nirvana qu'on a obtenu est un nirvana sans appui (apratishtita-nirvana, la paix accompagnée de toutes les qualités).

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
antodume

Quand les souillures sont éteintes ou ne sont pas présentes c'est le Nibbana/Nirvana
Je répondrai, personnellement, que c'est selon la tradition bouddhique à laquelle on se réfère. Selon le Zen (donc, ma tradition), il ne peut exister de souillures que dans l'illusion d'un miroir à nettoyer. Or, toujours selon le Zen, il n'existe pas de miroir et, par conséquent, il n'y a rien à nettoyer. De fait, en se tenant dans son état naturel (encore faut-il le réaliser !!!), on est dans le "samadhi de Prajna", c'est à dire dans l'état sans atteintes, sans souillures, et en Sapience. Cela n'est pas pour autant synonyme de Nirvana car le Nirvana est, toujours pour le Zen, l'état correspondant à la "lumière noire comme laque" (Hakuin) du Dharmakaya, c'est à dire à l'état d'un miroir sans reflet, y compris de lui-même (le reflet du miroir dans lui-même est l'illusion - ou la croyance - en la réalité de l'esprit, au sens d'atman). Mais, toujours selon le Zen, dans cet état-là s'élèvent naturellement le jeu du mental (comme résidu karmique) et, selon le degré d'avancement du pratiquant, ce jeu peut encore l'atteindre ou non. Un être parfaitement éveillé, toujours au sens du Zen, est celui qui "passe la porte du Nirvana" (il ne reste donc pas sur le seuil) et, libre de souillures ou d'atteinte, "se rend au marché avec les mains secourables" (c'est un Nirmanakaya, l'émanation compatissante de la nature de Bouddha).

Donc, en clair, pour le Zen, il n'y a pas de souillures à nettoyer qui tiennent (ce qui ne signifie pas qu'on doive se comporter d'une manière anarchique) car la seule pratique qui soit correcte est de voir dans sa vraie nature (ou réaliser sa vraie nature = état naturel). Mais, bien que cette vue dans sa vraie nature est - en fait - la réalisation de l'état de Nirvana, le maintien dans l'état naturel nécessite une certaine maturité (ce qui s'exprime par les passages des "quatre portes du Connaître"). Ces passages ne consistant pas à nettoyer le miroir mais à se maintenir dans l'état naturel de façon définitive. Pour donner un exemple imagé : si on est à l'abri de la pluie dans sa maison (sens du refuge dans le Zen), il n'est pas nécessaire d'ouvrir un parapluie ; il faut juste veiller à ne pas quitter le refuge (sinon, évidemment, on se mouille). Mais, toujours dans la même métaphore, le passage de la porte du Nirvana consiste à aller se mouiller (pour aider les êtres sensibles à se réaliser) quand même car un vrai bodhisattva ne craint pas la pluie (il est son propre refuge).
Florent

Flocon a écrit :Je ne sais pas trop...
Est-ce qu'il ne faut pas, pour atteindre le Nirvana, développer les qualités positives d'un éveillé? Et je ne suis pas certaine que l'extinction des "souillures" soit suffisante pour cela. Par exemple, la disparition de l'illusion n'est pas exactement la même chose que l'apparition de la sagesse. La disparition des vues fausses n'entraîne pas automatiquement le développement des vues justes... Etc.
Ou peut-être que si? Si l'on suppose que ces qualités sont naturellement présentes en chacun, et que seules les souillures les empêchent de se manifester. Mais alors comme le dit Ted, il faut vraiment détruire la racine même de ces états nuisibles.

Il y a peut-être une différence de formulation entre Theravada et Mahayana, le premier insistant plus sur une formulation négative et le second sur une formulation positive des choses. :?:
Est-ce qu'il ne faut pas, pour atteindre le Nirvana, développer les qualités positives d'un éveillé?

la qualité primordiale d'un bouddha c'est la vacuité, donc une absence de qualité. En conséquence si les souillures sont éteintes, la vacuité peut apparaître, il ne s'agit pas de les remplacer par leur contraire, le nibbana est entre avidité et non avidité, la voie du milieu en somme.

Quand les illusions disparaissent, et toute illusions est une souillure, alors nibbana apparaît, la sagesse c'est la non apparition de la sagesse, la sagesse est vacuité.

Quand les vues fausses disparaissent, c'est la vacuité qui apparaît, le nibbana, la vue juste c'est la vacuité, le nibbana qui est par définition non apparition d'une vue.
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