Pourquoi on s'embête avec le karma ?

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ted

Récemment, quelqu'un m'a dit en face à peu près ceci :

"Si les résultats du karma ne concernent que la vie suivante,
et si dans cette vie suivante on est quelqu'un d'autre et qu'on a tout oublié de qui on était avant,
qu'est ce qu'on s'embête à surveiller nos actions ?
On n'est pas concerné, c'est l'autre qui sera concerné."

Je lui réponds quoi ? :shock:
(à part : va dans ta chambre !) :mrgreen:
Lupka

ted a écrit :
dans cette vie suivante on est quelqu'un d'autre [...] On n'est pas concerné, c'est l'autrequi sera concerné."

Tu réponds rien (CQFD)

jap_8
Dernière modification par Lupka le 05 avril 2012, 11:17, modifié 7 fois.
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Longchen
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Les résultats du karma ne concernent pas nécessairement la vie suivante, un karma peut mûrir dans cette vie même !
<<metta>>
L’instant présent 🙏
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Flocon
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Ah oui, bonne question.
Euh, c'est peut-être le moment d'expliquer à ton interlocuteur que dans la vie, qu'on soit bouddhiste ou non, on n'agit pas uniquement pour soi-même mais aussi pour les autres? Y compris ceux qu'on sera plus tard, si l'on croit aux vies multiples... Mais même sans y croire, ça marche quand même. :lol:
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Florent

je rajouterais à la suite de longchen que la majeur partie de nos actions ont un résultat dans cette vie même.

Exemple : Si je mens à une personne il est probable qu'un jour ou l'autre la personne s'en rendent compte et qu'elles finissent par avoir des doutes sur ce que je lui raconte et qu'a terme elles ne me fasse plus confiance.
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Flocon
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Ah oui, je pense à autre chose que tu pourrais lui dire : au point de vue bouddhiste, on n'"oublie" pas tout, du moins, pas vraiment. C'est le thème des "empreinte karmiques" : il n'y a plus de souvenirs conscients d'une vie à l'autre, mais il reste des traces des actes passés, des conditionnements, qui continuent à avoir des conséquences dans les vies futures.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
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Kong Tseu
antodume

Le karma, c'est être héritier de ses propres actes et non des actes de quelqu'un d'autre. C'est à dire, en clair, que ce que nous prenons pour l'autre n'est autre que nous-mêmes. Tout le temps que nous ne réalisons pas notre vraie nature, nous faisons l'expérience, dans ce corps-ci ou dans un autre, du samsara. Le Mahayana a bien compris que la place que nous occupons, ici et maintenant, est celle de l'ignorance de notre vraie nature. En clair, nous pourrions alterner. Si je suis Ted, Ted, dit qu'il est Ted. Et si je suis Antodume, Antodume dit qu'il est Antodume. Changeons Antodume par Ted et ça ne change rien. De fait, nous ne pouvons pas nous libérer totalement tant qu'il existe un seul être vivant qui n'a pas réalisé sa vraie nature. C'est toute la différence entre le point de vue Mahayaniste et le point de vue Hinayaniste. L'action du Bodhisattva n'est donc pas la dernière illusion à surmonter mais bien la seule action vraiment libératrice. Si on ne comprend pas que nous sommes les héritiers de nos actes, nous continuons à créer du karma et donc à renaître.
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Flocon
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Evidemment : mais j'ai l'impression que Ted cherche une réponse à une question de son fils, donc je me demande si dit comme ça, ce ne sera pas un peu difficile à faire comprendre. :?:
Bon, ce n'est pas une critique mais une remarque. Le Zen est accessible à tout âge. Comme disait Joshû, il n'y a pas d'âge pour l'éveil! :lol:
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
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Kong Tseu
Jean

Il a donc le karma que l'on sème dans cette vie et que l'on récolte dans cette vie.

C'est facile à comprendre, cela donne même lieu à des proverbes populaires : le vent/la tempête, l'oeuf/le boeuf.

C'est vrai que l'on peut voir le karma qui éclot dans l'autre vie comme étant la souffrance pour un autre. Donc il s'agit d'éviter qu'un autre souffre...tant qu'à faire.

J'ai été témoin d'un étrange karma qui, il me semble, vient de vie précédente.

Un homme se marie, il a trois enfants. Sa femme meurt d'une dégénérescence du système nerveux. C'est une maladie héréditaire. Les 3 autres enfants sont morts quelques années plus tard.

Il se remarie. Sa nouvelle femme meurt d'un cancer.

Il se remarie, sa troisième femme se fait soigner actuellement d'un cancer...

Je ne parle pas des souffrances de ceux qui sont morts ou ou de la personne qui souffre de la maladie, ni de la souffrance de l'entourage. Je me demande comment cet homme arrive à tenir psychologiquement. La perte d'une épouse, c'est horrible. mais la perte de trois enfants... C'est en plus une personne pour qui la famille est quelque chose de très important.

Son karma n'est pas lié directement à l'action de se marier. Et cette personne n'est pas plus négative, positive dans sa mentalité ou son comportement que bien d'autres personnes.
antodume

Flocon a écrit :Evidemment : mais j'ai l'impression que Ted cherche une réponse à une question de son fils, donc je me demande si dit comme ça, ce ne sera pas un peu difficile à faire comprendre. :?:
Je n'avais pas compris que Ted cherchait une réponse à une question de son fils mais de "quelqu'un" :?: Mais peu importe. Si son fils n'est pas trop jeune et qu'il aime les maths, on peut lui expliquer que, dans le Bouddhisme, le raisonnement ne se fait pas en mode binaire mais selon une logique tétravalente (voir le tétralemme de Nagarjuna). On lui dit soit X un individu et soit -X un individu différent de X et alors, selon la logique tétravalente :

1) et 2) X ≠ -X => 2 X ≠ 0 <=> X ≠ 0. Ce qui signifie que X n'est pas vide. Il s'agit là d'un résultat issu des deux premiers lemmes de Nagarjuna.
3) X = -X => X + X = 0 => 2 X = 0 <=> X = 0. Ce qui signifie que si X n'est pas différent de -X, alors X = 0, c'est à dire X est vide (attention, vacuité dualiste :!: ). Il s'agit du résultat du 3ème lemme de Nagarjuna
4) -(X = -X) => -X = X <=> 2 X = 0. On retombe sur le même résultat logique : vrai si X = 0. Il s'agit du résultat du 4ème lemme de Nagarjuna

Pour comprendre qu'on puisse être l'héritier de ses propres actes, il faut en déduire que c'est vrais si et seulement si (<=>) X = 0, c'est à dire si et seulement si (<=>) l'individu est vide. Or, l'individu est vide (d'après les deux derniers lemmes) et, (d'après les deux premiers lemmes), non vide. C'est à dire X = 0 et X ≠ 0. Cela signifie donc que l'individu est l'héritier de ses propres actes (en vertu des 3ème et 4ème lemme) même s'il ne les subit pas directement, individuellement (en vertu des 1er et 2ème lemmes).
Dernière modification par antodume le 05 avril 2012, 14:14, modifié 1 fois.
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