Forum Bouddhiste Dhamma

Les systèmes Anuttarayoga Tantra de Kalachakra et Guhyasamaja, considérés en général, ont un moyen d'expliquer comment l'esprit de claire lumière émerge, qui diffère quelque peu par rapport à celui que l'ont trouve dans le Dzogchèn. L'un des enseignants de Akou Shérab Gyatso, Gyelrong Tsulthrim Nyima, dans Une dernière lettre testament lancée dans le vent, un commentaire du texte du Mahamudra du 1er Panchen Lama, a fait la distinction entre nos types d'esprit primordial: grossier et subtil. Quand nous considérons que nos niveaux d'esprit grossiers sont fuyants [fleeting], il ne nous est pas possible de les désigner comme primordiaux. En général, "primordial" renvoie à quelque chose qui n'a jamais été et ne peut jamais être transitoirement contaminé par des causes et des circonstances. Normalement, nous faisons référence à l'esprit primordial comme étant une conscience de claire lumière qui émerge après que les plus inconscientes et subtiles expériences d'apparence, de solidification, et d'imminence ont cessé. Par conséquent, le mot "grossier" dans l'expression "esprit primordial grossier" ne peut pas s'appliquer aux niveaux temporaires de conscience tels que la claire lumière quand elle est co-émergente à ces trois apparences les plus subtiles, puisque 'primordial' et cette acception de 'grossier' sont mutuellement exclusifs.

Gyelrong Tsulthrim Nyima a expliqué les types d'esprit primordial grossier et subtil dans le contexte du système Mahamudra. Selon cette présentation, la caractéristique unique du Mahamudra est son emploi d'une compréhension décisive de la nature vide de l'esprit primordial grossier comme une aide spéciale et non-commune pour manifester l'esprit primordial subtil. Cela donne beaucoup à réfléchir concernant la présentation que fait le 1er Panchen Lama de la technique Mahamudra consistant à reconnaître d'abord la nature conventionnelle de l'esprit primordial de claire lumière en tant que sa simple clarté et cognition [awareness] - qui est sans aucun doute l'esprit primordial grossier - et en venir ensuite à reconnaître la nature la plus subtile de l'esprit de claire lumière - sa vacuité d'existence intrinsèque. Par exemple, voir que la conventionnelle nature de clarté et cognition s'applique à tous les types de conscience, comme la nature de l'eau demeurant la même dans des contenants aussi bien purs que boueux, nous aide à voir que la vacuité, en tant que nature la plus subtile, est aussi présente dans tous les types de conscience. Ceci nous donne aussi à penser à la différenciation effectuée dans le Dzogchèn entre la conscience pure rayonnante * et la conscience pure de base **, ainsi qu'à la technique consistant à reconnaître la première afin de reconnaître la seconde.
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* tib. rigpé tsel (n. d. t.)
** shi'i rigpa (idem).

Sa Sainteté le Dalaï Lama, The Gelug/Kagyü Tradition of Mahamudra (Snow Lion, pp. 226 - 227).

Intéressant ce texte brother Dharmadhatu, par conte ce qui est bizarre c'est que d'un côté je n'y comprends rien et en même temps j'ai ressentie une compréhension profonde de ce qui est écrit, étrange sentiment de comprendre et de ne pas comprendre simultanément
avec metta
gigi

Coucou sister, cet enseignement répond à de très nombreuses questions qu'on se pose sur les différents types de reconnaissance des différents niveaux de l'esprit.

On finit par se rendre compte qu'en fait reconnaître la nature conventionnelle de l'esprit, ou l'esprit primordial grossier, semble plutôt accessible.

Amitié

Dharmadhatu dit:

On finit par se rendre compte qu'en fait reconnaître la nature conventionnelle de l'esprit, ou l'esprit primordial grossier, semble plutôt accessible.

gigi dit:
Oui c'est un fait, mais ces cette phrase qui confusionne mon esprit grossier

Par conséquent, le mot "grossier" dans l'expression "esprit primordial grossier" ne peut pas s'appliquer aux niveaux temporaires de conscience tels que la claire lumière quand elle est co-émergente à ces trois apparences les plus subtiles, puisque 'primordial' et cette acception de 'grossier' sont mutuellement exclusifs.

avec metta
gigi

Cette phrase fait référence à l'exposé tantrique des trois apparences subtiles advenant lorsque nous sommes sur le point de mourir, avec les 80 conceptions subtiles qui s'estompent (33 relevant de l'aversion, 40 relevant de l'attachement et 7 relevant de l'ignorance) pour laisser finalement place à la conscience la plus subtile, l'esprit subtil de claire lumière. Si nous reconnaissons cette claire lumière du moment de la mort, nous ne renaissons plus et nous nous éveillons définitivement. Sinon, les apparences adviennent dans l'ordre inverse et nous renaissons ensuite dans l'antarabhava (tib. bar-do) et finalement dans l'un des 6 types de renaissance karmique.

Les pratiques des Anuttara-yoga Tantras permettent de faire émerger cette même claire lumière et d'en reconnaître la nature.

Amitié

Dharmadhatu dit:

Si nous reconnaissons cette claire lumière du moment de la mort, nous ne renaissons plus et nous nous éveillons définitivement. Sinon, les apparences adviennent dans l'ordre inverse et nous renaissons ensuite dans l'antarabhava (tib. bar-do) et finalement dans l'un des 6 types de renaissance karmique.

Les pratiques des Anuttara-yoga Tantras permettent de faire émerger cette même claire lumière et d'en reconnaître la nature.

gigi dit:
Ah! d'accord, je comprend mieux là, mais cette claire lumière, n'est-elle pas identifiable de notre vivant ?
avec metta
gigi

Oui, grâce aux Anuttara-yoga Tantras, au Mahamudra ou au Dzogchen.

Il est moins difficile de reconnaître la claire lumière "fille", celle qui nous permettra de reconnaître ultimement la claire lumière "mère", qui est beaucoup plus subtile et qui, sinon, ne se manifeste qu'au moment de la mort.

Amitié

Aaah synchronicité, quand tu nous tiens!

La dernière citation de TWR parue sur Face Book

Q: Is the light of awareness experienced as visible light? Or is this just an expression for the experience of awareness?

A: [In the dzogchen teachings,] when we speak of the light of awareness, we are talking about something that illuminates darkness, that gives life to low or dead energy. When people have experiences of this light, it’s a sense of awareness, knowingness, alertness, wakefulness. These are qualities that do give light: We see life as more vibrant. So it’s not like torchlight, but more a sense of vibrancy.

— Tenzin Wangyal Rinpoche, answering a question in a Tricycle Magazine book-club discussion group.

Traduction :

La lumière de la pleine conscience - Tenzin Wangyal Rinpoché

Q: Est-ce que la lumière de la pleine conscience est expérimentée comme la lumière visible ? Ou est-ce juste une expression pour l’expérience de la pleine conscience ?

R: [Dans les enseignements Dzogchen,] lorsque nous parlons de la lumière de la pleine conscience, nous parlons de quelque chose qui illumine l’obscurité, qui donne de la vie à une énergie basse ou éteinte. Lorsque les gens ont des expériences de cette lumière, c’est une sensation de pleine conscience, de connaissance, de vigilance, d’éveil. Ce sont là des qualités qui amènent de la lumière : Nous voyons la vie comme quelque chose de plus vibrant. Aussi ce n’est pas comme un éclairage créé par des lampes de poche, mais plutôt la sensation de la vibration de la vie.

-Tenzin Wangyal Rinpoché, répondant à une question dans un groupe de discussion du club du livre de « Tricyle Magazine ».

Déjà expérimenter cela, c'est pas mal et à force de fréquenter la gamine, on rencontrera la daronne!

peurporte

PS Pour percevoir et demeurer dans cette sensation de vibration.

Dans l'Anatura Yoga, il y a toutes ces méditations sur les nadis, les chakras, les pranas et le bindou du coeur. mais il y a aussi les méditations sur le mantra au coeur comme celles décrites par Lama Yéshé dans le "Devenir le Bouddha de la compassion"

Le mantra amène trés vite à la sensation de vibration, ensuite c'est une affaire de demeurer dans la sensation et là encore le mantra est d'une grande aide.

le mantra est un outil formidable car il peut être pratiqué sur et hors coussin de méditation. Et hors coussin de méditation, il peut ramener vers cette expérience de vibration, d'énergie que l'on expérimente sur le coussin

La vibration sonore si l'on récite le mantra à voie haute ou la vibration de la pensée germinale qui est le mantra si on le récite silencieusement est l'autoroute qui conduit à la sensation de la vibration de la vie en soi.

Cette vibration de la vie n'est pas créée par le mantra, elle est toujours là présente (derrière les nuages)

Les caractéristiques de cette vibration sont la lumière, la chaleur (dans le sens de cœur chaleureux) et la joie qui sont aussi toujours là. le mantra aide juste à se mettre sur la même longueur d'onde.

Les nuages sont une image limitée. On pourrait croire que le nuage est d'une nature différente du soleil et de son rayonnement. En fait les nuages sont cette vibration/rayonnement de la vie distordue par l'ego et qui est l'ego. Le rayonnement du mantra la remets droite.

Et comme toujours, Tong len peut aider. le soleil est toujours là qui brille, on inspire le nuage dans le soleil, on expire le rayonnement du soleil/mantra dans le nuage qui peu à peu disparait.

Et en prime, à force de réciter le mantra, on devient le mantra, on est donc la parole de déité et si on est la parole de la déité, on est la déité.

Si on examine le mantra, il est complétement insubstantiel, comme un arc-en-ciel sonore. Les deux accumulations sont alors réalisées (de réalité et de vacuité).Il est possible ainsi, aussi de prendre conscience que la racine de la parole, du mantra qui est la parole à son stade germinale, c'est le silence et de demeurer là. C'est la deuxième partie de la méditation.

Suivant les enseignement Dzogchen des Trois Portes de TWR, il convient de cultiver, le calme, le silence, l'esprit ouvert et spacieux. mais cela peut aussi être expérimenté, cultivé par la pratique du mantra qui va induire au calme, dont l'essence est le silence et dont rayonnement conduit à l'expérience de l'esprit spacieux.

Et comme toujours une approche n'empêche pas l'autre. Elles se complètent et se renforcent l'une et l'autre. C'est une affaire, pour les deux approches, par la pratique quotidienne, de se familiariser avec ces états de conscience dont le plus subtil, le plus "transparent" est notre véritable nature qui est toujours là, brillante derrière les nuages.

Jean a écrit :Déjà expérimenter cela, c'est pas mal et à force de fréquenter la gamine, on rencontrera la daronne!

Excellent ! J'adore ! Comme le reste de tes interventions d'ailleurs. Ca respire l'expérience au quotidien.

Amitié