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Contextes historiques de la pensée de Tsongkhapa

Publié : 21 février 2012, 15:34
par Dharmadhatu
Les contextes historiques de la pensée de Tsongkhapa

Tsongkhapa est sans doute mieux connu par beaucoup comme le grand réformateur du Bouddhisme dans le Tibet du XIVème siècle. L’impact de sa réforme a atteint de nombreux domaines du savoir intellectuel tibétain et de la pratique religieuse, tout en redéfinissant la place des institutions religieuses au sein de la société. Par exemple, la revitalisation monastique opérée par Tsongkhapa au Tibet a laissé une trace durable sur la vie éducative, sociale, et politique du pays, dont les conséquences se font encore sentir à ce jour. Dans le domaine philosophique, les impétueux arguments de Tsongkhapa selon lesquels le raisonnement critique se doit d’être un élément essentiel du chemin vers l’Ẻveil, sa nouvelle interprétation de la philosophie Prāsaṅgika-Madhyamaka, et l’union qu’il fait de l’épistémologie de Dharmakīrti et de la philosophie de la vacuité de Nāgārjuna telle qu’elle est lue par Chandrakīrti, ont tous contribué à l’émergence d’un courant de pensée philosophique éminemment influent au Tibet. Enfin, sa lecture systématique mādhyamika des enseignements de l’Anuttarayogatantra du Bouddhisme vajrayaniste a engendré une nouvelle façon de comprendre, aussi bien au niveau théorique que pratique, la convergence entre le Vajrayāna et nombre d’éléments clés du courant principal Mahāyāna du Bouddhisme.

Laissant de côté la question de leur effet ultime sur le Bouddhisme tibétain en son entier, les contributions de Tsongkhapa doivent être reconnues comme ayant grandement enrichi la tradition scholastique du Tibet, ainsi que sa vie religieuse. Toujours est-il que, d’après moi, Tsongkhapa ne peut pas être dépeint comme un genre de révolutionnaire. Il n’aspira ni ne fit en sorte d’établir quelque école révolutionnaire du Bouddhisme. « Revitalisation » plutôt que « révolution » peut être plus proche de la propre description qu’il fait de son entreprise. Ceci est, en un sens, comparable à l’estimation personnelle de Tsongkhapa quant au rôle joué par Nāgārjuna et Asanga dans le monde du Bouddhisme mahayaniste indien. Il les appelle tous les deux shingté seuljé chenpo (shing rta’i srol ‘byed chen po), signifiant littéralement « les grands initiateurs des voies ». Ils sont ainsi nommés car, selon la vision de Tsongkhapa, Nāgārjuna et Asaṅga, en fondant respectivement les écoles Madhyamaka et Chittamātra, ont élargi la « grande » voie du Mahāyāna. Tsongkhapa les voit comme les grands restaurateurs de la tradition bouddhiste mahayaniste.

Bien sûr, une bonne part de l’accomplissement de Tsongkhapa peut être attribuée à son époque et les circonstances de l’Histoire. Avec la venue d’Atīśa au Tibet durant le XIème siècle, la seconde dissémination du Bouddhisme dans ce pays y avait fermement rétabli la prédominance de l’école philosophique Madhyamaka de Nāgārjuna. Ensuite, avec la traduction effectuée au XIème siècle par Patsap Nyima Drak (né en 1045) du Prasannapadā et du Madhyamakāvatāra de Chandrakīrti, la littérature philosophique de l’école Prāsaṅgika-Madhyamaka devint plus accessible au Tibet. Jusqu’alors, l’école dominante de la philosophie mādhyamika au Tibet avait été celle de Śantarakṣita (env. 740 – 810): le Madhyamaka Svātantrika-Yogāchāra. De plus, avec la traduction des œuvres sur la logique et l’épistémologie de Dharmakīrti faite au XIème siècle et aussi avec la composition des premiers manuels indigènes sur la logique effectuée par Chapa Cheukyi Senggé (1109 – 69) et Sakya Paṇḍita (1182 – 1251), l’étude de la logique et de l’épistémologie bouddhistes était devenue bien établie au sein du corpus éducatif des grands centres d’étude monastiques. Nous savons qu’au temps de Tsongkhapa, les monastères de Sangp’ou et Sakya ont émergé comme les deux plus importants centres d’études philosophiques du Tibet Central. Ainsi, Tsongkhapa a dû hériter d’une bonne part de son intérêt pour la scholastique bouddhiste de sa période passée dans ces hauts lieux du savoir. La plus importante part de cet héritage fut sans doute la standardisation du premier Canon bouddhique tibétain : le Kangyour (traductions des écritures attribuées au Bouddha) et le Tengyour (traductions de la littérature commentariale indienne). Ce Canon normalisé assuma sa forme finale grâce à l’œuvre du grand encyclopédiste tibétain Bouteun Rinchen Droup (1290 – 1364) au milieu du XIVème siècle.

Sans doute que, pour Tsongkhapa, l’événement le plus important, qui eut un profond impact sur le climat intellectuel de l’ancien Tibet, fut le débat (ou les débats) initié(s) par un roi à Samyé vers la fin du VIIIème siècle. Les deux protagonistes du débat furent l’école subitiste (gcig bcar ba) de l’enseignant ch’an Hva-shang Mohoyen et l’école gradualiste (rim gyis pa) du Bouddhisme mahayaniste indien, représentée par Kamalaśīla (env. 760 – 815). Les sources tibétaines décrivent la dispute comme étant centrée sur la question de savoir si l’Ẻveil est atteint grâce à un processus prolongé de réflexion et de pratique ou bien sous forme d’une expérience instantanée. Le point crucial mis en cause était le rôle de l’analyse discursive sur la voie de l’Ẻveil. Le subitiste rejeta ce fait, tandis que le gradualiste insista sur son indispensable nécessité. D’où mon choix des deux termes caractérisant ici ces deux vues. Le débat représenta une rivalité, pour la domination au Tibet, entre deux formes distinctes de Bouddhisme. L’une des deux traditions était une version non scholastique et à tendance quelque peu béate du Bouddhisme Ch’an chinois ; l’autre était le Bouddhisme scholastiquement bien développé et monastiquement organisé de l’Inde. Selon l’ancienne littérature tibétaine traitant de la poursuite du débat, l’école indienne, représentée par Kamalaśīla et ses partisans tibétains, fut déclarée victorieuse. En conséquence, le souverain tibétain de l’époque, Trisong Détsen (730 – 845 ?), fit un décret royal, selon lequel, depuis ce jour,

le peuple du Tibet devra maintenir la philosophie de Nāgārjuna. Il devra aussi s’engager dans la conduite quotidienne des six perfections et des dix actes vertueux. Au regard de la tradition méditative, il devra entraîner son esprit dans le développe-ment des trois sagesses et être fermement ancré dans la parfaite unité de la pacification mentale et de la vision supérieure, l’union des moyens habiles et de la sagesse.

Etant donné ces antécédents historiques, quand le XIVème siècle tira à sa fin, le temps fut pro-pice à la venue d’un grand réformateur à la vision synthétique. Sans ces conditions historiques, les contributions de Tsongkhapa auraient eu un impact et une importance bien moindres.


Self, Reason and Reality (Thupten Jinpa; éd. Rootledge & Curzon).
FleurDeLotus

Re: Contextes historiques de la pensée de Tsongkhapa

Publié : 22 février 2012, 20:23
par Iskander
J'ai entendu que les moines tibétains suivent un long et intense entraînement au débat. Est-ce que tu connais les détails de cette pratique, et de comment elle s'insère dans la formation et vie active des moines?

Pourquoi doivent-ils débattre autant. Quel est le besoin servi par cette formation?

Accessoirement, je me demande si les minutes de ce débat subitistes-gradualiste ont été préservées?

Re: Contextes historiques de la pensée de Tsongkhapa

Publié : 23 février 2012, 12:54
par Dharmadhatu
jap_8 Le débat, dans la tradition indo-tibétaine est maintenant effectué par les laïcs aussi, dans certaines écoles de réfugiés en Inde comme à Mussorie.

De même que le Bouddha a dit au moins deux fois qu'il était bon de remettre en question son enseignement, les épistémologues bouddhistes (indiens et tibétains) ont raffiné cet art au plus haut point. Au début, c'était pour préserver les enseignements bouddhistes car lorsqu'un hindou et un bouddhiste débattaient, le perdant devait embrasser la voie de son adversaire.

Le rôle de la dialectique est triple:

(tib.) shen loug gagpa: réfuter les vues adverses,
rang loug shagpa: établir notre vue,
tseupa pongwa: écarter les objections (à cette vue).

Aujourd'hui toutes les écoles tibétaines principales emploient le débat comme moyen didactique afin de s'assurer que les enseignements ne sont pas avalés tout crus et qu'ils sont au contraire établis au moyen d'une cognition valide (la compréhension juste du Noble Octuple Sentier).

Chaleureusement FleurDeLotus

Re: Contextes historiques de la pensée de Tsongkhapa

Publié : 23 février 2012, 22:08
par Iskander
Dharmadhatu a écrit :Aujourd'hui toutes les écoles tibétaines principales emploient le débat comme moyen didactique afin de s'assurer que les enseignements ne sont pas avalés tout crus et qu'ils sont au contraire établis au moyen d'une cognition valide (la compréhension juste du Noble Octuple Sentier).
Cela correspond beaucoup à ce qui peut se faire dans un forum, où l'on peut jouer avec les concepts pour mieux les comprendre.

Re: Contextes historiques de la pensée de Tsongkhapa

Publié : 24 février 2012, 09:28
par Dharmadhatu
Iskander a écrit :
Dharmadhatu a écrit :Aujourd'hui toutes les écoles tibétaines principales emploient le débat comme moyen didactique afin de s'assurer que les enseignements ne sont pas avalés tout crus et qu'ils sont au contraire établis au moyen d'une cognition valide (la compréhension juste du Noble Octuple Sentier).
Cela correspond beaucoup à ce qui peut se faire dans un forum, où l'on peut jouer avec les concepts pour mieux les comprendre.
jap_8 jap_8 jap_8 Tout à fait cher Iskander, c'est pourquoi les débats sur les forums ont un grand intérêt didactique, lorsqu'ils ne virent pas au vinaigre comme le font souvent les débats politiques qui usent plus volontiers de critiques ad hominem que d'arguments fondés.

Bien sûr, le débat suppose que les parties en présence s'acquittent d'un droit: celui de la convention qui accepte la validité des lois logiques.

Chaleureusement FleurDeLotus

Re: Contextes historiques de la pensée de Tsongkhapa

Publié : 24 février 2012, 11:15
par Dharmadhatu
jap_8 Voici ce que dit Sermey Khensur Lobsang Thartchin Rinpoché sur l'importance du débat:


De la même manière, vous aussi, vous devriez utiliser le matériel présenté ici comme un moyen d’avancer dans votre pratique, appliquant la logique à votre propre esprit. C’est de loin la technique la plus importante pour étudier. Le point crucial est que vous devez apprendre à tout appliquer en logique pour votre propre condition, pour votre propre situation. Par exemple, quand nous faisons l’assertion : dra tcheutchèn, mitak té, djépa yin pé tchir, considérons le son, il est impermanent, car il est produit; ceci est ta’ yangdak, une raison parfaite. Une telle assertion peut être soit rangdeun kab kyi ta’ yangdak, une raison parfaite d’une preuve pour soi-même, soit shèndeun kab kyi ta’ yangdak, une raison parfaite d’une preuve pour autrui. Cette dernière sorte de preuve est utilisée dans le but d’enseigner aux autres, particulièrement en débat. Pour rangdeun kab kyi ta’ yangdak, une raison parfaite d’une preuve pour soi-même, vous n’avez besoin d’aucun opposant en débat; l’adversaire c’est vous-même, votre propre esprit. Vous êtes celui/celle à qui vous adressez des déclarations logiques. C’est ainsi qu’on use de la dialectique pour son propre bienfait en tant que pratiquant. En apparence, vous êtes en train d’utiliser dra, le son, comme sujet de débat. Quoi qu’il en soit, vous devriez penser à vous-mêmes comme tcheutchèn, sujet du débat. Que tentez-vous de prouver concernant dra, le son ? « Je tente de prouver que le son est impermanent. » Comment ? « En effectuant l’assertion logique, dra tcheutchèn, mitak té, djépa yin pé tchir, considère le son, il est impermanent, car il est produit. » Quand, dans cette assertion, vous utilisez djépa (produit), comme raison, vous pouvez utiliser les deux : mitakpa (impermanent), et kétchikma (momentané), comme droupdjé tcheu, qualité à prouver. Qu’est-ce que kétchikma (momentané) ? « C’est mitakpé tsényi: la définition de l’impermanence. » L’impermanence est une qualité qui se réfère à un phénomène ne pouvant demeurer le même pour plus d’un moment. « Comment cela se fait-il ? » Cela ne peut demeurer pour plus d’un moment car cela s’altère à chaque instant qui passe.

Maintenant, cette nature de mitakpa, d’impermanence, s’applique-t-elle seulement au son ou s’applique-t-elle aussi bien à vous ? Avez-vous pensé à ça ? Avez-vous gagné une réalisation de cette nature ? Vous devez penser : « Je suis mitakpa, impermanent, car je suis djépa, produit. Je devrais appliquer cette logique de cette manière quand je me concentre sur la nature de mon propre esprit, de mes propres agrégats, de ma propre vie. Ils sont tous impermanents car ils sont produits. Pourquoi ? Gyou kyèn kyi kyépé na djépa, Si quelque chose naît de causes et de conditions, c’est un produit. Gyou signifie causes principales ; kyèn signifie causes secondaires. Quand elles sont advenues ensemble, elles ont donné mes agrégats. C’est pour cette raison que je suis impermanent. » Nous pouvons utiliser la loi logique de subsomption positive, djépa yin na mitakpa yin pé khyap, tout ce qui est produit doit être impermanent ou changeant ; et la contre-subsomption, tak na madjépé khyap, tout ce qui est permanent est non produit. Cela veut dire que si c’est une entité permanente, gyou kyèn kyi madjépa, elle ne peut avoir été produite par aucune cause ni aucune condition.

Avec cette connaissance, nous pouvons en venir à réaliser que notre vie aussi change d’un moment à l’autre et ne peut demeurer pour plus d’un instant. Devenons-nous plus jeunes ou plus vieux ? Bien sûr, nous vieillissons. Quelqu’un peut-il arrêter ce processus ? Non, personne ne le peut puisque notre nature même est mitakpa, impermanente. Comme nous devenons de plus en plus vieux, sans l’ombre d’un doute, nous atteindrons éventuellement notre destination finale. Quand nous l’atteindrons, qu’adviendra-t-il de nous ? Que pourrons-nous faire ? Ce moment venu, la seule chose qui pourra nous aider est notre connaissance du Dharma. Rien d’autre ne pourra nous être du moindre secours. C’est le but précis pour lequel est enseigné dra’i mitakpa, l’impermanence du son.

Le pratiquant doit appliquer cette connaissance à son propre cas, pour se prouver à lui-même qu’il est changeant à chaque seconde qui passe, que sa vie est kétchikma, momentanée, et que ce processus ne peut être stoppé. C’est précisément où la connaissance dharmique de chacun commence; c’est le point de départ du Dharma. Le pratiquant qui gagne la réalisation de sa nature comme mitakpa, impermanente, avec cognition valide, va bien sûr renoncer à agir stupidement, et va s’efforcer d’accomplir quelque chose de bénéfique pour son futur. La seule façon d’apporter des bienfaits à son propre avenir est de pratiquer le Dharma.

C’est pourquoi vous devriez apprendre ce système correctement. Si vous le faites, vous aurez acquis une forme de connaissance appelée djépak tséma (1), cognition valide inférentielle, concernant votre nature impermanente. Une fois que vous réalisez ceci par votre cognition valide inférentielle, votre connaissance devient infaillible. Si vous réalisez de manière infaillible au travers d’une cognition valide inférentielle que vous êtes impermanents et que vous possédez cette nature, c’est la clé de voûte de l’étude, de la pratique, de la méditation, et de l’achèvement du but ultime. Si vous n’avez pas cette forme spécifique de connaissance, quelle que soit la connaissance du Dharma que vous possédiez, elle va simplement se dissiper. Le point essentiel de la connaissance acquise dans ces débats est de prouver la nature véritable des pratiquant(e)s eux/elles-mêmes en usant de raisons correctes. Une telle connaissance fait de vous de vrais pratiquants, de véritables érudits, de vrais logiciens.

Ce ne sont pas juste des déclarations élaborées par certains dialecticiens pour passer les longues soirées d’hiver (2), elles ont un sens considérable. La logique originale vient du Bouddha. Pour être capables de comprendre ce système, cependant, vous devez apprendre les lois de la dialectique qui peuvent vous guider. Vous devez aussi savoir comment l’argumentaire s’enchaîne, ce à quoi se réfèrent les citations, comment s’imprégner (3) des sujets appropriés et des raisons, de telle sorte que plus tard vous serez capables de les lire par vous-mêmes et de les comprendre. Si vous n’apprenez pas les règles, vous en resterez au même point, sans avancer ; mais si vous le faites, elles agiront comme votre guide, comme un instructeur indiquant la voie.

Un jour, un nomade en pèlerinage arriva dans la cité de Lhassa. Quand il se rendit sur la place du marché, pour une raison ou une autre, il devint complètement perdu. Comme il voyait encore et encore la même Ani (nonne bouddhiste) en train de vendre du pain sur un stand, il pensa pour lui-même : « Humm, c’est très étrange ! Où que j’aille, je continue de voir cette même Ani vendant son pain. » Bien sûr, puisqu’il s’était totalement égaré, il était simplement en train de tourner en rond !
De façon similaire, dans le domaine de la logique, vous pouvez être complètement perdus si vous ne pouvez comprendre les lois logiques, et vous n’avez alors aucun moyen de suivre correctement les débats. Par conséquent, vous devez penser à des explications supplémentaires et à des raisons supplémentaires pour essayer de clarifier les significations pour vous-mêmes, afin de ne pas perdre votre cheminement argumentaire.

Ce système est très probablement très similaire au système des mathématiques que vous avez étudiées à l’école. Non seulement il stimule votre cerveau, mais parfois vous aurez en plus besoin d’un flacon d’aspirine extra-forte ! Si vous apprenez ce système du début à la fin, cela rendra très clair le fait que tout ce que vous lirez d’autre sera relié au Dharma.

Sur les cinq volumes que nous devons étudier au monastère, le sujet le plus difficile est pramana, l’étude de la logique et de la cognition valide. Cependant, tout le monde ne peut pas être expert en dialectique. Dans les trois grands monastères, nous avions six collèges. Tous les ans, chaque collège produisait deux ou trois guéshés lharampa – ce qui donne en tout et pour tout seize ou dix-sept – après vingt-quatre ou vingt-cinq ans d’études. En tout, nous avions cent soixante moines dans notre classe. Sur le nombre, seulement notre grand instructeur Gyèntsa Shakya de Lhassa, mon ami Guéshé Djampel Sèngué (qui vécut plus tard en Italie et y décéda), ainsi que moi-même, étions devenus des guéshés lharampa. Seulement une poignée d’entre nous obtinrent ce diplôme. Donc, comme vous pouvez l’imaginer, ce texte de logique est très utile et aide à produire une autre sorte d’érudits, néanmoins ce n’est pas un sujet facile à apprendre correctement. A cause de ça, j’ai commencé à enseigner seulement à deux personnes qui m’en avaient fait la requête. Plus tard, la classe s’étendit à quatre personnes. Parmi les quatre, une étudiante disparut. Où est-elle partie ? Finalement, le bruit courut que j’enseignais cette matière à un petit groupe et donc les gens commencèrent à me demander quelles étaient les conditions requises pour écouter ces enseignements. Puis la rumeur s’étendit si largement que j’ai finalement ouvert la classe à tous. Pour le premier cours, dimanche dernier, beaucoup de gens sont venus. Mais aujourd’hui, comme vous pouvez le voir, la plupart de ceux qui étaient venus la dernière fois ont disparu… peut-être sont-ils allés sur la terre des grands Maîtres de logique indiens – les Acharyas Dignaga er Dharmakirti. Ou peut-être sont-ils tout simplement dégoûtés.

__________________________________
1 Anumana pramana, en sanskrit (n.d.t.).
2 Le texte anglais dit : « les longues journées d’été », the long summer days (id.).
3 How to fill in (id.).

Pointing the Way to Reasoning (Sermey Khensur Lobsang Thartchin Rinpoché; Mahana Sutra and Tantra Press).

Amitié FleurDeLotus

Re: Contextes historiques de la pensée de Tsongkhapa

Publié : 24 février 2012, 20:20
par Iskander
Je trouve très intéressantes, ses remarques sur le débat réflexif pour le développement personnel, et son parallèle avec les démonstrations que l'on apprend à l'école me paraît légitime.

De plus, il dispose d'une solide dose d'humour, ce qui ne gâche rien ba11

Merci pour la contribution jap_8