Autrement dit, il n'y a pas de perception permettant de dire que la chose existe, ou du moins pas forcément, et en l'occurrence tu fais appel à un exemple où il n'y a pas eu de perception avec reconnaissance par une personne d'une chose déjà connue par elle.Dharmadhatu a écrit :Ce n'est pas parce qu'on n'a pas perçu quelque chose que cette chose n'existe pas. Sinon, impossible pour les êtres ordinaires comme nous d'accepter les facultés des Bodhisattvas, les différents samadhis, jusqu'à l'Eveil lui-même.
Les écrits et les faits sont deux choses différentes.Dharmadhatu a écrit :Je crois, sans vouloir offenser qui que ce soit, qu'il faut être sérieux et s'en tenir aux faits et aussi aux écritures qui, souvent (pas toujours, évidemment), ne sont des élucubrations de quelques moines fanatiques, et simplement avoir une certaine ouverture et se dire que ce qu'on a expérimenté n'est peut-être pas le bout du chemin.
En habituée de la mythologie, je sais combien les textes sont riches d'enseignements, mais aussi combien ils portent en eux d'interprétations possibles qui ne sont pas toujours cohérentes entre elles pour la simple raison qu'au fil du temps les hommes ont changé de façon d'aborder le mythème et l'ont tourner autrement. Pour la simple raison, aussi qu'une personne ayant approfondi de nombreux textes ne lira pas la même chose qu'une personne qui n'en a lu qu'un seul.
Les faits sont moins soumis à interprétation.
Puisque tu parlais d'êtres ordinaires = les faits sont accessibles à tout le monde (du moins peut-on supposer), les textes doivent se lire et s'interpréter longuement, et ne convaincront, en outre, pas ceux qui sont comme Saint Thomas.
Mais sans démonstration d'existence ou d'inexistence, nulle certitude ni dans un sens, ni dans l'autre.Dharmadhatu a écrit :Tout à fait, et c'est seulement si on trouve l'absence de quelque chose que le doute sur son existence n'a plus lieu d'être.Sourire a écrit :Ce n'est pas parce qu'on n'a pas perçu quelque chose que cette chose n'existe pas.
Effectivement...
Mais cela permet de jeter un doute sur son existence.
La Foi transporte les montagnes, mais ça reste de l'ordre de la croyance quand même.Dharmadhatu a écrit :Sinon, impossible pour les êtres ordinaires comme nous d'accepter les facultés des Bodhisattvas, les différents samadhis, jusqu'à l'Eveil lui-même.Pas forcément, ça peut être une cognition inférentielle valide (anumana-pramana).Sourire a écrit :Ca, c'est ce qu'on appelle de la croyance.
Je sors Descartes, cette fois...
Quelle preuve ai-je que le Monde existe et que moi-même j'existe ? A vrai dire, je m'en fiche un peu... Je peux n'être qu'un morceau d'un rêve dans la méga-cervelle de je ne sais qui, j'ai au moins l'impression d'exister et celle de penser. Je m'en contenterai.
De même, la question de savoir s'il existe ou non un état parfait correspondant à ce qu'on a nommé Eveil m'est totalement égal...
Cet état existe peut-être réellement. Si tel est le cas, ça ne me gêne pas.
Il n'est peut-être qu'une illusion. Si tel est le cas, cette illusion apporte un prétexte à faire avancer l'Humanité vers un "mieux" incertain et progressif, mais un mieux quand même. En tous cas, c'est un espoir qu'on peut caresser. Donc, ça ne me gêne pas non plus.
Tu parles toujours de cognition inférentielle valide ?Dharmadhatu a écrit :Ceci n'est valable que si l'inférence n'est pas valide. Elle ne l'est que si elle repose sur une perception directe valide. Sans ça, il s'agit en effet de simple croyance, ce que les épistémologues bouddhistes appellent techniquement une assomption (tib. yi tcheu).Mathématiquement parlant, on peut baser une discussion sur le principe "par hypothèse il existe un état que nous nommerons Eveil" mais ni Platon, ni Rouletabille ne sauront faire en sorte que, mathématiquement parlant, on passe d'une hypothèse acceptée comme une base de départ et non-vérifiée à une démonstration solidement établie. Tout ce qui en découle sera également de l'ordre de la croyance.
http://www.buddhaline.net/annuairedubou ... c8d0806042
Si j'en juge par ce que tu écris dans ce post, il me semble qu'il faudrait considérer les descriptions de l'Eveil comme des bases sûres et certaines.
Or il a été montré plus haut (le zen et la guerre / le sermon de la forêt) que les descriptions de l'état d'Eveil n'étaient pas toutes concordantes. Il me faut donc en conclure que cette validité n'est pas totale.
De même qu'on peut mettre un bouquet de fleurs dans une boite à chaussures ou un fusil dans un étui à violon.
(peux-tu faire attention en citant, s'il te plait, j'ai rétabli les "quote" dans mon post, mais ta façon de faire risque d'amener des quiproquos, à la longue. Merci.)
jules a écrit :Le seau de Yen-t'eou
Trois moines, Siue-feng, K'in-chan et Yen-t'eou, se rencontrèrent dans le jardin du temple. Siue-feng vit un seau et le montra du doigt. K'in-chan dit :
-L'eau est claire, et la lune reflète son image.
-Non, non, fit Siue-feng, ce n'est pas l'eau, ce n'est pas la lune.
Yen-t'eou renversa le seau.