Quelle est votre pratique?

Iskander

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S'il y a bien une chose qui revient inévitablement lorsqu'on discute de bouddhisme, c'est que en parler peut être intéressant (ou pas), mais que in fine c'est la pratique qui compte (non seulement pour son propre développement, mais aussi pour une meilleure compréhension). Je voudrais donc échanger sur les formes de pratique que chacun a essayé dans le passé, pratique encore ou compte pratiquer, tout en profitant du début de la nouvelle année - période propice à une réflexion plus ample sur nos habitudes.

Ceci n'est pas une compétition ou un exercice d'indiscrétion. Vous n'êtes pas obligés de répondre en intégralité, si vous répondez à l'un ou l'autre aspect qui vous intéresse en particulier, c'est déjà très bien en ce qui me concerne.

Plus précisément, je serais curieux de connaître les points suivants:

Quel est votre style de pratique? Méditation de concentration ou vipassana, zazen ou metta, par les actions ou les études/discussions, voyages/rencontres, etc.

Où et quand est ce que cela se passe? Dans la forêt, en communauté dans un centre, chez soi ou dans les rues.

Pour ces questions je serais intéressé de savoir ce qu'il en a été de par le passé, ce qu'il en est maintenant, ou ce que vous prévoyez pour le futur.

Aussi, je serais intéressé de savoir ce que la pratique vous a apporté, qu'est-ce qu'elle vous apporte, et qu'est ce que vous souhaitez/espérez qu'elle vous apporte dans le futur?
Iskander

Pour donner l'exemple et illustrer le fil, je réponds en premier:

Je n'ai pas de passé en termes de bouddhisme, puisque je ne m'y intéresse que depuis quelques mois. Jusqu'à présent, ma pratique a consisté à lire les suttas du canon pali (et maintenant aussi celles du mahayana - soutra du diamant, du coeur et de la pousse de riz), mais aussi des textes de différents auteurs et enseignants contemporains, dont une bonne partie est proposé à la lecture par des participants de ce forum. Je m'informe aussi sur les différents types de pratique et traditions, et échange sur le forum des impressions et compréhension/idées des différents participants sur le bouddhisme.

À partir de cette année je voudrais prendre l'habitude de méditer tous les jours pendant une demi-heure chez moi au saut du lit, et voir où ça me mène. Éventuellement j'aimerais aussi trouver un centre près de chez moi pour pratiquer avec d'autres, et avoir des échanges de vive voix.

À l'origine je me suis intéressé au bouddhisme pour deux raisons: j'aime beaucoup les haiku, et je voulais en composer. Mais je me suis rendu compte que je n'en étais pas capable, car je n'avais pas le style de vie adapté, cad une façon d'être qui me donne une acuité viscérale du ici et maintenant que je perçois dans les haiku que je préfère. Comme je savais que l'origine des haiku est liée au bouddhisme, j'ai commencé à lire sur le sujet. La deuxième raison est que je vis une crise existentielle qui me pousse à questionner fondamentalement mon mode de vie, ce qui me motive d'autant plus à chercher d'autres points de vue qui complémentent ceux que j'ai utilisé jusqu'à présent.

Je peux dire que ces mois d'étude m'ont apporté une bien meilleure compréhension d'une philosophie fondamentale pour tellement de cultures asiatiques. J'ai aussi découvert tout un tas d'outils qui me semblent utiles pour le futur.

Personnellement, ce que j'attends de la pratique est une plus grande conscience de moi, des autres et du présent. J'ai l'impression de passer ma vie comme dans un rêve, interrompu par de brefs réveils brutaux. J'aimerais rester plus longtemps éveillé, et affronter de face mes angoisses existentielles. J'ai l'intuition que la pratique de la méditation et de l'octuple sentier pourraient être des aides dans ce but.
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Flocon
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En ce qui me concerne, la pratique consiste en méditation de type "zazen", quotidiennement, en lecture, également quotidiennement, des sutras et de divers textes s'y rapportant.
Plus l'effort pour respecter l'éthique bouddhiste telle que je la comprends.

J'assiste aussi à des enseignements oraux dans le cadre d'un temple chinois, à Paris et en Chine lorsque je peux m'y rendre. Il m'est arrivé de participer à des retraites de plusieurs jours en Asie.

Ce que la pratique m'apporte... C'est difficile à cerner en quelques mots : je dirais une meilleure compréhension de moi-même et du monde qui m'entoure et un mode de vie qui me convient. C'est un peu vague dit comme ça. :oops:
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Iskander

Flocon a écrit :Ce que la pratique m'apporte... C'est difficile à cerner en quelques mots : je dirais une meilleure compréhension de moi-même et du monde qui m'entoure et un mode de vie qui me convient. C'est un peu vague dit comme ça. :oops:
Je te rassure, en ce qui me concerne c'est amplement suffisant, merci de ta contribution! jap_8

Puisque tu as fait des retraites (style sesshin/jiē xīn?), peux-tu me dire ce que ça t'a apporté de plus que la pratique quotidienne, et la fréquentation régulière du temple?

Ton commentaire sur l'éthique bouddhiste me rappelle que je voulais aussi mentionner mon intention de sérieusement modifier mon style de vie (moyen d'existence, style de vie, etc). Cela était prévu avec ou sans bouddhisme, mais j'essaierai de voir si la pensée bouddhiste peut informer mes décisions sur ce plan.
Florent

alors moi avant de m'engager véritablement dans une pratique j'ai beaucoup lu de sutras et autres textes de maitre divers et j'ai beaucoup réfléchi dessus, ensuite je suis passé par la pratique dans la terre pure, pour finalement me rendre compte que c'était un cul de sac, une impasse (au moins pour moi)...

J'aime beaucoup les enseignements du théravada et depuis un certain temps je me suis orienter vers une forme de pratique qui m'est propre et qui est lié à la forêt, mais quand le temps ne le permet pas (surtout en hiver) je pratique chez moi bien au chaud.

La pratique est plus une façon d'être, et les éventuels bienfaits n'en sont que la résultante. En gros je ne recherche rien.
Iskander

Florent a écrit :La pratique est plus une façon d'être, et les éventuels bienfaits n'en sont que la résultante. En gros je ne recherche rien.
Oui, mais lorsque tu parles de "façon d'être", de "cul-de-sac" ou d'"impasse", cela sous-tend une forme de recherche. Je ne pense pas que tu agisses au hasard. Par exemple, en quoi la pratique "de la forêt" comble mieux ta façon d'être que celle de la terre pure?
Florent

Iskander a écrit :
Florent a écrit :La pratique est plus une façon d'être, et les éventuels bienfaits n'en sont que la résultante. En gros je ne recherche rien.
Oui, mais lorsque tu parles de "façon d'être", de "cul-de-sac" ou d'"impasse", cela sous-tend une forme de recherche. Je ne pense pas que tu agisses au hasard. Par exemple, en quoi la pratique "de la forêt" comble mieux ta façon d'être que celle de la terre pure?
Effectivement il y a au moins au début une forme de recherche, sachant que mes premiers contact avec le bouddhisme date de 1995, depuis beaucoup de chemin parcouru.
J'aurais surement du dire que maintenant je ne recherchais plus rien et qu'au fil du temps beaucoup de choses ont changé.
Ma pratique lié à la forêt me convient mieux parce que c'est en fait là que réside l'enseignement du bouddha, ont a tendance aujourd'hui à oublier que le bouddha connu l'éveil , trouva et pratiqua le Dharma dans la forêt.
c'est une donnée qu'il est essentiel de comprendre. C'est même le coeur de son enseignement.
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Flocon
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Pour ce qui est des retraites : elles m'ont permis d'atteindre un degré de concentration supérieur à celui que j'obtenais de la seule méditation journalière.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
ardjopa

La pratique est propre à chacun, chaque être; En parler de manière précise, presque "technique", peut "éclairer" certains débutants ou ne connaissant pas ce domaine; Cela dit, je crois que cela a peu d'utilité pour celui qui se questionne, car ce n'est pas une chose qu'on acquiert ou connait "à l'exterieur", mais en le mettant en pratique, le réalisant soi-même, et le chercheur doit trouver par lui-même, ce qui lui convient le mieux, et il le trouvera en pratiquant, en essayant, diverses choses; En parler peut même être un obstacle, "pour soi et pour les autres", car quelquesoit la forme de méditation ou pratique spirituelle qu'un "chercheur de vérité" adopte, même si elle à une base ou source "officielle", formelle et orthodoxe (dans des textes ou enseignements), que cela se rapproche du satipatthana, samatha-vipassana, ou du zazen, mantras, visualisations, prières "classiques", ou autres, que cela "se concentre" sur une seule pratique, continue ou intermittente, ou alterne et en conjugue plusieurs à la fois au grès des situations ou choix (dans ce cas, cela peut être à mon sens un danger ou obstacle d'irregularité), bref, quelquesoit le coté "tangible et technique" de la pratique, elle reste à mon sens unique et singulière à chacun, donc pas toujours communicable ni adaptée à un autre;

De plus une pratique est "invisible" aux yeux des autres, (en tous cas, seul celui qui pratique peut en voir l'efficience ou non, car c'est plus de l'ordre de l'intuition, de la sensation, de la clairvoyance interieure, c'est intangible et inexprimable totalement aux autres) de plus elle peut necessaire évoluer, s'affiner, justement en la pratiquant, au fil de temps;
Dans les arts martiaux, on emploi souvent le terme de "shugyo", pour désigner l'entrainement (dans le zen aussi, en kendo, et autres) ; Le shugyo purifie l'esprit-corps, et s'affine lui aussi, il n'y a pas "un shugyo semblable à un autre", car chaque jour, chaque instant est unique; Si tu pratiques toi-même ou observe un combat ou shugyo d'art martial, tu ne verras jamais un entrainement identique à un autre; Ni aucune technique tout à fait semblable à la même pratiquée par un autre; De même que chaque main s'adaptera différemment au même type de sabre, car chaque main est différente, unique; Le sabreur par exemple, ne fera jamais le même coup de sabre, et entre la pratique/maitrise de son premier coup de sabre (de débutant), celui de ses premières maitrises, et le dernier de sa vie, il y a souvent autant de différence qu'entre la brise légère de printemps, et l'ouragan tropical, ou l'inverse ;-)
Iskander

ardjopa a écrit :La pratique est propre à chacun, chaque être
C'est bien pour cela que je demande à ceux qui sont intéressés de décrire la leur, avec ses spécificités, et non pas celle d'une école officielle.
de plus elle peut necessaire évoluer, s'affiner, justement en la pratiquant, au fil de temps
C'est bien pour ça que j'ai pris la peine de demander une éventuelle discussion de l'évolution de cette pratique personnelle.
je crois que cela a peu d'utilité pour celui qui doit trouver par lui-même, ce qui lui convient le mieux, et il le trouvera en pratiquant, en essayant, diverses choses; En parler peut même être un obstacle, "pour soi et pour les autres", [...]bref, quelquesoit le coté "tangible et technique" de la pratique, elle reste à mon sens unique et singulière à chacun, donc pas toujours communicable ni adaptée à un autre;
Je suis touché que tu t'inquiètes du développement spirituel mis en danger par tes révélations, mais je pense que c'est vraiment improbable. Que tu décrives ta pratique, ou des fragments de ta pratique ne va pas détourner toutes ces pauvres hères du "droit" chemin, ou leur faire entrer d'horribles notions dans leur esprit. Pourquoi ne pas avoir un peu plus de confiance dans leur propre capacité de jugement? Et puis n'oublie pas que le fait de te demander quelle est ta pratique, ou en discuter avec toi n'implique pas nécessairement que quiconque commencera à la suivre. Disons plutôt que en connaissant plus de techniques on ouvre notre éventail de possibilités, tandis que l'ignorance ne fait que la limiter. Et pour ce qui est de la découverte par soi même, ne t'inquiète pas, elle se fera avec ou sans ton intervention, car c'est tout simplement la nature des choses.

Au fait, tu dis que la question a peu d'intérêt, mais permets à chacun d'en décider de par eux-mêmes. Il me semble que discuter d'un point aussi central de toute démarche spirituelle semble intéresser au moins quelques personnes (dont je ne sais si elles doivent être considérées comme débutantes ou confirmées), pourquoi affirmer que cela n'a pas d'intérêt d'une façon aussi générale?

Comme dit précédemment, tu ne dois pas décrire l'entièreté de ta pratique, en parler de quelques fragments serait déjà intéressant. Mais bon, si tu estimes que c'est vraiment un savoir hautement perturbant et dangereux, je me fie à ton jugement. :shock:
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