Conscience HISHIRYO

remind

Bien que la terminologie propre au zen me soit un peu floue, je trouve ce développement de Monko très parlant :

http://nondualite.canalblog.com/archive ... 37374.html
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cgigi2
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remind dit:
Bien que la terminologie propre au zen me soit un peu floue, je trouve ce développement de Monko très parlant :

http://nondualite.canalblog.com/archive ... 37374.html
gigi dit:
Ton lien ne fonctionne pas :)
avec metta
gigi
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Ici et Maintenant pleine attention à la pleine conscience
remind

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Bonjour; dans le zen, on parle de "conscience hishiryo", dans l'advaïta, parfois, de conscience-sujet que nous sommes, connaissant ou connaisseur du monde. Je voulais savoir si vous y voyez une correspondance, ou pas...

Bonjour; on parle aussi d'expérience directe... Si mes souvenirs sont bons, le terme de "conscience hishiryo" a été énoncé par Dogen, me semble-t-il...

Pour moi, la conscience hishiryo est le coeur de l'expérience directe, tout en étant en quelque sorte sa négation... C'est le point où vie et mort s'actualisent, le contact du rien et du tout. Car je rappelle que "conscience hishiryo" est aussi traduit par "pensée sans pensée". (ou un penser sans pensées ni penseur...)

Par conséquent, cette conscience échappe à toute explication, désignation, tentative, etc...Elle ne peut être trouvée, réalisée, perdue, transmise. Elle est une révélation en négatif, une "a-révélation" vide de contenu ou de contenant, viscérale et sensitive, le silence se révélant sans se connaître et s'admirer... Elle est aussi ce qui émane d'un corps libre du corps, c'est pourquoi, réellement, il y a si peu de maîtres, si peu de "corps hishiryo"...

Néanmoins, pour le plaisir, voyons ce qu'il se passe dans l'expérience d'une sensation. Pour l'instant, disons que pour qu'il y ait cette expérience, il faut au moins deux éléments: la conscience et l'objet. Ces deux éléments se révélant l'un l'autre. S'il y a une absolue absence d'objets, la conscience n'apparaît pas. Par conséquent, elle n'a pas de réalité propre, d'existence autonome. Si la conscience n'existe pas, aucun objet ne peut être connu, il n'existe pas.

Ce constat est troublant parce que: alors quoi, si rien n'existe, alors quoi? Eh bien tout existe, mais dans le contact, l'interdépendance. Mais rien "en soi". Donc, deux aspects sans existence propre s'actualisent, et apparaît l'expérience-sensation. Mais deux éléments vides ne peuvent donner naissance à une élément plein, existant en soi, et c'est ainsi qu'en réalité, l'expérience, dans sa plénitude de l'instant, au même moment, n'est pas. Ce contact vivant vide de contenu mais pourtant apparaissant avec toutes les palettes de couleurs, volumes, etc...est la conscience hishyrio, une connaissance viscérale et sensitive, de l'instant, qui est l'instant. L'expérience directe est donc vide, sans contenu ni connu, sans contour, sans naissance, sans destruction. La conscience hishiryo n'existe pas dans le passé, n'existe pas dans le futur, et par conséquent ne saurait être soumise au présent. Elle est simplement "déjà disponible", en quelque sorte. Comme il est dit dans un sûtra: "lorsque l'esprit ne se pose sur rien, le véritable esprit apparaît". Il est clair dans cet énoncé que le "véritable esprit" ne saurait être permanent ou avoir une existence propre, mais il y a ce subtil et indéfinissable sens "d'y être", lorsque "y être" apparaît, mais hors de toute formulation ou connaissance...

Donc, la notion de "conscience sans objet", ou d'une conscience existant en soi, en plénitude est un constat à mon sens eronné, par ce que "sans objet" est encore un état objectif. En fait, en-dehors du sommeil profond, où il n'y a pas de conscience, qu'on ne me raconte pas d'histoire (ce qui ne se révèle pas n'est pas, n'est-ce pas?) il n'y a jamais de "sans objet". C'est pourquoi il semble que la conscience est pemanente, contrairement au monde, mais ce n'est pas exact. Il n'y a donc pas de Sujet absolu à réaliser! Vous n'êtes pas un Sujet ou Le sujet absolu, pas plus que vous n'êtes un objet. C'est pour cela que je dis parfois qu'une fois vue la vacuité du soi personnel, inutile de le remplacer par un Soi impersonnel. C'est plutôt une bonne nouvelle, non?

Non?

Donc... On entend parler de la conscience hishiryo, très bien, on se renseigne, on laisse s'infuser, et on oublie. (Dans le zen, ça s'appelle faire zazen: tout se rappeler et tout oublier exactement au même moment, dans la joie...) C'est aussi le corps qui doit comprendre. Et lui ne comprend pas de manière intellectuelle ou conceptuelle. Il n'est que résonance. Et lorsque la sensation se déroule dans la sensation, sans heurt, sans que rien ne se pose dessus et lui donne consistence, pensée ou connaissance ou une image, que rien ne vient en faire une réalité ou un objet de conscience-connaissance, permanent ou impermanent, bref, qu'elle est l'univers entier et le Temps entier, mais dans l'informulation, alors pour moi, c'est hishiryo. Sensation sans senti, penser sans pensée, perception sans perçu ni percevant. Plus rien ne s'élève, c'est l'apaisement, un amour véritable.

La conscience n'est donc ni permanente ni impermanente, et tel est l'univers entier, immaculés. Où allez-vous vous poser, vous?

Bien entendu, cher ami, tout cela n'est que ma compréhension ou vision, libre à vous de poser cette question à d'autres! Et bien entendu, si vous êtes attiré par le zen, l'autre évidence est de faire zazen, simplement, avec d'autres pratiquants. C'est la pratique-réalisation d'hishiryo, de la vacuité, naturellement et automatiquement. Merci.
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