Abandonner intégrisme et dogmatisme ?

Kaïkan
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Le fondamentalisme désigne l'attachement strict aux principes originels d'une doctrine, généralement religieuse.

Le terme fondamentalisme désigne l'attachement strict à une doctrine précise, religieuse ou autre. Il est né au début du XXe siècle en terrain protestant nord-américain, en opposition aux développements du libéralisme théologique.

Les intégristes sont des fondamentalistes : ce mot désigne une attitude religieuse qui consiste à s'en tenir à la lettre des textes sacrés.

L'intégrisme est une doctrine préconisant le respect total du dogme et de la tradition. Il vise à intégrer toute la vie dans la doctrine religieuse qu'il défend. On parle d'intégrisme pour désigner toute forme de conservatisme religieux.


Rappelons que dans le bouddhisme il n’y a pas de DOGME. De plus les diverses et nombreuses "branches" ou "écoles" ont souvent des avis contradictoires sur de nombreux points de vue.

Prenons par exemple l’impermanence:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Anitya

L'impermanence dans le théravada : L'impermanence est universelle et concerne tous les états conditionnés, même les plus élevés et les plus subtils :
Je ne vois nulle part de situation permanente, stable, immuable, telle qu'on puisse demeurer éternellement dans la même condition. (Alagaddûpama-sutta)
A l'impermanence est associée sa contemplation, soit l'une des dix-huit pratiques principales de vipassana. La description traditionnelle des stades de vipassana relate celui de bhanga nupassana, la contemplation de la dissolution, dans lequel le méditant s'aperçoit que les phénomènes ne font que disparaître sans cesse.

L'impermanence dans le Mahayana : Wiki introduit une notion de phénomènes composés qui seraient impermanents mais pas les phénomènes non-composés.
Il se réfère au madyamika qui est UNE école bouddhiste (mais pas la seule) et semble prendre aussi appui sur le vajrayana.
- composé de parties constitutives,
- composé de causes et conditions.
C'est le second sens qui est ici désigné (Voir l'enseignement de Sa Sainteté le Dalaï Lama sur les 400 Stances d'Aryadéva à Hamburg, juillet 2007, où il expose les deux sens d'"espace incomposé").
Donc, comme on le voit dans le Madhyamakavatara de Chandrakirti, le Madhyamika envisage des phénomènes permanents qui ne sont donc pas composés de causes et conditions. C'est pourquoi seuls les phénomènes produits, ou composés (causalement) sont impermanents.


L'impermanence dans le bouddhisme tibétain :

Dans les pratiques préliminaires communes du Mahamoudra, la mort et l'impermanence sont le sujet de la deuxième méditation.
Deuxièmement, ce monde et tout ce qu'il contient est transitoire
Tout particulièrement la vie des êtres est aussi fragile qu'une bulle
L'instant de notre mort est imprévisible et, lorsqu'elle survient, nous ne sommes plus qu'un cadavre
Puisque c'est le dharma qui nous est bénéfique alors pratiquons-le avec ardeur.

On retrouve la méditation sur l'impermanence dans les Lam Rims (étapes de la Voie) des quatre ordres tibétains en dehors de l'école Bönpo (encore qu'il en soit sans doute aussi question dans le Shang Shoung Nyen Gyü beunpo). Ces Lam Rims synthétisent de manière cohérente tous les enseignements du Bouddha, Suttas palis, Sutras sanskrits et Tantras.

L'impermanence dans le zen sôtô.

« L’impermanence: tout est constamment changeant, on ne peut absolument rien trouver de permanent dans les phénomènes. »

Pour le zen toutes ces discussions philosophiques sont stériles. Les phénomènes qu’ils soient petits ou grands, composés ou pas, abstraits ou concrets, sont impermanents. Il faut aller au-delà du mental qui découpe tout en tranches et sortir de la dualité.

Le samsara et le nirvana c’est pareil. Le satori et les illusions c’est pareil. C’est comme le recto et le verso d’une seule feuille de papier.
La conscience est l’un des 5 skandhas qui doivent aller et venir librement pour connaître le zen.
Ne pas lâcher prise empêche toute possibilité de samâdhi. Vouloir garder à tout prix des notions de phénomènes permanents c’est créer une sorte de coagulation de l’esprit et un refus de lâcher prise.

Un moine zen suit son expérience de zazen sur des dizaines d’années et ne s’appui pas dans son enseignement sur des doctrines livresques mais sur sa propre expérience du zazen quotidien.

Des internautes bouddhistes ont écrit :
Il y a deux sens d’incomposé : un phénomène peut être non causalement composé, comme l’espace, la vacuité, le nirvana etc. Et un phénomène peut être non causalement composé et être composé de parties, comme l’espace composé de directions.


Par Fa
“Les phénomènes non composés, sont de nature permanente, étant donné qu’ils n’ont ni début ni fin ?”
Le phénomène non-composés sont les concepts, ils n’ont pas de nature permanente. Que devient l’éveil, lorsque vous n’y pensez-plus ? Le même bruit que fait un arbre en tombant lorsque vous ne l’écoutez pas....
Fa

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Il est important de comprendre que l’attitude bouddhiste est d’embrasser les contradictions.

Les opinions différentes sont des enrichissements. Personne n’a tort ou raison. Le bouddhisme n’a jamais imposé une façon de pratiquer ou de comprendre qui soit rigide et dogmatique. Les multiples courants le prouvent.

Par conséquent c’est à chacun de construire sa propre compréhension sans se laisser obnubiler par des dogmes inexistants…

Bon Dhyãna.
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ted

Bah !

Nangpa a toujours été un lieu où les pratiquants de nombreuses écoles différentes réussissent à dialoguer sans trop de problèmes. Même des catholiques un peu missionnaires ont donné leurs points de vue librement.

Le fait d'affirmer des points de vue différents n'est pas perçu ici comme une tentative de conversion de l'interlocuteur. Il y a DES bouddhismes. Mais ils sont tous d'accord sur un point, les quatre sceaux. Ou les trois sceaux pour le Zen (faudra un jour qu'on m'explique ou est passé le quatrième).

Les seuls intégristes du Web sont ceux qui clôturent les files de discussion quand on n'est pas de leur avis ! :mrgreen:
Il n'y en a pas sur Nangpa.

On est reparti de zéro et tout le monde est libre de donner son avis. Y compris de dire qu'il y a les philosophes d'un coté et les vrais pratiquants de l'autre. C'est sans doute vrai quelque part : les renonçants sont au monastère, pas sur Wikipédia... :D
Kaïkan
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ted a écrit :Mais ils sont tous d'accord sur un point, les quatre sceaux. Ou les trois sceaux pour le Zen (faudra un jour qu'on m'explique ou est passé le quatrième)

Désolé mais il n'y a pas dans le zen une adhésion à une théorie des trois ou quatre sceaux... Jamais entendu parler...

Les seuls intégristes du Web sont ceux qui clôturent les files de discussion quand on n'est pas de leur avis ! :mrgreen:
Il n'y en a pas sur Nangpa.


Ce fil ne vise personne, "aucune menace avec ou sans arme n'a été évoquée". Nangpa n'est pas mis en cause non plus.

Il faut relire calmement et comprendre le sens de ce fil pour ne pas dériver dans une réaction "parano" :lol:
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Lupka

Kaïkan a écrit :
ted a écrit :Mais ils sont tous d'accord sur un point, les quatre sceaux. Ou les trois sceaux pour le Zen (faudra un jour qu'on m'explique ou est passé le quatrième)
Désolé mais il n'y a pas dans le zen une adhésion à une théorie des trois ou quatre sceaux... Jamais entendu parler...
Le Zen reconnait ni les 4 sceaux ni le dhammapada ? ( on retrouve les 4 sceaux dans certains sutra au deumeurant ) :shock: :roll:
Dernière modification par Lupka le 15 septembre 2011, 11:08, modifié 1 fois.
passagère

Dernière modification par passagère le 15 septembre 2011, 11:10, modifié 1 fois.
Lupka

Copier collé ? peut pas lire du boulot :mrgreen:
passagère

Ok

http://anecdotesbouddhistes.blogspot.co ... ceaux.html :
Quatre ou trois sceaux ?
J'avais toujours entendu parler des quatre sceaux (dharma-mûdra), qui constituent les piliers de l'Enseignement du Bouddha :
- Tous les phénomènes composés sont impermanents.
- Tous les phénomènes souillés sont de la nature de la souffrance.
- Tous les dharma (existants) sont vides et dépourvus de soi.
- Le nirvana est la paix.

Mais récemment, à une réunion de l'UBF, j'ai appris que nos amis Zen n'admettent que trois sceaux.

Quelque peu surprise, je viens de jeter un coup d'oeil sur Internet, et il semble effectivement que certaines écoles ne mentionnent pas le sceau concernant la souffrance.

Dans son imposant Traité 3, p. 1368-1377, voici comment Monseigneur Lamotte cite les trois sceaux :

- Tout ce qui est conditionné est impermanent ;
- Tout ce qui est conditionné est dépourvu d'âme ;
- Calme est le nirvâna.
Kaïkan
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C'est l'expression "sceaux" qui n'est pas employée dans le zen.

De plus on ne demande à quiconque d'adhérer à une théorie quelle qu'elle soit.
Cependant les quatre nobles vérités sont enseignées.
Mujo l'impermanence est enseignée ainsi que le non-soi et la vacuité.
Il n' y a pas référence à un canon.
On peut étudier librement toutes les formes du bouddhisme si on le souhaite et avoir n'importe quelle religion.

L'essentiel est la pratique de zazen et la connaissance approfondie d'une poignée de sutras.
FleurDeLotus
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passagère

ok , merci de ces précisions Kaikan :)
Kaïkan
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Nous sommes confrontés chaque jour et en tout cas très fréquemment à être contredit ou à rencontrer des points de vue très différents des nôtres et même opposés.
Il est de notre responsabilité de trouver des solutions pour ne pas adopter une attitude intolérante ou dogmatique qui ne fait que nourrir les conflits sans amener de résultats positifs.

Une solution (une pratique) proposée dans le bouddhisme zen est de ne pas rejeter ce qui nous semble faux ou déplaisant mais de l'inclure comme un composant de notre effort vers l'attitude juste en l'intégrant avec habileté dans une compréhension élargie.

De cette façon les "obstacles" peuvent devenir de tremplins apportant aussi une contribution au cheminement de tous.

Finalement il y a abandon de toute notion dualiste et zazen nous conduit au-delà de notre propre conscience, nous libère de notre esprit et de celui des autres...
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