Règles des moines dans le Bouddhisme tibétain

hoshin

Bonjour

Existe-t-il un livre concernant les règles des moines tibétains? Dans le Theravada, il s'agit du Vinaya qui fait partie intégrante des écritures canoniques.

Merci et à bientôt

Hoshin
passagère

Bonjour hoshin

Chez eux aussi c'est le Vinaya
mais voici tiré du Blog de Marie Stella Boussemart à la section Vinaya des lectures qui pourront t'éclairer , je n'ai pas tout collecté mais déjà voilà peut être qui répondra à des questions - Bonne Lecture

http://anecdotesbouddhistes.blogspot.com/

Le Vinaya introduit au Tibet
C'est sous le grand Roi Thrisong Detsen que le moine indien Shantarakshita fut invité au Tibet pour y établir l'Enseignement en fondant Samyè (bSam yas) le premier monastère du pays des Neiges et en ordonnant les premiers moines tibétains.

La lignée de l'Abbé étant celle du Mulasarvastivada-vinaya, le Roi décréta :

"Désormais, au Tibet, on observera uniquement le Mulasarvastivada-vinaya, selon la lignée du grand Abbé bodhisattva, et nul n'aura jamais le droit d'introduire une autre tradition. En ce qui concerne les vues, l'on maintiendra celles de Nagarjuna, et aucune autre".

Voilà pourquoi Domtönpa s'opposa à ce qu'Atisha ordonnât des moines au Tibet ! En effet, Atisha relevait d'une autre école de Vinaya, celle des Mahasamghika.
Les 18 écoles de Vinaya
Après la disparition du Bouddha, l’usage de quatre langues différentes a entraîné l’apparition de quatre écoles - des sarvastivadin, des mahasamghika, des sammitiya et des sthavira -, qui se redivisèrent en respectivement 7, 5, 3 et 3 branches, présentant des différences doctrinales. Chacune prétendait bien sûr détenir à elle seule l’authentique doctrine du Bouddha. D’où le 3ème concile bouddhique qui se tint 160 ans après le parinirvana, à Pataliputra, sous le patronage du roi Ashoka.

Après examen, les sages conciliaires décrétèrent que les 18 sous-écoles étaient toutes conformes à la voie qui mène à a libération, et qu’elles étaient donc toutes des expressions valides de la Parole du Bouddha.
Mais elles n’en conservaient pas moins leurs spécificités, notamment en ce qui concerne leur vision du vinaya, c’est-à-dire des règles monastiques conçues de manière plus ou moins stricte, et conciliables ou non avec les tantras.
"Entrer en religion"
Dans le bouddhisme, à partir de quand n'est-on plus un laïc, mais un religieux ?

Selon le Vinaya, Cher Ivan, c'est à partir du stade appelé pravrajita en sanskrit, pabbajita en pali, rab tu byung ba en tibétain, shukke en japonais, etc.

Rab tu byung ba signifie littéralement "être devenu ... excellent" !
Toutes proportions gardées, bien sûr : par rapport à ceux qui demeurent englués dans les miasmes de la vie profane.

Le sens littéral de shukke est "quitter la maison", cad quitter sa famille - comme le Prince Siddartha le fit, pour atteindre l'Eveil suprême en vue d'accomplir le bien de tous les êtres.

L'entrée dans la carrière religieuse coïncide avec l'instant où l'Abbé (upadhyaya) coupe une mèche de cheveux du disciple.

Dès ce premier stade, le religieux assume 10 voeux, ou engagements, fondamentaux - cad fondamentaux pour tous les religieux y compris les bhikshu.

Puis viennent éventuellement, mais pas nécessairement :

- l'ordination mineure, de shramanera (dge tshul) / shramanerika (dge tshul ma) : aux dix voeux fondamentaux viennent s'ajouter 36 préceptes.

- l'ordination majeure, de bhikshu (dge slong) / bhikshuni (dge slong ma) : le nombre des préceptes varie en fonction des Vinaya. Par ex, selon le Mulasarvastivada-vinaya répandu dans la zone himalayenne (Tibet, Mongolie, Bhoutan, etc.) : respectivement 253 et 364 (mais la lignée de bhikshuni du Mulasarvastivada-vinaya est interrompue depuis des siècles).

- En ce qui concerne les moniales, il y a un étape intermédiare entre les ordinations mineures et majeures, en tant que shikshamana (48 préceptes)

Il est également possible de pratiquer le Dharma tout en conservant le statut laïque : bien des maîtres l'ont prouvé dans tous les pays où le bouddhisme s'est diffusé.
Pour ne citer que quelques exemples parmi les grands noms tibétains :
Domtönpa, Marpa ou encore Milarepa n'étaient pas moines
Les religieux bouddhistes
Selon le Larousse en ligne sur Google, un religieux est quelqu'un qui a fait voeu de vivre selon une certaine règle, tandis qu'un moine est quelqu'un qui est lié par des voeux de religion et mène, en solitaire ou en communauté, une vie esentiellement spirituelle. Tout religieux (en réalité, le mot "moine" ne peut être appliqué à des religieux non soumis à une clôture).

Maintenant, quid de la réalité bouddhique dans ce domaine ?

Eh bien, c'est plutôt compliqué, surtout depuis que le bouddhisme est arrivé en Occident, car les écoles qui étaient autrefois localisées dans tel ou tel pays cohabitent désormais en des lieux où de plus le Dharma est nouveau et pas forcément encore si bien connu que ça.
Et puis, il y a les problèmes de vocabulaire, qui viennent s'ajouter aux difficultés de compréhension.

Tout cela pour dire que l'expression "religieux (et bien sûr religieuses) bouddhistes" recouvre un champ sémantique très vaste, du fait de la diversité au sein des branches et sous-branches.

Vous avez, j'espère, noté que dans mon précédent article à propos de l'entrée en religion, j'avais pris soin de spécifier "selon le Vinaya".

Prenons l'exemple typique du Japon, où le Vinaya (il s'agissait du Dharmagupta-vinaya, en vigueur en Chine, en Corée ou encore au Vietnam) n'était plus guère utilisé depuis le XIIème siècle, et a été abandonné depuis la persécution du bouddhisme survenue au XIXème siècle.
Depuis qu'ils ont récupéré le droit de pratiquer le bouddhisme, en lieu et place des ordinations du Vinaya, les Japonais recourent à des cérémonies de prise de voeux de bodhisattva. Les engagements ne sont bien sûr pas identiques à ceux du Vinaya, même s'il y a des bases communes.

Les "moines" et "nonnes" japonais ou encore coréens (car certains religieux du pays du Matin calme ont emboîté le pas à leurs voisins), qui peuvent se marier ou encore boire de l'alcool et fumer, n'en sont donc pas aux yeux des moines d'Asie du Sud-Est (Theravada-vinaya), ni d'ailleurs aux yeux des moines tibétains ou vietnamiens.
Mais selon leurs critères, ils en sont.

Tant que ces religieux restaient dans leur pays, tout le monde étant au courant, il n'y avait aucune ambiguïté.
En revanche, dans nos pays, le fait d'utiliser les mêmes mots pour des statuts extrêmement différents, s'avère gênant et source de nombreux malentendus.

En tout cas, de même qu'en Occident, les pasteurs protestants, mariés, ou encore les rabbins, mariés également, sont admis au rang des religieux, les "moines" et "nonnes" japonais sont sans nul doute des "religieux bouddhistes", car ils ont "fait voeu de vivre selon une certaine règle".

Au sein de la société tibétaine, en parallèle avec les moines et nonnes - qui suivent le Vinaya -, il existe une autre catégorie de "religieux" qui suivent une certaine règle mais une règle qui (contrairement au Vinaya) ne leur interdit pas de se marier, de boire de l'alcool, etc.
Ces religieux, qui ne sont donc pas des "moines" (rab byung), sont fréquents dans les écoles nyingmapa, kagyupa et sakyapa, plus rares chez les gelugpa.
Chez les Sakyapa, la charge de chef de l'école est d'ailleurs héréditaire, de père en fils.
Pour citer quelques noms parmi des Lamas connus en France, c'est donc le cas de Sakya Trizin, ou encore Dilgo Khyentse Rinpoche (nyingmapa), Lama Gyurmé (kagyupa)
"Moines et "moniales" bouddhistes
Le bouddhisme ait une tradition respectable qui remonte à environ 2500 ou 2600 ans. Il s'est diffusé dans la plupart des pays d'Asie et il vient d'arriver en Occident relativement récemment.

Entre autres caractéristiques, l'Enseignement du Bouddha montre un grand pragmatisme : il consiste non en la "révélation de la Vérité (absolue)" mais en une méthode qui s'adapte à chaque cas particulier, l'important étant que chaque être puisse progresser, à son rythme.

Tout cela pour dire que le bouddhisme montre une richesse et une variété qui parfois déconcertent les amateurs d'absolu que nous sommes.

Par ailleurs, les mots ne sont jamais que des conventions, et d'une école à l'autre, leur sens peut varier considérablement.

Tout ce préambule pour en arriver à notre sujet du jour : les "moines" et "moniales" (ou "nonnes") bouddhistes.
Surtout n'allez pas vous imaginer qu'ils soient tous dans le même cadre.

Dans le Theravada mais aussi dans le Mahayana/Vajrayana qui s'est établi au Tibet, en Mongolie, etc., ainsi qu'au Vietnam, les moines et moniales sont des personnes qui ont reçu une ordination mineure (en tant que shramanera ou shramanerika) ou majeure (en tan t que bhikshu ou bhikshuni) selon les règles du Vinaya, sachant que subsistent aujourd'hui dans le monde trois codes de Vinaya (sur 18).
Les moines et moniales ici concernés ont pris des voeux de pratimoksha, qui supposent entre autres d'observer la chasteté et de ne pas boire d'alcool.

En revanche, en Chine, en Corée et au Japon, dans les écoles Zen mais parfois aussi dans d'autres écoles, pour des raisons multiples et diverses, les ordinations du Vinaya ne sont plus conférées depuis bien longtemps.
Les "moines "et "moniales" sont des pratiquants engagés qui ont procédé à une cérémonie de production d'esprit d'Eveil (dénommées "ordination") et, pour certains, ont pris les 4 voeux de bodhisattva transmis dans leurs lignées.

Autrement dit, selon les critères des Theravadin ou des bouddhistes de lignées tibétaines (simples conventions, je le répète, et chaque système a une cohérence interne), les "moines "et "moniales" Zen (en tout cas au Japon et en Corée) ou Shingon ne sont pas des "moines" et "moniales", car ils peuvent se marier, avoir des enfants, boire de l'alcool, etc.

Je me souviens du choc que j'ai eu en 1974 lors d'un séjour au Japon, juste après avoir pris refuge auprès de Geshe Rabten-lags, l'un des plus grands maîtres gelugpa contemporains, et dont l'Enseignement m'avait fait prendre la décision d'entrer dans les ordres (décision concrétisée en 1997).

Alors que je visitais un monastère Zen à Kyoto, le Daisen-in, le moine desservant du lieu m'a proposé de célébrer une cérémonie du thé, après quoi il m'a annoncé qu'il allait chercher ... son épouse pour me la présenter.
Je n'y comprenais plus rien, jusqu'au jour où notre professeur d'histoire du Japon (j'ai étudié les langues japonaise et tibétaine aux Langues'O dans ma jeunesse) nous a parlé des décrets anti-bouddhistes pris au 19ème siècle quand le gouvernement japonais de l'époque avait cherché à restaurer la religion insulaire : le Shinto - "la voie des Dieux" (NB L'Empereur du Japon est considéré comme le descendant d'Amaterasu). En fait, dès les 12 ou 13ème siècles, certaines écoles bouddhistes du Japon avaient renoncé à suivre les règles du Vinaya, jugées trop contraignantes.
Pour la suite avec d'autres billet sur le Vinaya : http://anecdotesbouddhistes.blogspot.com/
hoshin

Merci beaucoup pour cette réponse rapide et complète!!

Hoshin
hoshin

En fait, je ne trouve pas ce que je cherche. Je recherche le détail des différentes règles pour les moines, comme ce qu'on peut trouver sur le fabuleux accesstoinsight.org (mais en version tibétaine, donc...) :oops:
ted

hoshin a écrit :En fait, je ne trouve pas ce que je cherche. Je recherche le détail des différentes règles pour les moines, comme ce qu'on peut trouver sur le fabuleux accesstoinsight.org (mais en version tibétaine, donc...) :oops:
Bnjour Hosshin,

Il me semble qu'on avait un lien sur le forum avant le crash ? Si celui qui l'avais mis l'a encore, tu auras bientôt ta réponse...
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