Quelle est votre expérience concernant les Éveillés?

antodume

Ça devient fatiguant à la fin, cette discussion, Dharmadhatu.
Pour moi, les Patriarches les plus importants restent Nagarjuna et Aryadeva, et je trouve dommage que le Zen s'en soit détaché, mais ce n'est qu'un avis perso.
Quand je dis qu'ils s'en sont détaché, il ne faudrait pas supposer qu'ils ne les reconnaissent pas comme des personnages inscrits dans leur ascendance. Il y a simplement une divergence d'approche en lien avec l'esprit chinois, moins porté sur la dialectique et la philosophie et beaucoup plus sur l'expérience et l'ancrage dans l'action.
Mais pourquoi tu veux que je relise le Sutra de l'Estrade si le Zen se définit en dehors des écritures ?
Parce qu'à défaut d'en avoir une compréhension directe par l'expérience et la pratique du Zen, tu pourrais y trouver des indications sur la validité de l'Eveil de Huineng.
les Tibétains ont cessé les sacrifices animaux et ont respecté leur environnement, respecté leurs contemporains. Si tu veux de l'expérience, va en Inde quelques jours, reste d'abord à Delhi puis dans le milieu indien. Ensuite passe quelques jours dans une enclave tibétaine, je t'assure que tu verras la différence.
Ces fonctionnements existent aussi dans des pays sans bouddhisme et ou l'Eveil du Bouddha n'existe pas. Il n'y a donc, encore une fois, aucun lien (de cause à effet) entre l'éveil et l'amélioration d'une société. Par définition, pour prouver qu'un évènement est lié à un autre par une relation de cause à effet, il suffit de supprimer la cause pour que l'effet disparaisse. La cause n'étant pas présente dans les pays non bouddhistes et l'effet n'ayant pas disparu pour autant (puisque les améliorations existent ailleurs) la relation n'est donc pas établie. Je ne dis pas autre chose.
Je suis paumé, c'est quoi l'origine pour toi, le Bouddha ou bien Huineng ?
La transmission, dans le Zen remonte au Bouddha (via Kashyapa).
S'ils n'étaient pas parfaitement éveillés, cela voudrait dire que la transmission dans laquelle ils étaient inscrits, avant et après eux, serait invalide.
C'est une éventualité, surtout s'ils se réclament d'un Eveil à la Huineng (toujours inculte après son Eveil) au lieu d'un Eveil omniscient comme celui du Bouddha Shakyamuni.
Pardon ? Huineng inculte après son éveil ? Cette soit-disant inculture n'a été mise en exergue par ses disciples que pour montrer l'absence de relation entre la culture livresque et l'Eveil. Mais, pour ta gouverne, Huineng avait une connaissance approfondie des principaux sutras du Mahayana. Huieneng était du reste considéré comme un Bouddha vivant. Mais bon, inutile d'en discuter vu tes a priori aussi négatifs sur le Zen et son histoire.
Le Zen étant une école reconnue bouddhiste, tes inférences valides ne marchent pas pour le Bouddhisme tout simplement.
Tu recommences avec: "Soit tu aimes le Zen, soit tu quittes le Bouddhisme !". Et je me dois de rappeler haut et fort que le Bouddhisme ne s'arrête pas au Zen. Si le Zen ne reconnaît pas les inférences valides, pourquoi t'obstines-tu à vouloir nous donner des arguments logiques ? Soit tu acceptes la validité des inférences logiques et tu t'en sers à loisir, soit tu ne leur reconnaîs pas ce statut valide, mais aucun de tes arguments logiques ne peuvent le démontrer (puisque tu les sapes toi-même à la base). De plus, si le Zen ne reconnaît pas l'inférence valide, alors pourquoi accepter Nagarjuna et Aryadéva comme deux des Patriarches, eux dont les traités dialectiques sont pleinement reconnus ?
Tu as un véritable problème de logique, Dharmadhatu ; c'en est fatiguant à la longue. Une inférence logique ne peut démontrer la validité d'un éveil et, par voie de conséquence, l'influence de celui-ci sur un mécanisme social.
Es-tu sûr à 100 pour 100 que l'acception de Huineng n'a jamais été invalidée ?
Elle a été invalidée uniquement par les pitres qui viennent troller sur les forums et ceux qui leur accordent foi. Cites-moi un universitaire ou un maître bouddhiste sérieux qui invalide Huineng et on en reparle.
Peux-tu être plus clair s'il te plaît ? Un coup, il faut remonter au Bouddha, un coup à Bodhidharma, et enfin seulement à Huineng.
Je t'ai expliqué, plus haut, où se situe la séparation, ses limites et ses raisons. L'origine du Zen est l'expérience de l'Eveil de Çakyamuni. Le Zen ne s'intéresse qu'à cette expérience. Le reste est du discours.
L'Eveil est une expérience/réalisation individuelle qui n'interfère nullement avec les conditions sociales.
Parlons concrètement: tu n'as jamais fait l'expérience selon laquelle quand une personne très cool arrive dans un groupe agité, elle peut avoir un impact sur l'ambiance générale ? Et le contraire aussi: dans un dîner sympa, quelqu'un se met en colère: cela n'agit-il pas sur l'ensemble des convives ?

Alors à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'un Bouddha !
Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je voulais dire que l'éveil d'un individu ne conditionnait pas nécessairement son fonctionnement en société. Un éveillé peut choisir d'intervenir dans un groupe social (sans garantir qu'il va réussir à faire entendre raison ; il serait intéressant de mettre un éveillé dans un stade de foot et qu'il demande aux supporters déchainés de ne pas crier contre l'équipe adverse... :mrgreen:) ou ne pas intervenir du tout.
Depuis l'origine le Bouddha demande à ce que l'homme quitte la société pour se consacrer à la pratique, en ermite ou en moine, à l'écart des affaires du monde
N'importe quoi ! :lol: Ceci s'adresse aux moines or dis-nous quand le Bouddha nous a conseillés de tous prendre les voeux monastiques ! Si tout le monde était moine/nonne, ce serait la fin de l'humanité sur cette Terre.

"Supposez qu'un père de famille, ou son fils, ou quelqu'un né dans une famille quelconque entende la Loi, et, qu'après l'avoir entendue, il est rempli de confiance dans le Parfait. Possédant cette confiance, il pense : "La vie familiale est pleine d'empêchements, c'est un amas de déchets, mais la vie du pèlerin est libre comme l'air. Il n'est pas aisé, pour celui qui vit dans les soucis d'une demeure d'accomplir exactement les règles de la vie sainte. Pourquoi maintenant ne couperais-je pas mes cheveux et ma barbe, et revêtant la robe jaune ne quitterais-je pas ma maison pour aller vers la vie libre sans demeure ?"
Alors, après un peu de temps, ayant renoncé à ses possessions plus ou moins importantes, ayant abandonné le nombre plus ou moins important de ses amis, il coupe ses cheveux et sa barbe, revêt la robe jaune et part vers la vie sans demeure


C'est dans le Anguttara Nikâya Sutta IV (198), deuxième pas de l'Octuple Sentier.
Que des maîtres se soient intéressés à la politique et au social, c'est certain. Mais cela est accessoire et n'a jamais démontrer que leur éveil a été bénéfique pour les conditions sociales des individus.
Que cela n'ait jamais été démontré ne signifie aucunement que le contraire ait été démontré ! Ne pas prouver l'existence de quelque chose ne revient pas forcément à en prouver l'absence. CQFD.
Encore un problème de logique de ta part. On ne peut pas démontrer qu'un évènement est la cause d'un effet si cet effet existe en absence de la cause supposée. Est-ce que ça t'est plus accessible dit comme ça ?
Flocon l'avait très bien rappelé: dans le Mahayana, l'esprit d'Eveil est le fait de progresser vers l'Eveil et de l'atteindre dans le but d'aider les êtres à se libérer de la souffrance. Si cela ne servait personne d'autres que soi-même, il s'agit en effet de l'Eveil des Pratyeka-buddhas.
Ou tu le fais exprès ou tu n'as rien compris au Mahayana. Le fait d'aider tous les êtres à se libérer de la souffrance consiste à leur montrer le chemin de l'Eveil, c'est à dire à leur permettre de réaliser leur nature "Non-né" de Bouddha. Pas à leur indiquer un mode de fonctionnement social. Les préceptes sont identiques à toutes les sociétés qui désirent s'établir sur des règles de survie. Ne pas tuer, ne pas voler... c'est dans l'Islam, le Christianisme, le marxisme, le Poujadisme, Tintin et Milou, Blanche neigne... Ça n'a rien à voir avec l'Eveil d'un Bouddha !
Même si d'après toi le Zen se détache du Mahayana, il envisage pourtant les 4 grands voeux de bodisattva, non ?
Oui, et alors ? Cela concerne le fait de faire entrer tous les êtres en Nirvana. Le Nirvana n'est pas une option sociale ou sociétale, à ma connaissance.
Cette vue appauvrie de l'omniscience est très minoritaire dans le Bouddhisme. Un jour Gigi avait posté un exposé théravadin qui accepte l'omniscience (cf. la définition dans n'importe quel dico), et les Sutras sont très clairs là-dessus. Le Pramanavartika donne de plus de nombreux arguments qui corroborent l'omniscience. Si votre omniscience n'est pas l'omniscience, pourquoi jouer sur les mots ?
Laisse tomber ce point, je crois que ce n'est pas une chose que tu puisses actuellement comprendre. Cela dit sans condescendance d'aucune sorte.
Le Dharma est le chemin qui mène à l'éveil. Ce n'est pas l'éveil lui-même. Tu le fais exprès ou tu as un vrai problème de compréhension ?
Oui, mais si le Bouddha n'a pu se manifester dans ce monde, d'où vient alors le Dharma ? Si le Dharma n'est pas l'Eveil (ce qui est faux en partie, car il y a le Dharma des écritures et le Dharma de réalisation), alors il est duel. Alors comment le Bouddha qui n'a aucun contact avec le monde duel peut-il transmettre quelque chose de duel ?
Mais qui te dit que le Bouddha n'a pu se manifester en ce monde ? Et les Nirmanakaya, c'est des sardines en boites ? Je te dis qu'un Bouddha ne peut que montrer le chemin de l'éveil (le Dharma) ; il ne peut éveiller un être à sa place. De la même façon, des parents ne peuvent empêcher un enfant de faire un cauchemar autrement qu'en l'aidant à s'éveiller, pas en lui disant que ce n'est qu'un mauvais rêve. Le fait que tu aies entendu (ou lu) le Dharma ne t'a pas éveillé pour autant. Non ? Il ne suffit pas que les Nirmakaya viennent dans le monde pour que les êtres s'éveillent. Il faut aussi que ces êtres se bougent les fesses, si j'ose dire, parce que le Bouddha n'a pas le pouvoir de les réveiller. Sinon, il l'aurait fait depuis 2600 ans, non ?
Je nie que l'Eveil puisse entrainer une société meilleure car éveil et société ne sont pas liés par une relation quelconque.
Ca corrobore ce que tu dis précédemment et ça marque une dualité irrépressible entre les deux niveaux de réalité. Comment t'en blâmer puisqu'il s'agit d'un des aspects du voile cognitif selon l'école Prasangika.
Et en français, ça veut dire quoi ?
Je le nie aussi parce qu'on a vu des situations où des hommes supposés (remarque bien que je me place dans l'hypothèse ou c'est vrai et que, dans une discussion où l'on ne peut pas se prononcer sur cette question, on le suppose vrai jusqu'à ce qu'on démontre le contraire, ce que tu n'as pas fait) des hommes supposés éveillés, donc, n'ont rien fait pour améliorer la société qu'ils avaient en charge.
Tu peux faire plusieurs phrase s'il te plaît, c'est tellement confus qu'on s'y perd: qu'est-ce que je n'ai pas encore démontré ? Merci.
Et en barrant ce qui est entre parenthèse, c'est plus clair ?
On le sait qu'il y a le Trishiksha, et alors, cela n'invalide pas le premier impliquant les préceptes.
Les préceptes n'ont aucune validité en dehors de la Triple Discipline. Ils sont simplement des règles acceptées par le bon sens dans une vie communautaire. Ça ne leur confère aucun pouvoir sur l'Eveil. Ils ne peuvent en être, seuls, la cause. C'est tellement évident que je me demande pourquoi tant insister sur ce point.
Donc s'il n'y a aucune différence d'amplitude entre un conseiller politique et un Eveillé, à quoi sert l'Eveil d'après toi ?
Absolument aucune dans un contexte social. Et l'Eveil, ça sert à réaliser le Non-né, encore une fois ; le Non-né étant la condition unique de la sortie du Samsara :roll:
Je dis qu'avec l'éveil, les notions dualistes de bien et de mal deviennent obsolète.
Et ben alors, pourquoi un Bouddha ne pourrait-il pas entrer dans le jeu de la dualité puisqu'il la transcende ?
Un Bouddha entre dans le jeu de la dualité dans le Nirmanakaya qui est le connaître de différentiation. Mais cette dualité est obsolète dans l'éveil en ce sens qu'elle est précisément transcendée. C'est tout le problème de la compréhension de l'action des maîtres zen durant la guerre.

Edit : Iskander, je te réponds ultérieurement. Pas le temps présentement.
lausm

Bah dis, ça chauffe sous les chapeaux, ici!

Je ne suis pas sûr qu'une bataille dialectique, amène à voir vraiment ce qu'expérimente un être éveillé. Et vous me pardonnerez de n'avoir pas tout lu, sauf en transversal.

Je pense qu'il y a deux points de vues qui s'opposent, alors que je pense que justement il ne faudrait pas le voir ainsi.

Dume insiste sur le fait que l'éveil n'influe pas sur les conditions sociales, etc...enfin, je résume très très schématiquement.
Je pense, de ce que je peux ressentir à distance de sa pratique du rinzai, vu que je pratique le soto, qu'il s'agit d'une question de cadre (voire de cadrage) de la pratique. L'établissement d'un cocon protecteur, d'un sanctuaire, d'un cadre destiné à protéger et transmettre la possibilité de l'évei, le fait de l'expérimenter. D'où un discours qui tendrait à dissocier l'expérience mis au centre de toute pratique.
Comme je dis souvent ,je pense que ce n'est qu'une histoire de mots (oui, même s'ils ont leur importance).
Car chaque tradition a une façon d'envisager les choses, parfois différente. Il faut alors prendre de la distance, et relativiser le poids de certaines formules. Surtout à travers un écran, où l'autre n'est pas là charnellement, pour jauger aussi de ce qu'il est, de ce qu'il manifeste. De ce qu'il dit au-delà des mots.
On peut protéger cette expérience, pour la réinvestir dans le monde.
Pour ma part, l'expérience de non dualité, n'a pas de sens, si elle n'est pas réinvestie dans le social. D'où les voeux de bodhisattva.
cela dit, on pourrait très bien (et cela je ne l'aurais pas dit il y a peu encore), effectivement la considérer comme le truc central, qui n'affecte pas le reste...et cela dans le but non dit que justement, en maintenant cette exigence, cela puisse affecter le monde.
Autrement dit, en allant pleinement dans l'expérience de l'éveil, on ne peut le faire en conserver une intention d'en faire quelque chose.
Cela dit, je pense que lorsque ça transforme quelqu'un, fatalement ça transforme son rapport au monde.
Si l'éveil ne servait à rien, on ne se ferait pas chier à pratiquer tout ça!!
Mais effectivement, si on ne maintient pas l'exigence de l'ultime, on peut passer à côté.

Mais c'est un koan!
et c'est difficile à résoudre autrement qu'avec aussi du silence!
Et c'est donc ce à quoi je me rends.
Et puis, je pense que surtout, l'éveil, et là je vais être très zen soto, c'est une attitude à manifester, pas quelque chose qu'on obtient. C'est une façon d'être, c'est une pratique à exprimer. Il est difficile de pratiquer l'éveil, et se penser éveillé.
Comme disait Joshin Bachoux, le zen, n'existe pas...ce qui existe, c'est ce qu'on en fait.
C'est aussi que sans illusion, pas d'éveil, tout comme il faut bien que le sommeil existe pour qu'on envisage le fait de s'éveiller.
et peut-être que les grand maîtres du zen japonais avaient connu des grandes et profondes percées qu'on peut considérer comme éveil. Mais s'ils ont eu la faiblesse, de ne pas dire non à la guerre et a destruction, c'est une façon de détourner le sens des préceptes...on comprend donc que l'expérience de l'éveil, est accompagnée des préceptes, car ils sont là pour protéger l'éthique, qu'une simple vision profonde de la réalité, ne garantit pas.
Autrement dit, l'Eveil; ne garantit rien.
et puis, à la fin, c'est dur à exprimer, tout ça!
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Dharmadhatu
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jap_8 Tout d'abord merci à Lausm de nous donner un autre éclairage du Zen.
Antodume a écrit :Ça devient fatiguant à la fin, cette discussion, Dharmadhatu.
jap_8 Alors laissons tomber. J'ai eu quelques éléments de réponse de Lausm qui satisfont mes interrogations.

Si tu es fatigué, rien ne t'oblige cependant à lire la suite et encore moins à y répondre:
Ces fonctionnements existent aussi dans des pays sans bouddhisme et ou l'Eveil du Bouddha n'existe pas.
Ceci n'a pas accepté par les écoles qui envisagent le Trikaya, car les Nirmanakaya d'un Bouddha sont nombreux et nous ne pouvons pas nier péremptoirement que si telle société qui s'est améliorée c'est aussi avec l'éventualité des Nirmanakayas artisans par exemple. Nirmanakayas que tu sembles accepter plus bas.
Il n'y a donc, encore une fois, aucun lien (de cause à effet) entre l'éveil et l'amélioration d'une société.
Iskander a déjà répondu de manière très logique: une société n'est rien d'autre qu'un ensemble d'individus, si eux vont mieux, elle va mieux. Sinon ça veut dire que le tout est supérieur à l'ensemble de ses parties et on tombe dans une vue absolutiste hindoue.
La cause n'étant pas présente dans les pays non bouddhistes et l'effet n'ayant pas disparu pour autant (puisque les améliorations existent ailleurs) la relation n'est donc pas établie. Je ne dis pas autre chose.
Il faudrait alors que tu établisses que les Bouddha ne se manifestent que dans les pays bouddhistes. Il s'ensuivrait absurdement que le Bouddha n'a jamais pu se manifester dans l'Inde antique puisqu'à l'époque elle n'était pas un pays bouddhiste.
Pardon ? Huineng inculte après son éveil ? Cette soit-disant inculture n'a été mise en exergue par ses disciples que pour montrer l'absence de relation entre la culture livresque et l'Eveil. Mais, pour ta gouverne, Huineng avait une connaissance approfondie des principaux sutras du Mahayana. Huieneng était du reste considéré comme un Bouddha vivant. Mais bon, inutile d'en discuter vu tes a priori aussi négatifs sur le Zen et son histoire.
Ben, j'ai lu deux fois le Soutra il y a un certain temps et son illettrisme est tout a fait avéré. Soit, s'il a pleine connaissance du Dharma, cela n'en fait pas un samyak-sambouddha (un omniscient).

Sache que je n'ai aucun a priori sur le Zen, mais sur ta conception du Zen et du Bouddhisme. Bien heureusement, Lausm nous aide à mieux entrevoir qu'il y a effectivement des vues diverses au sein du Zen lui-même (a forciori au sein du Bouddhisme).
Tu as un véritable problème de logique, Dharmadhatu ; c'en est fatiguant à la longue. Une inférence logique ne peut démontrer la validité d'un éveil et, par voie de conséquence, l'influence de celui-ci sur un mécanisme social.
On se demande qui a un problème de logique vu que tu n'argumentes aucunement ton assertion. De plus, tu peux consulter les Wiki et les dicos du Bouddhisme, celui qui a inféré logiquement l'Eveil est le roi des logiciens bouddhistes. Mais encore faut-il savoir ce qu'est une inférence valide et avoir reconnu pour cela ne serait-ce que la nature conventionnelle de l'esprit...
Elle a été invalidée uniquement par les pitres qui viennent troller sur les forums et ceux qui leur accordent foi. Cites-moi un universitaire ou un maître bouddhiste sérieux qui invalide Huineng et on en reparle.
Ben ce sera une fois de plus fastoche pour toi puisque tu n'auras qu'à refuser à ces personnes leur statut d'universitaire ou de Maître bouddhiste dès l'instant qu'ils émettraient des réserves sur la validité du Soutra de l'Estrade. Qui te dit que le zéniste en question ne fait pas partie de ceux-là ? Je pourrai à l'occasion de donner l'avis d'un guéshé tibétain, mais est-ce bien utile ?
L'origine du Zen est l'expérience de l'Eveil de Çakyamuni. Le Zen ne s'intéresse qu'à cette expérience. Le reste est du discours.
Mouais, encore faut-il être d'accord sur ce qu'est l'Eveil du Bouddha Shakyamuni, et ça m'étonnerait que ce soit le même que celui de Huineng.... ce n'est déjà pas le même que celui de Kashyapa.

Voilà d'ailleurs l'une des différences entre les deux conceptions de l'Eveil:
Un éveillé peut choisir d'intervenir dans un groupe social
Selon le Bouddhisme mahayaniste indien, un choix est une conception, or un Bouddha est définitivement dénué de conceptions, il ne fait donc aucun choix et tout se fait spontanément. Comme le soleil qui ne fait aucun choix de rayonner.
"Supposez qu'un père de famille, ou son fils, ou quelqu'un né dans une famille quelconque entende la Loi, et, qu'après l'avoir entendue, il est rempli de confiance dans le Parfait. Possédant cette confiance, il pense : "La vie familiale est pleine d'empêchements, c'est un amas de déchets, mais la vie du pèlerin est libre comme l'air. Il n'est pas aisé, pour celui qui vit dans les soucis d'une demeure d'accomplir exactement les règles de la vie sainte. Pourquoi maintenant ne couperais-je pas mes cheveux et ma barbe, et revêtant la robe jaune ne quitterais-je pas ma maison pour aller vers la vie libre sans demeure ?"
Alors, après un peu de temps, ayant renoncé à ses possessions plus ou moins importantes, ayant abandonné le nombre plus ou moins important de ses amis, il coupe ses cheveux et sa barbe, revêt la robe jaune et part vers la vie sans demeure


C'est dans le Anguttara Nikâya Sutta IV (198), deuxième pas de l'Octuple Sentier.
Et de ceci tu extrapoles cela:
Depuis l'origine le Bouddha demande à ce que l'homme quitte la société pour se consacrer à la pratique, en ermite ou en moine, à l'écart des affaires du monde
Mais les voeux monastiques impliquent la chasteté, donc si tout le monde doit quitter la société, il n'y aura plus de natalité et donc plus de société. La cessation de la souffrance n'implique aucunement la cessation de l'espèce humaine.
Encore un problème de logique de ta part. On ne peut pas démontrer qu'un évènement est la cause d'un effet si cet effet existe en absence de la cause supposée. Est-ce que ça t'est plus accessible dit comme ça ?
Où est la preuve de l'absence de cette cause ? Toi tu sais reconnaître un Nirmanakaya, un Bouddha non historique ?
Ou tu le fais exprès ou tu n'as rien compris au Mahayana. Le fait d'aider tous les êtres à se libérer de la souffrance consiste à leur montrer le chemin de l'Eveil, c'est à dire à leur permettre de réaliser leur nature "Non-né" de Bouddha. Pas à leur indiquer un mode de fonctionnement social. Les préceptes sont identiques à toutes les sociétés qui désirent s'établir sur des règles de survie. Ne pas tuer, ne pas voler... c'est dans l'Islam, le Christianisme, le marxisme, le Poujadisme, Tintin et Milou, Blanche neigne... Ça n'a rien à voir avec l'Eveil d'un Bouddha !
Absolument aucune dans un contexte social. Et l'Eveil, ça sert à réaliser le Non-né, encore une fois ; le Non-né étant la condition unique de la sortie du Samsara
Cela concerne le fait de faire entrer tous les êtres en Nirvana. Le Nirvana n'est pas une option sociale ou sociétale, à ma connaissance.
Faux: il y a des préceptes généralement partagés par nombre de sociétés, et il y a aussi des préceptes propres à chaque religion, sinon toutes les sociétés mangeraient hallal ou casher.

:arrow: De plus, je répète une énième fois qu'aider plusieurs individus n'est autre qu'aider une société à plus ou moins grande échelle. Quelqu'un qui va bien aura forcément moins tendance à tuer son voisin ou à rabaisser ses ouailles pour se venger ou je ne sais quoi.
Mais qui te dit que le Bouddha n'a pu se manifester en ce monde ? Et les Nirmanakaya, c'est des sardines en boites ? Je te dis qu'un Bouddha ne peut que montrer le chemin de l'éveil (le Dharma) ; il ne peut éveiller un être à sa place. De la même façon, des parents ne peuvent empêcher un enfant de faire un cauchemar autrement qu'en l'aidant à s'éveiller, pas en lui disant que ce n'est qu'un mauvais rêve. Le fait que tu aies entendu (ou lu) le Dharma ne t'a pas éveillé pour autant. Non ? Il ne suffit pas que les Nirmakaya viennent dans le monde pour que les êtres s'éveillent. Il faut aussi que ces êtres se bougent les fesses, si j'ose dire, parce que le Bouddha n'a pas le pouvoir de les réveiller. Sinon, il l'aurait fait depuis 2600 ans, non ?
Merci, c'est plus clair ainsi. C'était cette phrase qui prêtait à confusion:
Cette omniscience n'agit pas dans le monde duel.
Ca corrobore ce que tu dis précédemment et ça marque une dualité irrépressible entre les deux niveaux de réalité. Comment t'en blâmer puisqu'il s'agit d'un des aspects du voile cognitif selon l'école Prasangika.
Et en français, ça veut dire quoi ?
Laissons tomber ce point, ça prendrait trop de temps à expliquer.
Je le nie aussi parce qu'on a vu des situations où des hommes supposés éveillés, donc, n'ont rien fait pour améliorer la société qu'ils avaient en charge.
L'assertion est forcément caduque puisque nous ne sommes déjà pas d'accord sur ce qu'est un Eveillé, et non plus sur la possibilité et sur la façon d'en reconnaître un.
Un Bouddha entre dans le jeu de la dualité dans le Nirmanakaya qui est le connaître de différentiation. Mais cette dualité est obsolète dans l'éveil en ce sens qu'elle est précisément transcendée. C'est tout le problème de la compréhension de l'action des maîtres zen durant la guerre.
Pas d'accord avec cette conception de l'Eveil. Pour moi il ne pourrait s'agir tout au plus que de la réalisation directe de la vacuité (qui occulte la perception des conventions), mais pas de l'Eveil selon d'autres écoles bouddhistes.

Amitié FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
antodume

Je vais essayer de répondre à quelques points. Je pense que cette discussion tourne en rond et ne présente pas le moindre intérêt dès lors qu'on se retrouve dans un dialogue de sourd.
Iskander a écrit :Est-ce que je dois comprendre que la transmission ne se fait qu'entre des êtres éveillés? Je pensais que la transmission était dispensée lorsque le disciple était capable d'enseigner le Dhamma, pas que le disciple avait atteint l'Éveil. Dorénavant j'envisagerai les choses autrement, lorsque quelqu'un dit qu'il a reçu la transmission d'un tel.
Dans le Zen Rinzaï, cette transmission ne se fait que sous réserve d'une expérience cruciale détectée par le maître. Cette expérience est a minima le kensho. Sans elle, on ne peut avoir, dans le Rinzaï, le statut de maître zen. Toutefois, il existe une transmission de maître de temple zen, parfois par héritage (de père à fils). Les maîtres de temples zen ne sont donc pas des maîtres zen. Leur rôle se bornant aux offices religieux.
Il n'a jamais été dit, dans le Zen, que l'Eveil pouvait avoir un impact positif sur la Société.
Ce n'est pas le plus important, mais je tiens à préciser que je ne sais pas si une large présence d'Éveillés aurait un impact positif ou négatif sur la société (je peux envisager les deux options). Ce que j'ai beaucoup plus de mal à comprendre est que cela n'aie aucun impact du tout.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que n'importe qui peut avoir un impact sur la société par ses actions. Ce que j'essaye de faire comprendre, depuis le début, c'est que l'éveil n'a pas vocation à servir une action sociale. La seule vocation de l'Eveil est de se délivrer de la souffrance par la réalisation du Non-né et, quand on est un bodhisattva, de montrer aux autres êtres sensibles, le chemin qui y mène.
Sans parler de sociétés idéales, est-ce qu'il y a déjà eu des sociétés qui ont eu 10 ou 20% d'Éveillés?
Si tu pars du principe qu'à partir de deux individus, il y a une société, alors, dans un groupe de 5 personnes, 10 ou 20% peuvent être éveillés. Mais si on se limite aux grands nombres, c'est à dire à des sociétés qui constituent des nations, alors le pourcentage est de dose homéopathique. Comme disait un maître zen rinzaï : on les compte sur les doigts d'un moignon.

Cela étant, il existe, pour le zen, plusieurs niveaux d'éveil (voir les 10 tableau du dressage du buffle)
Je nie que l'Eveil puisse entrainer une société meilleure car éveil et société ne sont pas liés par une relation quelconque.
Il y a bien un énorme lien: l'Éveil concerne l'individu, et une société est un ensemble d'individus qui entretiennent des interactions hétérogènes les uns avec les autres.
C'est là où nous divergeons. La société, comme je l'ai dit, n'est qu'un concept artificiel d'interactions entre plusieurs individus. Autrement dit, la société, ça n'existe pas pour l'éveil. Ce qui existe, ce sont les individus, un par un. L'éveil agit, comme je l'ai dit, sur les individus, un par un. Pas sur le groupe.
Juste par curiosité: est-ce que tu as un exemple de quelque chose qu'un individu pourrait faire qui montre qu'il n'est pas éveillé? Si je te comprends bien, il n'y en a pas pour toi, n'est pas?
On ne peut pas reconnaître un éveillé par ses actes mais parce qu'on est soi-même éveillé. Ce ne sont pas les aveugles qui peuvent garantir qu'un homme voit la véritable couleur du ciel.
Oui, sauf que cela est la justification typique pour l'escalade militariste extrême qui justifie n'importe quoi: défendons-nous pour que les autres ne nous nuisent pas, attaquons-les pour qu'ils ne puissent pas un jour nous attaquer, éliminons-les pour qu'ils ne puissent jamais nous menacer. Si dans une situation de violence, ta réponse est la violence, tu fais absolument partie du problème.
Ecoute, il m'est difficile de justifier des actes dans un contexte où je n'étais pas présent. Que nous dit l'histoire ? Elle nous dit que le Japon était en guerre, que les militaires et les moines en âge de combattre devaient prendre les armes ou bien passer par la loi martiale et se faire exécuter. Imagine que tu es un maître zen, parfaitement éveillé, et que, par soumission à l'empereur (parce qu'il faut bien comprendre que l'ensemble du clergé était soumis à l'empereur), tu doives aider les militaires à affronter leurs ennemis, la peur de la mort... Qu'est-ce que tu leur dit ? Tu leur demande de ne pas obéir à l'empereur ? Ce serait les mener au peloton d'exécution. Alors tu leur dit qu'ils doivent se battre. Tu leur donnes aussi les moyens d'échapper à la peur de la mort en leur promettant que par leur sacrifice, ils renaîtront dans un monde meilleur. Pour les encourager, tu leur dit aussi que ce qu'ils font est juste parce qu'il ne le font pas en leur nom propre mais au nom de leur nation et de l'empereur qui est considéré comme un Dieu vivant.

Je ne cherche pas à justifier l'action de ces maîtres zen. Je cherche à comprendre. Je me suis beaucoup interrogé sur cette question, crois-moi, souvent. Et j'ai pris beaucoup de recul face au clergé à cause de ça. Mais je n'ai pas le droit de juger sans savoir. Je n'ai pas le pouvoir de juger, de mon point de vue d'aveugle, si ces maîtres voyaient le ciel ou pas. Si l'un d'entre eux me disait que le ciel était rouge alors qu'on m'a toujours dit que le ciel est bleu, je ne peux pas en conclure qu'ils sont aveugles comme moi. Ils voient peut-être aussi quelque chose que je ne vois pas et qui échappe aux couleurs "canons" du ciel.
Le Bouddha parle du nirvana (non-né) comme fin de la souffrance. La réalisation du Non-né est la seule préoccupation des maîtres zen et bouddhistes en général.
Je ne pense pas que tu puisses évacuer la souffrance comme ça. Et le premier précepte concerne bien la souffrance qu'on impose aux autres, pas de celle dont on souffre. C'est donc une préoccupation primordiale selon le Bouddha. Donc à moins que le Non-né implique nécessairement le premier précepte, il est incorrect de dire qu'il la seule préoccupation des bouddhistes. Si par contre le premier précepte est une condition inévitable du nirvana/non-né, alors on revient au fait que ces maîtres zen violaient clairement l'esprit de ce précepte.
Le Non-né implique nécessairement le 1er précepte. Mais il implique aussi la Sapience que nous n'avons pas. Sans cette Sapience (Prajna), le 1er précepte n'est pas valide. Aucun précepte n'est valide sans les deux autre disciplines. Le 1er précepte ne donne pas la vue juste. Seule Prajna est garant de la vue juste.
Ils ne s'occupent pas du bien dans la société, ou alors pas avec leur statut de maître zen ou bouddhiste.
Mais là ce n'est même plus une question de société, mais davantage de comment pourraient-t-ils atteindre l'éveil pour eux-mêmes en foulant les principes bouddhistes de base.
Quand tu dis "en foulant les principes de base", tu te places d'un point de vue proche du Théravada. Le Zen ne se place pas de ce point de vue. L'important, pour le Zen, c'est avoir la vue juste. Et cette vue juste ne peut être acquise que dans l'expérience de l'éveil. On ne peut pas comprendre le Zen sans le jeu simultané de la Triple Discipline.
Je peux accepter que "la réalisation du Non-né soit la seule préoccupation d'un bouddhiste", si cette réalisation implique de veiller à ce que nos actions n'augmentent pas la souffrance des autres. Sinon la doctrine des préceptes n'a plus de sens, pour ne pas parler du reste du bouddhisme.
Le problème, c'est que tu n'admettes pas le fait que la réalisation du Non-né implique le respect des préceptes. Une fois que le Non-né est réalisé, alors il y a les préceptes. C'est comme quand tu montes dans un avion. Un avion, ça vole. Mais ça peut aussi se casser la gueule. Ce n'est pas parce qu'il y a des accidents d'avion que l'avion ne vole pas. Le cas du Japon est, en quelque sorte, l'accident d'avion. Mais les causes de cet accident ne sont pas dans la capacité de l'avion à voler. Le comportement des maîtres n'étaient pas leur absence d'éveil. La cause était que leur éveil n'avait pas le pouvoir de faire voler l'avion en toute sécurité.

Pour Dharmadhatu : Inutile de continuer la conversation sur cette question d'éveil et de société puisqu'on tourne en rond. Je te réponds sur d'autres points :
Sache que je n'ai aucun a priori sur le Zen, mais sur ta conception du Zen et du Bouddhisme. Bien heureusement, Lausm nous aide à mieux entrevoir qu'il y a effectivement des vues diverses au sein du Zen lui-même (a forciori au sein du Bouddhisme).
Lausm appartient à une école zen (sôtô) différente de la mienne (rinzaï). Nous voyons donc les choses différemment sur un certain nombre de points. Cela ne permet cependant pas de juger, à partir de divergences, si ma propre conception du Zen et du Bouddhisme doit être remise en question.
De plus, tu peux consulter les Wiki et les dicos du Bouddhisme, celui qui a inféré logiquement l'Eveil est le roi des logiciens bouddhistes. Mais encore faut-il savoir ce qu'est une inférence valide et avoir reconnu pour cela ne serait-ce que la nature conventionnelle de l'esprit...


L'éveil consiste à réaliser cette « vérité profonde si difficile à percevoir, difficile à comprendre, qui tranquillise, qui est sublime, qui ne peut être gagnée par le seul raisonnement et n’est visible que pour le sage » (Majjhima Nikaya).

Tu te mets le doigt dans l'oeil jusqu'au coude si tu penses que l'éveil puisse être inféré logiquement. Montre-nous où et comment Nagarjuna s'y prenait pour démontrer logiquement qu'un être était éveillé ? On pourrait démontrer qu'il ne l'est pas, sur la base d'un certain nombre de critères qui ne sont connus que des éveillés, mais on ne peut pas démontrer qu'ils sont éveillés par des inférences logiques seules. Ceci n'est en tout cas pas admis pour le Zen et explique cette divergence avec le Madhyamaka.

L'origine du Zen est l'expérience de l'Eveil de Çakyamuni. Le Zen ne s'intéresse qu'à cette expérience. Le reste est du discours.
Mouais, encore faut-il être d'accord sur ce qu'est l'Eveil du Bouddha Shakyamuni, et ça m'étonnerait que ce soit le même que celui de Huineng.... ce n'est déjà pas le même que celui de Kashyapa.
Comment répondre à ça ? Depuis quand les aveugles donnent-ils des titre de voyants ?
Mais les voeux monastiques impliquent la chasteté, donc si tout le monde doit quitter la société, il n'y aura plus de natalité et donc plus de société. La cessation de la souffrance n'implique aucunement la cessation de l'espèce humaine.


Pas pour le Zen. Les maîtres peuvent se marier et avoir des enfants. Mais bon, j'admire la façon dont tu essaies de te rattraper aux branches...
On ne peut pas démontrer qu'un évènement est la cause d'un effet si cet effet existe en absence de la cause supposée. Est-ce que ça t'est plus accessible dit comme ça ?
Où est la preuve de l'absence de cette cause ? Toi tu sais reconnaître un Nirmanakaya, un Bouddha non historique ?
Tu connais beaucoup de Nirmanakaya qui passent, socialement, incognito ? Tu n'es pas sérieux, Dharmadhatu.

Bon, je laisse tomber cette discussion, définitivement cette fois, parce qu'elle me prend du temps pour rien. Désolé.
Bonne continuation.
Cathrine

Je trouve ce post hallucinant!!
Ce n'est pas un débat!!! on dirait 2 mômes qui veulent tous les 2 avoir le dernier mot.
Bouddhiste ou pas, il existe un fait: personne n'a jamais convaincu personne de rien.

Ce soi disant débat ne nous fait pas avancer et on sent monter l'énervement.

je vais cesser de venir sur Nangpa quelque temps, je trouve qu'on y respire mal en ce moment.
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Dharmadhatu
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Cathrine a écrit : Ce soi disant débat ne nous fait pas avancer et on sent monter l'énervement.
:roll: Il n'y a aucune raison de s'échauffer si on comprend qu'on n'est pas son point de vue et qu'un point de vue n'est pas soi. Si la simple lecture d'un débat nous met hors de nous si facilement, alors en effet, pour préserver la stabilité de l'espace intérieur, mieux vaut s'écarter de l'objet de l'énervement.
Bouddhiste ou pas, il existe un fait: personne n'a jamais convaincu personne de rien.
Si puisque Sa Sainteté le Dalaï Lama m'a convaincu de la grande valeur du Bouddhadharma.
Antodume a écrit :Lausm appartient à une école zen (sôtô) différente de la mienne (rinzaï). Nous voyons donc les choses différemment sur un certain nombre de points. Cela ne permet cependant pas de juger, à partir de divergences, si ma propre conception du Zen et du Bouddhisme doit être remise en question.
jap_8 Encore une fois, c'est ton point de vue qui est remis en question et c'est légitime sur un forum où les débats sont possibles. A moins de dire: "C'est comme ça et pis c'est tout !"
L'éveil consiste à réaliser cette « vérité profonde si difficile à percevoir, difficile à comprendre, qui tranquillise, qui est sublime, qui ne peut être gagnée par le seul raisonnement et n’est visible que pour le sage » (Majjhima Nikaya).
Complètement d'accord. Mais quelqu'un a-t-il dit ici ou ailleurs que l'Eveil pouvait être gagné par le seul raisonnement ?
Tu te mets le doigt dans l'oeil jusqu'au coude si tu penses que l'éveil puisse être inféré logiquement. Montre-nous où et comment Nagarjuna s'y prenait pour démontrer logiquement qu'un être était éveillé ? On pourrait démontrer qu'il ne l'est pas, sur la base d'un certain nombre de critères qui ne sont connus que des éveillés, mais on ne peut pas démontrer qu'ils sont éveillés par des inférences logiques seules. Ceci n'est en tout cas pas admis pour le Zen et explique cette divergence avec le Madhyamaka.
Tu sembles ne pas connaître du tout les conditions requises pour qu'une inférence soit valide. Selon Dharmakirti, une inférence n'est valide que si elle repose sur une perception directe elle-même valide. C'est pourquoi j'ai parlé de connaître la nature conventionnelle de l'esprit; si on la reconnaît directement, on peut tout naturellement inférer la nature omnisciente de l'Eveil. Si on ne reconnaît pas non seulement la possibilité de l'Eveil mais de plus sa nature omnisciente, c'est soit qu'on n'a pas reconnu la nature cognitive de l'esprit, soit qu'on n'a pas employé de raisonnements valides.

Nagarjuna, dans nombre de ses traités, savait distinguer le puéril du sage parce qu'il employait à merveille l'inférence valide et ce qu'elle implique (voir plus haut).

(Question subsidiaire qui n'attend pas de réponse immédiate: Pourquoi accepter Nagarjuna et son fils spirituel comme des Patriarches si vous mettez de côté leur méthode madhyamika pour laquelle ils sont avant tout connus ?)
Mouais, encore faut-il être d'accord sur ce qu'est l'Eveil du Bouddha Shakyamuni, et ça m'étonnerait que ce soit le même que celui de Huineng.... ce n'est déjà pas le même que celui de Kashyapa.
Comment répondre à ça ? Depuis quand les aveugles donnent-ils des titre de voyants ?
C'est pourtant simple: nous savons tous que Kashyapa était un Shravaka, il a donc atteint le fruit du Véhicule qu'il pratiquait: l'Eveil d'un Shravaka (nibbana) et non pas samyak-sambodhi. Si ensuite les Maîtres zens atteignent un fruit, comment savoir s'ils atteignent Shravakabodhi ou Samyaksambodhi puisqu'au sein de leur lignée, certains Patriarches (comme le 1er d'entre eux, Kashyapa) ont atteint nibbana et d'autres (comme les mahayanistes Nagarjuna et Aryadeva) ont atteint au moins les bhumis des Bodhisattvas ?
Pas pour le Zen. Les maîtres peuvent se marier et avoir des enfants. Mais bon, j'admire la façon dont tu essaies de te rattraper aux branches...
Hors sujet, nous ne parlons pas de Maîtres, mais de moines. La citation du Majjhima Nikaya que tu as donnée n'évoque que les renonçants, les bhikshus ((... revêtant la robe jaune... ). Or les bhikhus perdent leur état s'ils enfreignent le précepte de chasteté. Entre "Maître" et "moine", il y a plusieurs possibilités (on peut être l'un et l'autre, l'autre et pas l'un, etc...)
Tu connais beaucoup de Nirmanakaya qui passent, socialement, incognito ?
Je ne peux qu'une fois de plus rappeler la raison valide de non observation de ce qui n'est pas susceptible d'apparaître: ce n'est pas parce qu'on ne les connaît pas qu'ils n'existent pas. Ou alors, tu acceptes les Nirmanakayas en occultant les différentes sortes de Nirmanakaya et tu ne parles alors que des Paranirmanakayas, les Bouddhas historiques.

Je tiens en tout cas à vous remercier, et en particulier les débattants zénistes, pour cette discussion qui m'a non seulement permis de remettre en question mes propres opinions autant que celles d'autrui, mais aussi de tester ma prise de recul vis à vis des mots... et c'est cool ! :D

Amitié FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Cathrine

Ton insistance, cette volonté de vouloir " débattre" à tout prix , m'inquiètent.
Es tu sincère? Cherches tu à semer le trouble sur le forum?Es tu un troll?
Iskander

Cathrine a écrit :Ton insistance, cette volonté de vouloir " débattre" à tout prix , m'inquiètent.
Es tu sincère? Cherches tu à semer le trouble sur le forum?Es tu un troll?
Je crains que ça ne vire vraiment hors-sujet, et je propose de continuer ça en mp, si tant est que ça vaille la peine de continuer sur cette tangente.

Je voudrais commenter sur le fil:
Je trouve que ça a été très intéressant, j'ai beaucoup appris. En posant ma question initiale je ne devinais même pas les différences de conception qui existent au sein des différentes traditions sur l'Éveil, l'action des Éveillés dans la société, ou même de comment les préceptes sont envisagés.

J'en ai appris un peu plus sur la tradition zéniste (sutra de l'estrade, la triple équivalence, la transmission), même si pour l'instant ça me laisse encore très perplexe.

Personnellement je ne cherche pas à convaincre qui que ce soit, mais plutôt à affiner ma propre compréhension du bouddhisme et de ses écoles de pensée. Si je demande des justifications et arguments, c'est parce que certains points ne me semblent pas tenir la route, du moins avec les connaissances que j'ai en ce moment. C'est essentiellement une démarche personnelle, mais qui demande un partage et échange de point de vues avec les autres.

Bien sûr, il serait souhaitable que les échanges soient plus sereins, mais je pense que chacun fait ce qu'il peut.
antodume

Je me dois de répondre à laurent pour en finir (j'espère) sur cette question :
lausm a écrit :Dume insiste sur le fait que l'éveil n'influe pas sur les conditions sociales, etc...enfin, je résume très très schématiquement.
Je pense, de ce que je peux ressentir à distance de sa pratique du rinzai, vu que je pratique le soto, qu'il s'agit d'une question de cadre (voire de cadrage) de la pratique. L'établissement d'un cocon protecteur, d'un sanctuaire, d'un cadre destiné à protéger et transmettre la possibilité de l'évei, le fait de l'expérimenter. D'où un discours qui tendrait à dissocier l'expérience mis au centre de toute pratique.
Effectivement, une expérience profonde du zen de type kensho n'a pas de rapport avec des conditions sociales, ni avant, ni après. En réalité, comme il ne s'agit pas à proprement parler d'une expérience dans le sens ordinaire du terme, on ne peut y établir de protocole pour l'obtenir à tous les coups. Je parle du point de vue du Rinzaï, bien évidemment, puisque pour le Sôtô, cette expérience/réalisation n'est pas fondamentale et est même - parfois - carrément niée. Il est donc difficile d'expliquer en quoi il n'existe pas de rapport puisque pour le comprendre, il faut nécessairement passer par cette expérience. Mais si je viens en parler ici, ce n'est pas pour parler d'expérience et dire qu'on ne peut pas comprendre si on n'a pas fait cette expérience. Je viens ici parce que je pense qu'on peut aussi l'expliquer dans un mode logique, sans qu'il soit nécessaire de passer par l'expérience.

Le premier argument est la notion même de société. Une société existe-t-elle en soi ? Bien évidemment non. Ce n'est qu'un concept. Ce qui importe, dans le contexte du Zen (et donc du Bouddhisme, pardon d'insister), c'est l'individu. On peut toujours dire, par exemple, que la médecine est utile à la société. Qui le contesterait ? Mais si on observe bien les choses, la médecine n'est utile qu'au malade. La médecine, c'est une relation entre le médecin et son patient et aussi, bien évidemment, les soins apportés au patient. En clair, pour le Zen, la société, ça n'existe pas. Ce qui existe, c'est l'homme. L'homme est au centre de la société et il n'existe pas de société sans l'homme, c'est évident. La réciproque est fausse. Bien évidemment encore. Alors, à votre avis, l'éveil concerne-t-il l'homme où la société ? I

Le deuxième argument est que si l'éveil était réellement utile à la société, pourquoi, depuis que des éveillés existent (si on prend en compte l'ensemble des Nirmakaya depuis que le Bouddhisme existe) n'a-t-on pas réellement progressé dans le système social ? Certes, il y a eu des théories, que ce soit en sciences politique ou sociale, et aussi des modèles de sociétés plus ou moins utopiques... Bref, on a essayé plein de chose, avec ou sans le progrès technologique, avec ou sans la démocratie, avec ou sans le contrôle des naissance... Il semble que l'homme, individuellement, n'aille pas mieux pour autant. La consommation d'antidépresseurs est là pour en témoigner.

Pire encore, l'histoire du Japon nous a montré que des maîtres zen ont échoué à promouvoir le Bouddhisme dans le contexte d'un conflit armé.

Alors, on pourra me sortir toutes les inférences logiques que l'on veut, la preuve n'a pas été faite que l'éveil pouvait servir l'homme à l'échelle de la société. Il peut le servir individuellement, mais pas à l'échelle des grands nombre.

Ceci est juste un constat. Pas la peine de faire une expérience zen pour l'établir. Ce n'est d'ailleurs pas le fruit d'une expérience zen.

Le troisième argument, c'est que l'expérience montre que ceux qui accèdent à la vue de leur vraie nature n'ont d'autres intérêt que de faire en sorte que tous leurs semblables fassent de même. Pour cela, ils invitent les êtres à se tourner vers l'intérieur et non vers l'extérieur. Autrement dit, le chemin de la libération est à l'intérieur de soi, pas à l'extérieur. Quand on regarde à l'intérieur, on voit aussi l'extérieur, mais cet extérieur n'est pas un concept. Cet extérieur, c'est soi. C'est un fait d'expérience. Ce qui n'est pas soi est soi. Et donc, quand on a réalisé cela, on n'a de cesse que chacun réalise cela. La société meilleure, c'est bien pour les êtres qui n'ont pas ce genre de préoccupation. Une société meilleure pour le supporter du PSG, c'est une équipe de foot qui gagne. Pour les supporters de l'OM, c'est de mettre une trempe au PSG. Ça ne veut rien dire, une société meilleure. Et parce que ça ne veut rien dire, il faut se tourner vers l'individu.
peut-être que les grand maîtres du zen japonais avaient connu des grandes et profondes percées qu'on peut considérer comme éveil. Mais s'ils ont eu la faiblesse, de ne pas dire non à la guerre et a destruction, c'est une façon de détourner le sens des préceptes...on comprend donc que l'expérience de l'éveil, est accompagnée des préceptes, car ils sont là pour protéger l'éthique, qu'une simple vision profonde de la réalité, ne garantit pas.
Je n'ai pas exactement la même lecture que toi. Qui nous dit que ces maîtres zen n'ont pas été utiles aux soldats, quand ceux-ci avaient peur d'aller au front alors qu'ils n'avaient pas le choix ? Qui nous dit qu'ils n'ont pas essayé de les aider du mieux qu'ils pouvaient étant données les circonstances. Je donnais l'exemple d'un avion, à Iskander. Quand les pilotes ne peuvent plus éviter le crash, faut-il dire qu'ils étaient de mauvais pilotes ? Oui s'ils l'ont provoqué par négligence. Non s'ils ont fait ce qu'ils pouvaient mais sans y parvenir, à sauver les passagers. C'est une affaire difficile, au kôan très difficile à passer. C'est l'histoire du maître zen dont les mains sont liées dans le dos et qui se tient suspendu au-dessus du vide en serrant une branche fortement entre ses dents. Ce kôan est difficile à passer parce que le maître tombe dans le vide à tous les coups. Mais il y a vide et vide. Et ça, qui peut le dire de l'extérieur ?
Autrement dit, l'Eveil; ne garantit rien.
Voilà ! L'Eveil, ce n'est pas la baguette magique qui va changer le monde. L'éveil ne change que nous-mêmes. Alors, on peut supposer que si on change, alors le monde change. Mais seulement du point de vue de l'éveil. Quand Çakyamuni a connu l'éveil au pied de l'arbre de la Bodhi, celui qui mourrait dans l'ignorance de sa vraie nature n'a rien vu. La pluie mouillait toujours ses vêtements, et, si ça se trouve, il a été pris de diarrhée au même moment. Bonjour l'Eveil...
Dernière modification par antodume le 29 février 2012, 20:17, modifié 2 fois.
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