Śūnyatā — La vacuité

Sourire

ardjopa a écrit :Pour les êtres ou les gens qui n'ont pas encore bien compris/assimilé le bouddhisme, et surtout la réalité,
vivre, naitre ou renaitre, est un plaisir, un désir et une chance énorme;
Pour ceux qui l'ont bien vu et compris, c'est le pire des chatiments
Moi, ce que j'ai compris, c'est que quand j'avais 16 ans j'étais une morte-vivante, un cadavre avec un coeur qui bat et un cerveau qui bouillonne.
Je ne comprends peut-être rien au bouddhisme, mais vivre est une chance énorme. Vivre, c'est à dire pouvoir profiter du monde autour de soi sans être immédiatement détruit par lui et renvoyé à ses propres questionnements.

A 16 ans et 6 mois, moins quelques jours, je suis née une deuxième fois... Et plus de vingt ans plus tard, je suis toujours aussi contente de l'avoir fait ! Plus, même... Car cette expérience de non-vie, finalement, c'était très constructif.
(Evidemment, si on m'avait dit ça en ce temps-là, j'aurais pas aimé...)

Quand au Monde... Il est ce qu'il est.
Mais la vie est la seule à avoir la chance de pouvoir le contempler ou le modifier.
Iskander

Sourire a écrit :Moi, ce que j'ai compris, c'est que quand j'avais 16 ans j'étais une morte-vivante, un cadavre avec un coeur qui bat et un cerveau qui bouillonne.
Je ne comprends peut-être rien au bouddhisme, mais vivre est une chance énorme. Vivre, c'est à dire pouvoir profiter du monde autour de soi sans être immédiatement détruit par lui et renvoyé à ses propres questionnements.

A 16 ans et 6 mois, moins quelques jours, je suis née une deuxième fois... Et plus de vingt ans plus tard, je suis toujours aussi contente de l'avoir fait ! Plus, même... Car cette expérience de non-vie, finalement, c'était très constructif.
Mais j'imagine que ça n'a rien à voir avec le Bouddhisme, non? À quel âge as-tu commencé à t'intéresser à ce genre d'enseignements?
Sourire

En fait, c'est dans cette phase-là, sur les 14-16 ans. J'ai lu un peu tout ce que j'ai trouvé sur les religions existant ou disparues et sur les philosophies.
Quand on est malade au point d'être comme mort, à l'âge où normalement la vie devrait s'ouvrir, on cherche des réponses où on peut. Mes parents s'en sont peut-être inquiétés... Ils ne l'ont pas dit. En tout cas, quand on a annoncé mon opération (une sorte de quitte-ou-double), ils ont été plus secoués que moi et ils ne m'ont pas caché qu'ils me trouvaient très courageuse. Moi, je trouvais... Que cette longue attente insupportable était enfin finie.

Après mon opération, il y a eu une phase d'exaltation et en même temps de vide. Avant opération, je ne pouvais plus dessiner, ou du moins le résultat n'était pas techniquement à la hauteur. Il faut dire que l'imaginaire était devenu très vif et que le doigté était réduit à rien. Après l'opération, je n'avais plus d'idées. Et puis, l'hiver suivant, mon grand-père est mort et l'inspiration est revenue. Plutôt triste, au début, évidemment, mais elle est restée.
Quand à l'intérêt pour les textes hautement spirituels, il a grandement baissé... Je suis resté accro à la mythologie et à tout ce qui concerne les aspects spirituels des cultures qui ont existé à une époque ou une autre. Le bouddhisme, ça m'est revenu petit à petit, pendant mes études, à force de chercher à échapper au stress. Mais pendant des années, je n'ai pas voulu approfondir les textes. Pourtant, ça m'aurait peut-être aidée à trouver ce calme que je cherchais désespérément pour ensuite me re-noyer dans mes classeurs. La seule chose qui me calmait l'esprit, au jour le jour, c'était le dessin, dans cette phase-là.. Mais l'attitude était fausse, car je séparais entièrement le "moi qui dessine et écrit" et qui n'avait le droit d'exister que quelques heures ici ou là, et le "moi qui étudie" et qui était, pensais-je la personne vraie. Un coup à auto-infliger une dépression nerveuse.
Si j'avais un peu plus laissé mes deux univers se rejoindre, j'aurais peut-être lu des recherches historiques sur l'art et la civilisation celte, puisque c'est dans cet univers que je dessinais... Et j'aurais peut-être appréhendé que les opposés sont indissociables. Chose qui, pour moi, restait très abstraite.
(ben voui, la dualité celte et la vacuité bouddhiste, c'est pas très éloigné, des fois)

Et enfin, un nouveau tournant de vie spirituelle en même temps que celui que celui de mes projets professionnels. Quand j'ai ouvert la porte à mon côté imaginaire en espérant qu'il ne déborderait pas trop... Ce qu'il a fait, puisque à présent c'est lui le côté dominant. ;-) Mais on ne chasse pas son ombre, alors le côté bouquins est toujours là aussi. Je pense que, plus décontractée, tout simplement, je me suis accordée le temps de comprendre ce qui fait que quoi et que comment dans le bouddhisme, quoi... Ou alors c'est du fait que les deux se mélangent, sans chercher plus loin...


shuuuuuuuuuuuuttttt Et dire que j'avais parlé de mes 16 ans juste parce que... Rien que d'y penser, encore maintenant, ça me saigne le coeur quand quelqu'un dit que la vie est moche.
Je ne pouvais plus écrire, je dessinais de la main gauche, je ne savais plus comment exprimer ce qui était en moi... Mais je regardais les fleurs décrochées par le vent, les couleurs de la pierre, et j'avais envie de faire partie de tout ça... Même si c'en était de moins en moins le cas.
Truc bizarre = après l'opération, j'ai récupéré immédiatement... On a pas eu besoin de me rééduquer comme c'était prévu.
Question pour question...
Même si je n'avais pas lu de trucs sur le bouddhisme à cet âge (c'est d'ailleurs en ce temps-là un thème qui m'a très peu retenue, parmi tous ceux que j'ai potassés), est-ce que ça enlèverait quelque chose au fait que cette renaissance fait partie de ce que je suis à présent ?
ardjopa

Butterfly_tenryu
Dernière modification par ardjopa le 24 janvier 2012, 10:22, modifié 1 fois.
Sourire

"Dukkha" ce sont aussi des choses agréables, mais qui de par le fait qu'elles sont agréables, peuvent produire un attachement et donc de la souffrance

Comme ce vent parfumé de fleurs que j'ai tellement respiré, assise dans la cour, tellement profondément, ces jours où j'ai commencé à réaliser que le crayon ne voulait pas rester entre mes doigts plus de quelques instants.
Au bout d'un moment, je remettais le crayon en place avec la main gauche, je l'y maintenais, et je retraçais quelques traits. Jusqu'à ce que mes doigts tremblent encore et le fassent tomber.
Mais c'était le printemps et ça sentait les fleurs, alors quelle importance que le mot "après" n'aie pas eu de sens ?
Ce vent n'était qu'une illusion éphémère, mais parfois, la vie n'a pas besoin de plus
Iskander

Sourire a écrit :Même si je n'avais pas lu de trucs sur le bouddhisme à cet âge (c'est d'ailleurs en ce temps-là un thème qui m'a très peu retenue, parmi tous ceux que j'ai potassés), est-ce que ça enlèverait quelque chose au fait que cette renaissance fait partie de ce que je suis à présent ?
Non, certainement pas. Mais j'essayais de lever l'ambiguité de ton texte. Je me demandais si tu voulais dire si le Bouddhisme t'avait permis de renaître à 16 ans. En fait, je suspectais que tu évoquais plutôt une tentative de suicide ratée.

Mais si c'est une maladie neurologique, on parle d'autre chose. Je suis curieux de savoir en quoi une opération peut aider, mais c'est un sujet trop intime pour en discuter dans un forum.

Personnellement, je ne pense pas que vivre soit une chance (dans le sens chance/malchance). Mais par contre c'est certainement une chance (dans le sens opportunité).
ardjopa

Butterfly_tenryu
Dernière modification par ardjopa le 26 janvier 2012, 21:42, modifié 1 fois.
Sourire

> Iskander = Opportunité, oui...


Ensuite, la (bonne) chance ?
Quand j'étais à l'hosto, pour mon opération, j'ai dévoré des BD. J'ai découvert, entre autres, le grand Hugo Pratt... Donc, je vais citer un de ses personnage affligé de l'énorme ennui de n'avoir pas de ligne de chance = "ne t'inquiètes pas, la chance, c'est moi qui me la fais"
Je ne suis pas une veinarde. Des amis à moi disent que j'ai la poisse, ou bien que j'ai pas-de-pot... Mais la chance, ça n'est jamais qu'un petit bout de hasard qui vient se rajouter sur des tas d'autres éléments. Et puis, ne pas avoir de chance, c'est une chance en soi = ça oblige à développer ses capacités. Dame Fortune est capricieuse, mais ce qu'on a en soi, on en est maître.

Evidemment, on pourrait se demander = l'opportunité de quoi ?


> Ardjopa = A l'époque dont je parle, la fusion entre l'esprit et la feuille ne s'opérait plus. La tenter exigeait un effort immense.
Et le seul art vraiment gratuit est celui qui disparait aussitôt créé, comme les châteaux de sable quand la mer monte
Dernière modification par Sourire le 23 janvier 2012, 20:48, modifié 1 fois.
ardjopa

Butterfly_tenryu
Dernière modification par ardjopa le 26 janvier 2012, 21:42, modifié 1 fois.
kay

@Sourire :
Cela me saigne le coeur aussi d'entendre quelqu'un dire que la vie est moche. Cette vie humaine pour s'éveiller est un cadeau et je ne regrette pas non plus et les réveils spirituels foudroyants.
Il y a deux jours, j'ai accepté que l'une de mes petites chattes perde un oeil ( une tumeur )pour ne pas perdre la vie. Je la trouve très courageuse, très zen. Et je m'occupe d'une personne âgée non-voyante, depuis quelques mois, elle aime la vie... Mais la question ne se pose même pas, c'est une question de regard... Bref
chakyam a écrit :Hé bé Flocon ! Propose un sujet, un thème sur les cyniques !

En attendant, si on revenait sur la Vacuité... et surtout si on répondait aux questions que suscitent les échanges... et si on reliait la Vacuité à la sentence zen « Au commencement aucune chose n'est »... qui me semble bien proche... et si on se décidait entre la chose sans conceptualisation, la chose avec conceptualisation, la conceptualisation sans chose.... sans fermer les « possibles »

Amitiés

FleurDeLotus Butterfly_tenryu
Je tire un bout de fil... :?:
Il n'y a ni commencement, ni fin. Et une chose est la continuité d'une autre sous une forme différente. Avant la naissance d'une chose, il y avait autre chose... Le nuage est impermanent, l'image qu'on s'en fait naît de l'esprit comme nuage = mauvais temps... etc Le nuage " n'est que nuage" on l'appelle nuage. Le sujet et l'objet apparaissent en même temps, ensuite des pensées, des idées sont collées dessus...
Il n'y a pas de mort sans vie de vie sans mort. Pas de nirvana sans samsara, de samsara sans nirvana.
...

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