Libérer "tous les êtres sensibles" ?

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Dharmadhatu
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Flocon a écrit :Je crois qu'"être sensible" dans le bouddhisme signifie "être doté des six sphères sensorielles" (vue, ouïe, toucher, goût, odorat et mental). Ils sont décrits comme devant être libérés car soumis à la chaîne de la coproduction conditionnée (dont les six sphères constituent le cinquième maillon). A vérifier... :?:
:D Pour rebondir sur Erratum (même pas mal !!), en philosophie bouddhiste, on distingue un être sensible d'un Bouddha (bien qu'il est des perceptions), sinon il ne rimerait à rien de vouloir aussi aider à se libérer ceux qui le sont déjà.

On distingue aussi un être sensible des sphères de la forme et du désir d'avec ceux de la sphère sans-forme qui n'ont pas les six sphères de manière effective: dans l'arupadhatu, il leur manque la première (elle n'est qu'à l'état potentiel, ou désactivé).

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Erratum

Rebondis rebondis :lol:
Ce qui me perturbe toujours c'est le besoin de préciser tous les êtres sensibles... Je comprends bien la notion de sensible, mais concrètement il me semble impossible de libérer quelqu'un malgré lui... D'où ma question sur le sensible comme étant déjà la marque d'un intérêt pour la libération par ces êtres ... :?:
Jean

Je crois qu'il est possible de participer à la libération des êtres sensibles "malgré" eux.
Il est possible d'effriter le "malgré".

L'histoire du curé, des chandeliers, de Jean Valjean est un exemple.Ça ne l'a pas libéré, mais cela a provoqué un changement de cap chez lui.
Dans ce type de situation, ce n'est pas le discours qui est important, c'est l'exemple. La preuve que l'on peut vivre sans la haine.

Pour l'histoire " être sensibles" c'est pour moi une simplification de "tous les êtres qui sont dans la souffrance"
Le Bouddhas ne sont pas inclus dans ce groupe puisqu'ils ne souffrent pas. Mais je crois avoir lu quelque part qu'aider les Bouddhas à libérer tous les êtres dans la souffrance c'est inclus d'office dans "libérer tous les êtres sensibles".

Milarepa disait que le simple souhait de vouloir libérer les êtres de la souffrance était purificateur d'un gros karma. (le poids n'est pas exactement spécifié)

En général, on aime partager les choses que l'aime. Si on expérimente un peu la paix de l'esprit, le souhait que toutes les personnes puissent vivre cette expérience vient naturellement.

Je veux que la personne que j'aime ne souffre pas
je veux que ma famille ne souffre pas
je veux que tous mes proches et mes amis ne souffrent pas
je veux que tous les êtres humains ne souffrent pas
Je veux que tous les êtres humains et les animaux ne souffrent pas, etc
je veux que tous les êtres ne souffrent pas

A lire cela on peut constater qu'il y a une ouverture du coeur et un élargissement et une plus grande vivacité de la conscience qui se produisent.

Mais avant d'aider une personne , on peut toujours lui demander s'il a sa carte du club "Etres sensibles".

"Aider" est quelque chose qui peut s'apprendre. "Aider" d'une manière maladroite peut avoir l'effet contraire. Il y a le livre " How to help without to be a nuisance" qui existe en anglais, mais des livres équivalents doivent exister en français. Tout s'apprend.

Le respect, la bienveillance augmentent les chances d'avoir une bonne relation avec les autres et de vivre ainsi des moments agréables. L’égoïsme peut donc être une motivation pour développer en soi le respect et la bienveillance vis à vis de l'autre. Sans parler qu'il est prouvé qu'être dans un état d'esprit bienveillant à un effet positif sur la santé : yeux brillants, teint frais... Il y a pas de petits bénéfices , en plus avoir un coeur ouvert rapproche de l'éveil. C'est la bonne direction. Travailler là dessus est un bon investissement. Si on a pas la motivation d'un Milarépa, on peut toujours essayer continuellement de grapiller tout ce qui est positif, qui se présente. et qui est accessible.

Je sais bien que cela est une approche utilitariste, mais cette approche peut se transformer avec le temps et la pratique en un approche plus Bouddhiste, plus spirituelle, voire plus radicale du style "La forme est vide, le vide est forme", "Tout est déjà parfait" , "Tous les êtres ne sont qu'une projection de l'esprit" et "Tout est dans tout et réciproquement".
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Dharmadhatu
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Erratum a écrit :D'où ma question sur le sensible comme étant déjà la marque d'un intérêt pour la libération par ces êtres ...
:D Parfois, on dit "êtres conscients"; ce qui est la même chose. Comme ils sont conscients, ils peuvent éprouver soit des situations qui relèvent de la souffrance (dans son sens large, les 3 types enseignés dans le Bouddhisme), soit des situations qui relèvent du bonheur (le plus durable étant la cessation des causes de la souffrance).

Ils ont à ce titre tous droit au bonheur, et si un bodhisattva s'applique à y contribuer, alors tant mieux.

FleurDeLotus
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Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Erratum

Dharmadhatu a écrit :
Erratum a écrit :D'où ma question sur le sensible comme étant déjà la marque d'un intérêt pour la libération par ces êtres ...
:D Parfois, on dit "êtres conscients"; ce qui est la même chose. Comme ils sont conscients, ils peuvent éprouver soit des situations qui relèvent de la souffrance (dans son sens large, les 3 types enseignés dans le Bouddhisme), soit des situations qui relèvent du bonheur (le plus durable étant la cessation des causes de la souffrance).

Ils ont à ce titre tous droit au bonheur, et si un bodhisattva s'applique à y contribuer, alors tant mieux.

FleurDeLotus
oui mais on dit aussi conscient DE qq chose ou sensible A qq chose... Les idées n'étant pas à la base écrites en français, est ce que la traduction n'est pas "limitante" ?
Je suis têtue, je n'arrive pas à concevoir qu'on s'arrête simplement à "sensible" ou "conscient" pour définir, qualifier les êtres à libérer... :oops:
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Dharmadhatu
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Erratum a écrit :oui mais on dit aussi conscient DE qq chose ou sensible A qq chose...
jap_8 Oui, le "à" est implicite. Selon la philo bouddhiste, il n'y a pas de sujet sans objet, ni d'objet sans sujet.
Les idées n'étant pas à la base écrites en français, est ce que la traduction n'est pas "limitante" ?
Pourquoi limitantes ? Les choses inanimées n'ont pas à être libérées de quoi que ce soit. C'est la perception distordue de tous les êtres qui ne sont pas arrivés à l'Eveil qui doit être libérée.
Je suis têtue, je n'arrive pas à concevoir qu'on s'arrête simplement à "sensible" ou "conscient" pour définir, qualifier les êtres à libérer...
Les êtres sont conscients de quelque chose: une perception distordue de la réalité des choses. Cette distorsion est la cause de tous leurs problèmes. (par contre, la distorsion en guitare, c'est excellent ! ;-) )



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Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Sourire

Je comprendrais plutôt "sensibles à la douleur"

les êtres "ouverts à" ne sont pas obligatoirement en souffrance ni en attente d'une libération...
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