Bouddhisme et combativité

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Longchen
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Cela me fait penser...
On peut être irrité après quelqu’un mais ce n’est pas uniquement l’autre, du moins pas toujours uniquement l’autre.
Ainsi le passage qui me revient à l’esprit disait que l’on pouvait étre irrité ou énervé, certes à juste titre, souvent -dans la mesure où l’autre peut mal agir à notre égard je veux dire- mais aussi parce qu’on regarde cet autre avec les yeux de la colère et de l’irritation.
De ce fait si on cumule beaucoup de colère et d’irritation en soi-même on peut trouver de bonnes, de moins bonnes voire de mauvaises raisons de s’emporter, voire de rechercher plus ou moins consciemment des situations (dans certains cas) qui vont être un prétexte pour faire sortir sa colère.

A contrario pensons à un Bouddha, son regard est celui de la compassion en toute circonstance, il ne s’énervera jamais, la colère est éradiquée en lui. A travers les déités courroucées il peut toutefois y avoir une forme d’action qui prend une forme violente, pourtant il ne s’agit pas de colère.
Quand on regarde une divinité courroucée, il me semble clair que l’action combattive (voire même très combattive) n’est pas niée...

Tout cela pour dire que bien des choses nous ramènent à notre propre regard ; pourtant je ne suis pas pour dire que tout vient nécessairement de soi-même, on vit dans une société très agressive, et qui le devient de plus en plus, il me semble.

(ci-après il s'agit d'une divinité féminine plutôt féroce :lol: )
FleurDeLotus
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L’instant présent 🙏
Sourire

ted a écrit :
Sourire a écrit :Le mauvais karma numéro 1, Ted, c'est que tu te fabriques des toxines et que les toxines c'est pas bon pour la santé.
Ensuite, tant que tu ne fais rien qui fasse du mal à autrui, ça reste ton karma à toi, pas celui d'un autre.
Mauvais karma numéro 2 : c'est bien gentil de ruminer, mais il faut la faire passer cette agressivité intérieure, sinon c'est le psychisme qui en prend un coup. Evidemment, c'est plus facile à dire qu'à faire.

Je sais pas... Tu as essayer de gueuler dans le vide pour te défouler ?
En fait, ya pas d'agressivité, juste l'idée qui apparait et disparait.
C'est assez marrant...

Tu crois que je deviens psychopathe ? :D
Non...
Mais quand on a envie de gueuler sur quelqu'un et qu'un ne fait rien, finalement, c'est soi-même qu'on démolit à petit feu.

Dernièrement, j'ai eu très envie de GUEULER (et ça m'arrive pas souvent) sur une copine que je soutiens comme je peux depuis pas loin de dix ans dans ses hauts, ses bas, ses plongeons, etc. En ce moment, elle se re-re-re-laisse couler. Et moi, en voyant ça, ben... J'avais méga-envie de lui super-gueuler dessus. Le résultat, c'est que je me suis fait tant de mauvais sang que je me suis blessée. Je l'ai pas engueulée finalement. J'ai pris un peu de distance. De toutes façons, elle n'aurait pas écouté ce que je lui aurais dit, quel que soit le ton employé.

Evidemment, si ça touche tes enfants, tu es "sensible", c'est normal.
Mais même là, est-ce qu'il faut vraiment gueuler ? Je ne peux pas dire, je ne sais pas de quoi il s'agit.
Lupka

Pour rejoindre les propos de Sourire y'a gueuler et gueuler ...

Gueuler sur son college parce que c'est un con et puis c'est tout :mrgreen: " pas bien ! "

Gueuler sur son amie qui plonge parce que personne ne l'aide anjalimetta " bien ! "

J'ai vécu la même situation avec ma soeur qui de nature dépressive (n'ayont pas peur des mots) n'arrivaient pas à voir le bout du tunnel alors un soir au téléphone je lui ai gueulé dessus comme un poisson pourri à coup de 4 vérités et plus encore , les poissonnières de Rungis auraient étés choqués d'une telle gueulante mais c'était dans une intention pure si je puis dire ... depuis elle sort peu à peu la tête du trou et retrouve sa vraie nature dirons nous.

N'oublions pas que pour produire du kamma (positif/négatif) il faut réunir action-intention-résultat ... :mrgreen:

Après pour ce qui est de la colère gratuite hier encore alors que je cherchais un livre de du Vénérable Walpola rahula je me suis pris d'un placard la wii fit sur le coin de la gueuler et croyez moi qu'elle pèse ! j'ai eu une réaction typique à moi même " putain qui a mis cette merde a cet endroit bordel de wii fit de m**** ! " et j'ai tout de suite fait le rapprochement entre ce bôbo, ma réaction et au final l'expression de mon, égo ! croyez moi j'ai pris une belle leçon de Dhamma ! à contrario j'arrive grâce au Dhamma à analyser en partie ma colère quand je me fâche avec madame et mettre a nu en tout cas partiellement l'expression de mon égo ! c'est madame qui est contente d'avoir un boubou' a la maison :mrgreen:

Voila ... sinon petite décidace à Norbet de Top chef que j'adore ... va y Norbeeeeeeeeeeeeeeeeert :lol: :lol:
Sourire

Mais pour pousser une saine gueulante, il faut que la personne soit prête à écouter cette gueulante.
Quand le moindre mot de critique est pris comme une agression, la seule chose qu'on peut faire c'est laisser la personne réfléchir, et revenir plus tard
ardjopa

Il y a 2500 printemps et des poussières (enfin il parait) le petit Lao (tseu) disait déjà des choses comme "l'eau triomphe du roc, le faible du fort, le silence du bruit, le souple du dur, le vide du plein etc..."
La combativité "primaire" est bien souvent une réaction seulement, par désir, haine, vengeance, peur, défense etc
La combativité véritable, dans le "spirituel", les guerriers de l'éveil chers à notre ami Boudiii (?), n'est pâs dans la réaction, mais dans l'action pure, consciente, le détachement;
Mais ce n'est pas pour autant être complaisant, hypocrite, faux, ou se laisser faire, c'est au contraire être franc, juste et impartial, dans le combat comme le repos, c'est ne pas combattre avec son mental et contre les autres, mais avec son "âme", et pour la justice et le bien.
Le vrai guerrier n'est pas celui qui gueule après ses voisins, sa femme, son patron, collègues, employés, amis, ennemis etc..., c'est celui qui est détaché, libéré de ces rapports de forces, car y être encore "enlisé", que ce soit en le supportant ou en ripostant, ne nous en libère nullement, bien au contraire; Le (sale) piège à lapin, avec noeud coulant ou autre, qui se resserre toujours plus sur lui, plus il essaye de s'en dégager, c'est souvent cela que crée ces inextricables luttes sociales, amicales, amoureuses, familiales, mentales et personnelles avant tout;
En fait, si nous en sommes encore à devoir gueuler, c'est que nous cherchons cette liberté, cette paix qui mette fin enfin aux conflits entre soi et les autres, soi et le monde;
A la limite, chaque gueulante "bien utilisée", ne devrait pas en rester seulement à repousser ou rispoter à ceux qui nous ont fait souffrir ou importuné, mais à un changer d'état d'esprit, voire d'actions, ou de façon de vivre;
Morihei ueshiba disait que le guerrier vainc sans combattre, il est détaché de la vie et de la mort, des possessions, des richesses, honneurs, ou gloires, et habite le seul lieu où il devrait être : l'instant présent;
Gueuler ou manifester en groupe, après son patron , son gouvernement, ou autre, est facile, mais leur dire aurevoir, ou vivre sans dépendre d'eux, et de leurs irrespects ou abus de pouvoir, est souvent plus difficile; C'est pourtant une des seules voies pour mettre fin à toutes ces choses, et c'est un combat "avec soi", et non contre les autres; Car lutter contre les autres, c'est "se blesser soi-même", combattre "avec soi", et contre nos propres limitations, attentes, souffrances, craintes ou dépendances, c'est faire aussitot disparaitre toutes les luttes dites "exterieures", et s'occuper de la seule dont il vaille la peine de se libérer
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Longchen
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AAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHH
(= cri du guerrier de l’Éveil :lol: )
je :arrow:
L’instant présent 🙏
Sourire

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L'énergie de la combattivité ne va pas sans un certain calme...

Ou du moins, ça va assez mal.

Evidemment, ça fait très paradoxal d'associer la violence et le calme
Pourtant, c'est ça qui fait la différence avec la violence aveugle

Et bien entendu, il y a la victoire sur soi-même...
La vraie guerre permanente qui permet de vaincre plus facilement dans les autres combats
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Dharmadhatu
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Sourire a écrit :Mais pour pousser une saine gueulante, il faut que la personne soit prête à écouter cette gueulante.
Quand le moindre mot de critique est pris comme une agression, la seule chose qu'on peut faire c'est laisser la personne réfléchir, et revenir plus tard
jap_8 J'adhère complètement, en prenant garde à la définition de "saine gueulante", car il est facile de qualifier de "saine" sa colère pour la simple raison qu'on n'a pas su la gérer.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Sourire

Comme je le disais plus haut, dans le cas que j'évoquais, j'ai choisi de ne pas gueuler et de prendre un peu le large.
Suite à ce fil de discussion, j'ai téléphoné tout à l'heure pour prendre des nouvelles.
Elle a été assez secouée quand je l'ai "lâchée". Elle en a récupéré un peu de "mordant". Pourvu que ça dure ! Mais c'est encore trop tôt pour en être sûr.
Des fois...

Je n'ai pas gueulé, ce jour-là, parce que de toutes façons, sur quelque ton que ça lui soit dit, elle n'aurait pas écouté.

Quand à la saine colère, si, ça existe.
Mais une saine gueulante, pour la faire, il faut qu'il y aie déjà un minimum de dialogue. Une acceptation d'entendre les "4 vérités" que l'autre va balancer.
Je suis d'accord qu'il faut faire attention à la notion.
Mes proches, quand je suis en colère ont toujours l'impression que je suis calme. En général, j'essaye de canaliser l'énergie sur ce qui peut être utile. Même si à l'intérieur, j'ai l'impression d'exploser. Tant que je trouve un truc pour canaliser, ça marche.
Pas souvent l'occasion de canaliser en gueulant. C'est une chose que j'évite, justement.
Le fait de me mettre "de côté" dans cette histoire, pourrait avoir été ma façon de gueuler... Mais j'ai plutôt eu l'impression que je me mettais à l'abri, tout simplement. Me suis sentie un peu lâche... Et maintenant que j'ai téléphoné, je sens déjà les inquiétudes qu'elle me causait revenir. Comme quoi, je n'étais pas encore rafistolée.
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Dharmadhatu
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Sourire a écrit :Quand à la saine colère, si, ça existe.
jap_8 Oui, j'en suis persuadé et selon moi elle a deux cas particuliers: on l'exprime parce qu'on n'a pas de d'autre solution pour la gérer, la réfréner serait pire; on la feint pour aider quelqu'un dans un contexte précis, comme les Bouddhas courroucés.

Amitié FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
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Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
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