Je ne suis pas le maître qu'il te faut !

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Dharmadhatu
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Freestyle a écrit :
Dhatu a écrit :La seule possibilité de libération possible réside dans le fait de réaliser que nous ne sommes que dépendants.

... à un moment donné, sûrement.
:D A chacun de voir pour lui-même, car la vacuité d'existence indépendante est vérifiable partout et toujours.
Mais dépendance et indépendance sont des vues de l'esprit, et entretiennent l'illusion de l'ego, à mon humble avis.
En fait, pour le Bouddhisme, la seule chose qui puisse éliminer l'illusion de l'ego c'est voir la réalité telle qu'elle est: vide d'existence indépendante. Mais là aussi, c'est à chacun de voir pour lui-même.
Sur la voie, ces deux visions peuvent être tour à tour utiles à leur façon, mais je crois qu'elles sont toutes deux des moyens/formes (pour faire un parallèle avec un autre sujet), et qu'y voir une vérité indiscutable, c'est risquer de vénérer un outil, en l'érigeant en principe incontournable.
Si on réifie la vacuité, on est à côté de la plaque, en effet. Mais si on la comprend correctement, il est impossible de trouver la vacuité où que ce soit si on la cherche.
Or la rigidité des principes me semble un obstacle à l'avancée spirituelle.
jap_8 Complètement d'accord avec toi.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
onmyway

à Dharmadhatu, tu interpretes mal mes propos, et tu "défends" ta vision spirituelle (tibétaine entre autre) qui est celle d'avoir des gurus, maitres, enseignants, etc; Ce qui est "logique", surtout si tu baignes dans ce milieu depuis longtemps, que tu y as passé du temps etc;
Cela dit, je ne dis pas pour autant que tu es "conditionné", comme peuvent l'être ceux qui sont trop longtemps dans des sectes; mais cela dit, tu n'as pas compris le sens que je donne à "individualiste"; Ce sens ne renie pas l'interdependance universelle et "naturelle" : les êtres naissent, vivent, et meurent, l'air est inspiré du monde et repars, la nourriture, l'eau, les échanges (gratuits ou pas) , transmissions et partages de connaissances etc; Par contre, ce sens individualiste, ne reconnait pas les hiérarchies, les "pseudo pouvoirs" ou règles imposées par d'autres que soi"',les "dépendances" et relations artificielles, humaines, comme celles de patron-salarié, 'gouvernement-peuple", maitre-disciple, prof-élève etc; car elles ne sont pas naturelles, ni égalitaires; Et la liberté spirituelle à mon sens, passe par la liberté dans le monde et individuelle de chacun (et donc par rapport aux autres, aux sociétés, systèmes, autorités ou "représentants"), dès le début, et non après un hypothétique "cursus de disciple", où l'on reste sous la houlette et le conditionnement d'autres êtres; Sans cette première liberté individuelle, et indépendance d'esprit, il ne peut y avoir de vraie libération et connaissance directe de la vérité; Comme l'a assez bien expliqué Krishnamurti, dans des ouvrages comme "la première et la dernière liberté"
onmyway

Citation
Pas de Tradition, donc, mais pas de Maître non plus.

« Ni Dieu, ni Maître », tel est le slogan des anarchistes, tel fut l’enseignement de Krishnamurti.

« L’essentiel », disait-il, « est que vous soyez libres et forts, et vous ne pouvez l’être si vous avez des médiateurs, des Gourous, des Maîtres au-dessus de vous ».

C’est pourquoi l’essentiel de son message a toujours consisté à renvoyer chacun à lui-même.

Cet Instructeur n’entendait nullement créer une nouvelle religion ni édicter des règles.

Au contraire, il affirme haut et fort « qu’aucun instructeur ne vient pour fonder une religion, mais pour libérer les hommes des religions ; et que ce sont les disciples qui donnent des règles de conduite, alors que les instructeurs désirent seulement rendre l’homme libre ».
freestyle

Dharmadhatu a écrit :En fait, pour le Bouddhisme, la seule chose qui puisse éliminer l'illusion de l'ego c'est voir la réalité telle qu'elle est: vide d'existence indépendante. Mais là aussi, c'est à chacun de voir pour lui-même.
J'aurais pensé, à l'inverse, que le seul moyen de voir la réalité était d'éliminer l'illusion ! Et j'aurais misé sur la connaissance de soi, la souffrance psychique étant le signe d'une illusion "à l'oeuvre", si je peux m'exprimer ainsi.
Comment sinon "voir la réalité telle qu'elle est: vide d'existence indépendante" ? Voilà qui m'interroge...
Dharmadhatu a écrit :Si on réifie la vacuité, on est à côté de la plaque, en effet.
Merci, j'aurai appris un verbe. jap_8
Réifier :" Transformer en chose une idée ou un concept. Rendre semblable à une chose. Synonymes : chosifier".
Donc, si j'imagine que la vacuité (le vide, donc ?) est une chose, je suis à coté de la plaque, logique. J'espère que j'ai bien capté.
Dharmadhatu a écrit : Mais si on la comprend correctement, il est impossible de trouver la vacuité où que ce soit si on la cherche.
Donc si je la comprends correctement, je sais que je ne la trouverai nulle part en la cherchant, parce que si je la cherche, c'est que je m'en suis fait une idée, que je l'ai chosifiée, c'est ça ? Et qu'on ne peut pas chosifier du vide ? Ok, ça me semble clair.
Dharmadhatu a écrit : A chacun de voir pour lui-même, car la vacuité d'existence indépendante est vérifiable partout et toujours.
Ok je veux bien, mais comment vérifier cette vacuité ?
Désolé si ma question est nigaude, je n'ai pas une grande connaissance du bouddhisme, c'est vrai.

Mais je pense là... je ne suis pas sûr de m'être expliqué clairement, dans la citation à laquelle tu réponds là :
Dharmadhatu a écrit : La seule possibilité de libération possible réside dans le fait de réaliser que nous ne sommes que dépendants.
... à un moment donné, sûrement.
Je parlais de réaliser à un moment donné, pas de "n'être que dépendants" à un moment donné.
Sinon, bien sûr, c'eût été aussi sous-entendre en savoir plus long que toi, et je n'ai pas cette prétention irrespectueuse.
Mais en premier lieu, cela aurait modifié le sens du reste de mon intervention (s'il lui en reste alors), et risqué de brouiller la communication.
J'espère qu'on se comprend. :)
jap_8
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Dharmadhatu
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Onmyway a écrit :à Dharmadhatu, tu interpretes mal mes propos, et tu "défends" ta vision spirituelle (tibétaine entre autre) qui est celle d'avoir des gurus, maitres, enseignants, etc; Ce qui est "logique", surtout si tu baignes dans ce milieu depuis longtemps, que tu y as passé du temps etc;
jap_8 Peut-être que j'interprète mal tes propos, mais quand tu dis:
sans gurus et autres dictateurs-dirigeants petits ou grands,
, tu assimiles tous les gurus à des dirigeants dictateurs, non ? Ce qui est discutable et c'est pourquoi je remets cela en question, de façon très légitime me semble-t-il.

Je n'accepte pas la validité de mes gurus (mes Maîtres) par le fait d'avoir baigné un certain temps dans le Bouddhisme indo-tibétain. C'est l'inverse: je baigne dans le Bouddhisme indo-tibétain parce que j'ai estimé valides les enseignements et les comportements de mes Maîtres.

Merci pour tes éclaircissements sur le sens donné à l'individualisme que tu défends.
Par contre, ce sens individualiste, ne reconnait pas les hiérarchies, les "pseudo pouvoirs" ou règles imposées par d'autres que soi"',les "dépendances" et relations artificielles, humaines, comme celles de patron-salarié, 'gouvernement-peuple", maitre-disciple, prof-élève etc; car elles ne sont pas naturelles, ni égalitaires;
C'est bien sûr faux puisque tes parents et tes profs t'ont le plus naturellement du monde appris à parler et à intégrer des concepts pour te rendre au moins égal à eux. C'est une règle imposée par la nature: si tu n'acceptes personne comme étant ton supérieur ponctuel dans le seul fait d'avoir des connaissances que tu n'as pas et de te les transmettre pour te permettre d'être plus libre, alors dis-nous comment tu a fait pour savoir ce que signifient les différents types d'individualisme par exemple. Cette supériorité n'est pas quelque chose d'imposé extérieurement, c'est juste se rendre compte de tout coeur qu'on est redevable envers ceux qui ont eu une grande bonté à notre égard en nous donnant des clés pour ouvrir les portes du monde, et parfois, de ce qui le transcende.

Autre exemple:
Comme l'a assez bien expliqué Krishnamurti, dans des ouvrages comme "la première et la dernière liberté"
Pour que tu aies pris connaissance de cette explication, il a fallu que Krishnamurti ait été ton prof ne serait-ce que le temps d'un bouquin.
Freestyle a écrit :J'aurais pensé, à l'inverse, que le seul moyen de voir la réalité était d'éliminer l'illusion ! Et j'aurais misé sur la connaissance de soi,
:D Pour le Bouddhisme, la connaissance de soi, c'est déjà commencer à voir la réalité telle qu'elle est.
Réifier :" Transformer en chose une idée ou un concept. Rendre semblable à une chose. Synonymes : chosifier".
Donc, si j'imagine que la vacuité (le vide, donc ?) est une chose, je suis à coté de la plaque, logique. J'espère que j'ai bien capté.
Il y a aussi ça:
La réification (du latin res, chose) consiste à transformer ou à transposer une abstraction en un objet concret, à appréhender un concept comme une chose concrète.
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9ification

Dans le contexte bouddhiste, c'est synonyme d'absolutiser, d'hypostasier etc. Plus précisément, c'est rendre existante en soi l'absence d'existence en soi.
Donc si je la comprends correctement, je sais que je ne la trouverai nulle part en la cherchant, parce que si je la cherche, c'est que je m'en suis fait une idée, que je l'ai chosifiée, c'est ça ? Et qu'on ne peut pas chosifier du vide ? Ok, ça me semble clair.
Chercher quelque chose c'est l'analyser. Si un truc devait résister à l'analyse, ça existerait en soi. Si on cherche une table, on ne trouve que sa vacuité. Si maintenant on cherche à son tour la vacuité de la table, on ne la trouve pas, on ne trouve que sa vacuité.
Ok je veux bien, mais comment vérifier cette vacuité ?
Les tenants du Madhyamaka emploient les raisonnements comme l'absence d'unité et de multiplicité. Il n'y a qu'un Freestyle, n'est-ce pas ? Mais Freestyle est au moins composé d'un corps et d'un esprit. Comment Freestyle (qui est un) pourrait-il être son corps et son esprit (qui sont deux) ? Comment pourrait-il être différent d'eux ?
Pour éviter d'alourdir le HS, je me permets de te conseiller Se voir tel qu'on est, de Sa Sainteté le Dalaï Lama. Au cours du bouquin, il fait faire un test pour voir si on a bien compris le truc.

Pas de souci pour la suite, tu en sais certainement plus long que moi sur d'innombrables sujets et c'est tout à fait normal.
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onmyway

Je n'ai jamais pris Krishnamurti pour mon prof (je l'ai lu en simple lecteur interessé et attentif, mais je ne mange pas tout, je ne prends que ce avec quoi je suis assez d'accord, et je me fais ensuite ma propre idée du sujet, de ses idées,et de lui, idem pour bouddha et tous les autres (y compris écrivains etc), ni les parents et encore moins le système éducatifs pour des "profs", ce sont juste des gens qui peuvent transmettre certaines choses; mais le système éducatif social est en general "imposé" lui, ce qui est déjà déloyal, comparé à des parents qui peuvent être plus "cool", "babacools" , sans être trop laxiste, mais qui laissent les gamins suffisamment libres ;-)
Butterfly_tenryu
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Dharmadhatu
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onmyway a écrit :Je n'ai jamais pris Krishnamurti pour mon prof (je l'ai lu en simple lecteur interessé et attentif, mais je ne mange pas tout, je ne prends que ce avec quoi je suis assez d'accord, et je me fais ensuite ma propre idée du sujet, de ses idées,et de lui, idem pour bouddha et tous les autres (y compris écrivains etc), ni les parents et encore moins le système éducatifs pour des "profs", ce sont juste des gens qui peuvent transmettre certaines choses; mais le système éducatif social est en general "imposé" lui, ce qui est déjà déloyal, comparé à des parents qui peuvent être plus "cool", "babacools" , sans être trop laxiste, mais qui laissent les gamins suffisamment libres ;-)
Butterfly_tenryu
:D A mon humble avis, c'est une bonne chose qu'un système éducatif ou un autre soit imposé aux djeun's. Si on laissait tous les gamins faire ce qu'ils veulent, bonjour le chaos.

Mais on s'éloigne du sujet car dans le Bouddhisme, il y a des enseignants, des Maîtres et il y a leurs disciples ou leurs étudiants, mais ce n'est jamais imposé.

Voilà pourquoi assimiler les gurus et les dictateurs manque de bon sens.

FleurDeLotus
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Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Katly

Onmyway,

Parfois, je me demande si ce n'est pas toi qui voudrait être "gourou" à la place du "gourou" ou à la place de rien comme "gourou".
Dans ton attitude très lourdement imposée et pourtant parfois libre, ouverte et agréable dans une poésie, mais tu provoques l'inverse de ce à quoi tu aspire. <<metta>>
lausm

Qui est le maître de qui, ici??

N'est-ce pas de soi qu'il faut rester maître??

Il faut veiller à garder son centre afin de ne pas se laisser éloigner de sa capacité d'ouverture et de bienveillance.......lire les mots au-delà de leurs apparences, ne pas les prendre personnellement, comme dirait don Miguel Ruiz........se souvenir qu'on n'éveille personne quand on le regarde à travers les lunettes colorées de notre illusion perceptive.....et parler à partir de son coeur lié à son ventre et sa tète, bien alignés, sans se laisser happer par le cortex cérébral fonctionnant en exclusivité, mais bien posé sur ce qui le soutient en dessous.
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Boubou
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Dharmadhatu a écrit : [

Mais on s'éloigne du sujet car dans le Bouddhisme, il y a des enseignants, des Maîtres et il y a leurs disciples ou leurs étudiants, mais ce n'est jamais imposé.
Bonjour,

"ce n'est jamais imposé"
J'ai l'impression que de nombreux témoignages de certaines cultures (par ex du Tibet) racontent tout le contraire. Ces enfants forcés de quitter leur famille pour le monastère et quand c'était des tulkous c'était plus dur encore.

Et de nombreux tibétains qui ont subi ça disent que si c'était à refaire, il faudrait vraiment procéder autrement. Un tibétain Rinpotché vivant aux Etats Unis en témoignait encore dans cette émission bouddhiste du dimanche. Est-ce que je me trompe ?
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