Comment faire face aux agressions quand on est bouddhiste ?

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Flocon
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Cathrine a écrit :Alors si l'agression est contre nous, on se met en retrait, on s'en protège sans violence. Si elle concerne autrui, tout être vivant, on fait tout notre possible pour y mettre fin.
Certes, mais ce ne sont que des formules (pardon). Elles ne répondent guère à la question : "comment faire pour agir, si l'on ne veut absolument pas user de violence envers les êtres qui commettent des actes violents?"

Je vais partir d'un exemple personnel : il y a quelques années, quand j'enseignais dans un collège, une élève a été victimes d'abus sexuels graves de la part de l'un de ses camarades. Comment, en tant que bouddhiste non-violent, auriez-vous fait pour remédier à une telle situation, sans user de contrainte -donc de violence, envers le garçon qui commettait les abus (et dans son cas il en fallait beaucoup, y compris physique, car il était extrêmement brutal et ne tolérait aucune entrave à ses actes), et envers la direction du collège qui couvrait ces abus pour ne pas alerter le rectorat? :?:
Je précise que je n'ai aucune idée de la réponse - et que je doute qu'il en existe une entièrement satisfaisante. :?:
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Cathrine

En réponse à Flocon: contrainte et violence ne sont PAS synonymes. Si tu retiens physiquement, par la force, le bras de celui qui va frapper, ce n'est pas de la violence.
Pour reprendre ton exemple au collège , nous avons eu à gérer un élève particulièrement " hard"( il avait commencé à sodomiser un camarade dans les vestiaires avec une raquette de badminton, tu imagines!) 2 collègues l'ont empoigné et on a appelé la police.
Tu dis que les autorités de ton collège n'alertaient pas le rectorat, c'était donc aux profs de le faire.Ne pas le faire, c'est cautionner. Idem dans les nombreux cas de harcelement qui se produisent dans les établissements: il faut parler, il faut dénoncer.

En 40 ans de carrière, j'ai agi 2 fois sur des cas de maltraitance graves, dont un viol. Heureusement, les autorités compétentes m'ont crue et ont agi rapidement . Si nécessaire, je me serais interposée physiquement; est ce de la violence??? Si oui, tant pis, j'assume.
Au final je ne dois pas être Bouddhiste car face à une agression je ne philosophe pas, si je peux agir efficacement et sans rendre les choses encore plus graves,je le fais, même " manière forte".
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Longchen
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Nous vivons dans une société violente, et qui le devient de plus en plus je crois.
Peut être selon les secteurs d’activité on est plus ou moins exposé, mais peut-on réellement ne jamais réagir énergiquement (que l'on soit bouddhiste ou pas) ?
Après bien sûr une réaction énergique pourra recouvrir différentes actions (plus ou moins adaptées), mais cela ne sera pas nécessairement synonyme de violence.
Dans le cas évoqué par Flocon, je me réjouis quand même de la réponse de Cathrine car pour moi cela relève de la complicité...et si les faits étaient graves la complicité l’était d’autant plus. J’espère ne pas paraître trop moralisateur ou culpabilisant, je sais bien qu'il y a des situations très complexes.
Enfin j'ai un peu l'impression qu'actuellement pour être prof il faut mesurer 1m80 et pratiquer un sport de combat... :lol: Le profil de l'intellectuel(le) n'est plus si adapté, ce qui est assez inquiétant finalement... :???:
FleurDeLotus
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tongra

Cathrine a écrit : Au final je ne dois pas être Bouddhiste car face à une agression je ne philosophe pas, si je peux agir efficacement et sans rendre les choses encore plus graves,je le fais, même " manière forte".
jap_8

je dirais, au contraire, que c'est une attitude "bouddhiste" au sens profond du terme.
Chacun agit selon ses possibilités. Moins il y a d'implication psychologique ou philosophique dans une situation plus elle de chance d'être résolue de façon juste, mais sur l'instant. Cet instant est l'unique réalité, 1 seconde plus tard tout peut changer.
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Flocon
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Je vois. Merci de vos réponses. :)
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Cathrine

Un peu H S mais je reviens sur une remarque de Longchen, à propos des enseignants qui feraient bien d'être costauds. ::mr yellow:: :lol:
Certes, la violence dans les établissements existe, de façon latente, le plus souvent verbale.

Mais il faut quand même se rappeler qu'une écrasante majorité des cours se passent bien et que les relations humaines sont le plus souvent plaisantes.
Bien sûr, si je téléphone à une radio ou un journal pour dire " bonjour, je viens de faire une bonne journée de cours, mes élèves sont repartis contents et moi aussi", je ne ferai pas la une.Les médias contribuent pour beaucoup à créer un sentiment d'insécurité et à dresser les communautés les unes contre les autres_profs vs élèves entre autres.
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Longchen
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Cathrine a écrit :(...) Mais il faut quand même se rappeler qu'une écrasante majorité des cours se passent bien et que les relations humaines sont le plus souvent plaisantes. (...)
Ouf, c'est rassurant.
Il faut reconnaître qu'à travers les médias on se fait une image un peu flippante de la situation.
FleurDeLotus
L’instant présent 🙏
ted

Est-ce qu'une bonne pratique bouddhique ne conduit pas justement à des situations où on ne se fait jamais agresser ?

- soit parce que nous vivons en harmonie avec notre environnement...
- soit parce que notre perception de ce qu'est une agression, a changé...
Jean

J'ai été en correspondance avec Shepen Rinpoché. C'est une personne que je respecte et que j'admire. Plein de qualités.

Il y a donc son cas mais il y a aussi le cas de tous les Lamas qui ont été torturés et assassinés par les Chinois.
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