Le corps de souffrance

[Flocon]

Je n'ai jamais rencontré la notion de corps de souffrance dans le bouddhisme.

Et je suis plutôt d'accord avec Sourire, d'après ta description, on a l'impression que tu as eu une hallucination liée au jeûne. Bon courage, et fais quand même attention : les pratiques d'ascèse en période d'angoisse, ça peut être un peu dangereux. Le jeûne cause en effet, temporairement, une impression de bien être et d'énergie qui peut aider à contrer les soucis, mais elle est trompeuse -c'est une sorte de drogue. Prends soin de toi, en tout cas.

[Sourire]

A cette heure-ci, ça rafraichit. C'est bon, t'en fais pas, Ted.
Je suis en tunique, t-shirt et sarouel... Et il ne sera pas utile de dormir dans la baignoire.
Par contre, si demain il fait ce temps-là, faudra que je voie à aller y faire ma sieste !

[ted]

Quand je dis que "j'ai vu un personnage", c'est peut être exagéré. Disons plutôt qu'une vision mentale très forte et apparemment indépendante de ma volonté, s'est imposée à moi de façon insistante. Mais ce n'était pas une irruption dans le réel. Pas une hallucination. Plutôt une image mentale qui s'est superposée, avec persistance, à ma vision.

Mais je confirme avoir eu d'autres visions, plutôt liées à la pratique et qui ont ensuite fait l'objet de synchronicités assez étonnantes dans le quotidien.

J'ai vu un être éveillé dans une cage flottant dans les airs. Derrière des barreaux. Il était là. Patient. Tranquille. Comme un génie prisonnier d'une lampe.
Ca m'a fait sourire. Un bouddha est libre n'est ce pas ?

Un peu plus tard (moins d'1 heure), je clique sur un site spécialisé dans la décoration pour trouver un tableau à mettre au dessus d'un meuble. Ca fait longtemps que j'avais ce projet. Au hasard, je tape dans un truc et qu'est ce qui apparait ? Une gravure représentant un Bouddha, derrière deux barreaux et versant une larme. Waow ! C'est le deuxième effet Kiss Kool !

[Sourire]

Tu as une idée très nette et négative du mot "hallucinations"

Ce mot ne signifie pas forcément maladie mentale.
Les hallucinations sont fréquentes dans les cas de jeune, de fatigue, de stress émotionnel, ou dans certaines maladies neurologiques

Après la mort de mon chat, il y a quelques années, il m'arrivait d'avoir l'impression de le "voir" au bord de mon champ de vision. J'aurais mis ça sur le compte de mon épilepsie (ça n'aurait pas été rassurant : elle ne m'en a jamais fait avoir) si ma mère n'avait eu les mêmes visions. Cet hiver,j'ai eu un super-méga-rhume à vous faire perdre le souffle. Il m'est arrivé plusieurs fois pendant que je reprenais ma respiration, de le voir à nouveau. Ca m'a fait très chaud au coeur, je dois dire. Trouvez ça idiot si vous voulez...


Une image qui vient se superposer à la vision = qu'est-ce si ça n'est pas une hallucination ?
Une hallucination se définit comme une perception sensorielle qui ne correspond à aucun stimuli, aucune réalité vérifiable
On peut ergoter que c'est une vision et non une hallucination = où est la limite entre les deux ? Médicalement, les visions sont de l'ordre des hallucinations. Même les rêves, d'une certaine façon, entrent dans cette catégorie.

[ardjopa]

Les "synchronicités" dont tu parles Ted, ne sont pas toujours des "effets magiques ou spirituels" comme on aimerait le croire, mais de simples "co-incidences", dont on aurait pas eu conscience ni réalité, si on n'avait pas pensé au sujet avant;
Ca m'arrive très souvent, pour des choses plus terre à terre;
Du genre "je me remets à essayer la calligraphie" et j'apprends qu'un calligraphe est dans le coin et expose;
Du genre "je rediscute aviation légère ou ultra légère avec quelqu'un, et j'apprends qu'un pilote se crashe dans les environs;
Du genre "je rentre d'asie" et je remarque bien plus souvent quand on parle du japon aux infos ou ailleurs;

En fait ce n'est pas (toujours) des synchronicités, mais des évenements normaux que l'on remarque car ils entrent dans notre champs d'expérience proche ou récent; Et dont on aurait pas pris conscience si on n'avait pas vécu les experiences passées correspondantes ou en lien avec; (mais ces expériences présentes qui auraient coincidé ont quand même lieu aussi )

[Flocon]

Hum hum. Hier soir, après avoir répondu sur ce fil, j'ai lu un très bon roman, emprunté le matin à la bibliothèque : il y était question d'une moniale chrétienne sujette à des visions du Christ souffrant. Hasard ou synchronicité?

Je plaisante un peu (je suis d'accord avec Ardjopa à propos des synchronicités) mais le fait est vrai. Ted, je me demande si ce genre d'images mentales de corps souffrants n'est pas lié à un fond chrétien? Je n'ai pas idée si elles existent dans le bouddhisme, alors qu'elles sont banales dans le christianisme. Mais ce serait intéressant de faire une recherche à ce sujet.

[Longchen]

Il va faire très chaud aujourd’hui alors je profite de cette heure matinale pour poster après je risque de vous poster une réponse un peu délirante. Sérieux, la chaleur ne me réussit pas du tout.

Par rapport au corps de souffrance, c’est une expression que l’on retrouve fréquemment dans l’enseignement de TWR, notamment s’agissant de « L’Eveil du Corps Sacré ». Plus exactement il parle de corps (karmique) de souffrance, mais il n’y a pas de description d’un corps souffrant, c’est juste une expression qui revient, probablement (je suppose) car ce qui caractérise notre voyage dans le samsara est la souffrance.
Par rapport à ce personnage qui souffre et que tu voyais extérieurement (en quelque sorte) Ted, là aussi on peut faire un parallèle car c’est ainsi que TWR nous dit d’accueillir notre propre souffrance, comme si elle était celle de notre meilleur ami venant nous la confier ; je précise qu’il ne s’agit pas du tout de placer sa souffrance à l’extérieur de soi (et de la nier), mais une façon, un moyen habile pour accueillir correctement sa souffrance, et pouvoir la traiter avec les pratiques.

[Flocon]

C'est intéressant, mais est-ce que Tenzin Wangyal cite des textes canoniques du bouddhisme? Il a une certaine réputation d'hétérodoxie (je ne dis pas cela pour le critiquer) donc il n'est pas certain que tous les concepts qu'il emploie soient bien bouddhistes. La notion de "corps karmique" est assez courante, c'est vrai : mais pour ma part, je me souviens surtout l'avoir rencontrée dans des textes fantaisistes.

Edit : j'ai posé la question sur Vues Bouddhiques, dont l'administrateur est fin connaisseur et pratiquant sérieux du bouddhisme tibétain. Sa réponse sera instructive.

[Lupka]

Pas mieux qu'Ardjopa ... le corps de souffrance est une notion induite par Eckhart Tolle pour le reste ...

[Jean]

Dans une interview, (Si c'est important, je la rechercherai), TWR dit qu'il a emprunté le concept de "Pain Body", corps de souffrance à Eckard Tolle ( ce qui est une preuve de son ouverture d'esprit et de son esprit de recherche) et qu'il l'a élargi à "Pain Speech", parole de souffrance et à "Pain Mind", esprit de souffrance.


D'après ce que j'ai compris, le corps de souffrance c'est le corps qui souffre de la souffrance de l'esprit : peur, haine, frustration qui se traduisent au niveau du corps par une attitide corporelle : dos vouté, tête engoncée, et divers maladies psycho somatiques et puis par extension le corps est impliqué dans la souffrance de la naissance, de la maladie, du vieil age et de la mort.

Ce concept est utilisé dans l'enseignement des 3 Portes

Donc ce n'est pas un concept issu de la tradition Bouddhiste mais qui rentre cependant dans le cadre du concept Bouddhiste : Etre Humain = Corps, Parole, Esprit.

Cela n'empêche pas de se servir de ce concept pour agir en conséquence : utiliser le corps (la chose la plus grossière, la plus immédiatement accessible) pour agir sur l'esprit.

Si on veut trouver du Bouddhisme certifié chez TWR, c'est dans son enseignement traditionnel Bouddhiste Young Droung Bôn qu'il faut le chercher. Là chaque chose a été examinée, controlée conforme aux enseignements de Bouddha et est enseignée avec les concepts traditionnels.

L'important n'est de savoir si l'enseignement des 3 Portes est oui ou non Bouddhiste, mais s'il est oui ou non en contradiction avec l'enseignement Bouddhiste.

Je parierai qu'il n'est pas en contradiction avec l'enseignement Bouddhiste.

Un peu comme le Dzogchen qui n'a rien à voir avec l'enseignement du Bouddha historique mais qui n'est pas contradictoire à cet enseignement. Des générations de Guéshés, Kempos, et autres érudits en ont débattu au cours des siècles.