Le 5° principe

Sourire

"Je m'efforcerai de ne pas consommer ce qui nuit à la claire conscience"

SVP, ne nous sauvez pas, tous ceux qui ne fument pas / ne boivent pas / ne se droguent pas / ne se shootent pas le cerveau à coups de séries télévisées / ne s'hypervitualisent pas les neurones avec des jeux vidéos, etc.

Il y a de ça très longtemps... Mais alors très-très-très longtemps... A l'époque de mes premiers balbutiements de prise de connaissance avec le bouddhisme, j'ai lu un article (enfin, une série d'articles) sur les 5 principes, et celui sur le 5°, précisément, avait ceci d'intéressant que, tout de go, il nous balançait dans les gencives que "ce qui nuit à la claire conscience" peut aussi bien être des idées que des choses.
Dit comme ça, ça fait un peu "serpent qui se mord la queue"

Mettons donc de côté les drogues ordinaires et connues citées plus haut.
Et gardons celles qui tiennent à l'intellect lui-même...
Autrement dit, les idées, elles-mêmes, qui deviennent leur propre poison.

Il est, sur ce forum, comme sur le défunt forum xooit (pour ceux qui ont connu), comme sur tous les forums bouddhistes, sans doute, très souvent question du danger de l'attachement.
Il est même des posteurs qui sont très attachés à l'idée de ne pas être attachés.
On est ici au coeur du problème.

Mais où est la limite ?
L'idée "être bouddhiste", si on la prend en exemple, est elle-même un danger possible, si on en fait l'élément primordial.
Par contre, si elle n'est qu'une étiquette, c'est à dire un élément informatif, que peut-elle avoir de nocif ? Ca n'est pas grand-chose, une étiquette, aussi longtemps qu'on se souvient qu'elle n'est pas le contenu du bocal...
Vous me direz = elle ne sert à rien, cette étiquette, si on doit vérifier le contenu du bocal... Ouais, ben c'est quand même comme ça.
Maintenant, prenons le cas du bocal qui arrache son étiquette... Heu... Du bouddhiste qui ne veut pas être dit bouddhiste... Est-ce qu'il n'y a pas là une autre forme d'attachement ?

Le bocal ne tire aucune utilité de son étiquette...
Elle ne prouve pas non plus le contenu du bocal...
C'est juste un moyen d'approche


jap_8
namgyal

bonjour Sourire,

Je bois de l'alcool, je fume tabac, herbe bio à l'occasion, je suis complètement accroc à la série TV Dexter et je suis bouddhiste. Autant dire que dans mon cas le 5ème précepte c'est "que nenni". Les poisons de l'esprit ça me connait. :mrgreen: :mrgreen:
Est- ce que je suis de fait hors course, outsider? Recalé pour dopage au test de dépistage? :lol:
blague à part, et plus sérieusement
j'ai du mal à faire le lien logique entre le 5 ème précepte et ce que tu écris sur le fait de se dire bouddhiste ou pas. Vrai il y a d'autres poisons de l'esprit: les idées, les opinions... comme tu le dis. La question a été abordée dans le fil "c'est quoi être bouddhiste". Donc, je ne vais pas reprendre le thème et m'en tenir à ce que je pense comprendre de ton intervention.

C'est une règle en psychothérapie: ne jamais dire au patient une vérité qu'il n'est pas capable d'entendre ni d'assumer, dans le sens de ce que dit Freud: S'il fallait voir immédiatement, d'un coup d'un seul, le réel tel qu'il est, nous ne le supporterions pas. Nous serions désintégré par la souffrance, fous de douleur.
Le déni est obstacle à la guérison, soit. Mais il a aussi une fonction protectrice. Un bon thérapeute évitera donc de mettre un coup pieds dans la béquille cognitive de son patient, si celui -ci n'est pas en mesure de s'en passer. C'est une question de discernement, mais de compassion aussi.

Le bouddha, en bon médecin agissait de même avec ses disciples. alors, oui sur le forum, il y a peut-être des posteurs attachés à leur idée de même de ne pas être attaché... ne voient peut-être pas leur "addiction", sont peut-être dans le déni de l'ombre oui et alors?

L'ombre des pins dépend de la clarté de la lune.
anjalimetta


pensée amicale
FleurDeLotus
Iskander

Je pense que les étiquettes, les désignations ont une raison d'être fonctionnelle. Mais lorsque leur usage est détourné, il peut devenir dysfonctionnel. Il ne faut dès lors pas abandonner l'étiquette, mais recadrer son usage.

Ainsi par exemple, je pourrais me qualifier de "sympathisant bouddhiste", parce que je n'estime pas avoir une compréhension suffisamment bonne pour me prétendre bouddhiste, mais en même temps cocher sur la case "bouddhiste" d'un formulaire de recensement, si je pense que ça peut avoir des conséquences politiques que j'estime favorables.

Pour ce qui est de l'attachement aux vues, c'est un exercice délicat, car les vues nous aident à progresser, mais nous empêchent de progresser. Savoir quand les garder, quand les lâcher n'est vraiment pas trivial.
Sourire

Je crois que devant l'absurdité de ce type de débat, j'ai eu besoin de pousser un coup de gueule...

Si on veut prendre d'autres exemples de poisons intellectuels, on en trouvera aisément... Mais ceux-là (l'attachement au bouddhisme et l'attachement au détachement) sont d'autant plus dangereux qu'on y pense pas forcément.


Un jeune moine se présente devant le vieux maître qui lui enseigne
- "Maître, je viens vous dire au-revoir. Je m'en vais sur la montagne.
- Pourquoi faire ?
- Je vais y méditer jusqu'à ce que je reçoive l'Eveil."
Coup de bâton.
- "Mais... Qu'est-ce que j'ai fait ?
- Oh... C'est juste que quand tu reviendras, je n'aurai plus de raison de te faire des reproches, puisque tu vas recevoir l'Eveil, là-bas."

shuuuuuuuuuuuuttttt Pourquoi qu'il a donné le coup de bâton, ce vieux sacripant ?
Syou

Bonjour,

Peut-être prenons-nous tout au pied de la lettre. Il ne me semble pas que l'étiquette en soi soit mauvaise : elle a son utilité pratique.

Parfois nous avons un objet en main, prenons un marteau. Nous savons que c'est un marteau. Il y a des personnes qui vont utiliser cet objet comme tant d'autres de façon plus ouverte. Le marteau a son utilité, mais avec de l'imagination on peut le détourner... Certaines personnes se sont fait une spécialité de détourner les objets pour leur donner une fonction différente qu'ils sont censés être. Cela ne les empêchera pas de dire ce qu'est tel ou tel objet. Sans doute ont-ils pu discerner deux formes de langage : ce qui se dit, ce qui se pense. Ils savent que c'est un marteau, mais ils peuvent l'accrocher de telle sorte que ça fera, pourquoi pas, un porte-manteau. Ils prouvent de ce fait le non-attachement qu'ils peuvent avoir face à son utilité assignée.

Alors, il me semble que ce n'est pas l'étiquette la source de conflits intérieures mais l'étroitesse de l'esprit, ses propres limites. Ainsi, je ne chercherais pas à philosopher sur la question pour arriver au paradoxe de " l'attachement au détachement " mais agirait - par la méditation par exemple - pour que mon esprit s'ouvre d'avantage et le reste suivrait son chemin naturellement sans même que je l'analyse dans sa profondeur.

Aussi, à la question à savoir si nous sommes attachés au détachement, si on nous la posait, sans doute devrait-on vulgairement dire : " je m'en tape de le savoir ! " :)
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