comment les choses existent

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axiste
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Une petite pensée aussi pour Dharmadhatu en posant ce texte... FleurDeLotus



Comment l’esprit existe

La nature de notre esprit est claire lumière ; l’esprit est vide d’existence propre. C’est un phénomène que le soi possède (2) . Il est non substantiel, sans couleur, sans forme et clair par nature ; il a la capacité de percevoir les objets ; et ce n’est pas un objet des cinq sens. C’est là une façon de définir l’esprit. En dépendance de cette base, un phénomène ayant de telles caractéristiques, nous l’avons désigné, ou simplement étiqueté « esprit ». Par conséquent, il n’y a pas d’esprit existant de son propre côté ; il n’y a pas de véritable esprit en soi. L’esprit n’est rien d’autre que ce que nous avons simplement désigné avec notre esprit en dépendance de cette base, ce phénomène particulier. C’est pourquoi il n’y a pas une chose telle qu’un esprit réel existant de son propre côté. L’esprit est vide d’existence propre. C’est là une définition de la nature de la claire lumière de l’esprit, qui fait référence à sa nature ultime.
La nature ultime de l’esprit, cette nature de claire lumière, n’est pas une avec les obscurcissements, les pensées perturbatrices. De ce fait, en dépendance de causes et de conditions, les obscurcissements peuvent être éliminés.
Il n’y a pas d’esprit réel de son propre côté ; il n’y a pas d’esprit non désigné. La façon dont l’esprit existe est d’être simplement désigné par l’esprit en dépendance de ce phénomène aux caracté- ristiques particulières mentionnées ci-dessus. C’est pourquoi l’esprit est désigné ; la façon d’exister de l’esprit est désigné par l’esprit sur cette base particulière.

2 Dans le sens où nous parlons de « mon esprit ».

L’esprit existe en dépendance de cette base spécifique, à savoir ce phénomène particulier non substantiel, sans couleur, sans forme, clair par nature et à même de percevoir les objets. L’esprit existe en dépendance de cette base et de la pensée qui le désigne « esprit ». Autrement dit, l’esprit existe comme un simple nom. Ce que l’on appelle « esprit » est un nom, et un nom doit venir de l’esprit, doit être imputé par l’esprit. Il n’y a pas d’esprit ayant une existence propre. L’esprit vient de l’esprit.
L’esprit qui existe est l’esprit désigné, non pas l’esprit non désigné. L’esprit qui nous apparaît comme non désigné est une hallucination. Cet esprit n’existe pas. Cet esprit non désigné, indépendant, n’est pas vrai. Il est faux. Une telle chose n’existe pas dans la réalité. En réalité, l’esprit est vide ; il est vide d’existence propre.
Quand un magicien transforme un morceau de bois ou une pierre en un bel homme ou une belle femme, il utilise le pouvoir de mantras ou le pouvoir de substances pour abuser les sens des gens dans l’audience. Lorsque les gens qui regardent, voient le bel homme ou la belle femme et commencent à croire que ce qui leur apparaît est vrai, leur concept est erroné. Pourquoi est-ce un concept erroné ? Parce que ce bel homme ou cette belle femme que leur esprit appréhende, auquel ou à laquelle ils croient, n’existe pas. Un bel homme ou une belle femme apparaît à l’audience, dont les sens ont été rendus déficients par le pouvoir de mantras ou de substances, mais cela n’existe pas. Cela apparaît, mais n’existe pas.
Le magicien, ainsi que quiconque dont le sens visuel n’a pas été modifié par le pouvoir de mantras ou substances, comprend que les gens qui croient en cet homme réel ou cette femme réelle se trompent. Ils peuvent voir que ce concept est erroné. Les gens, eux-mêmes, réaliseront plus tard que leur concept est erroné. Lorsqu’ils s’apercevront qu’il s’agissait simplement d’une transformation accomplie par le magicien, ils se rendront compte que leur concept précédent était faux. Pourquoi ? Parceque l’objet qu’ils ont cru voir n’existe pas.

C’est pareil pour l’esprit et le « je », ou soi. Ils sont vides d’existence propre.

Comment une table existe


Pour donner une idée plus claire de cela, j’utilise souvent l’exemple plus simple de la table. Bien que cette manière d’analyser ne soit pas la façon correcte de méditer sur la vacuité, cela vous donne une idée de la façon correcte de méditer. Particulièrement si vous êtes débutant, cela vous donnera une idée de la façon dont la table existe en réalité, de ce qu’est la table.
Lorsqu’une personne entre pour la première fois dans cette salle, elle voit qu’il y a une table ici devant moi. Mais qu’est ce qui pousse la personne à décider de donner le nom « table » à cet objet spécifique, et non pas à l’escalier ou au trône ? Qu’est-ce qui décide la personne à donner à cet objet la désignation « table » ? Avant de décider de la désignation « table », il doit y avoir une raison. La raison c’est, qu’avant tout, la personne voit un objet matériel dont la fonction est de supporter des choses, ou de permettre que l’on y pose des choses dessus. Le fait que la personne voit cela en premier devient la raison qui permet de désigner [cet objet] « table ». C’est ce qui fait que la personne décide, parmi les innombrables désignations, de [choisir] cette désignation particulière « table ».
La vue de cet objet qui remplit la fonction de supporter des choses est, dans l’esprit de la personne, la raison pour laquelle elle applique la désignation « table ». Avant que la désignation ne soit appliquée, il doit y avoir une raison, et la raison est le fait de voir la base de la désignation. Vous voyez d’abord la base, puis vous appliquez la désignation « c’est une table ». C’est pourquoi, cet objet matériel que vous voyez en premier, qui peut remplir la fonction de supporter des choses, n’est pas la table. C’est la base. Vous voyez d’abord la base, qui est la raison pour laquelle vous donnez la désignation « table ».

Sinon, si voir la base ne vient pas en premier, vous n’avez aucune raison d’apposer l’étiquette « table ». Il n’y a aucune raison dans votre esprit pour que vous désigniez ceci « table », cela « escalier », ou cela « trône ». Il n’y a aucune raison qui vous fasse prendre la décision de donner une désignation particulière.
Si la première chose que vous voyez est la table, si vous voyez la table avant d’apposer la désignation « table », il n’y aurait pas de raison de désigner « table ». Puisque c’est déjà « table », pourquoi apposeriez-vous « table » sur la table ? Il n’y aurait aucune raison de le faire.
Par exemple, lorsque les parents donnent le nom Jeff à leur enfant, ils le désignent sur quelque chose qui n’est pas Jeff. Apposer une désignation « Jeff » sur quelque chose qui n’est pas Jeff a un sens. Mais si la base, les agrégats, étaient déjà Jeff, il n’y aurait aucune raison de désigner « Jeff » sur Jeff. Il vous faudrait alors de nouveau désigner « Jeff » sur Jeff ; puis, de nouveau il faudrait désigner « Jeff » sur Jeff... Ce serait sans fin.
Il s’agit ici d’un raisonnement logique utilisé dans l’analyse en quatre points (3) .
Le premier des quatre points est de reconnaître l’objet à réfuter. Le second point est celui d’affirmer le recouvrement, c’est- à-dire que si une chose existe, elle doit exister soit une avec sa base ou séparée de sa base. Si le « je » existe véritablement, il doit exister en étant soit un avec les agrégats, soit séparé des agrégats.
Si le « je » est un avec les agrégats, divers défauts apparaissent. Le « je » est celui qui reçoit et les agrégats, le corps et l’esprit, sont ce qui est reçu. Donc, celui qui reçoit et ce qui est reçu deviendraient alors uns.

(3) C’est-à-dire, si le « je » était un avec les agrégats, désigner « je » serait superflu. Ce serait simplement un nom de plus pour les agrégats. Les quatre points sont :
(1) reconnaître l’objet à réfuter,
(2) affirmer le recouvrement des deux possibilités de l’unité et de la dif- férence,
(3) affirmer l’absence d’unité du « je » et des agrégats, et (4) affirmer l’absence de différence du « je » et des agrégats.

Autrement dit, le « je », le possesseur, et les agrégats, ce qui est possédé, deviendraient uns. En fait, il n’est pas possible que le possesseur et ce qui est possédé soient uns. Ils doivent être différents.
De toute façon, si vous voyez d’abord la table, pour quelle raison la désignez-vous comme « table » ? Il n’y a aucune raison de désigner « table » sur ce qui est déjà table. Cela n’a pas de sens, pas de raison d’être. Normalement, vous voyez la base et vous dites : « Je vois la table. » Pour voir la table, vous devez en premier voir la base de la table. Sinon, il n’y a aucune raison pour vous de dire : « Je vois la table. » En voyant la base, cet objet sur lequel vous pouvez poser des choses, vous dites alors « je vois la table » et croyez en cette désignation.
En voyant la base de cet escalier, vous dites : « Je vois l’escalier » et en voyant la base du trône, vous dites : « Je vois le trône. » En voyant un objet particulier et sa fonction spécifique, vous apposez la désignation « je vois la table », « je vois l’escalier » ou « je vois le trône ».
En premier il faut voir la base. Cet objet qui remplit la fonction de supporter des choses n’est pas la table. Cette chose sur laquelle vous montez n’est pas l’escalier. Cette chose sur laquelle vous vous asseyez n’est pas le trône. La chose qui remplit la fonction de supporter des choses est la base sur laquelle on appose l’étiquette « table ». C’est un point sur lequel méditer pour trouver ce qu’est la table. Comme vous utilisez cette base en tant que raison pour la désigner comme « table », ce n’est pas la table, tout comme ceci n’est pas l’escalier et cela n’est pas le trône.
Même à partir de cette analyse, vous pouvez voir que la table et la base de désignation « table », l’escalier et la base de désignation « escalier », et le trône et la base de désignation « trône » sont différents. Ils n’existent pas de la façon dont on pense qu’ils existent normalement, qui est de penser que cette chose concrète elle-même est la table, que ceci est l’escalier et que cela est le trône.

Un autre point est de parler des parties de la table. Lorsque vous dites : « Les parties de la table », cela veut dire que les parties de la table ne sont pas la table. Le dessus [de la table] n’est pas la table et ce pied n’est pas la table, celui-ci n’est pas la table et celui-là n’est pas la table. Rien que par la façon de parler, vous pouvez voir que dire « les parties de la table » signifie qu’elles ne sont pas la table.
Même l’ensemble du groupe de toutes ces parties réunies ne sont pas la table. Qu’est-ce que c’est ? C’est la base sur laquelle on appose le mot « table ». Aucune de ces parties n’est la table, et même l’ensemble des parties n’est pas la table. C’est clair.
Un autre point est que la table n’est nulle part sur cela. Il n’y a pas de table ici, ni là, ni ailleurs. Il n’y a pas de table sur cette base.
Le premier point est que la base n’est pas la table. Lorsque vous entrez dans la pièce, comment en arrivez-vous à apposer des désigna- tions sur les choses ? Vous pouvez constater que la raison que vous utilisez pour apposer une désignation sur quelque chose n’est pas la chose. Vous utilisez le fait de voir la base comme raison pour la désignation « table ». Vous apposez la désignation « table » après avoir vu la base. Il est clair que la base et la désignation sont différentes.
Le second point est qu’aucune des parties de la table n’est la table. Même l’ensemble de la table n’est pas la table. C’est la base sur laquelle on appose l’étiquette « table ». Il devient plus clair à présent que la table est différente de sa base.
Le troisième point est que vous ne pouvez trouver la table nulle part sur cette base. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de table dans cette pièce ; cela ne veut pas dire que la table n’existe pas. La table existe dans cette pièce – il y a en fait beaucoup de tables dans cette pièce. Il n’y a pas de table sur ceci ici [Rinpoché montre la table], mais il y a une table dans cette pièce. Cela montre bien ce qu’est la table.
Ce n’est pas la manière correcte de méditer sur la vacuité, car cette façon de rechercher la table se rapporte à la table simplement désignée et laisse de côté la table véritablement existante, dont nous sommes censés réaliser la vacuité. C’est pourquoi, selon Lama Tsongkhapa et nombre d’autres grands pandits, il ne s’agit pas ici de la manière correcte d’analyser.
Dans cette manière d’analyser, lorsque vous cherchez la table parmi toutes ses parties, vous trouvez qu’aucune des parties n’est la table et que même l’ensemble de toutes les parties n’est pas la table, mais la base sur laquelle on appose la désignation table. Mais cela ne signifie pas que la table n’existe pas. La table existe.
Alors, qu’est-ce que la table ? Parce que nous voyons cet objet qui remplit la fonction de permettre de poser des choses dessus, nous disons simplement « table » et croyons que c’est une table. Parce que cet objet est ici dans cette pièce, nous croyons qu’il y a une table dans cette pièce. En voyant cet objet, nous pensons : « Je vois une table. » C’est un concept. En voyant cet objet dans cette pièce, nous désignons tout simplement « il y a une table ». Nous nous en tenons juste à cela ; nous nous contentons de cela. Il n’y a aucune table nulle part sur cette base, mais il y a une table dans la pièce.
Vous pouvez voir à présent que la façon dont la table existe est extrêmement subtile. Lorsque vous analysez vraiment pour voir ce qu’est la table, c’est extrêmement subtil. Ce n’est pas que la table n’existe pas, mais c’est comme si elle n’existait pas. Elle n’est pas non existante parce que vous pouvez fabriquer la table, l’utiliser, la casser. Si vous fabriquez cette base, vous croyez « j’ai fabriqué une table » ; vous croyez tout simplement « j’ai fait une table ». Si vous utilisez la table, vous croyez « je me sers de la table » ; vous croyez tout simplement « je me sers de la table ». Et si vous cassez la table, vous croyez « j’ai cassé la table ».
La table n’est pas non existante, mais elle n’est pas la chose concrète que nous pensons qu’elle est normalement. Normalement, nous
pensons à la table comme à une chose concrète qui est une avec sa base, que l’on ne peut différencier de sa base. On ne peut séparer la base et la désignation « table ». Il y a là quelque chose de concret. Donc, cela n’est pas la table. Il n’y a pas de table sur cette base, mais il y a une table dans la pièce.
Vous pouvez à présent voir que la table est complètement vide. Elle n’a pas d’existence propre. Il n’y a pas de vrai table concrète de son propre côté. Ainsi, vous pouvez avoir une idée du mode d’existence de la table. C’est extrêmement subtil.
Après avoir fait cette analyse, vous savez qu’aucune des parties n’est la table et même que l’ensemble des parties n’est pas la table. Il n’y a de table nulle part, ici sur cette base, mais il y a une table dans cette pièce. En faisant cette analyse, vous constatez que le mode d’existence de la table est extrêmement subtil, mais lorsque vous regardez ce qui vous apparaît, vous trouvez que ce qui reste est une table réelle et concrète, une avec la base. C’est ce que l’on appelle l’objet à réfuter. Cette table réelle apparaissant de son propre côté, cette table existant de façon intrinsèque, cette table indépendante, est l’objet à réfuter. Cet objet concret qui reste là est l’objet à réfuter et c’est une hallucination. En réalité, il est complètement vide.
Telle est la façon correcte de méditer sur la vacuité de la table. En reconnaissant que la table vous apparaît être indépendante, non désignée, réelle de son propre côté, vous cherchez alors la table pour voir si elle existe ou non. Quand vous ne la trouvez pas et que vous voyez qu’elle est vide, à ce moment-là vous voyez la vacuité ou la nature ultime de la table. En voyant la vérité ultime de la table, qu’elle est complètement vide d’existence propre, en conséquence vous réalisez alors la vérité conventionnelle de la table, que la table existe en tant que simple nom, en étant simplement désignée par l’esprit. Il s’agit là de la production en dépendance subtile.
Parmi les quatre écoles de la philosophie bouddhique, la quatrième, celle du madhyamaka, a deux divisions, svatantrika et prasanguika.
Ici, c’est la vue prasanguika de la production en dépendance subtile de la table, la vérité conventionnelle de la table : la table existe en tant que simple nom, en étant uniquement désignée par l’esprit.

Comment Zopa existe

De même, ce corps n’est pas Zopa et cet esprit n’est pas Zopa. Aucun de ces cinq agrégats – forme, sensation, identification, facteurs composés ou conscience – n’est Zopa. Même l’ensemble du groupe de ces agrégats n’est pas Zopa : c’est la base sur laquelle on désigne « Zopa ». Nulle part vous ne pouvez trouver Zopa sur ce groupe d’agrégats, sur l’association de ce corps et de cet esprit. Mais cela ne veut pas dire que Zopa n’existe pas. Zopa existe dans cette salle. À part le fait que ces agrégats, ce corps et cet esprit sont présents dans cette salle, il n’y a pas d’autre raison qui fasse que Zopa soit dans cette salle. C’est la seule raison qui nous permette de croire que Zopa est dans cette salle. Ici encore, ce qu’est Zopa est extrêmement subtil.

Comment le « je » existe

Il en va de même avec le « je », la chose principale que nous devons comprendre. Notre corps n’est pas le « je » ; notre esprit ne l’est pas non plus – l’association du corps et de l’esprit est la base de désignation du « je ». Lorsque nous disons « mon corps et mon esprit » ou « mes agrégats », nous voyons que le « je » est le possesseur et les autres ce qui est possédé. Il est alors bien clair qu’ils ne sont pas le « je ». Notre corps n’est pas le « je » ; notre esprit n’est pas le « je ». Aucun de ces agrégats n’est le « je » ; l’ensemble même des agrégats n’est pas le « je ».
Pourtant, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de « je ». Le « je » se trouve dans cette salle, mais il n’y a pas d’autre raison d’y croire en dehors du fait que la base, les agrégats, sont maintenant dans cette salle. Si quelqu’un demandait : « Où êtes- vous ? », notre réponse serait : « Je suis aux États-Unis, à New York, à l’université de Columbia, dans la salle », mais la seule raison que nous aurions de dire cela serait le fait que nos agrégats sont ici aux États-Unis, à New York, dans cette salle de l’université de Columbia. De ce simple fait, nous croyons : « Je suis ici dans cette salle. »
Le « je » qui existe n’est rien d’autre que celui qui est simplement désigné par l’esprit en dépendance des agrégats. C’est tout ce dont il s’agit.
Depuis la naissance, du matin au soir, le « je » qui nous apparaît et en lequel nous croyons est complètement opposé à sa réalité. Le « je » qui existe est tout à fait autre que celui qui nous apparaît et que nous appréhendons. Le « je » qui existe n’est pas le « je » qui nous apparaît et en lequel nous croyons. C’est pareil que pour la table et les autres exemples. Leur réalité est autre que ce qui nous apparaît normalement et ce en quoi nous croyons habituellement.
Le « je » est complètement vide d’existence propre. Il n’y a pas de « je » réel (dans le sens d’un « je » existant de son propre côté), pas de « je » indépendant, pas de « je » non désigné. Quand une personne nous critique, normalement nous pensons qu’elle blesse ce « je », qui est un « je » réel existant de son propre côté. Nous nous mettons alors en colère contre cette personne et voulons lui faire du mal. Quand une personne nous loue, nous pensons qu’elle fait des éloges à ce « je » réel, qui est quelque chose de réel de son propre côté. Nous devenons alors très enthousiastes et nous nous attachons à la personne. Nous voulons l’aider, mais pas l’autre personne qui nous a critiqué.
En réalité, ce « je » réel est semblable à une chose vue en rêve. Il n’existe pas. Nous sommes toujours préoccupés par ce « je » et avons peur que quelqu’un le blesse : « Mon ami risque de me quitter », ou « cette personne pourrait me nuire ». Cependant, l’objet qui nous apparaît et en lequel nous croyons n’existe pas. Ce « je » réel, le « je » existant de son propre côté, est une totale hallucination. Il est entièrement vide.
Nous devons penser à la réalité du mode d’existence du « je » ; nous devons penser à la production en dépendance subtile ou à la vacuité du « je » (ce qui revient au même). Penser à la vacuité du « je » entraîne la compréhension que le « je » est une production en dépendance ; penser que le « je » est une production en dépendance, simplement désigné par l’esprit en dépendance de ses agrégats, nous permet de voir que le « je » est vide.
Lorsque nous pratiquons la prise de conscience que le « je » est une production en dépendance ou que le « je » est vide, quand quelqu’un nous critique c’est comme s’il nous critiquait en rêve. Il n’y a pas de sujet auquel nuire et il n’y a pas d’objet, quelqu’un qui nuit. Bien que de telles choses apparaissent, puisqu’elles n’existent pas, cela ne sert à rien de se mettre en colère ou d’avoir un esprit de désir insatisfait. Cela ne sert à rien d’avoir autant d’attachement, de colère ou d’ignorance. Cela ne sert à rien d’avoir le concept de l’existence véritable, le concept erroné qui croit qu’il existe un « je » indépendant, un « je » non désigné, un « je » existant véritablement.
Qu’est-ce que le « je » ? Le « je » est une production en dépendance ; il existe en dépendance de sa base – les agrégats – et de l’esprit qui le désigne. C’est pourquoi, le « je » est vide d’existence propre. C’est la réalité du « je ».
En réalisant cette nature ultime du « je », nous éliminons la conception fausse que le « je », qui est désigné, a une existence de son propre côté, comme il semble l’avoir, et évitons de nous y accrocher comme étant vraie. Cette pensée est un concept erroné car les objets en lesquels elle croit n’existent pas.
Lorsque les gens dans l’audience découvrent que le bel homme ou la belle femme qui leur sont apparus, et en lesquels ils ont crus, sont
la transformation d’un magicien, ils se rendent alors compte que leur croyance antérieure était erronée. Leur concept de ce bel homme ou de cette belle femme comme étant réels prend fin.
De même, en réalisant la nature ultime du « je » et en développant cette sagesse, nous éliminons l’ignorance qui croit en l’existence véritable. En éliminant cette ignorance et la graine de cette ignorance, nous éradiquons alors toutes les autres émotions perturbatrices qui en découlent : l’attachement, la colère et le reste des six perturbations mentales racines ainsi que les vingt perturbations secondaires. Toutes ces pensées perturbatrices et karmas prennent fin.
Comme la véritable cause de la souffrance a été éradiquée, toute la véritable souffrance cesse : les souffrances des enfers, de la chaleur et du froid, les souffrances des esprits avides de la faim et de la soif, les souffrances des animaux dues à leur stupidité et au fait d’êtres dévorés par d’autres animaux, les souffrances humaines de la renaissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort ainsi que toutes les souffrances des dévas. Les dévas qui sont des dieux mondains endurent la souffrance des signes de la mort, etc., et les dieux dans les royaumes de la forme et du sans forme celle de la souffrance omniprésente, la souffrance d’être sous le contrôle des émotions perturbatrices et du karma. Toutes ces souffrances prennent fin.
Comme il ne reste pas de cause de souffrance dans notre conscience, pas d’ignorance ni même une trace de celle-ci, il est impossible que la souffrance surgisse de nouveau. C’est ainsi que nous parachevons le bonheur suprême de la libération.
Avec cette sagesse, nous pratiquons la bodhicitta, la méthode habile du grand véhicule. En pratiquant simultanément méthode et sagesse, nous nous engageons dans la conduite des six perfections (skt. paramitas) et parvenons alors à l’éveil. Nous pouvons le faire plus rapidement en pratiquant les moyens habiles du tantra. En développant la sagesse et en pratiquant les moyens habiles du tantra, nous pouvons obtenir l’éveil au cours d’une vie, et en pratiquant ensemble la sagesse spéciale et les moyens habiles les plus remarquables du yoga du tantra supérieur, méthode et sagesse unifiées, nous pouvons obtenir l’éveil, pas seulement en une vie, mais dans une vie brève de cette période de déclin4, en quelques années seulement.

Mais ce n'est qu'un extrait d'un texte qu'on peut lire intégralement ici:

http://docs.google.com/viewer?a=v&q=cac ... 20C3zsmY1Q
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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michel_paix
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Merci Axiste pour ce partage, c'est a mon sens assez important a comprendre...
Deux moines discutaient du drapeau du temple qui flottait au vent.
"Le drapeau s'agite" dit l'un. "Le vent s'agite", dit l'autre.
Ils se renvoyaient la balle, sans parvenir à se mettre d'accord.
"Messieurs !" Lança Hui-Neng.
"Ce n'est pas le vent, [ni le drapeau] qui s'agite. C'est votre esprit qui s'agite."
Et j'ai envie de rajouter: S'il y a dans une salle 10 personne et la base d'imputation désigner comme "table", alors il y a dans cette salle 10 tables et une base d'imputation qui n'est pas la table... :lol:

Et j'ai envie de rajouter encore: S'il y a dans une salle les membres de ma famille disons 10 personnes y compris moi-même, alors il y a dans cette salle 10 Michel et une base d'imputation qui n'est pas un Michel. :lol:
Ajahn Chah : Il n'y a personne ici ...

Ne soyez pas quelque chose

On demanda un jour à Ajahn Chah s'il était parvenu à l'Eveil, et il répondit : «Comment puis-je le savoir ? Je suis comme un arbre, rempli de feuilles, de fleurs et de fruits. Les oiseaux y viennent construire leur nid et se nourrir. Cependant l'arbre ne se connaît pas lui-même. II ne fait que suivre sa nature ; c'est comme cela, sans plus.»
<<metta>>
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axiste
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jap_8 Merci aussi pour ce regard Michel...
" alors il y a dans cette salle 10 tables et une base d'imputation qui n'est pas la table…"
Oui, et 10 hallucinations qui s'approprient la table: du coup, on peut y poser son assiette…mais si c'est un bureau, ça se complique…
Ce qui est pratique, c'est qu'on voit toujours la même table alors que nos perceptions changent d'un instant à l'autre: nous y avons posé le concept table, ou bureau, pour fixer le sens de l'image…ce que nous appelons réalité est fixé aussi par le langage…abracadabra…si nous ne faisions pas ce pas là, la table nous apparaîtrait -elle dans sa globalité ? On resterait peut-être enlisés dans nos perceptions multiples ?
En fait, le langage met l'objet à distance et nous permet d'observer des constantes peut-être… C'est quand même beau, dix tables qui n'en font qu'une au final pour rassembler les gens…même si c'est très emprunt de vacuité… shuuuuuuuuuuuuttttt
alors il y a dans cette salle 10 Michel et une base d'imputation qui n'est pas un Michel.
... dix Michel qui n'en font qu'un sur des bases d'imputations empilées les unes sur les autres à l'infini… L'impression de tomber dans un puits sans fond… love3
Ajahn Chah : Il n'y a personne ici ...

Ne soyez pas quelque chose

On demanda un jour à Ajahn Chah s'il était parvenu à l'Eveil, et il répondit : «Comment puis-je le savoir ? Je suis comme un arbre, rempli de feuilles, de fleurs et de fruits. Les oiseaux y viennent construire leur nid et se nourrir. Cependant l'arbre ne se connaît pas lui-même. II ne fait que suivre sa nature ; c'est comme cela, sans plus.»

love3 anjalimetta
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
namgyal

Excellent texte, d'une limpidité confondante, très kadam au fond... comme présentation. a lire, relire encore et encore pour se prémunir des manières incorrectes de méditer sur la vacuité. :razz: GOOD!
amitiés FleurDeLotus
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