Vision Juste

Iskander

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Je voudrais dans ce fil parler de Vision Juste (ou Compréhension Juste), un des aspects de l'Octuple Sentier. La raison pour laquelle je m'intéresse à celui-ci est parce qu'il est la porte d'entrée vers tous les autres. Difficile d'avoir une pratique ou des actes corrects si notre vision est erronée, déformée, détournée. Difficile aussi de faire quoi que ce soit si on n'a pas de vision du tout. Même si nous sommes définis par nos actes, nos actes découlent de nos pensées, qui elles mêmes surgissent de la vision qu'on a des choses.

D'une façon simple et immédiate, on dit que la Vision Juste consiste à voir les choses telles qu'elles sont, et pas telles qu'on aimerait qu'elles soient, ou qu'on craint qu'elles ne soient.

Cette définition peut être un bon début, mais est loin d'être suffisante, car la Vision Juste est sans doute plus un processus qu'une façon de voir en particulier. Tout le monde pense avoir une vision correcte de la réalité, sinon il en changerait. Et pourtant on se rend compte (quand on a de la chance) que notre vision est erronée, et nous sommes constamment obligés de réajuster notre vision, et nous adapter à une meilleure compréhension du monde.

Et c'est de ça dont je voudrais discuter sur ce fil: quel est le processus qui engendre la vision juste? Comment est-il lié à d'autres aspects de l'Octuple Sentier (notamment la Pleine Conscience)?

Voici quelques éléments de réponse que je peux suggérer, soyez les bienvenus pour les corriger, infirmer ou compléter:

1 - La Vision Juste est produite par la réflextion, l'écoute, et la pratique. Il est plus facile d'améliorer notre vision lorsqu'on est conscient de en quoi elle consiste, qu'on peut la confronter aux expériences et enseignements des autres, et qu'on la met à l'épreuve par la pratique. C'est de notre confrontation personnelle avec la réalité que doit naître notre vision.

2 - La Vision Juste naît de la pratique de la méditation. Notre vision de la réalité est perturbée par nos espoirs et peurs, nos engagements et attachements. Lorsque en pratiquant la méditation nous parvenons à mieux identifier et nous dégager de nos attachements, nous sommes mieux à même de former une vision juste de la réalité, sans identification et crainte.

La Vision Juste au quotidien
je voudrais discuter d'un dernier point dans ce fil. Il est certain que la Vision Juste est un idéal exigeant, alors que nos actions quotidiennes sont immédiates et urgentes. Comment agir en pleine confiance et empêcher la paralysie, lorsque on doit agir tout en sachant que notre vision est perfectible, et probablement erronée? Pensez à un joueur d'échecs débutant qui affronte un maître confirmé. Il sait que sa vision de la situation est probablement erronée, et le débutant aura tendance à passer si longtemps à regarder la situation de l'échiquier qu'il en arrive à une paralysie analytique. S'il veut terminer le jeu il lui faut donc jouer les pièces avec une vision imparfaite. Comment trouver le juste milieu entre une paralysie analytique, et une action inconsidérée?
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Vue Juste, Vues Erronées

Notre esprit peut être merveilleux, mais il peut être aussi notre pire ennemi.

Dans cet article écrit pour View, le journal de Rigpa, Sogyal Rinpoché nous apprend comment comprendre le doute et la suspicion et comment reconnaître les vues erronées.

Un jour, le Bouddha conta l'histoire d'un jeune marchand, marié à une très belle femme et père d'un petit garçon. Or sa femme vint à tomber malade et mourut ; l'homme reporta alors toute son affection sur l'enfant, qui devint son unique source de bonheur et de joie. Un jour que ses affaires l'avaient éloigné de chez lui, une bande de brigands mit le village à feu et à sang et enleva son fils alors âgé de cinq ans. A son retour, il fut anéanti par un immense chagrin devant le désastre survenu en son absence. Dans les décombres, il découvrit les restes calcinés d'un petit enfant que, dans son désespoir, il prit pour le cadavre de son fils. S'arrachant les cheveux, se frappant la poitrine, il pleurait sans pouvoir surmonter sa douleur. Finalement, il procéda à la cérémonie de crémation et recueillit les cendres dans une petite bourse de soie précieuse. Qu'il travaillât, dormît ou mangeât, il portait constamment les cendres sur lui. Souvent, s'asseyant à l'écart, il pleurait des heures durant.

Un jour, son fils parvint à s'échapper et retrouva le chemin du village. Il était minuit lorsqu'il atteignit la maison de son père et frappa à la porte. L'homme était couché et sanglotait, le sac de cendres à ses côtés. " Qui est là ? " demanda-t-il. L'enfant répondit : " C'est moi, papa, c'est ton fils. Ouvre la porte. " Dans son angoisse et sa confusion, le père pensa qu'un mauvais plaisant lui jouait un tour cruel. " Va-t'en, cria-t-il, laisse-moi tranquille ! " Puis il se remit à pleurer. A plusieurs reprises, le garçon frappa à la porte, mais le père persista dans son refus de le laisser entrer. Finalement, l'enfant fit demi-tour et s'éloigna lentement. Père et fils ne se revirent jamais.

A la fin de l'histoire, le Bouddha ajouta : " Parfois, dans un certain contexte, vous prenez quelque chose pour la vérité. Si vous vous attachez obstinément à cette opinion, la vérité viendrait-elle en personne frapper à votre porte, vous ne lui ouvririez pas. "

Pourquoi nous attachons-nous à nos présomptions et à nos croyances au point de passer à côté de la vérité et de demeurer dans l'ignorance de la réalité, comme ce père dans l'histoire du Bouddha ? Dans les enseignements bouddhistes, il est dit : " Une seule base, deux chemins. " Cela signifie que, bien que la "base" de notre nature originelle soit la même que celle des bouddhas, ceux-ci reconnaissent leur nature fondamentale, atteignent l'éveil et suivent un chemin ; quant à nous, ne la reconnaissant pas, nous tombons dans la confusion et prenons un autre chemin. Dans notre échec à reconnaître notre nature originelle, dans le désert de cette inconscience, nous inventons et construisons de toutes pièces une réalité sur mesure. A patir d'une vue erronée, nous bâtissons une vue personnelle qui façonne toute notre vie et colore toutes nos perceptions. Selon le Bouddha, les vues erronnées sont les pires des actions néfastes du corps, de la parole et de l'esprit, et elles en sont aussi la source. Elles nous tiennent enfermés perpétuellement dans le cycle de la souffrance qu'on appelle samsara.

Dans son tout premier enseignement, le Bouddha a révélé que la cause fondamentale de la souffrance est l'ignorance. Mais cette ignorance, quelle est-elle exactement ? Et comment se manifeste-elle ? prenons un exemple dans notre vie quotidienne ; Pensez à ces personnes dotées d'une intelligence particulièrement brillante - nous en connaissons tous. N'est-il pas surprenant de constater qu'au lieu de les aider, comme on pourrait s'y attendre, cette intelligence semble les faire souffrir davantage ? En fait, c'est un peu comme si cette brillante intelligence était la cause directe de leur souffrance.

Ce qui se produit est très clair : cette intelligence qui est la nôtre est sous l'emprise de l'ignorance qui la retient en otage et l'utilise en toute liberté à ses propres fins. C'est ainsi que nous pouvons être extraordinairement intelligents et, en même temps, avoir cependant complètement tort. C'est ainsi que nous pouvons, avec une certitude absolue, tenir pour vraie quelque chose de faux, et traverser de ce fait les souffrances les plus effroyables sans même nous en rendre compte. L'un des aspects les plus déchirants de notre vie est certainement notre incapacité à reconnaîter la cause de notre souffrance. N'est-il pas curieux de voir l'ignorance à l'œuvre ? Mais ce manque de conscience claire n'est autre que l'ignorance, justement - marigpa, en tibétain.

La pire des erreurs est de croire que l'ignorance est apathique et stupide, passive et dépourvue d'intelligence. Au contraire, elle est astucieuse et rusée, variée et ingénieuse dans les jeux de la tromperie. C'est dans nos vues erronées et nos ardentes convictions que nous trouvons, comme l'a dit le Bouddha, l'une de ses plus profondes et dangereuses manifestations :

" Qu'avez-vous à craindre de l'éléphant sauvage,
Qui ne peut que blesser votre corps, ici et maintenant,
Quand l'influence des gens mal avisés et des vues erronées
Non seulement détruit le mérite que vous avez accumulé dans le passé,
Mais bloque également le chemin de votre libération dans l'avenir ? "

La plupart du temps, nous utilisons notre intelligence pour nous conforter dans nos vues erronées et échafauder un système de défense soigneusement gardé, un système inexpugnable. Lorsque des doutes s'élèvent, nous trouvons partout des alliés pour les renforcer. Nous érigeons au-dessus de nous une "coupole de doute" protectrice qui doit être parfaitement étanche afin qu'aucune brèche ne laisse la compréhension s'infiltrer.

Les vues erronées et les fausses convictions peuvent être les plus dévastatrices de nos illusions. Adolf Hitler et Pol Pot étaient sans doute, eux aussi, convaincus qu'ils avaient raison ! Chacun d'entre nous possède, comme eux, cette tendance dangereuse à se forger des convictions, à y croire sans les remetre en question et à agir en leur nom, attirant ainsi la souffrance non seulement sur nous-mêmes, mais aussi sur ceux qui nous entourent.

Le cœur de l'enseignement du Bouddha consiste, au contraire, à voir "l'état réel des choses" : on appelle cela la Vue juste. La Vue juste est une vue qui embrasse tout, car le rôle des enseignements spirituels est d'offrir une vision complète de la nature de l'esprit et de la réalité. Il est dit que les enseignements produisent deux effets : premièrement éliminer l'ego et deuxièmement, développer la sagesse du discernement, la connaissance de ce qui est juste et adéquat. C'est pourquoi il est absolument indispensable d'acquérir une solide compréhension des notions de base des enseignements. Cela seul apportera un souffle de bon sens et de sagesse dans notre confusion, et parviendra à dissiper la souffrance causée par les vues erronées.

Bien entendu chacun est différent : certains ont besoin de plus de temps que d'autres pour entendre véritablement l'enseignement, pour que quelque chose se produise au plus profond de leur cœur et de leur esprit. Mais, lorsque cela se produit, vous faîtes vraiment l'expérience d'une Vue. Alors, quelles que soient les difficultés que vous ayez à affronter, vous y ferez face avec sérénité, stabilité et compréhension, et vous découvrirez en vous un mécanisme interne à l'œuvre - un "transformateur intérieur" pour ainsi dire - qui vous protègera des vues erronées dont vous pourriez être la proie. Dans cette vue, vous aurez découvert le "guide de sagesse" qui est en vous, toujours prêt à vous conseiller, à vous soutenir et à vous rappeler la vérité. La confusion s'élèvera toujours, ce qui est bien normal, mais vous constaterez une différence capitale : vous ne vous y attacherez plus aveuglément et de façon obsessionnelle, vous la regarderez avec humour, perspective et compassion.

Examinons maintenant les vues érronées de manière plus approfondie. En fait, beaucoup de gens ne possèdent pas cette base solide dans les enseignements, sans laquelle nous pouvons aisément nous laisser persuader de presque n'importe quoi. Une fois convaincu de la véracité d'une chose fausse, nous ne cessons d'alimenter nuit et jour nos convictions érronées de doutes, de déformations et d'idées fausses, pour nous prouver sans arrêt que nous avons raison. Chaque fois que nous ne comprenons pas quelque chose, ou que nous sommes dans un état d'esprit négatif, nous tentons de trouver des raisons pour justifier notre confusion et notre négativité. Comme un avocat qui a perdu la raison, nous ressassons de façon obsessionnelle nos arguments pour faire pencher la balance en notre faveur, en supprimant toute autre explication... et surtout la vérité.

Bientôt nous ne fréquentons plus que les gens qui alimentent nos convictions érronées. Car bien que nous paraissions ouverts, nous ne pouvons pas nous permettre de prendre le risque d'être exposés à d'autres points de vue, et de toute façon, notre fierté nous empêcherait d'admettre que nous puissions être dans l'erreur. Notre mémoire devient sélective, ne choisissant parmi les souvenirs que la tristesse, la douleur et la confusion, et effaçant tout ce qui serait enrichissant ou constructif, ou qui pourrait nous conduire au bonheur ou à la vérité.

A ce stade, nos vues et nos convictions erronées ont acquis un pouvoir et une énergie propres, et nous avons perdu la capacité de reconnaître la vérité, même si elle nous regarde dans les yeux ou si elle frappe à notre porte. Nous sommes enfermés dans un cycle sans fin d'autodestruction, rejetant et détruisant systématiquement tout ce qui est positif ou présente un réel intérêt, car cela compromettrait le fragile édifice bâti par l'ignorance et l'ego. Combien d'entre nous tournent ainsi le dos toute leur vie aux occasions les plus précieuses qui peuvent se présenter au cours d'une existence, niant tout ce qui est bon et utile et préférant tout ce qui est destructeur et néfaste, et attirant ainsi la souffrance comme un aimant ? Enfermés dans la prison que nous avons nous-mêmes créee, nous ne pouvons que nous plaindre de notre impuissance et de l'abandon où nous sommes, rejetant le blâme sur les circonstances, la vie ou les autres.

Pourquoi les choses se passent-elles ainsi ? La question est très complexe et les raisons nombreuses. Bien sûr, cela peut être le souvenir lointain d'une expérience traumatisante de notre enfance, à demi enfouie, qui émerge soudain, se mêle et se confond avec la réalité présente. Ou bien, sans raison apparente, nous nous trouvons abruptement aux prises avec une crise psychologique apparemment dénuée de toute logique. Il arrive aussi que découvrant la vérité sur nous-mêmes, soudainement reflétée par le maître ou les enseignements, il nous est tout simplement trop difficile de l'affronter, trop terrifiant de la reconnaître, trop douloureux de l'accepter comme étant notre propre réalité. Cette vérité, nous la nions, nous la rejetons dans une tentative absurde et désespérée de nous défendre de nous-mêmes, de nous défendre de la vérité de ce que nous sommes vraiment. Lorsque ces révélations sur nous-mêmes sont trop fortes ou trop difficiles à accepter, par arrogance et vanité, nous refusons de les reconnaître et les projetons sur le monde qui nous entoure - de préférence ceux qui nous soutiennent et nous aiment le plus : le maître, les enseignements, nos parents ou notre meilleur ami.

Comment parvenir à enfoncer le solide bouclier qui constitue ce système de défense ? La meilleure solution est de reconnaître par nous-mêmes que nous nous laissons abuser par nos propres illusions. J'ai constaté comment, pour de nombreuses personnes, un aperçu de la vérité, de la vue juste, peut faire s'effondrer instanténément l'incroyable édifice des vues erronées fabriquées par l'ignorance.

Cela est cependant très, très difficile. Plus nous nous réfugions à l'abri de nos vues erronées, moins nous laissons de chance à une transformation de se produire. Nous sommes parfois tellement bloqués dans nos petits mondes personnels de souffrance émotionnelle et psychologique que, même si nous nous tournons vers la spiritualité ou la thérapie, celles-ci, au lieu de nous apporter la liberté et la purification, se trouvent neurtralisées, embrigadées par l'ignorance et finissent par devenir des armes que nous retournons contre nous. Si nous admettons qu'elles sont "utiles", ce n'est que dans la mesure où elles nous "aident" à reproduire et à prolonger les scénarios de nos illusions. Mais elles ne peuvent véritablement nous aider que si nous reconnaissons ou admettons que nous faisons fausse route.

En suivant les enseignements et en pratiquant, nous allons inévitablement découvrir certaines évidences qui nous concernent : les pièges où nous tombons toujours ; nos stratégies et nos scénarios habituels, héritage de notre karma négatif, qui se répètent et se renforcent indéfiniment ; nos façons si personnelles de voir les choses, ces explications éculées, rebattues et tout à fait erronées sur nous-mêmes et le monde, que nous tenons pour authentiques et qui, de ce fait, déforment notre vision de la réalité. Si nous persévérons sur le chemin spirituel et que nous nous observons avec honnêteté, peu à peu va se faire jour en nous le fait que toutes nos perceptions ne sont qu'un tissu d'illusions. Le simple fait de reconnaître notre confusion, même si nous sommes incapables de l'accepter complètement, peut apporter une lueur de compréhension et déclencher en nous un processus nouveau, un processus de guérison.

Notre esprit peut être merveilleux, mais il peut être aussi notre pire ennemi. Il nous cause tant de problèmes. Parfois, j'aimerais que l'esprit soit comme un dentier qu'on pourrait ôter et poser la nuit sur sa table de chevet. Cela nous permettrait au moins de nous reposer de ses mauvais tours. Mais voilà, nous sommes tellement à la merci de notre esprit, que même si les enseignements touchent en nous une corde sensible et nous émeuvent au-delà de toute expérience, nous refusons d'aller de l'avant, retenus par quelque inexplicable attitude soupçonneuse, profondément enracinée. A un moment donné, il nous faut pourtant mettre un terme à ce manque de confiance. Il nous faut abandonner doutes et soupçons qui sont censés nous protéger, mais qui sont totalement inefficaces et finissent par nous apporter davantage de souffrance, cette souffrance dont ils étaient supposés nous défendre.

Lorsque nous nous sentons dans un état d'esprit négatif, il est bien plus naturel de douter que de croire. D'un point de vue bouddhiste, le doute est le signe d'un manque de compréhension et d'éducation spirituelle ; mais le doute est aussi considéré comme un catalyseur dans le processus de maturation de la foi. C'est lorsque nous faisons face au doute et aux difficultés que nous découvrons si notre foi est une foi simpliste, pieuse et conceptuelle, ou si elle est forte, stable et ancrée dans une profonde compréhension du cœur. Si vous avez la foi, tôt ou tard, elle sera mise à l'épreuve ; mais quel que soit le défi, qu'il vienne de vous ou de l'extérieur, il fait simplement partie du processus de la foi et du doute.

Imaginez que vous ne vous soyez jamais lavé de votre vie et que vous décidiez un beau jour de prendre une douche. Vous commencez par bien vous frotter et vous voyez avec horreur la saleté sortir par tous les pores de votre peau et couler sur tout votre corps. Quelque chose ne va pas ! Vous étiez censé devenir propre, mais tout ce que vous voyez, c'est la crasse ! Vous paniquez et sortez précipitamment de la douche, convaincu que vous n'auriez jamais dû y entrer. Mais tout ce que vous aurez obtenu, c'est d'être encore plus sale qu'avant. Vous ne pouvez pas savoir que le plus sage est de s'armer de patience et de terminer sa douche. Pendant un moment, vous aurez l'impression de devenir encore plus sale, mais si vous continuez à vous laver, vous allez en ressortir frais et propre. C'est tout un processus qui est en jeu, le processus de purification.

De la même façon, lorsque de menus obstacles se manifestent sur la voie spirituelle, un bon pratiquant ne perd pas la foi et ne se met pas à douter, car il possède le discernement qui permet de reconnaître toutes les difficultés pour ce qu'elles sont, c'est à dire de simples obstacles, rien de plus. Il est dans la nature des choses qu'un obstacle, une fois reconnu pour ce qu'il est, cesse par là d'en être un. Mais si on ne reconnaît pas un obstcale tel qu'il est, on le prend au sérieux, ce qui lui donne force et solidité, et en fait ainsi un blocage réel.

Quel que soit le doute qui s'élève, regardez-le simplement comme un obstacle, reconnaissez en lui la manifestation d'une compréhension qui a besoin d'être clarifiée et débloquée : sachez qu'il ne s'agit pas là d'un problème fondamental, mais simplement d'une étape dans le processus de purification et d'apprentissage. Laissez le processus se poursuivre et parvenir à son terme sans jamais perdre confiance ni détermination. Telle est la voie suivie par les grands pratiquants du passé, qui avaient l'habitude de dire : "Il n'est pas de meilleure armure que la persévérance."

Les enseignements nous apprennent ce qu'il nous faut réaliser, mais nous devons aussi suivre notre propre cheminement afin de parvenir à une réalisation qui nous soit personnelle. Ce cheminement peut nous faire traverser toutes sortes de souffrances, de difficultés et de doutes, qui vont devenir nos plus grands maîtres. Ainsi allons-nous apprendre l'humilité nécessaire pour reconnaître nos limites ; ainsi allons-nous découvrir la force intérieure et le courage dont nous avons besoin pour renoncer à nos vieilles habitudes et à nos idées préconçues, et nous ouvrir à la vision plus vaste de la véritable liberté que nous offrent les enseignements spirituels.

Il nous faut donc constamment apprécier à sa juste valeur l'œuvre subtile de l'enseignement et de la pratique, et persévérer calmement et patiemment, même si aucun changement extraordinaire ou spectaculaire ne se produit. L'important, c'est de manifester à l'égard de soi-même habileté et douceur, ne pas se laisser aller au découragement, ne pas renoncer, mais faire confiance à la voie spirituelle, tout en sachant qu'elle possède ses lois et sa dynamique propres.

Plus que tout, il nous faut nourrir notre vrai soi -ce que nous pourrions appeler notre nature de bouddha : en effet, nous commettons bien souvent l'erreur fatale de nous identifier à notre confusion, et de l'utiliser ensuite pour nous juger, nous condamner, et alimenter ainsi ce manque d'amour de soi dont tant d'entre nous souffrent de nos jours. Il est essentiel de résister à la tentation de portre un jugement sur nous-mêmes et sur les enseignements ; nous devons plutôt percevoir notre situation avec humour et réaliser qu'en ce moment, c'est un peu comme si de nombreuses personnes cohabitaient en nous. Et il est encourageant de constater que si en un sens, nous avons tous apporter nos énormes problèmes sur la voie spirituelle, ce sont peut-être eux en fait qui nous ont conduits à découvrir les enseignements et d'un autre point de vue, ces problèmes ne sont finalement pas aussi réels, solides et insurmontables que nous le croyions.

Pour continuer d'avancer sur la voie spirituelle, il nous faut relever de nombreux défis et nous avons beaucoup à apprendre. Nous devons découvrir comment déjouer les obstacles et les difficultés ; comment traiter les doutes et démasquer les vues erronées ; comment trouver l'inspiration quand nous nous y sentons le moins disposés ; comment nous comprendre à travers nos états d'âme ; comment travailler véritablement avec les enseignements et les pratiques et les intégrer dans notre vie quoptidienne ; comment susciter la compassion et la mettre en pratqiue ; et comment transformer notre souffrance et nos émotions.

Sur la voie spirituelle, nous avons tous besoin du soutien et des bonnes fondations que donne la connaissance véritable des enseignements, et l'on ne saurait trop insister sur ce point. En effet, plus nous étudierons et pratiquerons, plus le discernement, la clarté et une vision profonde s'exprimeront en nous. Alors, quand la vérité viendra frapper à notre porte, nous la reconnaîtrons avec certitude et nous lui ouvrirons avec joie, car nous aurons deviné qu'elle pourrait bien être... la vérité de ce que nous sommes vraiment.

Tiré de "The Future of Buddhism" de Sogyal Rinpoché, avec l'aimable autorisation de Rider Books, Ebury press ; édition française : "L'Avenir du Bouddhisme", éditions de la Table Ronde, Paris 2003.

http://www.rigpa.org/lang-fr/enseigneme ... ronee.html
avec metta
gigi
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axiste
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Comment agir en pleine confiance et empêcher la paralysie, lorsque on doit agir tout en sachant que notre vision est perfectible, et probablement erronée?
Une vision est toujours perfectible

Mais doit-on viser la perfection ou... peut -être juste être un homme debout, ce serait déjà le commencement d'un beau partage

Pourquoi le joueur d'échec dans ton exemple ne se place t-il pas en situation d'apprentissage, pourquoi veut-il avoir une vision juste d'emblée ?

Bon ce sont juste des mots qui me viennent là comme ça

Bonne journée FleurDeLotus
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Iskander

Bonjour Gigi,

Merci d'avoir publié ce texte, Sogyal présente bien mieux le problème que je ne pourrais le faire. Ceci étant dit, je reste un peu sur ma faim en ce qui concerne la manière de procéder pour développer la Vision Juste. Sogyal dit
Sogyal a écrit :il est absolument indispensable d'acquérir une solide compréhension des notions de base des enseignements. Cela seul apportera un souffle de bon sens et de sagesse dans notre confusion, et parviendra à dissiper la souffrance causée par les vues erronées.
Le problème est que Vision Juste veut dire compréhension juste. Donc si pour développer la compréhension juste, il faut comprendre les notions de base de l'enseignement, le serpent se mord la queue. C'est justement parce que on manque de compréhension qu'on n'arrive pas à comprendre. Donc je crois que plutôt que de dire ce qu'il faut comprendre, il faudrait plutôt parler de comment procéder pour développer la compréhension, c'est à dire le processus.

Par ailleurs Sogyal discute du danger de s'enferrer dans des croyances erronées, tout en mettant en garde contre l'effet corrosif du doute dans l'apprentissage des enseignements. On se retrouve ainsi dans une impasse: si on ne doute pas, on peut s'abimer dans des vues erronées, mais si on doute, on n'arrive pas à progresser non plus. Je pense qu'il faut mieux préciser le processus, pour comprendre quelle est la voie médiane qui nous épargne des deux maux.
Iskander

axiste a écrit :Une vision est toujours perfectible

Mais doit-on viser la perfection ou... peut -être juste être un homme debout, ce serait déjà le commencement d'un beau partage
Bien sûr, si on attends que la vision soit parfaite, on risque de ne pas agir du tout. Mais si on abandonne totalement la recherche d'une meilleure vision, on ne progresse pas non plus. La question serait de savoir quel est le juste milieu entre les deux.
Pourquoi le joueur d'échec dans ton exemple ne se place t-il pas en situation d'apprentissage, pourquoi veut-il avoir une vision juste d'emblée ?
Je pense que l'apprenti ne veut probablement pas avoir une vision juste d'emblée (ou alors il ne jouera pas du tout), mais il veut tout de même faire l'effort d'aller au delà de ce qui est sa première évidence, pour pouvoir progresser.
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axiste
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La question serait de savoir quel est le juste milieu entre les deux.
Oui. Quelquefois, ça dépend de ce qu'on abandonne peut-être
Abandonner notre désir de perfection ?
Abandonner l'action ?
La réponse se situe peut-être dans l'instant présent...
Et là:
« Très bien Bahiya. Voici comment tu dois pratiquer :

Dans ce qui est vu, qu’il n’y ait que ce qui est vu

Dans ce qui est entendu, qu’il n’y ait que ce qui est entendu

Dans ce qui est ressenti, qu’il n’y ait que ce qui est ressenti

Dans ce qui est connu, qu’il n’y ait que ce qui est connu.
Extrait du Bahia Sutta
http://www.dhammadelaforet.org/sommaire ... ahiya.html

Enfin, ce sont juste des chemins possibles, une manière d'appréhender ta question... <<metta>>
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Iskander dit:
Le problème est que Vision Juste veut dire compréhension juste. Donc si pour développer la compréhension juste, il faut comprendre les notions de base de l'enseignement, le serpent se mord la queue. C'est justement parce que on manque de compréhension qu'on n'arrive pas à comprendre. Donc je crois que plutôt que de dire ce qu'il faut comprendre, il faudrait plutôt parler de comment procéder pour développer la compréhension, c'est à dire le processus.

Par ailleurs Sogyal discute du danger de s'enferrer dans des croyances erronées, tout en mettant en garde contre l'effet corrosif du doute dans l'apprentissage des enseignements. On se retrouve ainsi dans une impasse: si on ne doute pas, on peut s'abimer dans des vues erronées, mais si on doute, on n'arrive pas à progresser non plus. Je pense qu'il faut mieux préciser le processus, pour comprendre quelle est la voie médiane qui nous épargne des deux maux.
gigi dit`:
La première noble vérité : Dukkha

Quatre nobles vérités
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Les quatre nobles vérités (sanskrit : चत्वारि आर्यसत्यानि catvāri āryasatyāni) sont les fondements cruciaux du bouddhisme à partir desquels le bouddha a atteint l'éveil et avec lesquels il a donné, à Bénarès, son premier sermon appelé la mise en mouvement de la roue du dharma. Ces quatre vérités sont qualifiées de nobles (ārya) car elles expriment l'ensemble de la vérité universelle, et mènent à la libération complète et définitive les individus consentant à suivre les chemins justes indiqués par le bouddha1.


La première noble vérité est que l'existence conditionnée, l'existence que nous connaissons, est imbue de souffrances : la naissance est une souffrance, la vieillesse est une souffrance, la maladie est une souffrance, la mort est une souffrance, être uni à ce que l'on n'aime pas est une souffrance, être séparé de ce que l'on aime est une souffrance - et, finalement, les cinq agrégats (skandhas) d'attachement (à savoir la forme, la sensation, la perception, la volonté et la conscience) sont aussi des souffrances. Ce terme de souffrance est aussi traduit par l'insatisfaction, puisque ce qu'il désigne est bien au-delà de la douleur physique.

Le mot pali « dukkha » (Duḥkha en sanscrit) est souvent traduit par « souffrance » ou « douleur », ce qui est incorrect. Il revêt bien des significations dans l'enseignement du Bouddha : celles d'insatisfaction, d'imperfection, d'impermanence, de conflit, et de non substantialité. Le terme pali dukkha est donc couramment employé, faute de traduction adéquate.

Cette traduction « souffrance » vaut au bouddhisme la réputation d’être pessimiste, alors que le message du Bouddha est fondamentalement optimiste puisqu’il dit que l’on peut se libérer de cette insatisfaction ou souffrance.

La souffrance revêt trois aspects : la souffrance physique et mentale ; la souffrance causée par le changement ; la souffrance causée par le conditionnement. La souffrance imprègne tous les niveaux d'existence, des plus inférieurs aux plus élevés, y compris ce que l'on tient habituellement pour des états agréables : « ce que l'homme ordinaire appelle bonheur, l'être éveillé l'appelle dukkha » (Samyutta Nikâya, 35, 136).

La deuxième noble vérité : Samudaya

La deuxième noble vérité est l'origine ou l'apparition du dukkha (Dukkhasamudaya-ariyasacca). Les souffrances existent parce qu'il y a des causes qui entraînent leur apparition. Donc il est tout à fait logique de connaître quelles sont ces causes.

Cette vérité est définie comme suit dans de nombreux passages des textes originaux :

« C'est cette « soif » (tanhā) qui produit la re-existence et le re-devenir (ponobhavikā), qui est liée à une avidité passionnée (nandirāgasahagatā) et qui trouve sans cesse une nouvelle jouissance tantôt ici, tantôt là (tatratatrābhinandini), à savoir la soif des plaisirs des sens (kāma-tanhā), la soif de l'existence et du devenir (bhava-tanhā) et la soif de la non-existence (vibhava-tanhā)2 »

En raison de la Production conditionnée (Patticca-samuppāda), l'apparition (samudaya) de la soif (tanhā) dépend de la sensation (vedanā), laquelle dépend elle-même du contact (phassa). Ainsi, la soif n'est pas la cause première de dukkha, mais elle constitue « la cause la plus palpable et la plus immédiate3 » La soif désigne l'attachement aux substances et aux impressions (dhamma-tanhā) qui peuvent produire la re-existence et le re-devenir (ponobhavikā). Le Bouddha a livré l'analyse suivante à Ratthapāla : « Le monde manque et il désire avidement ; il est esclave de la « soif » (tanhādāso)3 ». C'est la soif et l'ignorance qui engendrent les trois racines du mal : la convoitise, la haine et l'erreur ; tout acte (de la parole, du corps, ou de l'esprit), bon ou mauvais produit un fruit (en sanskrit फल phala) positif ou négatif pour son auteur.

La troisième noble vérité : Nirodha

La troisième noble vérité concerne la cessation ou l'« extinction » (en sanskrit निरोध nirodha) des souffrances. Ces souffrances sont réelles et elles ne cessent de nous tourmenter, nous sommes obligés de nous interroger sur les origines de ces souffrances. Une fois que les origines sont connues, on agit sur les causes pour les éradiquer, jusqu'à atteindre la « libération finale » ( निर्वाण nirvāna).

Selon le degré de cessation atteint, on obtient un des quatre stades de libération. Le bodhisattva, en revanche, retarde le plus possible la libération afin d'aider les êtres à se libérer.

La quatrième noble vérité : Marga Sacca

La quatrième noble vérité est celle du chemin (marga) menant à la cessation des souffrances. Ce chemin est le « noble sentier octuple » : vision correcte, pensée correcte, parole correcte, action correcte, profession correcte, effort correct, attention correcte et contemplation correcte. Par la pratique simultanée des huit composantes du chemin (sans en omettre aucune), les bouddhistes pratiquants atteignent progressivement le « but » du chemin, le nirvāna.


La parabole du médecin

Ces quatre nobles vérités sont souvent comparées au processus des soins dispensés de la part d'un médecin (भिषग्वर bhiṣagvara ou भैषज्यगुरु bhaiṣajya-guru) : la personne consciente, éveillée (बुद्ध buddha) a pour tâche de guérir les personnes souffrantes de leurs maux. Il constate les symptômes, fait un diagnostic de la maladie, trouve la méthode de la guérison et prescrit un remède.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Quatre_nob ... rit%C3%A9s
avec metta
gigi
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Ici et Maintenant pleine attention à la pleine conscience
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michel_paix
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C'est très interessant tout sa...

La vision juste est une non-vision, dirait les zénites [je crois ?]...

J'aurais jamais la compréhension [intellectualiser] d'une vérité métaphysique [objective], ni physique [mi subjective et objective], ni psychologique [subjective], ni religieuse [croyance], ni dans les coulisses des histoires [temps/espace] qui hantent ces fantômes [réalité d'enveloppement], car dans tout les cas celle-ci m'enveloppe [samsara] dans cette enveloppement vide [réalité telle quelle est (Nirvana)], en même temps "l'humain" n'est pas une roches [symbole], ils vivrent "relation/esprit", et cela n'est pas rien, donc il y a bien une compréhension "relationnelle/transcendant":
→ Une compréhension "relationnelle" qui entraine les méthodes, les proccédures, les règles, le savoir vivre, savoir consommer, partage, etc. ...
→ Une compréhension "intime" qui est issu de la pratique [Le fait "ici et maintenant"], qui devient dans la compréhension "relationnelle" des livres qui empli les bibliothèques.

Je crois que la compréhension juste est qu'elle ne se poccède jamais, car quand l'on prend appui [saisi/upadana] c'est pour tomber [dukkha], car le point d'appui n'est pas telle qu'il était finalement.
Dighanakha demanda :
_Gautama parlez moi de votre enseignement. je souscris pour ma part à aucune doctrine ni à aucune théorie.
le bouddha sourit et répondit :
_ Souscrivez vous à votre doctrine de ne suivre aucune doctrine? croyer vous en votre doctrine de non croyance?
un peu décontenancé, Dighanakha rétorqua:
_ Gautama, ce que je crois ou pas n' a pas d'importance.
le Bouddha continua avec douceur :
_ Une personne prisonnière d'une doctrine perd toute liberté. Elle devient dogmatique, persuadée que sa doctrine est la seule vérité et que toutes les autres sont des héhésies.
(...)
Dighanakha argumenta :
_ Il pourrait en être de même de votre enseignement!
Qui le suit peut devenir l'esclave de vues erronées.
_ Mon enseignement n'est ni une doctrine ni une philosophie. Il n'est pas le résultat d'une pensée discursive ou d'un processus mental , au contraire des écoles philosophiques prétendant que l'essence de la vie est le feu, l'eau, la terre, le vent, l'esprit ou que l'unviers est fini ou infini, temporel ou éternel. Les hypothèses mentales sont comme des fourmis se déplaçant autour d'un bol.Elles ne mènes nulle part. Mon enseignement n'est pas une philosophie mais le résultat d'une expérience directe amenant à la réalisation d'une paix profonde. Toute chose est impermanente et dépourvue d'un soi séparé. J'ai tiré cela de mon expérience directe.Vous le pouvez aussi. J'enseigne que toute chose dépend de toutes les autres pour naître, se développer et disparaître. Rien n'est créé d'une seule source originelle.J'en ai fait l'expérience directe. Vous en êtes aussi capable. Mon but n'est pas d'expliquer l'univers mais d'aider chacun à faire l'expérience directe de la réalité.
Dighanakha d'exclama :
_ Ceci est intéressant, mais qu'arriverait-t'il si quelqu'un considérait votre enseignement comme un dogme?
_ Voilà une tres bonne question. mon enseignement n'est ni un dogme ni une doctrine, mais mais certaines personnes le considéreront comme tel. Je dois affirmer que celui-ci est une méthode pour expérimenté la realité et non pas cette réalité elle-même,comme le doigt qui montre la lune n'est pas la lune. Une personne intelligente n'utilise son doigt pour indiquer la lune. Celui qui ne regarde que le doigt et le confond avec la lune ne verra jamais la vraie lune. Mon enseignement est un moyen pratique qu'il ne faut pas vénérer. C'est un radeau qui permet de traverser la rivière. seul un fou s'embarasserait de l'embarcation une fois sur l'autre rive, celle de la libération
L'enseignement [conseil] est comme une carte où notre intuition, la bousole [qui entraine une certaine foi "confiance" sur la route "intime"], nous guide vers notre désir le plus profond.

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1-2 Dhammapada: Le coeur est l'avant coureur des conditions, le coeur en est le chef, et les conditions sont façonnées par le coeur. Si avec un coeur pur/impur, quelqu'un parle ou agit, alors le bonheur le suit comme l'ombre qui jamais ne le quitte/ dukkha le suit comme la roue suit le sabot du bœuf.
<<metta>>
:)
chakyam

La Vision juste, c'est l'Action juste. L'Action juste, c'est la Non-Action.

Ce qui implique la Compréhension juste mais pas l'acte intellectuel au sens latin du terme « cum », avec, et « préhendere », prendre : action de saisir ensemble.

Précisément parce qu'il n'y a rien à saisir et personne qui saisit.

Au cours d'une action, d'une expérience, une première approche pourrait consister à « voir, sentir, appréhender... » au nom de quoi ce fait cette action/expérience. S'agit-il d'une construction mentale en vue d'un bénéfice immédiat ou lointain pour soi-même ou s'agit-il d'une réponse instantanée à un problème immédiat ? (gamin qui court après son ballon et traverse la rue en ne voyant pas la voiture qui va le renverser)

Seconde approche. Manifeste-t-elle l'Impermanence et l'Interdépendance ou le « j'm'en foutisme » si rien ne se produit et qu'en conséquence l'enfant soit tué ? Même si rien n'est à saisir et personne pour saisir, cette affirmation ne risque-t-elle pas d'être un alibi pour « justifier » mon incapacité d'action ?

Troisième approche. Pris de remords pour n'avoir rien tenté « JE » ( !!!!!) m'abime et m'abandonne à la contemplation et la prière vers un principe, une déïté ou une voie de pardon supposée m'octroyer un avenir de bienfaits et de mérites.

La vision juste, l'action juste, la non-action et la compréhension juste « devrait », « pourrait » consister à ne rien faire de tout cela et cependant à être perpétuellement prêt à le faire. Etre à la croisée des chemins, disponible pour rien et pour personne et cependant prêt à l'acte désintéressé pour la beauté du geste en acte, pas pour son résultat.

C'est précisément la Non-Action, la DISPONIBILITÉ, l'ouverture à l'Action. Pas l'appropriation égotiste/égoïste, pas la domination d'un charité/compassion médiatisée. Ainsi se concrétisera cette magnifique formulation :

Dans ce qui est vu, qu’il n’y ait que ce qui est vu
Dans ce qui est entendu, qu’il n’y ait que ce qui est entendu
Dans ce qui est ressenti, qu’il n’y ait que ce qui est ressenti
Dans ce qui est connu, qu’il n’y ait que ce qui est connu.


FleurDeLotus
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